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Rabbi Raphael Nathan Nathe Rabinovitch Auteur de « Dikdoukei Sofrim »

Nos Sages, de mémoire bénie, ont dit : « Les Richonim sont appelés sofrim par ce qu’ils comptaient [en hébreu : sofrim] toutes les lettres de la Torah » (Kidouchin 30a). Par amour et tendresse pour la Torah écrite, ils en comptaient chaque lettre, et en déduisaient une multitude de points de halakhah. Ce nom de « sofer » convient parfaitement à Rabbi Raphaël Nathan Nathe Rabinovitch, que son amour pour la Torah orale a poussé à compter littéralement les lettres des paroles de nos Sages, et à se donner énormément de mal pour comprendre chaque lettre du Talmud, « qui est l’essentiel de la religion d’Israël et de sa vie nationale » (tiré de son livre Maamar al hadpassat HaTalmud).

Il passa plus de vingt ans à se consacrer à cette étude, examinant divers manuscrits qu’il trouvait dans des bibliothèques, choisissant les versions d’après les paroles des Richonim et notant des remarques personnelles. Il écrivit seize volumes sur la plupart des traités du Talmud. Ce travail de sa vie lui conféra une renommée mondiale, et on l’appelle à juste titre l’auteur des « Dikdoukei Sofrim » [littéralement : points de détail de la loi rabbinique].

Le « Gadol » de Minsk, Rabbi Yérou’ham Yéhouda Leib Perlman (5595-5656, 1835-1896), qui comptait parmi les plus célèbres sages de sa génération, aimait beaucoup les Dikdoukei Sofrim, et s’en servait souvent pour montrer qu’un petit changement dans la formulation permettait d’harmoniser plusieurs propos des Richonim (voir « HaGadol de Minsk », p. 85).

Rabbi Raphaël Nathan Nathe est né en 5595 (1835) de Rabbi Zalkind, dans la nouvelle ville de Zager, de la région de Kovno en Lituanie. Comme il était d’une famille pauvre, dans son enfance il passa d’un endroit de Torah à l’autre, suivant à la lettre l’enseignement de Pirkei Avot : « Mange du pain avec du sel, bois de l’eau en quantité limitée, dors sur le sol, vis une vie de difficultés et consacre-toi à la Torah. »

A l’âge de la bar-mitsva, il arriva à la ville de Wilkomir, où il étudia deux ans et demi chez l’oncle de son père, le gaon Rabbi Yossef fils de Rabbi Israël Isser. Celui-ci, ayant constaté les dons remarquables de son élève, se consacra à lui avec beaucoup d’affection. Il mangeait à sa table et dormait chez lui. Rabbi Raphaël Nathan Nathe n’oublia pas son grand Rav, et quand il imprima son « Gueon Ya’akov » sur Erouvin, il ajouta un article de son Rav du nom de « Kountrass Zikhron Yossef », qui est une explication des problèmes ayant trait au crépuscule. Il y exprime le souhait « Que Dieu m’aide à réunir ses commentaires et à en faire un ouvrage complet ». Il apprit énormément de ce Rav, et surtout de ses qualités de cœur. Il écrit de lui : « Toute son étude était désintéressée, car il n’a jamais tiré le moindre sou de sa Torah. Il gagnait sa vie avec l’aide de sa femme, qui tenait un petit commerce, et il lui avait ordonné de ne pas vendre à ses élèves quoi que ce soit de sa boutique, car il ne voulait tirer aucune espèce de profit de sa Torah. Il n’a jamais annulé une étude avec ses élèves, et même malade et alité, il allait au beit midrach pour donner son cours. »

Il resta plusieurs années à Keidan, où il étudia la Torah avec une grande assiduité, et on lui a donné le nom de cette ville, « le prodige de Keidan ». Il y épousa la fille de Rabbi Aharon, personnalité riche de la ville. Son beau-père dépensa beaucoup d’argent pour qu’il puisse étudier la Torah dans la sérénité.

