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Rabbi Avraham Chag - le Rav de Keubarsdorf

Trois bergers d’Israël ont placé Jérusalem en tête de leurs préoccupations, ont toujours rêvé de retourner à Sion et ont attendu avec impatience le jour où ils pourraient s’installer en Erets-Israël et chérir sa poussière. Ce furent le Gaon de Vilna, Rabbi Israël Ba’al Chem Tov et le ‘Hatam Sofer, qui encouragèrent également leurs disciples à monter à Sion et à la relever de ses ruines.

Les disciples du Gra sont partis en Erets-Israël en 5568 (1808) et ont établi les bases de la communauté ashkénaze à Jérusalem. Ceux du Ba’al Chem Tov se sont installés à Safed et à Tibériade. Les disciples du ‘Hatam Sofer ont beaucoup agi en faveur du renouvellement de la colonie de Jérusalem et de la fondation de villages agricoles dans tout le pays.

L’un des disciples du ‘Hatam Sofer, qui est allé en Erets-Israël à la fin de sa vie et y a participé à tous les domaines de la vie communautaire, fut le gaon Rabbi Avraham Chag, le rav de Keubarsdorf.

Rabbi Avraham Chag (Tsveberg) est né le 4 Iyar 5561 (1801), dans la ville de Freichtadt en Hongrie, du gaon Rabbi Yéhouda Leib. Son père comptait parmi les plus grands disciples du gaon Rabbi Yé’hezkel Landau, l’auteur du « Noda Biyhouda ». Le nom de famille de Rabbi Yéhouda Leib était Tsveberg. Un jour, il posa une question difficile, et son maître, le « Noda Biyhouda », lui appliqua le verset : « Le lion rugit (« chaag »), qui ne craindrait ? » Depuis, on se mit à l’appeler Chag (« chaag »).

Vers l’âge de quatre ans, il perdit son père, et sa mère le mit chez le gaon Rabbi Yitz’hak Fraenkel, le Rav de Roguendorf, pour qu’il lui enseigne la Torah et les mitsvoth. Le jeune garçon était très doué, et vers l’âge de dix ans il connaissait déjà une grande partie du Talmud. Quand il atteignit l’âge de la bar mitsvah, il partit étudier à la yéchivah du ‘Hatam Sofer à Presbourg. Il fut très rapidement connu comme l’un des meilleurs élèves de Rabbi Moché Sofer, et son Rav se vantait de lui devant les grands de la Torah qui venaient lui rendre visite.

Un jour, en compagnie de son fils Rabbi Avraham Chemouël Binyamin, le ‘Hatam Sofer organisa un contrôle après minuit dans les chambres des élèves. Quand ils s’approchèrent de la chambre du jeune Avraham Chag, ils entendirent de loin la voix de la Torah qui montait de la pièce. Les deux, le Rav et son fils, restèrent longtemps à écouter cette voix qui les réjouissait. Le ‘Hatam Sofer se tourna vers son fils et lui dit : « Regarde et écoute, voilà comment il faut étudier ! »

Le ‘Hatam Sofer le respectait beaucoup et disait énormément de bien de lui. On raconte qu’un jour, Rabbi Avraham Chag était chez le ‘Hatam Sofer, où se trouvait aussi un autre grand Rav. Quand son élève Rabbi Avraham se leva pour partir, le ‘Hatam Sofer l’accompagna pendant un bon bout de chemin. L’autre Rav s’en étonna, et dit : « Il convient d’honorer ainsi un grand homme, et non un jeune avrekh ! ». En entendant cela, le ‘Hatam Sofer fit demander à son élève de revenir chez lui, et le plaça devant un passage très difficile du Talmud. Quand l’autre Rav entendit l’explication de Rabbi Avraham, il changea d’avis et dit : « Vous avez vraiment eu raison de l’accompagner avec tant d’honneur, il en est parfaitement digne. » Un jour, son Rav dit de lui qu’à vingt kilomètres alentour, on ne trouvait pas un aussi grand talmid ‘hakham que lui.

Avant l’âge de vingt-cinq ans, il devint Rav et Av beith din de la ville de Schottelsdorf. Il ouvrit immédiatement une yéchivah où les jeunes gens affluèrent de près et de loin pour écouter sa Torah. Le ville, qui avant son arrivée était vide de Torah et de mitsvoth, devint, pendant les vingt-cinq ans où il y fut Rav, un centre de Torah et de crainte du Ciel.

De Schottelsdorf il passa à la communauté de Keubarsdorf, où il fut Rav jusqu’à son départ pour Erets-Israël, et dont il porte le nom.

Comme à son habitude, Rabbi Avraham Chag ne se contenta pas de s’enfermer dans la tente de la Torah, mais se tint en première ligne de la lutte contre les assimilationistes et les réformés, appelant par des paroles enflammées à être sur ses gardes pour défendre la sainteté d’Israël. Il s’avéra être un meneur qui sut guider le navire du judaïsme avec sûreté et fidélité pour l’empêcher de sombrer dans la mer de l’incroyance. Petit à petit, il devint le porte-parole et le chef du judaïsme hongrois et autrichien.

