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Rabbi Yossef Karlibach • Le Rav De Hambourg

Rabbi Yossef Tsvi, le dernier Rav de Hambourg, était une personnalité merveilleuse et un homme rayonnant. Il avait un charme particulier, possédait une force spirituelle peu commune, et avait à la bouche une Torah de vérité. Il était rempli de sagesse et de science, d’une crainte du Ciel pure et de traits de caractère élevés. C’était une belle âme dans toute l’acception du terme. Il comprenait l’esprit de son époque et le cœur de la jeune génération. Sa bonne renommée, comme éducateur exceptionnel, le précédait d’un bout à l’autre du pays.

Il est né le 22 Chevat 5643 (1883) à Lubeck, en Allemagne. Son père, Rabbi Chelomo Karlibach, était le Rav de la ville. Yossef Tsvi était le sixième des huit fils et quatre filles du Rav de Lubeck. La famille du Rav Karlibach de Lubeck était l’une des plus remarquables et des plus connues du monde juif.

Rabbi Yossef Tsvi fut éduqué chez son père. Bien qu’il ait eu des maîtres qui lui enseignaient la Torah, c’est essentiellement son père qui l’a influencé. Il lui enseignait tous les jours la Guemara et le moussar. Quand il grandit et devint le disciple de Rabbi Ezriel Hildesheimer, l’image de son père continua à l’accompagner. Il disait : « Pendant mon enfance, l’image de mon père était pour moi un symbole, et l’exemple d’un homme humble et pur, dont le cœur était ouvert à tout homme et qui se préoccupait même des criminels qui se trouvaient en prison. »

Depuis sa plus tendre enfance, il manifesta déjà une tendance à ramener les âmes à la Torah et au judaïsme. Après sa bar-mitsva, Yossef Tsvi organisa la société Hachkama, dont le but était de s’assurer que ses jeunes membres se lèvent tôt pour la prière. Ils se réunissaient aussi une fois par mois pour parler de Torah et de crainte du Ciel.

Rabbi Yossef Tsvi savait que s’il voulait influencer la jeunesse juive qui était déjà coupée de la Torah et de la tradition, il devait étudier les sciences profanes. Il partit à Berlin et entra à l’université où pendant quatre ans il fit de la physique, des mathématiques et de la chimie, et reçut le titre de docteur dans ces matières. A Berlin, il enseignait la Torah à l’école de la communauté « Adath Israël », qui se trouvait sous la direction de Rabbi Ezriel Hildesheimer.

A ce moment-là, on lui demanda de Jérusalem de venir au Beith Midrach LaMorim (Ecole Normale) pour enseigner les mathématiques et les sciences naturelles. Son Rav, Rabbi David Tsvi Hoffman, le Grand Rabbin d’Allemagne, le convainquit d’accepter cette proposition. Il demanda également conseil à son père, qui lui écrivit : « Pourquoi poses-tu la question de savoir si tu peux aller dans les meilleures conditions en Terre Sainte ? Même si j’avais un fils mendiant dans les rues de Jérusalem, je m’inclinerais pour remercier chaque jour le Créateur de cet immense mérite. »

Rabbi Yossef Tsvi enseigna pendant trois ans dans la ville sainte. Il rentrait chez les plus grands rabbanim d’Erets Israël, entre autres Rabbi Chemouël Salant, le Rav de Jérusalem, et Rabbi Avraham Yitz’hak HaCohen Kook, le Rav de Jaffa. A cause de son obligation de servir dans l’armée allemande, il fut obligé de retourner en Allemagne. Avant son départ de Jérusalem, Rabbi Chemouël Salant le remercia de sa bonne influence sur la jeunesse de Jérusalem et d’Erets Israël dans son ensemble. A son retour en Allemagne, il écrivit de merveilleux articles du nom de Erets Hakodech, où il décrit ses impressions des années passées à Jérusalem.

Quand éclata la Première guerre mondiale, il fut nommé conseiller pédagogique du pouvoir militaire, et dans ce rôle il rencontra plusieurs des grands de la Torah de Lituanie. Grâce à son travail dévoué dans le domaine de l’éducation, il sauva la jeunesse lituanienne pour la Torah et la crainte du Ciel. Rabbi Réouven Grozowski, le Roch Yéchivah de Kamenitz, a témoigné que sans Rabbi Yossef Tsvi, les autorités militaires auraient alors fermé les portes des yéchivot en Lituanie.