Il étudia quelques années à Kapouleï, dans la région de Minsk. L’un de ses habitants, qui se souvenait de lui, a écrit sur lui de nombreuses années plus tard : « Je me souviens encore comme si c’était aujourd’hui de Rabbi Raphaël Nathan Nathe, comment il était assis avec son talith et ses tefilin, étudiant la Torah de Dieu avec une grande assiduité, et faisant de ses nuits des jours, dans une étude incessante, au point que tous les habitants de la ville s’étonnaient de l’ampleur de son assiduité et de ses immenses connaissances dans tous les domaines de la mer du Talmud. C’est à cette époque qu’il devint connu comme l’une des plus grandes personnalités du pays » (de A.M. Hebermann, La vie de Rabbi Raphaël Nathan Nathe Rabinovitch).

Quand il atteint l’âge de la conscription, il s’enfuit de Russie et alla à Lemberg, où il fit la connaissance de Rabbi Yossef Chaoul Halévi Nathensohn, le Rav de Lemberg. Là aussi, il se consacra totalement à l’étude, et était très respecté de toutes les personnalités locales. Quelqu’un fit remarquer que Rabbi Yossef Chaoul Nathensohn se levait en son honneur quand il rentrait à la synagogue, alors qu’il n’avait que vingt-cinq ans (Ibid.).

A Lemberg, il fit imprimer à partir d’un manuscrit, le livre de Responsa de Rabbeinou Méïr de Rottenberg, l’un des grands Richonim, le Rav du « Roch » et du « Mordekhaï ». Il reçut des lettres d’approbation de tous les grands de la génération, parmi lesquels Rabbi Yossef Chaoul Halévi Nathensohn et Rabbi ‘Haïm Halberstam de Zanz.

A Lemberg il commença à avoir des idées sur certaines différences de formulation dans le Talmud, d’après des manuscrits et des livres anciennement imprimés. Ses amis et connaissances l’encouragèrent à se consacrer à ce travail gigantesque.

Au début de l’année 5624 (1864), il vint à Münich, où il commença à se préparer au travail de sa vie : la rédaction de l’ouvrage « Dikdoukeï Sofrim ». Il fut présenté au célèbre banquier Rabbi Avraham Merzbacher, un juif talmid ‘hakham qui respectait ceux qui étudient la Torah. Il lui fit part de ses projets, et celui-ci promit de le soutenir et de l’aider dans cette grande tâche. Il dépensa beaucoup d’argent pour des manuscrits et des premières impressions, et le soutint financièrement pour qu’il puisse continuer à étudier et à se consacrer à ce difficile travail.

En 5628 (1868), il publia la première partie de « Dikdoukeï Sofrim » sur le traité Berakhot, avec en introduction un article intitulé « De l’impression du Talmud », où il raconte l’histoire de l’impression du Talmud. Tous les grands de la Torah de cette génération donnèrent leur recommandation à « Dikdoukeï Sofrim ».

Malgré le généreux soutien de Merzbacher, sa situation était difficile. Il devait faire vivre sa famille tout en voyageant lui-même dans de nombreux pays pour recopier des manuscrits. Il s’occupait aussi personnellement de la vente de ses livres, ce qui lui prenait beaucoup de son temps précieux, et l’auteur s’en plaint amèrement.

Ses livres témoignent de son génie en Torah, de ses connaissances extraordinaires et de sa méticulosité exemplaire. Il avait l’habitude de faire le travail lui-même, et ne voulait faire confiance à personne d’autre pour recopier des manuscrits. Il avait l’habitude de raconter une histoire qui lui était arrivée : un jour, une cigarette allumée était tombée sur l’une de ses copies et avait brûlé quelques lignes. Il avait demandé à trois personnes de lui recopier les lignes manquantes dans le manuscrit original. Quand il avait reçu les copies et les avait comparées, elles différaient les unes des autres dans quelques détails. Alors il s’était dit : S’il en est ainsi pour quelques lignes, que serait-ce pour copier un manuscrit entier !

En 5649 (1889) il alla en Russie, et en arrivant à Kiev il attrapa une pneumonie, dont il mourut le premier jour de ‘Hanouka 5649 (1889), alors qu’il n’avait que cinquante-trois ans. Les dignitaires de la ville de Kiev lui firent de grands honneurs et enterrèrent son corps saint parmi des gens d'envergure. A sa mort, il laissa une veuve et un fils unique.

 

 
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