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Le Tsadik Rabbi Yehochiahou Pinto • " Le Rif de Ein Yaacov "

Rabbi Yéhochiyahou dévoile à son hôte que sa grande richesse provient des forces de l’impureté, et d’accord avec lui, il extermine la force de l’impureté du monde.

Dans la communauté juive de Constantinople vivait un juif extrêmement pauvre. Pour vivre, il achetait de vieux ustensiles, des vêtements usés et d’autres objets inutilisables. Il proposait sa marchandise à tout le monde pour quelques sous, en passant de maison en maison, achetant et vendant à des juifs et des non-juifs, et de cette façon il nourrissait à grande peine sa famille.

Un jour se présenta à lui une affaire à la suite de laquelle il acquit une grande quantité de vieux vêtements et d’ustensiles abîmés. Ce grand stock l’occupa pendant des heures à trier. Il fit un tas avec les ustensiles en cuivre, un autre avec les ustensiles en fer et un troisième tas avec les vêtements. Au cours du tri, le pauvre trouva dans les ustensiles une petite statue de cuivre qui avait servi d’idole à ses propriétaires précédents. Sans rien dire, il prit la statue, l’envoya sur le tas de cuivre et continua son tri.

Alors qu’il était en train de trier, il entendit tout à coup une voix inconnue qui l’appelait : « Juif, juif, pourquoi me négliges-tu ? » La voix bizarre fit entrer une frayeur dans son cœur. Il regarda autour de lui pour voir qui l’appelait, d’où venait cette voix, mais il ne vit rien pour lui indiquer d’où elle provenait. Un frisson lui passa dans le corps, parce qu’à ce moment-là il était seul dans la maison, et le mystère ne faisait que s’épaissir : d’où provenait cette voix bizarre ? Au bout de quelques instants, la voix étrange se fit de nouveau entendre : « Juif, juif, pourquoi m’as-tu mise comme cela par terre de façon honteuse ? Aie pitié de moi, relève-moi par compassion. »

A son grand étonnement, il ne trouva absolument rien et se remit à son travail de tri. Alors, la voix se fit entendre pour la troisième fois, cette fois-ci plus fortement, avec des pleurs et des cris : « Aie pitié de moi et ne me détruis pas, je te le rendrai en bien. Tu ne regretteras pas de m’avoir sauvée. »

Il chercha attentivement, et découvrit alors que la voix provenait du tas de morceaux de cuivre. Il fouilla dedans et trouva la petite statue qu’il y avait jetée auparavant. Il avait la statue en main, et elle continua à le supplier de ne pas la détruire, en lui demandant de la relever et de la mettre dans un endroit respectable. « Si tu me places sur cette caisse, tu gagneras aujourd’hui deux fois plus que d’habitude. »

Le chiffonnier se laissa convaincre par les paroles de la statue, parce qu’il ne voyait rien de mal à cela. Il la posa comme elle le demandait sur la caisse, et sortit vendre ses marchandises au marché, comme il le faisait tous les jours. Et voilà que… ce qu’avait dit la statue se réalisa. Il gagna ce jour-là une grosse somme d’argent, et le pauvre l’attribua au fait qu’il avait accédé à la demande de la statue et fait ce qu’elle voulait. Le lendemain, la statue demanda de nouveau au pauvre de la nettoyer de la poussière et de la saleté qui la recouvraient, « et si tu le fais, tu gagneras aujourd’hui le double d’hier ». Le pauvre se souvenait parfaitement de la chance qu’il avait eue la veille, et fit ce que demandait la statue.

Quand il sortit pour commencer à vendre, la chance lui sourit et il gagna le double de la veille. Exactement comme elle l’avait promis.

Le troisième jour, la statue demanda à l’homme de lui consacrer une caisse spéciale qui lui servirait de maison, et lui promit de nouveau que sa récompense serait considérable. Et ainsi, le commerçant, qu’on ne pouvait déjà plus appeler un « pauvre », se laissa séduire chaque jour par les promesses de la statue, fit ce qu’elle demandait et se mit à s’enrichir considérablement, de façon surnaturelle.

Plus la statue demandait de choses, choses que le commerçant lui accordait, plus sa fortune augmentait de jour en jour, et tous ceux qui le voyaient s’émerveillaient de sa richesse. L’abondance d’argent qui coulait de sa poche de façon si étrange l’aveugla, et il ne se rendit pas compte à quel point les choses qu’il faisait étaient graves. Au bout de peu de temps, il érigea pour la statue une chambre spéciale au centre de laquelle se tenait un piédestal où brûlait une lumière perpétuelle… en signe de remerciement pour sa richesse, il construisit dans sa maison une yéchivah où étudiaient tous les jours dix talmidei ‘hakhamim dont il assumait entièrement la subsistance. A la fin du jour, ils mangeaient à sa table, et il leur donnait en plus une bonne somme quand ils voulaient rentrer chez eux.

