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Rabbi Pessa’h Prouskin • Le Rav De Kobrin

Rabbi Pessa’h, le Rav de Kobrin, compte parmi les grands enseignants de la Torah au siècle dernier. Encore jeune, il était célèbre comme Roch Yéchivah notoire. A l’époque où les Rachei Yéchivot étaient de grandes et nobles personnalités de la Torah, l’étoile de Rabbi Pessa’h se leva aussi et cela fut considéré comme un prodige.

J’ai entendu une fois que la rabbanit Pesche Soloveitchik (la femme du gaon Rabbi Moché Soloveitchik) avait dit : « Chez le Rav de Brisk on disait que Rabbi Pessa’h avait de la chance. Dans la génération de Rabbi ‘Haïm et de Rabbi Méïr Sim’ha, il occupait déjà une place honorable comme Roch Yéchivah, alors qu’il était encore jeune. »

Quand j’ai raconté cela au Rav Avraham Prouskin, le fils de Rabbi Pessa’h, il m’a dit qu’il avait aussi entendu parler de cette conversation. Mais il ajouta, le sourire aux lèvres, « Bien entendu, il avait de la chance, est-ce que tout ne dépend pas de la chance ? Même le séfer Torah qui se trouve dans son arche doit avoir de la chance ! Mais le succès de mon père était dû essentiellement au fait que c’était un merveilleux enseignant et qu’il était très dévoué à ses élèves. »

Un jour, il demanda au gaon Rabbi Moché Feinstein, qui était l’un des disciples principaux de Rabbi Pessa’h, pourquoi il avait quitté la yéchivah de Slotsk qui était dirigée par Rabbi Isser Zalman Melzer, le célèbre Roch Yéchivah, pour venir chez son père, Rabbi Pessa’h, alors tout jeune.

Rabbi Moché Feinstein lui répondit : « Si vous voulez savoir qui était votre père, je vais vous raconter ce qu’il faisait et comment il se conduisait. L’été, il sortait avec nous à la campagne, se couchait dans l’herbe, et toute la journée il étudiait la Torah avec nous. Il ouvrait une Guemara et se plongeait dans les moindres détails et les plus infimes différences de la question étudiée. Il écoutait attentivement ce que disait chaque élève. Et comme cela, il a conquis notre cœur. Où aurions-nous pu trouver un Roch Yéchivah comme votre père qui passait toute la journée avec ses élèves ? Bien sûr, Rabbi Isser Zalman Melzer était un Roch Yéchivah merveilleux, mais il était occupé par les besoins de la communauté de la ville et il lui était impossible de se consacrer à ses élèves autant que votre père. » Et le Rav Avraham Prouskin termina en disant : « C’était cela le secret de la réussite de mon père. »

Rabbi Pessa’h est né en 5639 (1879) dans la petite ville de Kochkhin, proche de Kobrin en Lituanie. Il perdit son père avant sa naissance, et on lui donna son nom. Nous ne connaissons rien sur son enfance, et peut-être n’était-il pas un enfant prodige. Mais c’était un homme absolument fantastique. De toute sa famille (il avait deux frères et deux sœurs), il fut le seul qui resta attaché à la Torah.

Il grandit chez son arrière-grand-père, le gaon et tsadik Pin’has Mikhaël d’Antopolia. Sa mère veuve, qui ne voulait pas devoir sa subsistance à qui que ce soit, ne donnait à ses enfants que ce qui était strictement indispensable.

Depuis sa plus tendre enfance, le jeune garçon se fit remarquer par sa grande assiduité. Il étudia la Torah en goûtant dans sa chair la faim et la misère. Une fois, alors qu’il étudiait à Radin, dans la yéchivah du ‘Hafets ‘Haïm, et qu’il souffrait beaucoup, n’ayant ni pain à manger ni de quoi se vêtir, ses amis lui conseillèrent d’aller chez sa sœur qui habitait Vilna et de lui demander son aide. Elle était prête à l’aider, mais à la condition qu’il quitte la yéchivah et rentre étudier au lycée. Rabbi Pessa’h sortit immédiatement et ne la revit plus jamais de sa vie.

