HAAZINOU 1ER OCTOBRE 2011 3 TICHRI 5772 |
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LES COMPTES
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
Que soit loué le Créateur pour la bonté qu’Il manifeste envers nous chaque jour, à chaque instant, en toute heure. Si nous voulions écrire aujourd’hui sur cette bonté du Créateur, le temps viendrait à manquer mais Sa générosité ne viendrait jamais à manquer. Et tout le papier du monde ne suffirait pas pour dire la plus infime partie de toutes les bontés qu’Il a envers nous jour après jour.
C’est ce que nous disons dans la prière (Téhilim 136) : « Celui Qui fait de grandes merveilles seul, car éternelle est Sa bonté ». Oui, Hachem fait pour nous des merveilles à chaque instant. Eternelle est Sa bonté, elle est pour toujours, sans jamais s’arrêter. Et nous disons également dans la prière « Nichmat kol ‘haï » le Chabbat : « Si notre bouche était remplie de chant comme la mer… nous ne réussirions pas à Te remercier d’un seul des mille milliers de milliers… de miracles et de merveilles que Tu as faits pour nous et pour nos ancêtres. »
En même temps, nous ne ressentons pas du tout les miracles que Hachem fait pour nous à chaque instant, par exemple quand on dort d’un sommeil agréable, car pendant ce temps-là le Créateur ne dort ni ne sommeille, mais Il nous protège à chaque instant. Où voyons-nous pareille chose, par exemple un roi qui resterait éveillé toute la nuit pour veiller sur ses serviteurs pendant que ceux-ci dorment ? Il aurait l’air de quelqu’un qui leur est asservi. Mais c’est ce qui caractérise Hachem : Il veille sur Ses serviteurs pour les protéger de tout mal.
A cause de nos nombreuses fautes, nous avons tellement pris l’habitude de notre existence quotidienne que cette situation est devenue pour nous normale, naturelle, permanente. Et si quelque chose ne marche pas comme nous le voulons, alors nous sommes remplis de protestations… au point que nous ne sentons plus du tout la providence individuelle qui protège chacun d’entre nous. Pourquoi donc cette situation ? Afin que l’homme se renforce, fasse maintenant son examen de conscience avant les Jours Redoutables et réfléchisse un peu au fait que Hachem gouverne le monde, qu’Il a créé le monde pour Israël, en regardant la Torah, et que toute la Création n’était que pour la Torah, qui est l’essentiel.
Ce n’est pas pour rien que l’âme est venue au monde, c’est uniquement pour se nourrir de spiritualité. L’essentiel est de transformer la matérialité en spiritualité. C’est pourquoi Hachem a donné la Torah et les mitsvot, car elles mènent l’homme là où il veut aller, et grâce à elles il découvre les secrets de la Création.
C’est aussi pourquoi Il a créé le mauvais penchant, qui est appelé tov meod, « très bon », car c’est justement lui qui mène l’homme à se rapprocher de Hachem, en cherchant à le faire trébucher. Si l’homme le domine, grâce à lui il découvre la véritable lumière et se rapproche de Hachem. Le yetser hara ne se trouve pas seulement dans les endroits impurs, mais aussi et justement dans les endroits saints. Par exemple chez le cohen gadol, qui ne voulait pas avoir de mauvaises pensées dans le saint des saints, c’est là que le yetser se trouve pour le faire trébucher. Nous en trouvons la preuve chez Moché, qui était au Ciel pendant 40 jours et n’a pas craint de se rapprocher de Hachem et des anges. Mais dans la Tente d’assignation, quand la nuée s’y trouvait, il ne pouvait pas rester et sortait immédiatement, parce qu’au Ciel il n’y a pas de réalité du mauvais penchant, alors qu’ici, sur terre, cette réalité existe, c’est pourquoi Moché avait très peur que le yetser soit le plus fort.
Nous trouvons la même chose chez Adam et ‘Hava, qui avant la faute ne craignaient pas et n’avaient pas honte, parce qu’ils n’avaient pas de mauvais penchant. Mais après la faute, le mauvais penchant les a fait trébucher, et ils ont eu peur et honte, car ils étaient tombés du plus haut au plus bas. Et s’il en est ainsi, nous, que pouvons-nous dire ! A plus forte raison devons-nous faire attention à ne pas tomber aux mains du yetser hara, que ce soit dans un endroit impur ou dans un endroit pur. C’est véritablement effrayant.
