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Rabbi Israel • Le Maguid De Kojnits

Un certain vendredi soir, le Ba’al Chem Tov était attablé avec ses disciples. Tout à coup, il se mit à rire très haut.

Après le Chabath, on lui demanda pourquoi il avait ri, et il répondit : « Je voudrais bien vous le dire, mais il faut que vous veniez avec moi dans un endroit où j’irai, et alors vous saurez ce que vous voulez savoir. »

Le Ba’al Chem Tov appela son serviteur et lui ordonna d’atteler sa voiture, où il monta avec ses disciples. Ils voyagèrent toute la nuit. Au matin, ils arrivèrent dans une petite ville, et le tsaddik ordonna qu’on lui amène Chabtaï le relieur de livres et sa femme.

Reb Chabtaï, qui était âgé, et son épouse, se présentèrent immédiatement devant le tsaddik. Celui-ci se tourna vers le relieur et lui dit : « Raconte-moi ce que tu as fait vendredi soir dernier. »

Le relieur se mit à raconter :

« Je suis un artisan, et je vis du travail de mes mains. Nous avions l’habitude que tous les jeudis, ma femme aille au marché pour acheter ce qu’il fallait pour Chabath. Et le vendredi à dix heures du matin, je quittais mon travail, je me préparais pour le Chabath et j’allais tôt à la synagogue. C’est ce que j’ai fait toute ma vie. Mais maintenant je suis devenu vieux, je n’ai plus la force de travailler et j’ai énormément de mal à gagner ma vie. Malgré tout, je n’ai jamais eu besoin des cadeaux de personne, Dieu m’a toujours aidé à pouvoir honorer le Chabath à mon habitude.

Vendredi dernier, je n’avais même pas un sou, mais j’ai décidé qu’il valait mieux jeûner que d’avoir recours à qui que ce soit. Ma femme, qui est droite, m’a promis de faire ce que je voulais.

Je suis allé à la synagogue assez tôt comme à mon habitude, et j’y suis resté jusqu’à ce que la dernière personne quitte l’endroit de la prière. Quand je suis sorti, j’ai vu de loin que les lumières de Chabath étaient allumées à la maison. Je suis rentré chez moi et la table était dressée de quantités de bonnes choses. Comme j’étais certain que ma femme n’avait pas failli à sa promesse de ne rien demander à qui que ce soit, je me suis immédiatement approché pour dire kiddouch sur le vin et manger le repas du Chabath.

Pendant le repas, voici ce que m’a raconté ma femme :

– Tu te souviens du vieux manteau avec des boutons d’argent que nous avions perdu il y a quelque temps ? Aujourd’hui, après ton départ pour la synagogue, je l’ai retrouvé. J’ai vendu les boutons, et avec leur prix j’ai acheté ce qu’il fallait pour Chabath.

Quand j’ai entendu cela, mes yeux ont versé des larmes de joie. J’ai pris ma femme et nous avons dansé tous les deux de reconnaissance envers Dieu. »

Quand il eut terminé son histoire, le Ba’al Chem Tov dit à ses disciples : « Sachez que les anges du Ciel se sont également réjouis avec eux, et ont dansé avec eux. Et maintenant, Chabtaï, que désires-tu ? »

Chabtaï demanda au Ba’al Chem Tov de lui donner sa bénédiction qu’il aurait un fils. Il accepta, et un an plus tard, en 5500 (1739), il lui naquit un fils qu’il nomma Israël.

Israël était par nature un enfant faible, car il était né dans la vieillesse de son père, mais il avait l’esprit et l’âme fermes. A l’âge de sept ans, il connaissait déjà plusieurs traités par cœur. Il faisait partie des plus jeunes élèves du Maguid de Mezritch et de ses disciples Rabbi Chmelke de Nickelsbourg, Rabbi Elimélekh de Lizensk et Rabbi Lévi Yitz’hak de Berditchev. Rabbi ‘Haïm de Volojine racontait que quand il était à Kojnitz, il avait étudié avec Rabbi Israël une journée entière et l’avait trouvé expert dans toute la Torah.

Les habitants de Kojnitz entendirent parler de lui, et les notables de la ville vinrent le trouver pour l’inviter à être Maguid dans leur ville.

