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Rabbi Arie Leib • L’auteur du“Chaagat Ariè”

Rabbi Arié Leib ressemblait à son nom (qui signifie : le lion). Il avait une tête grosse comme une tête de lion, ses yeux brillaient comme des braises, il avait les cheveux longs et épars, et son aspect éveillait la crainte et le respect.

Rabbi Arié Leib est né vers 5455 (1695), dans la région de Minsk. Au début, il fut Rav et Roch Yéchivah à Minsk, mais par nature c’était un homme de vérité aux idées bien arrêtées, et il ne fit rien pour se concilier les responsables de la communauté, c’est pourquoi il fut obligé de quitter la ville.

Quelque temps plus tard, il fut nommé Rav de Volojine. Là, il dirigea la yéchivah et fit de nombreux disciples. A Volojine, Rabbi Arié Leib vécut pauvrement. Tout son salaire consistait en trois pièces par semaine. Sa femme devait pétrir la pâte dans une boulangerie avec une miche de pain comme salaire, et le Rav n’avait qu’un seul costume, qu’il portait le Chabath comme les jours de semaine.

Un jour, il demanda aux dirigeants de la communauté une augmentation d’une demi pièce. Ils siégèrent pour en discuter et ne trouvèrent aucune raison de l’augmenter. Il se mit en colère et quitta la ville de Volojine.

Des jours pénibles commencèrent pour Rabbi Arié Leib, auteur du «Cha’agat Arié». Il prit sur lui une période d’exil, allant de ville en ville comme un pauvre mendiant, en portant sur l’épaule un baluchon qui contenait son talith,  ses tefilin et le livre du Rambam.

Voici ce qu’on raconte sur cette période-là :

Un jour, un villageois eut pitié de lui et lui donna un endroit pour dormir pendant quelques semaines, dans le grenier d’une étable. Une nuit, après un maigre dîner, Rabbi Arié Leib étudiait la Torah à la lueur d’une petite lampe à huile, et sa femme était assise à côté du poêle chaud et tricotait des chaussettes. Tout à coup, il se mit à pleurer amèrement. – Leibe, pourquoi pleures-tu ? lui demanda sa femme. – Regarde, répondit-il, comme nous sommes bien ici : dans une maison chaude, je m’installe pour étudier à la lueur d’une lampe, et toi tu es assise près du poêle et tu tricotes des chaussettes. Qui sait si nous ne sommes pas en train de manger notre monde à venir en ce monde-ci ! Et il se remit à pleurer...

Voici comment il avait coutume de se conduire :

Partout où il allait, il entrait dans l’«auberge» des pauvres pour y passer la nuit. Une fois au cours de ses nombreuses errances, il arriva à la ville de Breslau en Allemagne, qui avait pour Rav Rabbi Yéchaya Berlin.

Il se rendit directement chez le Rav, entra à la cuisine et donna à la rabbanit une casserole et de l’orge pour qu’elle le lui fasse cuire. Rabbi Arié Leib était extrêmement strict quant à l’interdiction de la nouvelle récolte (‘hadach), c’est pourquoi il ne mangeait que de l’orge. La femme du Rav n’avait pas l’habitude de ce genre d’invités. Elle parla immédiatement à son mari de l’hôte bizarre qui était arrivé, Rabbi Yéchaya vint à sa rencontre, et un simple regard lui ayant suffi pour s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’un homme ordinaire, il se mit à discuter avec lui de paroles de Torah. De ce qu’il disait, il s’aperçut que c’était le gaon Rabbi Arié Leib. Avant de quitter la ville, celui-ci s’adressa à Rabbi Yéchaya et lui dit : «Je m’étonne de voir un Rav qui vit dans la richesse et les honneurs et qui sait néanmoins étudier, c’est un des prodiges qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie entière.»

Entre temps il fit imprimer son livre «Cha’agat Arié», qui lui donna une grande notoriété et le révéla comme quelqu’un dont la profondeur et l’intelligence acérée étaient sans égales dans sa génération.

