Index Tsadikim Index Tsaddikim

Rabbi Simh’a Bounim de Pechis’ha

Quelqu’un avait demandé à Rabbi Sim’ha Bounim : «Pourquoi les avrekhim ‘hassidim ont-ils l’habitude de quitter leur famille pour rester des semaines et des mois auprès de leur «Rebbe» à apprendre de lui la crainte du Ciel ? Est-il donc impossible d’apprendre la crainte du Ciel à la maison avec les livres de Moussar ?»

Il répondit :

Rabbi Eizik, avait rêvé pendant plusieurs nuits qu’il devait aller à Prague et creuser sous le Pont Royal, car il y trouverait un grand trésor. Un jour, Rabbi Eizik décida d’aller à Prague. En arrivant dans la ville, il se rendit directement au Pont Royal, mais à ce moment-là il s’aperçut que des soldats gardaient le pont nuit et jour. Il tourna autour du pont plusieurs fois, craignant de s’en approcher pour creuser dessous.

Un des soldats le vit et lui demanda ce qu’il cherchait à côté du pont. Rabbi Eizik lui raconta toute l’histoire du rêve. Le soldat se moqua de lui et dit : «Moi aussi, il y a un rêve que j’ai fait souvent, que dans la ville de Cracovie il y a un juif qui s’appelle Rabbi Eizik fils de Rabbi Yekalis, et chez lui sous le poêle il y a un grand trésor. Mais seul un idiot ajoute foi aux paroles d’un rêve.»

Rabbi Eizik comprit que du Ciel on l’avait envoyé à Prague pour que le soldat l’informe qu’il y avait un trésor dans sa maison. Il rentra chez lui, creusa sous le poêle, y trouva un grand trésor de dinars d’or, et devint très riche. Rabbi Eizik donna beaucoup de tsedakah aux pauvres et construisit également une synagogue qui porte son nom, «Synagogue de Rabbi Eizik fils de Rabbi Yekalis.»

Et Rabbi Sim’ha Bounim conclut :

Quand un avrekh se rend chez le tsaddik , il s’aperçoit que chez lui, dans son âme, il y a un trésor. S’il se donne beaucoup de mal pour creuser et chercher, il le trouvera, ainsi qu’il est écrit dans la Torah : «Car la chose est très proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, pour le faire», chez toi littéralement.

Voici ce qu’il enseignait à ses élèves :

Le monde d’en haut, le monde à venir, se trouve également ici en ce monde-ci, chez le Rabbi et le tsaddik ...

Rabbi Sim’ha Bounim est né en 5525 (1775) à Vadislov, de Rabbi Tsvi le Maguid, qui était un grand orateur. Quand il grandit, son père l’envoya étudier la Torah chez Rabbi Yirmiyah, le Roch Yéchiva de Mattersdorf, et dans d’autres yéchivoth de Hongrie et de Moravie. Il fut très influencé par Rabbi Mordekhaï Benett, qui était alors à la tête de la yéchivah de Nickelsbourg.

Quand il rentra en Hongrie chez son père, il épousa la fille de Rabbi Moché de Bendin. Comme c’était l’usage à l’époque, Rabbi Sim’ha Bunim fut à la charge de son beau-père à Bendin pendant quelques années. Il étudiait la Torah, et son épouse, qui était une femme de valeur, connue pour sa piété et ses belles qualités, le soutenait.

A Bendin, il commença à se rapprocher du ‘hassidisme, et se mit petit à petit à adopter ses coutumes. Il priait avec flamme, dans la version des ‘hassidim, et alla trouver les tsaddikim Rabbi Moché Leib de Sassow et Rabbi Israël le Maguid de Kojnitz.