La communauté aimait énormément son Rav, dont la renommée se répandit rapidement dans le monde entier. Et des quatre coins du monde, on commença à venir le trouver pour recevoir la bénédiction du Maguid.

Malgré sa faiblesse, et bien qu’il soit resté toute sa vie allongé sur un lit enveloppé de couvertures pour réchauffer son corps, lorsqu’arrivait l’heure de la prière il ne connaissait plus aucune défaillance. Le matin, quand il venait prier, avec deux rangées de personnes de part et d’autre, il rentrait au beit midrach avec le rouleau de la Torah dans ses bras, dansait en face de l’Arche sainte et se mettait à prier d’une voix puissante dont on entendait l’écho dans toute la maison.

Il n’y avait pas que les juifs qui venaient le trouver. Même les nobles chrétiens venaient prendre conseil de lui sur des questions de gouvernement.

Les ‘hassidim racontent que le prince polonais Tchertoriski faisait partie des familiers de sa maison, et plus d’une fois le roi de Pologne envoya demander l’avis du Maguid sur des questions concernant la royauté.

Ce prince n’avait pas d’enfant, et demanda au Maguid de prier pour qu’il ait un fils.

Il lui promit de prier, et dans sa prière il dit : « Maître du monde ! Il y a dans ton univers beaucoup de non-juifs, qu’est-ce que cela peut Te faire s’il y en a un de plus ? » Un an plus tard, le prince eut un fils. Le frère du prince, Constantin, avait des doutes sur ce miracle et décida de mettre le Maguid à l’épreuve. Il alla le trouver pour lui demander de prier pour son fils malade, alors qu’en réalité il était en parfaite santé. Le Maguid lui dit : « Constantin, rentrez vite chez vous, je crains que vous ne trouviez plus votre fils en vie. »

Ces paroles eurent un effet puissant sur Constantin, et il rentra immédiatement chez lui. Quand il arriva à la maison, il apprit que son fils unique était tombé subitement très malade et venait de mourir.

Il enseignait à ses disciples à faire confiance à Dieu. Et comme elle est puissante, la confiance qui vient des profondeurs du cœur !

Il y avait un certain paysan qui vivait depuis plus de dix ans avec sa femme sans avoir eu d’enfant. Un ‘hassid, qui faisait partie des disciples les plus proches du Maguid, lui dit : « Suis mon conseil, va chez le grand Maguid de Koznits et demande-lui une bénédiction. Il a déjà sauvé plusieurs femmes stériles. »

Le paysan et sa femme se dépêchèrent d’aller chez le Maguid. Ils le supplièrent de leur donner une bénédiction pour qu’ils aient une descendance. Il les regarda, et finit par leur dire : « – Si vous voulez un fils, vous devez mettre sur la table cinquante-deux pièces d’or, ce qui est la valeur numérique de ben (« fils »). – Cinquante-deux pièces d’or ! s’exclama le paysan stupéfait. C’est une somme qu’on ne peut trouver que chez des riches. Je n’ai que dix pièces d’or. » Mais le Maguid maintint son exigence de cinquante-deux pièces d’or.

Le paysan leva les deux mains au ciel et dit à sa femme : « Partons d’ici, et Dieu nous aidera même sans le Maguid ! »

A ce moment-là, le visage de Rabbi Israël s’éclaira et il dit d’une voix confiante : « Rentrez chez vous en paix, car du Ciel, votre salut est proche ! »

Les paroles du tsaddik se réalisèrent rapidement, tant est grande la puissance de la confiance en Dieu, quand elle vient des profondeurs du cœur.

Il soutint l’installation en Erets-Israël, et faisait partie des tsaddikim de sa génération qui ont établi le Fonds de Rabbi Méïr Ba’al HaNess, au profit des pauvres d’Erets-Israël.

La veille de Soukot, le 14 Tichri 5575 (1814), le saint Maguid de Kojnitz quitta ce monde. Il fut remplacé par son fils Rabbi Moché Eliakim Brieh.

Les ouvrages du Maguid qui ont été imprimés sont Avodat Israël sur la Torah et Pirkei Avot, Or Israël, et beaucoup d’autres.

 

 
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