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Rabbi Ya’akov David Wilavski • le Ridbaz

Rabbi Ya’akov David est né du tsadik Rabbi Zéev le 30 Chevat 5605 (1845) à Kobrin en Russie. Depuis sa plus tendre enfance, le jeune Ya’akov David excellait par son extraordinaire assiduité. Mise à part sa mémoire fantastique, il étudiait la Torah jour et nuit. Cette extrême application lui provoqua une rougeur autour des yeux.

Rabbi Ya’akov David a raconté comment son père avait enraciné en lui l’amour de la Torah. A Kobrin, les parents avaient l’habitude de confier leur fils à un instituteur qui leur enseignait la Torah. Chaque père prenait sur sa nourriture pour payer le salaire de l’instituteur.

Il arriva que la situation financière chez son père devienne critique, et plusieurs mois passèrent sans qu’il puisse payer les études. L’instituteur, qui aimait beaucoup le merveilleux petit Yankel Davidl, ne dit rien à l’enfant, et n’envoya pas non plus de note de rappel à son père. Mais l’enfant lui-même se sentait mal à l’aise. Comment continuer à étudier comme cela sans payer…

C’était l’hiver, et il y avait beaucoup de neige. Le froid était intense et pénétrait jusqu’aux os. Or le poêle du beith midrach où étudiaient les enfants s’abîma, et il fallait trouver des briques brûlées pour le réparer. Mais où en trouver en période si enneigée ? On se mit d’accord pour payer une bonne somme, l’essentiel étant de trouver des briques brûlées. On parlait beaucoup, mais on ne savait que faire, et entre temps les enfants restaient au beith midrach enveloppés de leur manteau d’hiver et tremblaient de froid.

Le père du Ridbaz entendit cette histoire, et il eut une idée. Il rentra chez lui, réunit toute la famille et dit à sa femme : « Nous voulons que notre fils étudie la Torah, et Dieu merci il étudie très bien. Mais nous n’avons pas d’argent pour payer l’instituteur. Je viens d’avoir une idée. C’est vrai qu’il fait très froid, jusqu’aux os, mais quelle importance a tout cela, si nous arrivons avec les briques de notre poêle à donner la possibilité à notre Yankel Davidl d’étudier la Torah ? » « Bien sûr », dit la mère, des larmes de joie aux yeux. Le père démonta son poêle et apporta les briques brûlées au beith midrach. Personne ne savait d’où il les avait obtenues. Mais nous, se rappelle le Ridbaz, quand nous tremblions de froid la nuit, nous avons appris à apprécier l’étude de la Torah plus que tout au monde. Et il avait l’habitude de dire : « Cette leçon m’a accompagnée toute ma vie : l’étude de la Torah est plus précieuse que tout. Cela vaut la peine… »

Il n’y a rien d’étonnant à ce que dans une pareille atmosphère, l’enfant grandisse beaucoup en Torah et devienne célèbre. Il possédait parfaitement les deux Talmuds, celui de Babylone et celui de Jérusalem.

A l’âge de vingt-trois ans, il fut engagé comme Rav de la ville d’Izbalin (1868), puis de la ville de Babrosk (1878). De là, il devint Rav de Vilna (1881), et enfin Rav de la grande ville de Slotsk, qui mérita qu’il soit appelé par son nom, Rabbi Ya’akov David Slotsker.

Rabbi Ya’akov David ne trouva de repos à son âme agitée dans aucune des villes où il vécut. Par nature, c’était un homme de vérité, et il était guidé par le verset « Ne craignez aucun homme ». Il était sévère envers lui-même et envers les autres. Il avait beaucoup de caractère et c’était un homme dur comme le fer. Il ne renonçait jamais à ses opinions, et se conduisait fièrement avec ses maîtres.

A Slotsk se déclencha une grande controverse contre lui, ce qui lui causa beaucoup d’ennuis et de peine. On raconte qu’une fois, les notables de la ville lui demandèrent : « Rabbeinou, si Slotsk ne vous plaît pas, pourquoi y restez-vous et ne partez-vous pas ailleurs ?