Un juif nait pur, et il doit également mourir pur, car comment nous présenter devant le Roi dans un habit souillé ? De plus, après cent vingt ans il y a un juge et il y a un jugement, il y a une récompense et il y a une punition. Si quelqu’un en doute, sur cela même il doit se repentir, parce qu’il est écrit : « Les jugements de Hachem sont vérité, ils sont justes tous ensemble. » Il y a un jugement, et il faut éloigner le mauvais penchant qui dit à l’homme qu’il n’y en a pas, car il cherche à le refroidir, comme Amalek, il lui dit que toute la richesse lui vient de sa chance et non de ses prières. C’est pourquoi il faut éloigner le mauvais penchant.
Et pour cela, il faut beaucoup d’aide du Ciel, travailler dur, pour sortir du pouvoir du mauvais penchant et se mettre à l’ombre du bon penchant.
Comment fait-on pour vaincre le mauvais penchant ? C’est pour cela que Hachem a donné à l’homme des jours d’éveil spirituel, les jours de bienveillance du mois d’Elloul, pour se rapprocher de Lui, Elloul qui est l’acrostiche de « Ani Ledodi Védodi Li », « je suis à mon bien-aimé et il est à moi ». Mais l’homme doit de son côté faire le pas de « je suis à mon bien-aimé », alors Hachem Se rapprochera de lui, « mon bien-aimé est à moi ». En effet, Hachem frappe dans le cœur de tout juif qui se repent, Il est proche justement pendant ces jours-là de quiconque revient à Lui véritablement.
S’il en est ainsi, nous avons le devoir de nous préparer en ce monde-ci à la Torah et aux mitsvot, pour savoir que répondre au jour du jugement dans le monde d’en-haut. Nous devons faire un effort d’éveil particulier et nous renforcer dans la Torah, car c’est le but de la création, et transformer la matérialité en spiritualité, en particulier pendant les Jours redoutables. Si nous nous conduisons ainsi, Hachem écoutera nos prières, nous mériterons une bonne année, douce et bénie par toutes sortes de bonnes choses, et nous serons inscrits par un décret signé dans le livre des justes parfaits, Amen, qu’il en soit ainsi.
HISTOIRE VECUE
La prière de l’alphabet
C’était la nuit, à la sortie du jour le plus saint. La prière de néïla était terminée. Le Ba’al Chem Tov et ses disciples venaient de rentrer de la synagogue, à la fin de Yom Kippour. Tout était entouré d’un aura de pureté et de purification. Personne n’avait l’intention de partir en voyage en un pareil moment. Mais quand le Ba’al Chem Tov exprima sa requête, tout le monde était disposé à faire ce qu’il voulait. Alexeï, le cocher du saint Ba’al Chem Tov, qui était responsable du travail, ne s’étonna pas de ce voyage soudain, à une heure si tardive, ni de l’itinéraire du voyage inconnu. C’était l’habitude du Ba’al Chem Tov de partir dans des voyages mystérieux avec un groupe de disciples. Souvent, ils méritaient un raccourcissement miraculeux du chemin. Parfois, ils ne savaient pas même en rentrant chez eux pourquoi ils étaient partis et ce qu’ils avaient opéré par ce voyage. Les chevaux faisaient un long parcours, et les passagers, les disciples du Ba’al Chem Tov, cheminaient vers ce qui allait se révéler à eux. Et voici que les chevaux s’immobilisèrent. Ils étaient arrivés à destination. Dans un village lointain et isolé, ils s’arrêtèrent, et le Ba’al Chem Tov ordonna de trouver l’auberge.
Son propriétaire vint à leur rencontre. C’était un juif, qui pour gagner sa vie proposait ses services à tous les goyim des environs. Il fut troublé et inquiet à la vue de toute l’honorable compagnie qui se tenait à sa porte, et soucieux en particulier devant le regard perçant du Ba’al Chem Tov qui le fixait.
« Rabbi ! » s’écria soudain l’aubergiste d’une voix brisée, « Rabbi ! J’ai beaucoup péché ! Je connais toute l’ampleur de mes fautes ! Hélas, hélas, Rabbi ! Je croyais que personne ne le saurait… » des larmes coulaient sur ses joues. On voyait bien qu’il était entièrement retourné et bouleversé.
Le Ba’al Chem Tov le tranquillisa et lui demanda de s’asseoir et de lui raconter calmement ce qui lui était arrivé. Il n’eut pas besoin de le supplier. Le juif ressentait un besoin intérieur de raconter au tsaddik ce qu’il avait sur le cœur. Le groupe de disciples fut le témoin de son histoire.
