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Rabbi Yéhezkel Landau • Auteur du “Nodaâ Biyéhouda”

Rabbi Ye’hezkel Landau, Rav de Prague, connu sous le nom de son livre «Nod’a Bihouda», était à son époque l’adresse par excellence, vers laquelle on se tournait pour savoir comment se conduire en pratique. Et jusqu’à aujourd’hui, son nom brille comme une étoile dans le ciel du judaïsme.

Rabbi Ye’hezkel Halévi Landau est né de Rabbi Yéhouda Halévi le 18 ‘Hechvan 5474 (1713) à Apte. Jusqu’à sa 14ème année, il a étudié la Torah chez Rabbi Yitz’hak Halévi de Ludmir, et le Rav de la ville, Rabbi Moché Ya’akov de Cracovie, qui aimait beaucoup ce jeune garçon à l’esprit vif et discutait avec lui de problèmes difficiles posés par la Guemara.

A l’âge de quatorze ans, il alla à Brod, où il étudia avec des jeunes gens très doués. A dix-huit ans, il épousa Liba, fille de Rabbi Ya’akovka de Doubno, et alla vivre chez son beau-père. Mais au bout de peu de temps, il persuada ce dernier de venir vivre à Brod, qui était alors une ville pleine de sages et d’érudits. Là, on le reçut comme l’un des «Sages du Kleuz» (un célèbre Beit Midrach), qui comportait de grandes personnalités.

En 5506 (1745), il devint Rav de la ville de Yampoli (en Podolie). Il y resta dix ans, et de là il fut appelé à être Rav de Prague. Il y dirigea une grande yéchivah où tant d’élèves se précipitaient qu’il était obligé d’étudier avec eux dans la cour de la grande synagogue. Tous les jours, il donnait un cours de Guemara, et le vendredi il enseignait la parachah de la semaine, le ‘Houmach avec le commentaire de Rachi. Il aimait ses élèves comme un père aime ses enfants, et était très heureux de les voir réussir. Ils comptèrent de grands rabbanim comme Rabbi Avraham Danzig, auteur du «‘Hayé Adam», et d’autres.

Rabbi Ye’hezkel s’était fixé comme règle, que ce soit dans l’étude ou dans son approche du moussar, que l’essentiel n’est pas l’étude abstraite mais l’acte : ce n’est pas la discussion qui compte, mais la conclusion finale. C’est pourquoi il revient souvent, dans ses réponses et dans ses cours, sur le fait que le principal ne consiste pas à se mortifier et à jeûner, mais à faire de bonnes actions. Il écrit par ailleurs : «L’essentiel est l’assiduité dans l’étude. Il faut étudier des paroles de Torah qui ont un contenu véritable, des michnayoth avec Tossafoth Yom Tov, la Guemara, les décisionnaires, la Torah, les Prophètes et les Hagiographes, et aussi les livres de moussar.»

Cela, c’était pour les autres. Pour lui-même, il se montrait très sévère et se mortifiait. Son disciple Rabbi Elazar Flekless témoigne que jusqu’à sa vieillesse, il ne s’est pas couché dans un lit, mais la tête dans le lit et le corps sur des chaises ; il portait un cilice sur son corps, et enseignait debout. Du 17 Tamouz au début d’Av, il ne mangeait rien d’origine animale, et de Roch ‘Hodech Av à Ticha BéAv, il ne mangeait que du pain sec.

Comme un berger fidèle à son troupeau, notre maître Rabbeinou Ye’hezkel se dévouait aussi pour les besoins de la communauté, édictant des décrets, s’adressant aux ministres et aux empereurs, édifiant des institutions de tsedakah et de ‘hessed, et toute la vie juive se déroulait en accord avec ses décisions.

Rabbi Ye’hezkel mourut le 17 Iyar 5557 (1797) à Prague. Il ordonna qu’on ne multiplie pas les louanges et les oraisons funèbres, qu’on ne mette pas une grande stèle sur sa tombe, et qu’on n’y grave aucun titre de gloire. Il a laissé après lui de nombreux ouvrages : «Nod’a Bihouda», «Hatsla’h» (Tsion Lenéfech ‘Haya) sur le Talmud, «Ahavat Tsion», «Dagoul Mervava», et d’autres.

