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Rabbi Yitz’hak Ya’akov Rabinowitz • Le Rav De Poniewitz

Rabbi Yossef Dov Halévi Soloveitchik, le Rav de Boston, raconte que deux Rachei Yéchivoth ont œuvré efficacement en faveur du judaïsme au siècle dernier, Rabbi ‘Haïm de Brisk et Rabbi Yitz’hak de Poniewitz. Tous deux ont ouvert de nouveaux horizons dans les cieux de la pensée de la halakhah, et les deux ont esquissé une démarche spéciale et des concepts nouveaux pour comprendre la souguiah (« sujet halakhique ») dans les deux Talmuds.

Rabbi Yitz’hak Ya’akov, ou comme il est connu dans le monde de la Torah par son surnom affectueux, Rabbi Yitzeleh Poniewitzer, est né en 5614 (1854). Son père était un grand érudit fortuné du nom de Rabbi Chemouël Leib, qui pendant ses dernières années vivait à Riga où il était un marchand connu.

Nous ne savons rien des années de l’enfance de Rabbi Yitzeleh, on ne nous a pas transmis d’histoires merveilleuses sur l’enfant destiné à être grand en Israël, mais une chose est claire, c’est que c’était un enfant prodige qui avait des dons exceptionnels.

Il avait quatorze ans quand il épousa ‘Hava, la fille d’un homme généreux de cœur et d’esprit, Rabbi Ya’akov Dov Eisenstadt. Son beau-père, qui était très riche et avait de grands domaines, soutint Rabbi Yitzel financièrement dans son domaine pendant vingt-deux ans. Il resta tout ce temps-là dans un village où il étudiait la Torah jour et nuit, jusqu’à devenir un grand gaon. Tout le temps où il resta dans ce village, il n’était absolument pas connu dans le monde de la Torah. Ce n’est qu’en 5649 (1889), quand il fut nommé Roch Yéchivah de la yéchivah de Slobodka, que le public de la Torah le découvrit comme une nouvelle étoile qui était apparue à l’horizon. Dans ses cours aux élèves de la yéchivah, il proposait une nouvelle approche de l’étude du Talmud. C’était un plaisir intellectuel d’entendre ses cours. Il hypnotisait ses auditeurs par ses merveilleux commentaires et ses explications originales. Les élèves de la yéchivah l’aimaient et l’admiraient, non seulement pour sa vive intelligence, mais aussi pour sa gentillesse, car il marchait au milieu d’eux comme un frère et un ami.

Il resta Roch Yéchivah pendant sept ans. Grâce à Rabbi Yitzel, la yéchivah de Slobodka se développa et atteignit un niveau très élevé. Des garçons de toute la Russie arrivaient chez lui pour écouter ses merveilleux cours. Il fit des centaines de disciples, parmi lesquels des grands de la génération et des personnalités de pointe de la Torah.

Pour diverses raisons, il quitta la yéchivah et fut nommé Rav de la ville de Gorzd, dans la province de Kovno. Là aussi il donna des cours devant des jeunes garçons d’élite, qui étaient venus avec lui de la yéchivah de Slobodka. Il resta à Gorzd environ deux ans, puis devint Rav de la grande et célèbre ville de Poniewitz, dont il porte le nom, Rabbi Yitzeleh Poniewitzer.

A Poniewitz, on l’honora beaucoup, et il était aimé du grand public. Rabbi Yitzeleh, qui avait lui-même grandi dans l’aisance, n’était pas impressionné par les riches, et ne les favorisait pas. Il fit toujours jouer la justice en faveur des pauvres et des éprouvés, et ne laissait pas les riches exploiter leurs ouvriers misérables. Sa bonté ne connaissait aucune limite. Il donnait aux autres tout ce qu’il avait, tandis que sa famille avait du mal à s’en sortir, même avec un salaire élevé. Les responsables de la ville, voyant ce que le Rav faisait de son salaire, se mirent à remettre l’argent directement à sa femme. Mais le Rav trouva une nouvelle source de subsistance pour les pauvres : il vendait ses livres et donnait l’argent aux nécessiteux.