Tous les ans, il avait l’habitude d’aller dans une petite ville voisine pour les Jours redoutables, commença-t-il à raconter. Dans son village, il était le seul juif. Pendant toute l’année, il était obligé de se débrouiller sans minyan pour les prières, mais pendant les Jours redoutables il allait à la ville pour prier à la synagogue.
Cette année-là aussi, la veille de Yom Kippour, il se préparait à quitter sa maison pour aller à la ville. Tout était prêt, et l’aubergiste et sa famille avaient déjà fait la plus grande partie du chemin, quand il se rappela tout à coup qu’il avait oublié de verrouiller la porte de la cave.
Ce n’était pas du tout simple. La cave abritait toutes les boissons, et maintenant que le trésor était ouvert, les goyim des environs risquaient de rentrer et de liquider toute sa richesse. De plus, en touchant le vin ils le rendraient interdit. Il était déjà tard, mais l’aubergiste calcula qu’il avait le temps de rentrer chez lui, de fermer à clef la porte de la cave et d’arriver à la ville avant le coucher du soleil. « C’est une chance que tu sois arrivé juste à temps », l’accueillit le seigneur local à la porte de chez lui. « J’ai la gorge sèche et j’ai envie d’un petit verre d’eau-de-vie. »
Il n’avait pas le choix, et fut obligé de lui obéir. Le seigneur rentra dans l’auberge et le juif priait en lui-même qu’il se dépêche de boire et de s’en aller. Mais la situation ne cessa de se compliquer. Dès que la porte fut ouverte, tous les voisins entrèrent, inondant la boutique en masse pour venir acheter l’un après l’autre, comme s’il y avait eu une proclamation dans le village annonçant que l’aubergiste était là.
Plus le juif essayait d’abréger pour se dépêcher de fermer, plus les commandes se multipliaient. Encore un client et encore un achat, et il était impossible de fermer la porte à la figure des gens. Le juif jeta un regard à la pendule et s’aperçut qu’il était tard et qu’il n’avait plus aucune chance d’arriver à la synagogue avant le début de Yom Kippour.
Son cœur palpitait d’angoisse. Que faire ? Il n’avait jamais passé Yom Kippour seul. Il n’avait chez lui ni sidour ni ma’hzor, et il connaissait mal les prières. Seul son cœur criait d’émotion…
« Maître du monde, dit-il dans une prière personnelle qui lui monta tout à coup aux lèvres, Tu es un père miséricordieux. Tu connais les pensées du cœur de l’homme, et qui sait mieux que Toi combien j’aurais voulu être en ce moment à la synagogue en compagnie de mes frères juifs ! Je ne sais pas prier, je n’ai pas non plus de ma’hzor, je T’en supplie accepte la seule prière que je puisse te présenter en ce moment. Moi aussi je veux déverser mon âme devant Toi et Te demander une année bonne et douce. »
La seule chose que l’aubergiste connaissait par cœur était les lettres de l’alphabet. Il se mit donc à dire les lettres l’une après l’autre, des rivières de larmes coulant de ses yeux.
« Accepte ces lettres, Maître du monde, dit-il en son cœur, et Toi, assemble-les en mots et en intentions, et accorde-moi une bonne année.
Rabbi ! Je devine que vous êtes venu pour me réprimander de ma faute », termina-t-il en se tournant vers le Ba’al Chem Tov. Je sais que je ne me suis pas bien conduit. Montrez-moi comment je peux me repentir. »
Les yeux du Ba’al Chem Tov brillaient d’une lumière particulière, et un sourire de satisfaction errait sur ses lèvres saintes. « Soyez tranquille, dit-il chaleureusement au juif, il y a de nombreuses années que n’était montée au Ciel une prière aussi sincère et pure que la vôtre en ce Yom Kippour. »
GARDE TA LANGUE
Ceux qui L’aiment
Si en évitant de dire du lachon hara on ne doit pas subir de dommages financiers mais seulement des humiliations, c’est certainement interdit, et il n’y a aucun doute à avoir à ce sujet. Il faut savoir qu’à cause de cela on sera considéré comme ceux qui aiment Hachem, et on aura le visage qui brille comme la lumière du soleil, ainsi que le disent les Sages : « Ceux qui sont insultés et n’insultent pas, qui s’entendent humilier et ne répondent pas, c’est d’eux que l’Ecriture dit : « Ceux qui L’aiment sont comme le soleil qui sort dans toute sa puissance. »
(‘Hafets ‘Haïm)
A LA LUMIERE DE LA PARACHAH
Extrait de l’enseignement du gaon et tsadik Rabbi David ‘Hanania Pinto chelita
« Ecoutez, cieux, je vais parler; et que la terre entende les paroles de ma bouche. »
Au sujet du verset « Ecoutez, cieux, je vais parler », nos Sages précisent dans le Midrach (Devarim 306) que D. a ordonné à Moché de dire aux bnei Israël : « Regardez si les cieux que J’ai créés pour vous servir ont changé de conduite, ou si le soleil a décidé de ne plus se lever à l’est pour éclairer le monde entier. Non seulement ce n’est pas le cas, mais il est de surcroît heureux d’accomplir Ma volonté, comme il est dit (Psaumes 19, 6) : ‘Celui-ci, pareil au jeune époux sortant de sa chambre nuptiale’.
