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Rabbi Yossef Peimer Le Rav De Slotsk

Rabbi Yossef Peimer, connu sous le nom de Rabbi Yossele de Slotzk, est né de Rabbi Méïr en 5557 (1797) à Schkud, en Lituanie.

Très jeune, il vint étudier à la célèbre yéchivah de Volojine. Le Roch yéchivah, le gaon Rabbi ‘Haïm, disciple du Gra, se lia à lui et lui voua une grande affection. Il finit par devenir son élève principal. Il affirmait : « Tout ce que je dis, je l’ai entendu de mon maître Rabbi ‘Haïm. Au bout de peu de temps, son nom se répandit dans tout le pays comme celui d’un gaon et tsaddik, humble et pieux.

Le poste de rabbin de Slotzk se libéra, et les habitants de la ville cherchaient un Rav brillant. Ils entendirent parler d’un certain avrekh du nom de Rabbi Yossele, de la yéchivah de Volojine, qui avait toutes les qualités d’un talmid ‘hakham. Ils vinrent le trouver pour lui demander de venir dans leur ville et d’être leur Rav.

Il avait trente-deux ans quand il fut nommé Rav de Slotzk. C’était une communauté sainte, où des grands de la Torah avaient été rabbanim pendant de nombreuses générations.

On raconte que quand la communauté de Slotzk lui demanda de venir s’y installer, il passa par la petite ville proche de Kapouli. A la requête des habitants de cette ville, il y passa le Chabath, et les talmidei ‘hakhamim de Kapouli en profitèrent pour venir parler de Torah avec lui. Tous furent émerveillés de ses grandes connaissances dans tous les domaines de la Torah. Pendant la conversation, quelqu’un fit une remarque incisive au nom de Rabbi Lippe, auteur de Kedouchat Yom Tov, le Rav de Kapouli. Rabbi Yossef s’écria avec étonnement : « Si dans la petite Kapouli il y a un gaon comme lui, c’est lui qui est digne de prendre la rabbanouth de Slotzk et pas moi ! » Quand on l’informa que Rabbi Lippe était déjà mort, il accepta la rabbanouth de Slotzk.

Son arrivée dans la ville fut très impressionnante. Il était grand de taille, et avait la tête d’un lion, avec le front haut et large et des yeux ressemblant à des flambeaux, qui brûlaient, enchantaient et attiraient. Il avait une belle silhouette qui respirait le charme, et il attirait les regards des passants en marchant dans la rue. Sa beauté devint tellement célèbre que le gouvernement envoya un dessinateur pour faire son portrait. C’est grâce à cela que nous connaissons ses traits.

Le premier Chabath, il alla prier au grand beith midrach. Il y avait là un vieil instituteur éminent en Torah, qui s’approcha du nouveau Rav en lui disant : « Rabbi ! Vous voici nommé Rav ici, je voudrais vous poser une question concernant les Tossafoth sur le traité Erouvin. » Le jeune Rav consulta un peu les livres et répondit à sa question. Le vieil homme fut surpris, et dit : « Maintenant, je vois que vous êtes un grand en Israël et digne d’être Rav d’une grande ville comme Slotzk. Puissiez-vous réussir dans votre tâche ! »

Rabbi Yossef évoquait toujours cet événement en racontant que du Ciel, on l’avait aidé à trouver la réponse à ce moment-là, car ensuite il avait travaillé très dur pour se la rappeler, et ne l’avait pas retrouvée.

Il fut reçu comme Rav de Klotzk pendant l’hiver de l’année 5589 (1829), et commença immédiatement à s’intéresser à l’éducation. Il fit venir au beith midrach tous les instituteurs de la ville, et leur expliqua comment faire aimer la Torah aux enfants. Il les mit en garde contre les punitions corporelles, estimant que mieux valait faire la  morale aux élèves et leur manifester des sentiments d’amour. Quand un instituteur demanda ce qu’il fallait faire si les paroles s’avéraient inutiles, le Rav leur dit : « Je vous ordonne que lorsque vous vous trouverez obligés de frapper vos élèves, vous ne le ferez pas avec la main, mais avec un instrument, par exemple une serviette ou une lanière ou quelque chose de ce genre. » Quand on lui demanda ensuite la raison de ce décret, il répondit avec simplicité : « Les mains des instituteurs sont tout le temps à leur disposition, et quand ils sont en colère ils s’en servent pour frapper. Seulement maintenant que je leur ai ordonné de ne pas utiliser la main mais un instrument, ils n’en trouveront pas toujours, et le temps qu’ils en cherchent un, leur colère se sera apaisée... »

Rabbi Yossef détestait l’argent corrupteur. Il gagnait peu, et vivait dans une grande pauvreté. Il détestait les cadeaux, et ne se plaignait jamais. Au bout de plusieurs années, la ville de Minsk lui demanda d’être son Rav, et après maintes supplications, il envoya une lettre exprimant son acceptation. Quand les habitants de Slotsk l’apprirent, ils vinrent le supplier de ne pas les abandonner. La Rav accepta de rester chez eux, mais à la condition qu’ils récupèrent la lettre qu’il avait envoyée à Minsk, et qu’ils n’ajoutent rien à son salaire, pour qu’on ne dise pas qu’il était resté à Slotzk à cause d’une augmentation. Ils firent ce que le Rav leur avait ordonné, mais ils réparèrent le toit de sa maison, car la pluie tombait à l’intérieur et ses livres s’abîmaient.

Sa grandeur en Torah et la beauté de son caractère se répandirent dans tous les alentours, et beaucoup de jeunes gens se rassemblaient pour apprendre la Torah chez lui. Il donnait aussi beaucoup de réponses en halakhah à des gens du monde entier qui lui posaient des questions. Il était extrêmement modeste et craignait toujours d’avoir oublié son savoir. On raconte qu’une fois, Rabbi Yossef tomba malade et dut rester au lit pendant plusieurs semaines. Après sa guérison, il était un jour assis auprès de la fenêtre pour respirer de l’air pur. Et voici que Binyamin, le fou de la ville, qui dans sa jeunesse avait été grand en Torah, passa près de la fenêtre en clamant tout haut les paroles des Sages : « Rav Yossef est tombé malade et a oublié son savoir » (Nédarim 41a). Rabbi Yossef fut bouleversé des paroles du fou, craignant d’avoir véritablement oublié son savoir. Il ne retrouva pas la paix avant d’avoir convoqué les dayanim de la ville, et d’avoir répété par cœur devant eux toutes les quatre parties du Choul’han Aroukh.

Rabbi Yossef mourut le vendredi 1 Iyar 5724 (1864). Un vieillard, Rabbi Avraham Esofski, bedeau du beith midrach de Slotzk à New York, dont le Rav était Rabbi Moché Chourin, m’a raconté : « J’étais un petit enfant et j’ai participé à l’enterrement de ce gaon et tsaddik. Des milliers de gens ont suivi son cercueil. Le même jour, il tombait beaucoup de neige, qui recouvrait les rues de la ville, et l’enterrement progressait très difficilement. Slotzk n’avait jamais vu une telle neige même en hiver, et la regarda comme un signe que même la nature prenait le deuil pour la mort du gaon. En accord avec la demande du défunt, on avait écrit sur la pierre tombale : « Ici repose Rabbi Yossef fils de Rabbi Méïr. » Il avait ordonné qu’on n’écrive aucun éloge sur lui.

Il a laissé beaucoup de manuscrits sur les quatre parties du Choul’han Aroukh. Ces derniers temps, ses commentaires ont été imprimés, et ses paroles réjouissent le cœur et l’âme.

 

 
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