Le Gaon Rabbi Tsvi Pessa’h Frank zatsal
Jérusalem, qui n’avait jamais manqué de glorieuses personnalités de Torah, a mérité au siècle précédent la merveilleuse figure de Maran le gaon Rabbi Tsvi Pessa’h Frank zatsal, le Rav de la ville sainte et le pilier de la halakha à son époque. Depuis qu’il a atteint l’âge adulte, il n’a jamais cessé d’étudier, et il est devenu un exemple exceptionnel d’assiduité dans l’étude de la Torah sans aucune limite, d’amour sans bornes de la Torah, de dévouement unique et de recherche de la vérité dans la Torah, qui a été tout le contenu de sa vie et la joie de son cœur depuis sa naissance jusqu’à son dernier jour.
Son brûlant amour pour chaque parole et chaque signe diacritique de la Torah ont légué aux générations suivantes un immense héritage d’écrits. Rabbi Tsvi Pessa’h a écrit toute sa vie non seulement ses milliers de réponses halakhiques dans tous les domaines du Choul’han Aroukh ainsi que ses commentaires extrêmement étendus, mais également ce qu’il avait entendu de ses maîtres de la génération précédente, de ses amis, les princes de la Torah de la ville sainte, et aussi tout commentaire qu’un ancien élève prenait la peine de lui exposer. Tout cela était écrit dans des carnets, qui sont restés comme un souvenir éternel de son extraordinaire amour de la Torah.
Quand le gaon a quitté ce monde, les grands de la génération ont senti que la gloire et l’éclat de la ville sainte l’avait quittée, car il n’y avait aucune limite à son assiduité dans la Torah. Elle n’avait plus en elle ce symbole éclatant de la Torah qui éclairait la monde d’un bout à l’autre. Comme l’a écrit le gaon Rabbi Eliezer Yéhouda Waldenberg zatsal, auteur de « Tsits Eliezer » : « Il me semble que presque certainement, Rabbi Tsvi Pessa’h était le plus grand de notre époque pour son assiduité dans l’étude, et peut-être même de la génération qui nous a précédés ! »
Pour la génération présente, qui n’a pas mérité de voir de ses yeux la figure coutumière du Rav de Jérusalem se glisser dans les ruelles de la ville vers le beit hamidrach, plongé dans sa Torah, il ne reste plus qu’à s’en faire une vague idée et à s’émerveiller des témoignages de ceux qui ont mérité de le voir.
La « mélodie » du Chabbat
Nous possédons de magnifiques témoignages de la façon extraordinaire qu’il avait de vivre le Chabbat, comme nous l’a transmise son fils Rabbi Yéhouda Leib :
« Mon père zatsal avait l’habitude, dans mes plus lointains souvenirs, immédiatement après le repas du vendredi soir, de prendre une Guemara et de commencer à « savourer le Chabbat » et à voguer entre les pages de la Guemara jusque tard dans la nuit, elles lui étaient totalement familières, et sa voix chantait avec une mélodie captivante. Il continuait de la même manière le lendemain, le jour du Chabbat, et tous les Chabbats il traversait presque tout le traité Chabbat ! »
Le gaon Rabbi Chelomo Min Hahar zatsal, Rav du quartier de Bayit Vagan, a raconté qu’une fois, un vendredi soir, les bougies s’étaient éteintes chez Rabbi Tsvi Pessa’h dans le quartier « Batei Ma’hassé », et il n’avait pas encore terminé l’étude régulière qu’il s’était fixée. Sa tante, qui habitait l’étage en-dessous, s’est aperçue qu’il s’accoudait à la fenêtre et étudiait à la lueur du lampadaire qui se trouvait dans la rue à côté de la fenêtre. Et quelle ne fut pas sa stupéfaction le lendemain matin, quand elle le vit debout dans la même position que pendant la nuit ! Il avait révisé pendant la nuit tout le traité Chabbat…
Pour son honneur
Pendant la période qui a suivi l’Holocauste, des quantités de réfugiés ont commencé à affluer à Jérusalem, pour y trouver un endroit de sainteté. La plupart n’avaient aucunes ressources, et ils étaient dans des conditions terribles de pauvreté et de misère.
Rabbi Tsvi Pessa’h fit tout ce qui lui était possible pour les assister. On trouvait tout le temps chez lui une oreille attentive et un cœur compatissant. Ils lui exposaient leurs questions en halakha et leurs désirs pour tous les problèmes de la vie. Il demandait à ses proches de se procurer des sommes d’argent pour soutenir ces réfugiés qui étaient tombés de bien haut.
Un jour, quelques responsables très actifs dans ce domaine vinrent le trouver. Ils ramassaient de l’argent pour acheter un chapeau en feutre à un grand Rav qui était arrivé en Israël dans le dénuement le plus total.
Quand il les entendit, il alla à l’armoire de sa chambre, et sans dire un mot, en tira son chapeau neuf, qui était réservé aux occasions particulièrement festives. Il le leur tendit d’un visage rayonnant.
Ils refusèrent naturellement de prendre son chapeau personnel, et lui expliquèrent que leur intention était une petite participation financière pour pouvoir acheter un chapeau à plusieurs, mais ils n’étaient pas d’accord pour prendre le chapeau de fête de Rav Tsvi Pessa’h.
Pourtant ce dernier insista, et leur dit avec un sourire : « Tout le monde sait que je suis un Rav, même si je ne porte pas un beau chapeau en feutre, mais ce Rav réfugié a besoin d’un chapeau pour son honneur et pour sa subsistance !