« Que la terre entende les paroles de ma bouche » : Observez si la terre que J’ai créée pour être à votre service a changé sa façon d’être : y avez-vous planté des graines qu’elle n’ait pas fait pousser ? A-t-elle produit de l’orge lorsque vous y avez semé du blé ? Une vache a-t-elle un jour refusé de battre le blé et de labourer, ou alors un âne a-t-il refusé de porter le joug et d’avancer ? Si eux qui n’ont rien à gagner ni à perdre, qui ne sont ni récompensés pour leurs bonnes actions ni punis pour leur désobéissance, et qui n’ont pas à se soucier d’une descendance ne changent pas leur conduite, a fortiori vous qui êtes récompensés ou punis selon vos actes et qui vous préoccupez de vos enfants, combien devez-vous faire attention à ne pas dévier de votre route ! »
Nous devons donc établir un raisonnement a fortiori : bien que les éléments de la nature n’aient pas de conscience, ils accomplissent avec joie la volonté du Créateur et Lui chantent des louanges. La montagne a même tremblé lorsque la présence divine y est descendue. A plus forte raison, nous, dont l’âme est une parcelle divine, combien devons-nous Le craindre !
A LA SOURCE
Le silence est bon
« Ecoutez, cieux, je vais parler ; et que la terre entende les paroles de ma bouche. » (32, 1)
D. a dit :
« Si tu prêtes l’oreille aux paroles de Torah, lorsque tu viendras à en prononcer à ton tour, tous se tairont et t’écouteront, de même que toi tu as prêté l’oreille à des paroles de Torah. »
D’où l’apprend-on ? De Moché Rabbenou : puisqu’il a écouté la Torah avec attention, les cieux et la terre se sont tus et ont écouté à leur tour son discours. D’où sait-on cela ? Du verset « Ecoutez, cieux, je vais parler; et que la terre entende les paroles de ma bouche. »
[Midrach Rabba]
Un bon souvenir
« Ecoutez, cieux, je vais parler ; et que la terre entende les paroles de ma bouche. » (32, 1)
« Ecoutez, cieux », c’est ce que dit le verset : « C’est pour lui-même que travaille le laborieux, car pressantes sont les exigences de sa bouche » (Proverbes 16). Pour quelle raison Moché a-t-il invoqué les cieux et la terre au moment de sa mort ? Uniquement pour leur donner des recommandations.
Il leur a parlé ainsi : « D. a décrété que je meure. Réfléchissez à la manière de me recevoir avec honneur. Vous devrez me considérer comme si je vivais encore et prononçais des paroles de Torah à jamais.
Ecoutez, cieux, je vous ai déjà pris à témoin afin que vous preniez garde de ne pas être des accusateurs pour Israël après mon départ ! Souvenez-vous de moi comme vivant, et implorant la miséricorde pour eux. »
[Midrach Tan’houma]
L’ouverture des trésors
« Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même ; D. de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit. » (32, 4)
« Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite » : Il est juste et use de bonté avec Ses enfants.