Autour de la brillante personnalité de Rabbi Ye’hezkel se sont brodées de nombreuses légendes, qui illustrent son intelligence et la vivacité de son intellect. En voici quelques-unes :

Un jour, un marchand de vin rentrait chez lui à Prague de Hongrie, avec tout un chargement de barriques. En chemin, il rencontra un pauvre juif de sa ville, qu’il fit monter dans la voiture. Celui-ci avait une bourse remplie d’argent, et comme il avait peur des voleurs, il la cacha dans l’une des barriques de vin. En arrivant à Prague, il ne trouva plus son argent, accusa le commerçant de vol, et courut en larmes chez Rabbi Ye’hezkel en criant : «Sauvez-moi, Rabbi !» Rabbi Ye’hezkel fit venir chez lui le marchand, qui nia totalement ce que disait le pauvre, et se plaignit en outre qu’il lui rendait le mal pour le bien car il lui avait rendu service en le ramenant chez lui. Alors le Rav utilisa la ruse, et lui dit : «Je vous crois, vous n’avez pas volé l’argent, c’est sûrement le cocher qui l’a volé ; mais s’il en est ainsi, votre vin est devenu interdit à la consommation, car la main d’un non-juif y a touché.» Quand le marchand entendit cette décision, il reconnut sa faute, avoua qu’il avait volé l’argent du pauvre et le rendit. Mais le Rav ne se contenta pas de cela, et lui dit : «Comme vous avez commencé par nier de toutes vos forces, je ne vous croirai plus avant que vous ne juriez à la synagogue, devant toute la communauté, que vous avez volé l’argent de cet homme.» Il s’exécuta, et alors seulement le Rav permit la comsommation de son vin.

On raconte une autre histoire sur deux grands d’Israël qui vinrent trouver le Rav de Prague à propos de la mitsva du rachat des prisonniers.

– De combien d’argent avez-vous besoin ? leur demanda le Rav.

– De mille pièces d’or, répondirent-ils.

Le Rav rentra dans sa chambre et leur apporta neuf cent quatre-vingt dix pièces. Ils s’étonnèrent : «Pourquoi le Rav n’a-t-il donc pas ajouté dix pièces d’or, afin que la mitsva lui appartienne ?»

– je m’étonne de ce que deux grands rabbanim comme vous posent cette question, répondit-il. Avez-vous oublié une michnah explicite (Avoth 5, 13) : «Celui qui veut donner et que les autres ne donnent pas, voit les autres d’un mauvais œil». Je dois aussi permettre aux autres de participer à cette mitsvah.

Il était également merveilleusement adroit dans la vie de tous les jours, et savait comment se comporter avec les gens les plus divers.

Un jour se présentèrent devant lui deux riches pour un din Torah peu ordinaire.

Voici ce qui s’était passé :

Les deux vivaient dans la même maison et étaient bons voisins. Un jour arriva un musicien pauvre, qui se tint à la porte de la maison et se mit à jouer. Les deux riches commencèrent à se disputer, chacun disant : «il joue pour moi.» Ils vinrent trouver le Rav.

Tout d’abord, chacun déposa vingt pièces d’or comme prix du jugement. Alors le Rav écouta leurs arguments bizarres, puis il sourit et leur dit :

– Ce n’est pas pour vous que le musicien a joué, mais pour moi, afin que je mérite quarante pièces d’or...

Un homme vint trouver le Rav pour lui raconter ses soucis :

– Que puis-je faire, notre maître ? Beaucoup de gens vont et viennent dans ma maison, me dérangent et m’empêchent d’étudier.

– Je vais te donner un bon conseil, lui dit le Rav. Si ceux qui viennent chez toi sont riches, demande-leur de te prêter de l’argent, et tu ne les reverras plus. Et s’ils sont pauvres, prête-leur toi, et tu ne les reverras plus...

 

 
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