Sous l’influence qu Maguid de Kojnitz, il reçut une place chez le riche Dov Bergson, qui lui donna la responsabilité du commerce des forêts et du bois. Il s’investit entièrement dans ces affaires, voyageant beaucoup dans diverses villes, surtout à Danzig et à Leipzig en Allemagne. Au bout d’un certain temps, il fit des études de pharmacie et reçut même un diplôme, après avoir passé un examen devant un comité de médecins à Lvov. De là, il alla à Pechis’ha où il ouvrit une boutique d’apothica-ire. Pendant toute cette époque, il resta très attaché au ‘hassidisme. Il allait chez le tsaddik Rabbi Israël de Kojnitz, était également très proche de Rabbi David de Lvov, jusqu’à ce qu’enfin il trouve celui que cherchait son âme, Ya’akov Yitz’hak, le «saint juif» de Pechis’ha. A Pechis’ha, le «saint juif» construisait un nouveau ‘hassidisme d’un très haut niveau avec un certain nombre de personnes particulièrement intelligentes, et il n’est pas étonnant que Rabbi Sim’ha Bounim, qui avait l’esprit extrêmement acéré, se soit attaché à lui.

A Pechis’ha, on apprenait que d’être un faiseur de miracles, ce n’est pas si malin que cela, car tout homme d’un certain niveau peut renverser le ciel et la terre. Mais ce qui est difficile, c’est d’être vraiment un juif...

Le «saint juif» ne vécut pas vieux : il avait quarante-cinq ans quand il quitta ce monde. Ses disciples se rassemblèrent pour demander conseil à Rabbi Sim’ha Bounim à propos de sa succession spirituelle. Il leur répondit par une parabole :

Un berger s’était endormi dans un champ. A minuit, il se réveilla, se rappela de son troupeau, et fut saisi de la crainte de le trouver dispersé. Il regarda autour de lui, le vit en train de paître tranquillement au bord d’un ruisseau, et fut rassuré. Il se leva alors et s’écria : «Maître du monde, comment te remercier d’avoir gardé mon troupeau ? Mets en mes mains ton troupeau, je le garderai comme la prunelle de mes yeux et je ne m’endormirai plus !» Et il conclut en disant : «Si vous trouvez un berger aussi fidèle, prenez-le comme Rabbi.» Tout le monde se leva et dit à l’unanimité : «C’est toi, Rabbi Sim’ha Bounim, qui es notre berger, toi qui es notre Rav.»

Rabbi Sim’ha Bounim était un grand gaon en Torah. Mais ce n’est pas par là qu’il est le plus connu. Il était sage parmi les justes et parmi les pieux, et construisit pour ses ‘hassidim tout un univers de sagesse. Il leur enseigna comment être un vrai juif...

Un jour vint le trouver quelqu’un qui se mortifiait par un jeûne quotidien, et qui lui demanda s’il était déjà arrivé au niveau de tsaddik, et s’il allait bientôt mériter de voir le prophète Elie.

Rabbi Sim’ha Bounim répondit : «L’essentiel est la façon dont l’homme se conduit quand il termine son jeûne. Mange-t-il comme un homme ou dévore-t-il comme un animal ?»

Des dizaines de milliers de personnes de toutes les couches de la population défilaient chez lui pour l’écouter. Il était estimé et respecté, sage et intelligent. Il comptait parmi ses élèves les plus grands ‘hassidim de sa génération. A la fin de sa vie, il perdit la vue et souffrit beaucoup. Alors, il dit : «Moi, Bounim, J’ai prié le Saint béni soit-Il qu’il me prenne la lumière de mes yeux, pour que mes yeux s’ouvrent et puissent contempler la gloire de l’éternité, et pour que mon esprit s’aiguise et puisse réfléchir en profondeur à l’éternité...»

Il ne dirigea ses ’hassidim que pendant treize ans, depuis 5574 (1813) jusqu’à sa mort, à la mi-Elloul 5587 (1827). Mais pendant ces treize ans, il réussit à former une génération de grands ‘hassidim.

A l’approche de sa mort, le 12 Elloul 5587, il entendit sa femme pleurer. Il lui dit : «Pourquoi pleures-tu ? Tous les jours de ma vie n’ont servi qu’à m’enseigner comment mourir...»

 

 

 
INDEX TSADIKIM
 

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan