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Rabbi Moche Binyamin Tomashov • Redacteur De Yagdil Torah

Un jour, le gaon Rabbi Moché Soloveitchik raconta : « Le quartier de Bronsville-East à New York a connu parmi ses habitants de grands Rabbanim, parmi les meilleurs. Les rabbanim de ce quartier étaient de grandes personnalités, grands en Torah en en sagesse, des décisionnaires connus de tous le pays par leurs ouvrages importants. »

L’un de ceux-là était Rabbi Moché Binyamin Tomashov, qui fut Rav de la synagogue Beith Israël pendant cinquante ans. C’était un gaon en Torah et il était grand par le caractère et la conduite. Il était simple et sage, modeste, mais ferme quand les circonstances l’exigeaient. Il se fit un nom par son ouvrage Avnei Choham en quatre volumes.

Rabbi Moché Binyamin est né le 7 Adar 5638 (1878) de Rabbi Alexander Yéhochoua, à Slotsk. Quand il atteignit treize ans, il commença à étudier à la yéchivah de Rabbi Né’hémia. Il y resta trois ans, et se fit rapidement connaître par ses dons merveilleux, sa grande assiduité, sa grande érudition et sa conduite modeste.

Le gaon Rabbi Baroukh-Ber, Rav de Lusk (et ensuite Roch Yéchivah de Kamenitz) entendit parler de lui, et désirait beaucoup qu’il vienne étudier dans sa yéchivah. Il alla chez les Tomashov à Slotsk, convainquit ses parents d’envoyer leur fils Moché Binyamin à sa yéchivah, et promit à son père de bien prendre soin de lui. Rabbi Baroukh-Ber tint sa promesse. Il étudiait personnellement avec lui toutes les nuits, jusqu’à deux ou trois heures du matin. Ils étudiaient le Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat. Le Rav Tomashov a raconté une fois, avec un léger sourire aux lèvres, que pendant les nuits d’hiver ils n’avaient réussi à étudier que quatre paragraphes. En effet, Rabbi Baroukh-Ber avait l’habitude d’étudier la Torah en profondeur, en se donnant beaucoup de mal. Il étudia aussi à la yéchivah de Slobodka et faisait partie des proches du gaon Rabbi Isser Zalman Meltzer, qui était Roch Yéchivah à l’époque.

En 5663 (1903), il épousa la fille du gaon Rabbi Tsvi Ya’akov Openheim, le Rav de Kelem en Lituanie. Chez son beau-père il étudia la Torah avec une grande assiduité et acquit une réputation de grand dans la Torah.

Au bout de quelques années d’études chez son beau-père, il rentra à Slotsk, sa ville natale, où il trouva son maître, Rabbi Isser Zalman, qui entre temps était devenu Rav de la ville de Slotsk.

Ils prirent ensemble l’initiative de publier un périodique de Torah intitulé Yagdil Torah. Le Rav Tomashov rédigea une proclamation qu’on envoya à tous les rabbanim et grands de la Torah, en leur demandant de participer à la revue, qui était « le seul hebdomadaire » dans le domaine de la Torah et de la rabbanout.

Ce ne fut pas simple. Il dut acheter des machines et des caractères d’imprimerie. Il arrangeait les lettres lui-même et faisait tout le travail d’imprimerie. Il relisait et rédigeait les articles, écrivait des articles de Torah personnels et aussi des remarques sur les articles de tous les autres participants. Il était aidé dans la rédaction par Rabbi Moché Aharon Paleyev qui étudiait alors à Slotsk (et fit ensuite partie des directeurs de la yéchivah de Rabbi Yitz’hak El’hanan), et la jeune ‘Hana Peryl, fille du gaon Rabbi Isser Zalman, qui fut ensuite l’épouse du gaon Rabbi Aharon Kotler.

Le premier numéro de Yagdil Torah sortit le mardi 25 Kislev 5669 (1908). Rédacteurs et éditeurs : Isser Zalman Meltzer, Av Beith Din et Roch Metivta et Moché Binyamin Tomashov.

La revue fut accueillie avec acclamations dans le monde de la Torah. Le rédacteur, le Rav Tomashov, y consacra beaucoup de ses forces et la plaça à un niveau élevé et très honorable.

