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Rabbi Baroukh Halevi Epstein • L’auteur De Torah Temimah

Parmi les grands d’Israël qui vécurent avant la Première guerre mondiale se détache la figure du gaon Rabbi Baroukh Halévi Epstein, qui est surtout connu pour sa grande oeuvre Torah Temimah sur les cinq livres de la Torah.

Rabbi Baroukh Halévi Epstein n’était ni Rav, ni Av Beith Din, ni dirigeant d’une communauté, ni Roch Yéchivah, mais un « simple citoyen » de la ville de Pinsk en Russie. C’était peut-être un simple « maître de maison », mais il était bel et bien maître dans toutes les demeures de la Torah, possédant parfaitement le Talmud de Babylone et le Talmud de Jérusalem, très versé dans la Bible et la grammaire hébraïque, très érudit dans toute la littérature talmudique.

Il resta fidèle à la tradition de la yéchivah de Volojine et à son esprit. A la yéchivah de Volojine, on avait l’habitude d’unir la Torah écrite et la Torah orale, car on commençait tous les jours par l’étude de la parachah de la semaine. C’est ce que faisait Rabbi ‘Haïm, le fondateur de la yéchivah, et c’est ce que firent les autres directeurs de la yéchivah après lui. Il n’est donc pas étonnant que Rabbi Baroukh Halévi Epstein, qui avait étudié dans cette yéchivah dans sa jeunesse, suive l’exemple de ses grands maîtres et écrive son commentaire magistral, Torah Temimah, en unissant la Torah écrite et la Torah orale. Le but était de « montrer que la Torah écrite est la sœur jumelle de la Torah orale ».

Rabbi Baroukh est né à Babroïsk en 5620 (1860) un 5 Chevat, du gaon Rabbi Ye’hiel Mikhal, connu pour son ouvrage Aroukh HaChoul’han.

Dès son enfance il se fit remarquer par sa mémoire fantastique : c’était une citerne qui ne perdait aucune goutte. Mais il était surtout extraordinaire par son immense assiduité. Il raconte : « Même quand il y avait vacances du ‘heder et des études, mon temps m’était précieux, et je restais plongé dans mes études. »

A l’âge de la bar-mitsva, il partit étudier la Torah dans la grande et célèbre yéchivah de Volojine, chez son oncle le Netsiv (le gaon Naphtali Tsevi Yéhouda Berlin), qui était alors à sa tête. Le fait même de venir à la yéchivah à un âge aussi jeune éveilla une grande surprise, et beaucoup de gens ne croyaient pas que cet enfant puisse trouver sa place dans cette illustre yéchivah où beaucoup d’élèves étaient déjà à ce moment-là des grands d’Israël.

A la yéchivah, il continua à étudier avec une grande assiduité. Il était tellement plongé dans ses études qu’il en oubliait le monde entier, et plusieurs nuits par semaine, en allant dormir, il ne se déshabillait pas et tombait de fatigue sur son lit. Au cours du temps, il acquit de grandes connaissances dans tous les domaines du Talmud et dans les œuvres des décisionnaires, Richonim et A’haronim. Pendant ses études à la yéchivah, son caractère s’affina, au point qu’il en arriva aux plus hauts degrés dans la générosité, la bienfaisance et l’amour du prochain.

Même dans sa jeunesse, il savait approfondir la Torah écrite et en tirer des conclusions théoriques et pratiques.

Un jour, le Roch Yéchivah, le Netsiv, était assis avec autour de lui plusieurs grands élèves de la yéchivah, des avrekhim versés en Torah, intelligents et pleins de connaissances, qui enseignaient et savaient réfléchir. Et tout à coup on présenta au Rav une question difficile, dont le jeune Baroukh Epstein donna la réponse.

Voici de quoi il s’agissait :

Deux frères avaient vécu pendant de longues années dans l’amour et la fraternité, et ils possédaient un commerce en commun. Mais tout à coup éclatèrent entre eux des disputes et des contestations, au point que l’un d’entre eux jura qu’il ne verrait plus jamais son frère. Au bout de quelques années, le deuxième frère mourut. Le frère vivant regretta le serment qu’il avait fait, et voulait venir voir son frère mort et lui demander pardon. Alors il était venu trouver le Rav et lui avait demandé si son serment restait valide même après la mort de son frère. Le Rav et ses élèves se mirent à discuter de cette question, certains permettant et certains interdisant, mais il ne réussissaient pas à atteindre une conclusion. Et voilà que le jeune Baroukh, qui lui aussi, était assis là, se tourna vers son oncle le Rav et lui dit : C’est très simple, et c’est écrit explicitement dans la Torah.