– J’ai reçu la tradition, leur répondit Rabbi Ya’akov David, qu’il y a sept demeures en enfer. Pourquoi sept ? Dans la première, il y a des douleurs terribles. Est-ce que cela ne suffit pas à punir le méchant ? Mais sachez que le méchant, quand il s’habitue à sa demeure et à ses souffrances, ne les ressent plus avec autant d’acuité. C’est pourquoi on le fait passer d’une demeure à l’autre, et chaque nouvelle demeure comporte des souffrances nouvelles. Moi aussi je suis comme cela, termina-t-il, Slotsk est pour moi un enfer, mais je suis habitué à elle et à ses souffrances. Ce qui ne serait pas le cas dans une autre ville où j’aurais un nouvel enfer et de nouvelles souffrances… »

Toutes les épreuves qu’il endurait ne le détournaient pas de son étude, et peut-être même le poussaient-elles à s’immerger totalement dans la Torah, pour oublier les vanités de ce monde. Il consacra l’essentiel de sa vie au Talmud de Jérusalem, que très peu d’érudits possèdent parfaitement. Apparemment, son amour intense pour Erets Israël le poussa à rester dans le Talmud d’Erets Israël.

Rabbi Ya’akov David écrivit de nombreux ouvrages, mais il est surtout connu pour son commentaire sur tout le Talmud de Jérusalem, qu’il édita avec ses deux commentaires : les ‘Hidouchei HaRidbaz, où il explique des passages difficiles de la Guemara, et Tossafot Ridbaz, des discussions sur le Talmud de Jérusalem dans la lignée de nos maîtres les Tossafistes.

La publication du Talmud de Jérusalem coûta vingt-deux mille roubles, une fortune pour l’époque. Il s’était engagé à en payer à l’éditeur quarante pour cent, et dut aller en Amérique pour vendre les livres qui lui revenaient. En 1900, il partit en Amérique où il réussit à rassembler l’argent nécessaire pour payer l’éditeur, c’est pourquoi il a dédicacé le traité Nezikin à ceux qui l’ont soutenu là-bas.

Rabbi Ya’akov David revint à Slotsk, mais en 1903 il retourna en Amérique, où il fut nommé Rav de la communauté de Chicago. Il n’y resta pourtant pas longtemps, car très rapidement il se rendit compte qu’il ne réussirait pas à introduire les réformes qu’il souhaitait dans les domaines de la cacherout, de l’étude et de l’éducation. Il donna donc sa démission et décida de s’installer en Erets Israël.

A Chicago, il publia Nimoukei Ridbaz, un commentaire de la Torah. Dans son introduction, il se montre presque prophète. Il décrit la situation précaire du judaïsme à cette époque (en 1903), en traçant un terrible tableau, « pour que ce soit un souvenir éternel dans l’histoire juive en Amérique ». Entre autres choses il dit : « A l’époque du Ridbaz, il n’y avait pas de cacherout, l’éducation était au plus bas, le Chabat était profané de la façon la plus grossière. Et il s’écrie dans la douleur de son cœur : Rassemblez-vous et écoutez, enfants de Ya’akov, et que vos cœurs se brisent ! » Mais en même temps, il prophétise que les Etats-Unis deviendront un jour une demeure pour la Torah : « On trouve dans un vieil ouvrage une réponse d’un Rav d’Allemagne à un autre Rav de Pologne qui lui avait écrit sur une certaine question à propos de laquelle il penchait pour permettre, mais en ajoutant qu’on ne doit pas enseigner en Pologne de se montrer indulgent, parce que ce ne sont pas de bnei Torah. Cette réponse est restée dans l’histoire juive, alors que toute la Torah sortait d’Allemagne pour aller en Pologne… Et qui sait si un jour, la Torah ne demeurera pas dans ce pays, par la volonté de Celui qui connaît ce qui est caché ? » Le Ridbaz a prophétisé en sachant ce qu’il disait : l’Amérique est devenue une grande et magnifique demeure pour la sainte Torah qui avait été exilée d’Europe pour y venir.

Il parcourut l’Amérique en long et en large en donnant des cours partout, et en faisant entendre la parole de Dieu. Ses propos laissaient une profonde impression à tous ceux qui l’entendaient.

En 1905, il quitta l’Amérique et s’installa en Erets Israël. A son arrivée, il choisi un endroit tranquille à Safed où il fonda la yéchivah « Torat Erets Israël ».

Il y resta une dizaine d’années, et mourut le premier jour de Roch Hachanah en 1913.

Le Ridbaz a acquis le monde à venir par son œuvre célèbre sur le Talmud de Jérusalem. Le nom « Ridbaz » qu’il a donné à ses livres est composé des initiales des mots : « Rinat Ya’akov David ben Zéev » (« Chant joyeux de Ya’akov David fils de Zéev »), d’après le verset : « Eclatez en chants joyeux au sujet de Ya’akov » (Jérémie 31). Et sa grande âme est restée à jamais liée au faisceau de la vie de ceux qui étudient le Talmud de Jérusalem.

 

 
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