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Rabbi Arie Tsvi Froumer • Le Rav De Kojiglov

On peut dire sans aucune exagération que des six millions de juifs qui se trouvent aujourd’hui aux Etats-Unis, il y a peut-être seulement quelques centaines de personnes qui savent qu’avant la Deuxième guerre mondiale vivait en Pologne un Rav qui s’appelait Rabbi Arié Tsvi Froumer, et qui était l’un des plus grands sages de Pologne. Il se peut même qu’il ait été le plus grand sage de Pologne, à la fois en Torah et en droiture.

Rabbi Arié Tsvi est né en 5645 (1884) dans la petite ville de Tchelguez en Haute Silésie au bord de la frontière allemande. Son père Rabbi Hanokh était un homme simple et droit. Il était tailleur, et vivait pauvrement. Sa mère était connue pour sa droiture. Elle mourut quand il n’avait que trois ans. Comme dans sa ville natale il n’y avait pas de « ‘heder » digne de ce nom, son père l’envoya chez des parents de sa mère dans la ville proche de Walbrum, où il commença à étudier au ‘héder et à faire ses premiers pas dans l’étude de la Bible et du Talmud. Il se fit rapidement connaître par ses dons et sa mémoire extraordinaire, et aimer de tous les habitants de la ville par l’élévation de son caractère et la vivacité de son intelligence. Tout le monde savait que c’était un enfant prodige.

A l’âge de douze ans, son père l’envoya à la yéchivah ketanah d’Amstov, où il se fit rapidement remarquer par ses dons remarquables et sa mémoire prodigieuse. A l’âge de treize ans, il partit étudier à la célèbre yéchivah de Sokhotchov, où il entendit la Torah du gaon de la génération, Rabbi Avraham Bourenstein, le Admor de Sokhotchov, auteur de l’ouvrage Avnei Nezer.

A Sokhotchov, entre des centaines de jeunes gens grands en Torah, qui étaient tous beaucoup plus âgés que lui, le jeune Leibisch Hirsch, comme on l’appelait, s’éleva au plus haut de la Torah et de la ‘hassidout. Son Rav Rabbi Avraham se consacra à lui et lui savait un avenir prometteur. Il l’aimait et le respectait beaucoup et disait de grandes choses de lui.

A l’âge de dix-huit ans, il épousa Esther Schwitzer, la fille de son oncle Rabbi Yéhouda Chraga de Milivoy. Chez son oncle, Rabbi Arié Tsvi s’installa pour étudier. Au bout de peu de temps, il était connu comme un grand génie, érudit dans toute la Torah.

En 5670 (1910), le Rabbi de Sokhotchov, auteur du Avnei Nezer, mourut, et Rabbi Arié Tsvi fut appelé à être Roch Yéchivah de Sokhotchov à sa place, alors qu’il n’avait que vingt-six ans. A ce moment-là il publia son premier livre, Sia’h HaSadè », qui fit grande impression dans le monde de la Torah. Il dirigea la yéchivah avec beaucoup de succès, jusqu’à ce qu’éclate la Première guerre mondiale.

Après la guerre, il fut nommé Rav de la ville de Kojiglov, dont il porta le nom toute sa vie, le Rav de Kojiglov. Petit à petit commencèrent à se rassembler autour de lui des dizaines de jeunes gens et d’étudiants. Sa femme faisait la cuisine pour eux, et c’est de cela qu’ils vivaient. Certes, c’étaient des revenus misérables, mais le Rav de Kojiglov était heureux de son sort. Il voulait montrer à ses élèves comment on étudie la Torah dans la pauvreté. Cela aussi c’est de la Torah, et elle a besoin d’être étudiée.