Le gaon Rabbi ‘Haïm Ozer Grodjinski de Vilna écrivit une lettre spéciale au Rav Tomashov, pour lui dire qu’à son avis la revue était d’un niveau proche de celui de Tevounah, éditée par le gaon Rabbi Israël Salanter zatsal (Koenigserg 5621). Quand le gaon Rabbi Baroukh-Ber alla en Amérique en 5689 (1909) et rendit visite au Rav Tomashov, il vit la revue Yagdil Torah, qui était reliée dans sa bibliothèque, l’ouvrit et la consulta avec estime et affection. Ensuite il s’adressa au Rav Tomashov et lui dit : « Savez-vous pourquoi je regarde ce journal ? Parce que Rabbi ‘Haïm Soloveitchik, lui aussi, le consultait et l’aimait. »

En 5672, le Rav Tomashov tomba malade et dut se rendre chez un médecin à Berlin, d’où il décida d’émigrer en Amérique, où ses parents étaient arrivés entre temps.

A New York, il fut accueilli avec joie par les plus grands rabbanim, qui le connaissaient depuis sa jeunesse à la yéchivah de Slobodka et de Slotsk, et surtout à cause de la revue qu’il avait rédigée et qui avait rendu son nom célèbre dans le monde. Il devint Rav dans la synagogue Beith Israël du quartier de Bronzville.

En Amérique aussi il se fit connaître comme un grand Rav et décisionnaire. Ceux qui s’adressaient à lui étaient des grands de la Torah et des érudits, qui lui écrivaient ou lui téléphonaient. Ils s’adressaient à lui à propos de divorces, de questions sur les lois de Chabat et de Yom Tov, et de questions qui touchaient à des inventions techniques modernes. Sa maison était toujours ouverte à tout le monde. Il n’y avait pas besoin de prendre rendez-vous avec lui, il avait toujours le temps et était heureux d’aider celui qui le désirait. A la demande des directeurs de l’Assemblée des rabbanim de New York, il écrivit une brochure spéciale appelée Tikoun Guitin, pour « étudier et rectifier tout ce qui touche à l’écriture des noms des différentes parties de la ville de Brooklyn, afin que beaucoup d’écueils soient évités ou réparés en ce qui concerne les actes de divorce » (Introduction à Avnei Choham, Vol. 4).

Il était président de l’Assemblée des rabbanim des quartiers de Bronzville et de East New York. La veille de la fête de Pessa’h, les rabbanim du quartier se réunissaient chez lui et lui remettaient leur ‘hamets pour qu’il le vende à un non-juif. Tout le monde le considérait comme le Rav des quartiers. Comme son aspect était alors admirable ! Il était assis à la tête de la table et accueillait ceux qui venaient avec amour et affection. Il avait noble aspect. Un visage agréable, des yeux intelligents remplis de charme et de pureté, et une longue barbe blanche. Il était drapé de splendeur et revêtu de sérénité. C’était une occasion solennelle, que je n’oublierai jamais.

Les gens ordinaires le regardaient aussi avec beaucoup d’admiration. Il se conduisait modestement avec tout le monde. C’était un homme très agréable et d’une grande finesse. Il aimait la vérité et la paix et ne flattait personne. Il n’a jamais mis personne en colère et n’a jamais fait sortir de sa bouche des paroles dures. La sagesse illuminait son visage, et de son langage bon et doux il rapprochait les cœurs à la Torah et à la crainte du Ciel. Tous ceux qui entraient en contact avec lui le trouvaient sympathique à cause de sa délicatesse et de sa noblesse naturelles.

Je me souviens que quand il a fait sortir le quatrième volume de son livre Avnei Choham, je suis venu chez lui pour acheter le livre. Je lui ai donné dix dollars. Il a refusé de les prendre en disant qu’il ne coûtait que cinq dollars. J’ai eu beau insister qu’à mes yeux le livre valait plus, il a continué à refuser.

En Amérique aussi le Rav Tomashov a essayé de publier sa revue. Il a fait sortir un certain nombre de numéros, et s’est aperçu très rapidement qu’il n’avait pas la possibilité de poursuivre ce travail. Il s’est concentré sur ses écrits et ses commentaires en halakhah qu’il a pu publier. Ses livres Avnei Choham ont été accueilli avec joie et estime par tous les milieux de Torah, et la plupart des rabbanim les utilisent pour prendre des décisions pratiques.

Rabbi Moché Binyamin Tomashov est mort âgé, le 6 Tévet 5720. Il avait quatre-vingt deux ans quand il quitta ce monde. Que sa mémoire soit bénie!

 

 
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