Un jour, l’auteur du «Chaagat Arié» se trouvait à Koenigsberg, qui avait pour Rav Rabbi Arié Leib Epstein, auteur de l’ouvrage «Hapardess». Il rentra chez le Rav sans se faire connaître et commença à discuter avec lui de Torah. Il dominait la discussion, quand l’auteur de «Hapardess» alla vers sa bibliothèque, en sortit le «Cha’agat Arié», et en tira un appui à son propre raisonnement. Rabbi Arié Leib sourit et dit : «Le Rav connaît mon livre, mais il ne connaît pas l’auteur...» Le Rav regarda son hôte et frémit. Il voyait maintenant devant lui la tête du lion et ses yeux brûlants comme des braises, et comprit que le «Chaagat Arié» se tenait devant lui. Il lui demanda pardon de ne pas l’avoir reçu comme il convenait, lui donna une chambre particulière dans sa maison, et se réjouissait chaque jour avec lui en discutant de Torah.

A ce moment-là, les gens de Metz envoyèrent un contrat de Rav à Rabbi Arié Leib Epstein, qui le prit et le donna au Cha’agat Arié. C’est ainsi qu’il devint le Rav de Metz, à l’âge de soixante-dix ans.

Les gens de Metz étaient très heureux d’avoir mérité un aussi grand Rav, mais leur joie n’était pas totale, car il avait soixante-dix ans en arrivant chez eux. Il sentit que leur joie était mêlée de tristesse, et s’adressa à eux en disant : «Les jours de ma vie ont été malheureux. J’ai été harcelé et j’ai mené une vie d’errance, c’est pourquoi je suis devenu trop vieux. Mais je vous promets que si Dieu veut, je resterai Rav chez vous pendant encore au moins vingt ans.» Sa promesse s’accomplit, et il fut Rav de la noble ville de Metz pendant vingt ans. Là, le grand lion trouva la sérénité. Il étudiait la Torah jour et nuit en sainteté et en pureté, ne dormait pas dans un lit et ne mangeait rien d’origine animale, à l’exception du Chabath et des fêtes.

Quand il devint très vieux sa vue s’éteignit, et il étudiait par cœur. Son disciple Rabbi Guedalia Tiktin copiait ses commentaires et les imprimait dans un livre du nom de «Tourei Even». Il fit imprimer de la même façon le livre «guevourat Ari».

Quand le «Cha’agat Arié» fut imprimé pour la première fois, il était rempli d’initiales, parce que l’auteur était pauvre à l’époque, et n’avait pas assez d’argent pour acheter du papier. Il écrivait donc tout ce qu’il pouvait en initiales. Plus tard, des imprimeurs le reprirent en explicitant toutes les initiales, et il devint plus facile à lire. Il en ressort qu’il fonde ses décisions halakhiques sur ses propres conclusions à partir de la Guemara et des commentateurs, sans tenir compte de l’avis des autres décisionnaires. Il était d’ailleurs capable, selon le témoignage du Gra, de traverser tout le Talmud en une seule heure pour trouver la preuve dont il avait besoin.

Rabbi Arié Leib mourut dans une grande vieillesse, le 25 Tamouz 5545 (1785), à quatre-vingt dix ans. La légende raconte qu’il n’est pas mort de vieillesse mais de l’incident suivant :

Un jour, il était seul dans le Beit Midrach où il étudiait. Il voulut consulter un livre, alla vers la bibliothèque pour le prendre, et la bibliothèque tomba sur lui avec tout son contenu. Quand on la releva, il dit en souriant : «Tous les livres sur lesquels je n’étais pas d’accord et dont je rejetais les paroles, tous sont tombés sur moi, et pendant que j’étais enseveli sous eux, j’ai fait la paix avec tous. Mais Rabbi Mordekhaï Yaffé, auteur du «Levouchim», n’a pas voulu pardonner, et c’est à cause de lui que je quitte maintenant ce monde.» A ce moment-là, son âme s’échappa.

 

 
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