Avec la mort de son père, il fut appelé à le remplacer dans la ville de Lubeck. Il ne fut Rav de Lubeck que pendant trois ans, puis il fut appelé à prendre la tête de l’école de la communauté de Hambourg. Le Rav Karlibach montra rapidement qu’il était également expert en éducation. Il transforma l’école qui avait 120 ans en une institution moderne. Il fut le premier à introduire à l’école l’étude de l’hébreu comme langue vivante. Sa méthode d’enseignement était d’enraciner dans le cœur des élèves l’amour et le dévouement pour la Torah et pour Erets Israël, qui est le pays de la Torah. Au bout de peu de temps, le « Talmud Torah de la communauté de Hambourg » devint célèbre comme centre d’éducation orthodoxe en Allemagne.

La renommée de Rabbi Yossef Tsvi se répandit dans tout le pays, et nombreux furent ceux qui lui demandaient d’être le Rav de diverses communautés. En 5686 (1926), il devint Rav d’Altona. Il se révéla très rapidement comme un grand dirigeant et comme un berger fidèle pour sa communauté. Malgré toute sa grandeur et son érudition, c’était un homme du peuple. Il ne faisait aucune distinction entre un juif du Maghreb et un juif d’Europe de l’Est, entre un mitnagued et un ‘hassid, entre un riche et un pauvre.

Il resta douze ans à Altona, et de là il fut appelé à être Rav de la grande ville de Hambourg. Les juifs de Hambourg furent très heureux de sa venue parmi eux comme maître et Rav. La période de Hambourg fut marquée par la pauvreté et le malheur, car entre temps le maudit était arrivé au pouvoir, et les persécutions nazies avaient commencé contre les juifs d’Allemagne. Dans toutes les situations difficiles, le Rav fit preuve d’un courage extraordinaire. Dans un de ses sermons en présence d’un agent de la Gestapo, qui surveillait  la communauté dans la synagogue, il dit : « On parle d’un pouvoir de mille ans de Hitler. Que ce pouvoir doive durer mille ans, j’en doute, mais une chose est claire pour moi : même au bout de cinq mille ans, on dira encore Chema Israël et notre Torah restera une Torah de vérité à tout jamais. »

En 5701 (1941) fut édicté l’ordre d’arrêter le Grand Rabbin de Hambourg. Lui et sa famille furent conduits dans un camp de concentration à Riga. Pendant les quatre mois de son emprisonnement, il se conduisit comme un saint et comme un homme de Dieu dans tous ses actes. Il parlait au cœur des juifs pour qu’ils n’abandonnent pas la voie de la Torah, et soient prêts chaque jour au martyre. Tous les jours, il enseignait oralement une page de Guemara ou de Michna.

Dans son dernier chemin vers la mort, il parla ainsi aux juifs : « Il est écrit dans la Torah que Yossef a dit : « Dieu se souviendra certainement (pakod ifkod) de vous », ce qui indique deux interventions (pekoudot) ; l’une d’entre elles est un châtiment très dur, comme dans le verset : « le jour où Je me souviendrai (pokdi), Je vous punirai (pakadeti) de vos fautes » (Exode 32, 34). En revanche, la deuxième intervention est un très grand signe de l’amour de Dieu, comme dans : « Et Dieu se souvint (pakad) de Sarah » (Genèse 21). Yossef a donc annoncé que les bnei Israël devaient traverser d’abord des moments très pénibles, mais qu’ensuite viendrait la deuxième intervention, une visite d’amour, et qu’ils entreraient en Erets Israël. Quand ce moment arrivera, il a demandé qu’ils emmènent avec eux ses ossements, qu’on se souvienne de lui aussi… » (dans l’ouvrage Ele Ezkera).

Mais cette demande de Yossef ne put être accordée à Yossef Tsvi le tsadik, qui mourut en martyr, car personne ne sait où il a été enterré jusqu’à aujourd’hui. Puisse Dieu venger son sang.

 

 
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