De Radin il alla étudier à la yéchivah de Slobodka, où il attira l’attention du « Saba » Rabbi Nathan Tsvi Finkel, qui vit en lui une étoile montante dans le ciel du judaïsme. Le « Saba » lui montra de l’attachement et le fit entrer dans le cercle de ses proches. Il se consacra également à étudier le moussar et aspirait à s’y perfectionner. Pour cela, il resta quelque temps à Kelem, le centre du moussar à l’époque, où il se fit remarquer par sa crainte du Ciel. Il portait une grande attention aux mitsvot. Un jour, on lui donna un livre profane à lire. Il lut quelques pages et s’arrêta immédiatement, parce qu’il y avait trouvé des propos douteux. Toute sa vie il regretta ce tout petit peu qu’il avait lu. Il disait : « S’il y a en moi quelque chose de malséant, c’est uniquement à cause de l’influence de ces premières pages de tel livre que j’ai eu la faiblesse de lire » (Tiré de Marbitsei Torah OuMoussar).

Après son mariage, il fut nommé Machguia’h de la yéchivah de Slotsk, qui était dirigée par le gaon Rabbi Isser Zalman Meltzer, Rav de la ville de Slotsk. Bien que l’essentiel de sa tâche ait été de surveiller les élèves de la yéchivah et de leur donner des cours de moussar, il ne négligeait pas l’étude de la Torah et donnait des commentaires sur le Talmud. Il fut influencé par la façon d’étudier du Roch Yéchivah, et lui aussi se mit à donner des cours sur la Torah devant des élèves attentifs. Au fil du temps, il se révéla un Roch Yéchivah merveilleux et un éducateur qui avait la grâce de Dieu.

Pour diverses raisons, il fut obligé de quitter la yéchivah de Slotsk, et passa à Chklov où il fonda une yéchivah qu’il dirigeait. Beaucoup d’élèves très doués de la yéchivah de Slotsk le suivirent à Chklov. Avant longtemps, il se fit une renommée de Roch Yéchivah et de grand en Israël. Voyons ce qu’écrit de lui l’un de ses grands élèves : « Beaucoup de grands et de guéonim en Torah étaient ses élèves, qui avaient vraiment été élevés en le côtoyant et ont appris sa façon de se comporter et d’étudier. Je me souviens du grand plaisir que j’ai eu en entendant ses cours et ses explications pendant les années où j’ai eu le mérite de le côtoyer » (Extrait des propos de son disciple principal Rabbi Moché Feinstein, dans son approbation à la publication du livre de commentaires de Rabbi Pessa’h).

En 5683 (1923), il devint Rav de la grande ville de Kobrin. Il y fonda sa yéchivah « Beith Oulpana Rabta DeKobrin ». En peu de temps, elle se fit connaître, et les élèves commencèrent à affluer de tous les coins de Pologne, venant de Russie, de Lituanie, de Pologne et même de la lointaine Galicie pour se chauffer à la lumière de sa Torah et de sa crainte du Ciel.

Il ne s’enfermait pas dans la tente de la Torah, mais prenait une part active aux soucis de la communauté de la ville, dirigeant les affaires de la ville avec autorité. En particulier, Rabbi Pessa’h consacra ses forces à fonder des écoles pour garçons et pour filles. Quand fut fondée à Kobrin une école laïque du nom de Tarbout, Rabbi Pessa’h lutta contre elle, et proclama de sa chaire : « Quiconque envoie ses enfants dans cette institution, c’est comme s’il les poussait à trahir leur foi ».

Les habitants de la ville lui rendirent amour pour amour. Quand il fallut construire la « maison du Rav », les artisans de la ville se portèrent volontaires et construisirent sa maison sans prendre de salaire.

Quand éclata la Deuxième guerre mondiale, Rabbi Pessa’h se trouvait dans une station estivale loin de la ville. Il y avait avec lui de nombreux rabbanim. Un matin, il ramassa ses affaires et se prépara à rentrer dans sa yéchivah et sa communauté. Tout le monde s’étonnait et lui demanda où il partait. Rabbi Pessa’h leur répondit : Ma place est en ce moment avec les juifs de ma ville. La place d’un capitaine de bateau au moment du danger est dans le bateau. Il rentra dans sa ville et souffrit avec eux les tribulations de l’époque. Le cœur pur de Rabbi Pessa’h éclata de douleur et il mourut le 11 ‘Hechvan 5700 (1939).

Une partie de ses commentaires de Torah a été sauvée par son fils le Rav Avraham qui se réfugia aux Etats-Unis, et ils furent publiés sous le nom de ‘Hidouchei Maran Rabbi Pessa’h MiKobrin.

 

 
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