Pendant les années où il fut Rav, il avait l’habitude de sortir de chez lui tous les vendredis, quelque temps avant l’heure de l’allumage des bougies, pour traverser la ville. Quand on le voyait passer, on fermait immédiatement les boutiques. Il arriva qu’un certain marchand fasse entrer un client par la porte de derrière. Rabbi Yitzel en fut très peiné. Et quand ce marchand mourut, il retarda son enterrement jusqu’à ce que le fils du défunt lui donne des garanties écrites que désormais, il observerait le Chabath correctement. Il se conduisit ainsi non seulement dans sa ville de Poniewitz, mais à tout endroit où il fut amené à rester, il emmenait avec lui le Chabath et sa coutume. Pendant la Première guerre mondiale, Rabbi Yitzeleh dut s’exiler à Mariopol, au sud de la Russie. Et de même qu’à Poniewitz il « protégeait le Chabath », il en fut également ainsi à Mariopol. Tous les vendredis, il passait tout autour de la ville, pour mettre en garde sur la sainteté du Chabath.

Un jour il arriva, quand il passait pour mettre en garde les commerçants de fermer leur boutique avant la nuit, que quelqu’un refuse de lui obéir. Il rentra dans la boutique et ne laissa aucune paix au marchand, lui parlant durement avec une lourde insistance pour qu’il ferme immédiatement sa boutique. Le marchand agressa Rabbi Yitzeleh et le fit sortir de force. Quand l’incident s’ébruita, la ville fut en ébullition. Le marchand, quand il apprit sur qui il avait porté la main... regretta amèrement, et s’empressa de venir trouver Rabbi YItzeleh et de se jeter à ses pieds pour lui demander pardon. Et ainsi Rabbi Yizeleh disait, en évoquant cet épisode, que cela vaut la peine de se faire battre pour le Chabath !

A Mariopoli, il enseigna également la Torah aux benei Israël, et beaucoup venaient écouter ses cours. Lui-même vivait dans une grande pauvreté et distribuait aux élèves de la yéchivah le peu d’argent qu’il recevait des riches.

Jusqu’en 5670 (1910), il ne se mêla pas des affaires communautaires, et passait la majeure partie de son temps à répondre aux questions qu’on lui envoyait de près et de loin. Rabbi Yitzel fut involontairement attiré dans les affaires communautaires, et pendant des années il fut l’un des plus grands responsables. Il fonda en Russie, avec Rabbi ‘Haïm Soloveitchik de Brisk et Rabbi ‘Haïm Ozer Grodzenski de Vilna, une organisation orthodoxe du nom de Knesset Israël qui fusionna ensuite avec Agoudat Israël à Francfort. Il était sans cesse en voyage pour les besoins de la communauté. Il allait dans diverses réunions pour traiter des problèmes publics et défendait âprement les lois de la Torah et les mitsvoth. Il agit beaucoup pour le bien des juifs auprès du gouvernement russe. Rabbi Yitzel était le seul des rabbanim qui connaissait bien la langue russe, et qui savait comment parler avec les autorités. Mais tous ces voyages minèrent sa santé et il vieillit avant l’âge, car étant très méticuleux sur la cacherout, il ne mangeait pas de pain non-juif, évitait aussi le lait et le beurre, et à plus forte raison la viande. Il prenait avec lui des matsoth et mangeait de la matsah avec du thé. Il n’est donc pas étonnant que sa santé en ait souffert.

En 5678 (1918), il réussit à quitter la Russie, où il s’était exilé pendant les années de la guerre, et retourna à Poniewitz dans un état de grand épuisement. Il trouva la ville déserte et détruite par cette terrible guerre, en proie à une épidémie de typhus bubonique. Le Rav, sans tenir compte de son état de santé, s’occupa beaucoup à visiter les malades, jusqu’à être lui-même frappé par la maladie, et le 20 Adar 5678 (1918) son âme grande et pure monta aux cieux.

Notre maître Rabbi Yitz’hak Ya’akov n’eut pas le temps dans sa vie d’écrire ses enseignements en Torah, et même ce qu’il a écrit a été perdu pendant la guerre. Ce n’est qu’en 5709 (1949), trente et un ans après sa mort, que le Rav Avraham Elkana Cahana Schapira, qui devint ensuite le Grand Rabbin d’Israël, rassembla ses commentaires de divers endroits et les édita dans un livre du nom de Zékher Yitz’hak. Et tout ce que contient ce livre n’est qu’une goutte d’eau par rapport à l’ensemble de la Torah qu’il a enseignée pendant sa vie.

 

 
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