Sa yéchivah aussi était pleine. Pendant six heures d’affilée, il se tenait debout tous les jours pour donner ses cours aux jeunes gens. Et même au soir de sa vie, quand il était malade et faible, il tenait à donner ses cours debout. Malgré ses nombreuses occupations, il trouvait le temps décrire des responsa à ceux qui lui posaient des questions, et fut en correspondance sur des points de halakhah avec les plus grands de sa génération.

En 5631 (1871), à l’âge de soixante-dix ans, il décida de réaliser l’ambition de sa vie et de partir en Erets-Israël, à laquelle son âme aspirait ardemment. Quand ce projet fut connu, les plus grands rabbanim de Hongrie vinrent le trouver pour le supplier de prendre en considération la situation où se trouvait le judaïsme à ce moment crucial. Le voyage fut repoussé.

Mais en 5633 (1873), il décida définitivement d’aller s’installer en Erets-Israël. Il répondit à ceux qui lui demandèrent encore une fois de ne pas partir que depuis qu’il avait entendu son maître le ‘Hatam Sofer parler de la Terre d’Israël et de sa sainteté, il avait décidé de monter sur la montagne de Dieu et de s’installer près de l’endroit du saint des saints, ne considérant sa vie dans l’exil que comme temporaire. Il ajouta qu’il n’avait jamais passé un jour ou une heure sans aspirer à Sion.

Au bout d’un voyage de vingt jours, le bateau rentra un vendredi au crépuscule dans le port d’Alexandrie. Il resta à quai pendant le Chabath, et pendant tout ce jour-là le Rav resta dans sa cabine, dans le ventre du bateau, sans en sortir, à cause de l’interdiction « vous ne la verrez plus jamais » [l’Egypte].

Le dimanche 21 Iyar, le lion de Hongrie foula le sol de la Terre Sainte. Il se prosterna à terre et l’embrassa en murmurant : « Car tes serviteurs affectionnent ses pierres, et ils chérissent jusqu’à sa poussière » (Psaumes 102).

Peu de temps après son arrivée à Jérusalem, Rabbi Avraham Chag désira vivement acquérir du terrain en Terre Sainte, et il souhaita encore plus que ce soit autour de Jérusalem. Il acheta une bande de terrain proche du rempart qui s’étend de la porte de Jaffa vers l’ouest. Sur ce terrain furent construites une série de boutiques qui demeurèrent jusqu’en 5708 (1948) le centre commercial des deux parties de Jérusalem. Après la guerre des Six Jours, on enleva toutes les constructions qui se trouvaient sur le terrain, et le rempart de la vieille ville apparut de nouveau.

Rabbi Avraham Chag resta environ trois ans à Jérusalem, et le Chabath, veille de roch ‘hodech Nissan 5636 (1876), il rendit son âme au Ciel et fut enterré sur les pentes du mont des Oliviers.

Son disciple principal, Rabbi Yossef ‘Haïm Sonnenfeld, le Rav de Jérusalem, a raconté : « Le dernier vendredi, quand les cours furent terminés, mon maître conclut : « Nous en restons ici », chose qu’il n’avait jamais dite à la fin d’un cours, qui se terminait en général par un baiser sur les marges de la Guemara pour marquer la fin. »

Enfin, voici une histoire le concernant : un jour, une vieille femme arriva de la ville de Kleinvardein en Hongrie, et elle demanda où se trouvait la tombe de ce tsaddik. Quand on lui demanda pourquoi elle s’était donné le mal de venir de l’étranger pour prier sur cette tombe, elle raconta : « Ma mère était servante chez notre saint Rav il y a une centaine d’années. A cette époque-là, on lui confia une grosse somme d’argent pour la mettre en sécurité. Comme il était plongé dans son étude, il laissa l’argent dans le livre qu’il avait en main et remit celui-ci dans la bibliothèque. Au bout d’un certain temps, le propriétaire du dépôt vint le lui demander, et il ne le trouva pas. Il se mit à soupçonner en lui-même que la servante l’avait peut-être pris. Il paya de sa poche le propriétaire de l’argent. La veille de la fête de Pessa’h, alors qu’il feuilletait ses livres pour vérifier qu’il n’y avait pas ‘hamets dedans, l’argent tomba de ce livre-là. A cette vue, notre maître fut catastrophé d’avoir soupçonné sa servante. Il l’appela, lui raconta toute l’histoire, lui demanda pardon avec de grands pleurs, et lui dit qu’il était prêt à lui donner ce qu’elle choisirait. Ma mère dit qu’elle lui pardonnait pleinement, et ne lui demandait qu’une seule chose, sa bénédiction, car elle était déjà mariée depuis quinze ans et n’avait pas d’enfant. Notre maître la bénit et lui dit : « Cette année, tu auras un enfant. » Et moi, poursuivit la vieille, je suis la fille de cette servante, et ma mère a aspiré toute sa vie à venir dans notre saint pays pour prier sur la tombe de ce tsaddik. Maintenant, le Saint béni soit-Il m’a donné la possibilité de venir accomplir la volonté de ma mère. » (HaIch al Ha’Homa, Chlomo Zalman Sonnnenfeld).

 

 
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