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Rabbi Dov Ber • Le Maguid de Mezrich

Le Maguid de Mezrich width=

On raconte que quand Rabbi Dov Ber avait huit ans, un incendie éclata dans le village de Lukats où il était né, et la maison de son père brûla. Sa mère en eut beaucoup de chagrin et se mit à pleurer. L’enfant lui demanda : « Pourquoi pleures-tu ? J’ai appris que de même qu’on dit une bénédiction sur les bonnes choses, il faut dire une bénédiction sur les mauvaises choses. »

– Non, mon fils, répondit la mère. Ce n’est pas sur la maison que je pleure, mais sur l’arbre généalogique de la famille de mon père, qui a brûlé avec. Notre généalogie remonte au Tanna Rabbi Yo’hanan HaSandlar, et à partir de lui, jusqu’au roi David.

– Ne pleure pas, maman chérie, répondit l’enfant. Je te promets qu’un nouvel arbre généalogique commencera avec moi...

L’enfant savait parfaitement ce qu’il prophétisait. Il était appelé à prendre la place de Rabbi Israël Ba’al Chem Tov, le « père de la ‘hassidout », et il fut également le père de la dynastie de Rojin, qui se prolonge jusqu’à nos jours.

Rabbi Dov Ber, connu sous le nom de « grand Maguid », est né dans le village de Lukats en 5464 (1704) de Rabbi Avraham, qui était un pauvre instituteur dans ce village. Encore jeune, il se fit connaître comme un intellect prodigieux, et le Rav de la ville l’envoya à Lvov dans la yéchivah du célèbre gaon Rabbi Ya’akov Yéhochoua, auteur du « Pnei Yéhochoua ». Il y étudia avec grande assiduité et acquit des connaissances considérables en Torah.

Après s’être marié dans la ville de Torchin, il devint instituteur dans un village des environs. Il y vécut dans une pauvreté extrême. Il avait l’habitude de jeûner plusieurs fois par semaine et de se mortifier, mais malgré ces jeûnes, son métier ne suffisait pas à le faire vivre. Cependant il acceptait tout avec amour, ne se plaignant jamais et faisant confiance à D. pour l’aider.

Un jour, raconte la légende, sa femme pleurait parce que ses enfants n’avaient pas assez à manger. Incapable de se retenir, Rabbi Dov Ber poussa un soupir à fendre l’âme. Une voix céleste se fit entendre et annonça : « Dov Ber, parce que tu as soupiré sur ta situation matérielle, tu as perdu ta part du monde à venir. » Il s’en désola pendant quelques instants, mais se remit immédiatement et s’écria avec joie : « Désormais, je servirai D. sans attendre de récompense... »

A ce moment-là, termine la légende, on entendit une deuxième voix céleste : « Dov Ber, cette joie de servir ton Créateur sans attendre de récompense t’a rendu ta part du monde à venir. Mais désormais, tu dois faire attention à ne plus soupirer sur la situation de ta famille, car tu n’es pas plus miséricordieux que ton Père des Cieux. »

Plusieurs années passèrent, et Rabbi Dov Ber quitta son métier pour devenir un « maguid » populaire. Il parcourait toutes les villes et les villages de Wahlin et de Podolie en Russie. Partout où il allait, il avait l’habitude, avant de parler, de sortir dans la rue de la ville en proclamant :

« Venez, enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Ciel. » (Psaumes 34, 12).

Il parcourait aussi les rues de la ville, regardait les gens, observait les ouvriers qui travaillaient dur, voyait les commerçants qui se tenaient toute la journée dans leur boutique pour en tirer une maigre subsistance. Puis il montait sur l’estrade, et au lieu de leur faire la morale et de les réprimander, il leur parlait au cœur et les consolait. Il les encourageait à ne surtout pas désespérer, mais à mettre leur confiance en D., dont le salut arrive en un clin d’œil. Ses discours, prononcés avec enthousiasme, et dans un style enflammé, conquéraient le cœur de ses auditeurs.

Quand le Ba’al Chem Tov se dévoila, Rabbi Dov Ber le rejoignit et fit partie de ses plus proches disciples. Le Ba’al Chem Tov le rapprocha beaucoup de lui, et il semble que dès son vivant, il pensait déjà faire de lui son successeur.

A la fête de Chavouoth 5520 (1740), tous les grands disciples du Ba’al Chem Tov vinrent à Mijbouj. Ils avaient le pressentiment que cette fête serait la dernière de la vie de leur Rav, Rabbi Israël. Celui-ci était étendu sur son lit les yeux clos, et tous ses disciples se tenaient auprès du lit et le regardaient avec une crainte respectueuse. Tout à coup, le Ba’al Chem Tov se réveilla, ouvrit les yeux, regarda ses disciples et se mit à parler :

– Aujourd’hui, c’est la veille de Chavouoth. Personne ne sait ce que réserve le lendemain, approchez-vous donc de moi et je vais vous donner ma bénédiction. Tout en parlant, il dit à ses disciples : Je nomme Rabbi Dov Ber le Maguid pour me remplacer et diriger les ‘hassidim. Les disciples de Rabbi Dov Ber ont une « grande âme », et il a toutes les forces nécessaires pour guider la génération. Il continua, un sourire flottant aux lèvres :

– Je sais que cet ours (« dov ») n’a pas de jambes (comme on le sait, le Maguid de Mezritch était infirme des jambes), mais il a de grandes mains, pour rapprocher les cœurs, et il est capable d’unifier sous sa direction tous ceux qui sont fidèles au ‘hassidisme.

Après la mort du Ba’al Chem Tov, en 5520 (1740), Rabbi Dov Ber devint le chef des ‘hassidim. Il s’installa à Mezritch, d’où la lumière du ‘hassidisme sortit vers toutes les communautés d’Israël dans le monde entier. Il organisa le mouvement, envoyant des délégués et des porte-parole dans chaque ville. Grâce à l’influence considérable du Maguid, le ‘hassidisme se répandit dans toutes les couches du peuple, et s’enracina profondément au cœur des benei Israël. Parmi ceux qui venaient écouter sa Torah on trouvait de nombreuses personnes de renom, très grandes en Torah, par exemple Rabbi Chmelke de Nicolsbourg et son frère Rabbi Pin’has de Francfort, auteur du « Haflaah » ; les frères Rabbi Zusha de Hanipoli et Rabbi Elimélekh de Lizensk ; Rabbi Chneor Zalman de Ladi, initiateur du ‘hassidisme ‘HaBaD, et d’autres. Il modifia également le texte de la prière en imposant l’usage de la prière sefarade plutôt qu’achkénaze.

Rabbi Dov Ber excellait en beaucoup de choses, mais les ‘hassidim parlent surtout de sa grande humilité.

On raconte sur Rabbi Na’houm de Tchernobyl que lorsqu’il vint pour la première fois trouver le Maguid de Mezritch, il lui demanda conseil sur la façon d’échapper à l’orgueil. Il lui répondit avec simplicité :

– Croyez-moi, je ne peux pas vous donner de conseil à ce propos. D’habitude, on conseille les autres dans un domaine qu’on connaît bien, mais je n’ai pas la moindre connaissance de l’orgueil, je ne comprends vraiment pas comment l’homme peut s’enorgueillir...

Peu de temps avant sa mort, le Maguid s’installa à Hanipoli, où il mourut le 19 Kislev 5533 (1772).

 

 
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