Il est écrit dans l’Exode (14, 13) : Moché a dit à Israël : « Si vous avez vu les Egyptiens aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais ». Moché a juré aux bnei Israël qu’ils ne verraient plus jamais les Egyptiens. Et pourtant il est dit par la suite : « Israël vit les Egyptiens morts au bord de le mer ». De là on a une preuve claire que le fait de voir un homme après sa mort ne s’appelle pas le voir, et que le serment de ce frère ne s’applique pas à son frère mort.

Le Rav se leva, plaça la main sur sa tête et dit : « Heureuse est ton enfance ». Cet événement l’encouragea par la suite à écrire Torah Temimah (Mekor Baroukh, ch. 48 par. 3, et aussi dans son œuvre sur la Torah).

Il épousa la fille de Rabbi Eliezer Moché Halévi, le Rav de Pinsk. Son beau-père était connu comme un formidable gaon. Il était l’auteur de remarques sur le Talmud, et tout le monde l’appelait Rabbi Eliezer Moché Pinsker. Rabbi ‘Haïm Soloveitchik, de Brisk, disait : Le titre d’« ancien parmi les guéonim », je ne le donne qu’à Rabbi Eliezer Moché (entendu de Rabbi Ya’akov Kaminetski z’tl).

On raconte encore que Rabbi ‘Haïm comptait quatre grands de la Torah dans sa génération qui étaient comparables aux Richonim, et qui sont Rabbi Yéhochoua Leib Diskin, Rabbi Israël de Salant, Rabbi Yossef Dov Soloveitchik, et le Malbim. Et il ajoutait : si vous voulez en ajouter encore un, vous avez Rabbi Eliezer Moché Halévi Pinsker (entendu du gaon Rabbi David Soloveitchik de Jérusalem).

Chez son beau-père, il étudia la Torah avec une grande assiduité et devint célèbre comme un des grands de son époque.

Au début, il pensa perpétuer la précieuse dynastie de la maison de ses parents et de son beau-père en prenant sur lui la couronne de la rabbanout. Il fut ordonné par le Netsiv et par le gaon Rabbi Yossef Dov Halévi Soloveitchik de Brisk.

Après la mort de son beau-père, la ville de Pinsk voulut choisir Rabbi Baroukh pour le remplacer comme Rav, mais celui-ci décida de ne pas gagner sa vie de cette façon. Il avait l’habitude de dire : « De même que je ne veux pas dominer les autres, je ne veux pas non plus être leur esclave, et à plus forte raison en étant Rav, ce qui comporte à la fois la domination et l’esclavage. » Comme c’était un comptable accompli, il prit un poste d’employé, et devint ensuite le directeur d’une banque.

Bien qu’il accomplît l’enseignement des Sages : « Aime le travail et déteste la rabbanout », il aimait le travail de la rabbanout, qui est l’étude de la Torah. Il était tout le temps en train d’étudier. Après une dure journée de travail à la banque, il s’installait dans sa petite chambre et se plongeait dans ses études.

Il accueillait tout le monde aimablement et se conduisait humblement avec tous. Il avait un caractère parfaitement accompli. C’était une figure pleine de noblesse, avec un beau visage et des yeux intelligents remplis de charme et de pureté. Il était aimé de tous ceux qui entraient en contact avec lui à cause de sa finesse et de sa noblesse naturelle.

Il resta à Pinsk pendant environ un an en se consacrant à l’écriture de ses ouvrages. Il écrivit beaucoup pendant sa vie. Il publia Mekor Baroukh en quatre parties, des souvenirs de la vie de la génération précédente. Egalement du nom de Mekor Baroukh, un commentaire sur le Talmud de Jérusalem, qui a été publié en 5688 (1928) dans l’édition Rom du Talmud de Vilna. Tossefet Berakhah est un commentaire sur les cinq livres de la Torah et les cinq Méguilot. Baroukh Cheamar est un commentaire sur le livre de prières. Il écrivit encore d’autres livres et articles. Mais l’œuvre de sa vie est son grand ouvrage intitulé Torah Temimah. Dès sa parution, il fut bien reçu par toute la diaspora, et il n’y a presque aucune maison où l’on ne trouve pas le ‘Houmach avec Torah Temimah. Jusqu’à aujourd’hui l’ouvrage a connu un grand nombre de rééditions.

Il passa un certain temps aux Etats-Unis, où il dirigea le bureau d’Ezrat Torah. Quand il partit, il fut remplacé par le gaon et tsadik Rabbi Yossef Eliahou Henkin z’tl .

Il vécut longtemps, plus de quatre-vingts ans. Quand les Allemands rentrèrent dans la ville au début de juillet 1941, il était déjà vieux et malade. Rabbi Baroukh fut amené, malade, à l’hôpital juif, et deux jours plus tard, en Tamouz 5701, il rendit son âme à son Créateur. Que sa mémoire soit bénie !

 

 
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