Il donnait également de grosses sommes d’argent aux synagogues, aux institutions de Torah, et beaucoup de tsedaka aux pauvres et aux malheureux, dont un grand nombre mangeaient chez lui. Au point que tous les habitants de la ville le respectaient énormément.

Un jour arriva dans la ville le tsadik et kabbaliste Rabbi Yéhochiyahou Pinto, le Rif, qui recherchait partout dans le monde où se trouvait l’idolâtrie, afin de l’extirper. Il entendit qu’à Constantinople vivait un juif extrêmement riche, dont la maison servait de rassemblement aux Sages, et qui donnait beaucoup d’argent pour des causes charitables. Le Rif arriva chez lui et constata que c’était exact. Le riche l’accueillit avec affabilité, l’invita à venir étudier chez lui et lui offrit à la fin de la journée un repas splendide.

Pendant le repas, le Rif regardait le visage de l’homme, et quelque chose le dérangeait. Il est dit « la sagesse d’un homme éclaire son visage », mais on voyait sur cet homme qu’il était totalement ignorant. Comment était-il donc arrivé là où il en était arrivé ? D’où avait-il cette fortune et ces honneurs ? Le Rif interrogea à ce propos les sages qui se trouvaient avec lui, et ceux-ci lui racontèrent qu’il avait été autrefois chiffonnier, qu’aujourd’hui il était tout à coup devenu extrêmement riche, et que personne ne savait d’où lui venait cette grande fortune.

A la fin du repas, le Rif sortit dans une pièce et y appela son hôte. Il commença par le complimenter de son hospitalité, et immédiatement ensuite lui demanda : « Dites-moi, d’où tenez-vous cette grande fortune ? Comment êtes-vous passé de l’état de pauvre chiffonnier à celui de quelqu’un d’extraordinairement riche de façon surnaturelle ? Cela cache certainement quelque chose, racontez-moi donc ce qui s’est passé !

Le Rif continua à parler au riche et lui dit de façon très claire qu’il devait lui dévoiler toute la vérité. Il lui parla avec la fermeté de la sainteté. Et quand celui-ci se mit à craindre pour l’avenir, il révéla au tsadik le terrible secret. Quand le Rif entendit cela, il demanda à son hôte : « Etes-vous encore ce même juif cacher que vous étiez avant d’être riche ? Est-ce que vous croyez toujours au Créateur du monde et à Sa sainte Torah d’une foi totale ? »

« Naturellement, répondit le riche, je suis juif, je crois au Créateur du monde de tout mon cœur et de toute mon âme. Tous les jours, je dis le « Chema Israël », et j’aime les talmidei ‘hakhamim, comme le prouvent d’ailleurs mes actes. »

« Et si on vous proposait la richesse pour pratiquer l’idolâtrie, est-ce que vous adoreriez une idole ? » demanda le Rif. L’autre fut stupéfait de la question : « Certainement pas ! Même si on me proposait toute la fortune du monde, je ne ferais jamais cela ! » « S’il en est ainsi, lui demanda le Rav, montrez-moi donc cette statue qui vous a apporté toute cette richesse. »

Quelques instants plus tard, les deux entrèrent dans la pièce où le Rif vit le piédestal de la statue. Il sortit immédiatement la statue de sa caisse et la lança par terre avec force. Ensuite il demanda un marteau et se mit à la frapper de nombreux coups. La statue criait amèrement, jusqu’à ce qu’il l’écrase complètement et la réduise en poussière fine qu’il jeta à la mer.

Quand le Rif eut terminé d’extirper cette idolâtrie du monde, il se tourna vers le riche et lui dit : « Sachez que toutes les nombreuses mitsvot que vous avez accomplies étaient faites avec de l’argent qui provenait de l’idolâtrie, et dont il était interdit de profiter. Mais vous l’avez fait par erreur et non délibérément, et Hachem ne vous privera certainement pas de votre récompense pour le passé. Pourtant, sachez que si vous ne voulez pas perdre vos mérites, vous devez détruire complètement tous vos biens, qui ont été acquis par la puissance de l’idolâtrie. Quand vous aurez brûlé tous vos biens, Hachem vous aidera et vous fera vivre de façon permise et non interdite, et Il vous fera trouver tout ce dont vous avez besoin. Car Il sait que tout ce que vous avez fait était par amour et crainte du Ciel, et que vous avez recherché les mitsvot pour les accomplir avec beaucoup d’amour. »

 
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