Bien que le Rav de Kojiglov ait été terriblement pauvre et discret, souple comme un roseau et comme un seuil foulé sous les pieds des Sages et des tsadikim (Introduction à son livre Erets Tsvi), il était en même temps solide comme un chêne et ne se laissait impressionner par personne. Un jour il présida un din Torah entre un riche et un pauvre de la ville. Le Rav ne décida pas en faveur du riche, qui se mit à le persécuter et à lui rendre la vie amère. Il loua l’appartement où le Rav habitait, et qui appartenait à un non-juif. Celui-ci l’expulsa de l’appartement, et pendant plusieurs semaines le Rav habita dans la Ezrat Nachim du Beith Midrach de la ville, avec sa famille. C’est là que commence l’histoire de ses errances. Il allait de ville en ville et la yéchivah voyageait avec lui. Il souffrit des douleurs intérieures ainsi que de la honte de la faim, mais cela ne porta atteinte ni à son étude ni à sa sainteté. Et bien que l’exil amoindrisse le renom, la Torah le protégea et il fut connu comme gaon et tsadik.

Après la mort du gaon Rabbi Méïr Shapira, fondateur de la Yéchivat ‘Hakhmei Lublin, le Rav de Kojiglov fut choisi comme Roch Yéchivah, et se réalisa en lui l’enseignement : « Quiconque accomplit la Torah dans la pauvreté finira par l’accomplir dans la richesse ». A Lublin, entre des centaines de jeunes gens, grands en Torah, le Rav trouva le repos à son âme agitée, sans dérangements et sans le souci d’avoir à gagner sa vie.

A cause du décès de Rabbi Méïr Shapira, on s’attendait à ce que l’existence de la yéchivah soit mise en danger. Non seulement Rabbi Arié Tsvi empêcha qu’elle soit détruite, mais il l’éleva spirituellement, et elle devint encore plus forte qu’auparavant.

Dès son arrivée à la yéchivah, il introduisit un nouvel esprit. Des cours merveilleux attiraient à la yéchivah les meilleurs garçons de toute la Pologne. Le nombre des élèves atteignit plus de trois cents. Le hall de la yéchivah bruissait tout le jour de la voix de la Torah. Les élèves, qui voyaient en lui leur maître et leur Rav dans tous les sens du terme, le respectaient et le considéraient comme une personnalité extraordinaire.

Il était également célèbre pour ses grandes connaissances dans la littérature de la kabbala et de la Torah cachée. Dans son livre Erets Tsvi, il s’efforce souvent d’expliquer la Torah dévoilée par la Torah cachée. C’est pourquoi à la première occasion qui se présenta, il partit en Erets Israël, qui est la demeure de la Torah cachée. Après y être resté trois mois, il revint à la yéchivah et à ses élèves.

Le Rav de Kojiglov était particulièrement charitable. De son maigre salaire, il prélevait le ma’asser. Un jour des voleurs rentrèrent chez lui et prirent tout ce qui leur tombait sous la main, entre autres ses chandeliers d’argent. Quand il l’apprit, il se dépêcha de chercher dans un certain coin de la maison, et quand il ne trouva pas ce qu’il cherchait, il se mit à pleurer. Quand on lui en demanda la raison, il répondit qu’il mettait dans ce coin l’argent qu’il prélevait pour le ma’asser, et qu’il n’avait pas eu le temps de distribuer aux pauvres.

Le Rav de Kojiglov était respecté dans toute la Pologne et tout le monde voyait en lui un homme saint et juste et un géant spirituel. Il dirigeait l’étude de la « Michna journalière » pour tout le peuple.

Quand la guerre éclata en 5699 (1939), le gouvernement polonais confisqua le bâtiment de la yéchivah, et les élèves furent dispersés de tous les côtés. Le Rav de Kojiglov passa à Varsovie, et là aussi il étudia la Torah et servit Dieu jour et nuit. Même dans le ghetto, il n’abandonna pas ses habitudes, que ce soit dans le domaine de la prière ou de l’étude. Il était aimable envers quiconque lui demandait aide et conseil. Du ghetto de Varsovie, il fut transféré en même temps que les autres juifs à Maïdanek où il fut annihilé avec les autres saints d’Israël. Puisse Dieu venger son sang.

 

 
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