Lorsqu’un homme pauvre qui fait des bonnes actions Le supplie en disant : « A l’image de Ton grand nom, fais moi profiter de Ta miséricorde », D. ouvre Ses trésors et le comble, comme il est écrit « Car il fait des actes de bonté. »
De même, le roi David a proclamé : « Ah ! Qu’elle est grande Ta bonté, que Tu tiens en réserve » (Psaumes 31). David dit à Hachem : « Je sais que Tu possèdes de nombreux trésors de bonté et de charité, mais à quoi bon si Tu ne les distribues pas à moi et à mes amis dans le besoin ? »
[Midrach Tan’houma]
Une perfection absolue
« Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même ; D. de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit. » (32, 4)
« Lui, notre rocher (tsour), Son œuvre est parfaite » : L’artisan (tsayar) qui a d’abord dessiné (tsar) le monde puis y a formé l’homme, comme il est dit « Hachem Elokim façonna (vayitser) l’homme. » « Son œuvre est parfaite » : Son œuvre est parfaite pour tous les habitants de la terre et il n’y a en rien lieu de la remettre en question. Il ne viendrait en effet à l’esprit d’aucune créature de souhaiter : « si j’avais trois yeux… si seulement j’avais trois mains… si je pouvais avoir trois pieds… si je marchais sur la tête... ce serait tellement bien si mon visage était à l’arrière ! » Ceci est le sens de l’expression « Son œuvre est parfaite. »
« Toutes Ses voies sont justice » : Il juge chacun et lui attribue ce qui lui convient.
« D. de vérité (Emouna) » : qui a eu confiance dans le monde et l’a créé.
« Jamais inique » : Il n’a pas conçu d’être humain destiné à devenir impie mais seulement des gens qui ont le potentiel d’être des justes. Ainsi est-il également dit : « Regarde, j’ai trouvé que D. a créé l’homme droit. »
« Constamment équitable et droit » : Il agit avec équité envers tous les habitants de la terre.
[Yalkout Chim’oni]
La force de la protestation
Hachem parla à Moché, ce jour même » (32, 48)
On trouve trois occurrences de l’expression « ce jour même » dans la Torah.
Au sujet de Noa’h il est dit « ce jour même », car les gens de sa génération disaient « Dès que nous le verrons (entrer dans l’arche), nous l’en empêcherons. »
« Plus encore, nous utiliserons des machettes et des haches afin de fendre l’arche ! » D. a alors décidé : « Je le ferai entrer dans l’arche en plein jour et que quiconque a la force de venir protester, vienne et proteste ! »
Pourquoi au sujet de l’Egypte est il également précisé « ce jour même » ? Certains Egyptiens affirmaient : « Si nous les sentons prêts au départ, nous ne les laisserons pas partir. Nous nous munirons d’épées et de glaives et nous les tuerons. » D. a alors déclaré « Je les ferai sortir en plein jour, et que quiconque a la force de venir protester, vienne et proteste ! «
Enfin dans notre verset, que vient nous enseigner l’expression « ce jour même » ? Les bnei Israël argumentaient : « Si nous en sommes témoins, nous ne laisserons pas faire : nous ne laisserons pas partir celui qui nous a fait sortir d’Egypte, nous a fendu la mer, nous a apporté la Torah, nous a fait tomber la manne, nous a fait venir les cailles et a réalisé pour nous miracles et preuves de bravoure… » D. a alors décidé : « Je le ferai entrer dans la grotte en pleine journée, et que quiconque a la force de venir protester vienne et proteste ! » C’est pourquoi il est précisé « ce jour même ».
[Sifri]
LA PRIERE
La vraie crainte du Ciel
En ces jours-ci, de prière et de supplications, il convient de se pencher encore plus sur la prière et la façon de la pratiquer, afin que la nôtre soit agréée devant Celui Qui est éternellement aux cieux. Voici ce qu’a dit le machguia’h Rabbi Yé’hezkel Lewinstein zatsal :
« La prière ne s’acquiert pas par des contorsions et des grimaces, mais avant tout ‘Goûtez et voyez que Hachem est bon’ (Téhilim 34, 9). On doit en acquérir pour soi-même le goût, alors notre prière sera convenable. Pour trouver le goût de la prière, on doit renforcer en soi-même les bases de la foi et de la confiance dans la providence divine. C’est obligatoire, tout simplement.
D’abord, comprendre la signification des mots, et que l’oreille entende ce que dit la bouche. Sans cela, ce n’est pas une prière du tout, c’est quelque chose dont il est écrit (Yirmiyah 9, 7) : « Il y a dans sa bouche un salut envers son ami, mais dans son cœur il lui tend un piège. » En effet, la bouche énonce des louanges envers D., alors que le cœur est plongé dans des pensées tout à fait autres et des visions profanes. Pour en arriver à une prière véritable, on doit se donner beaucoup de mal, c’est seulement de cette façon qu’on méritera peut-être de savoir prier. »
Concilier par la teroua
On raconte sur le Admor Rabbi Aharon zatsal de Belz qu’à toute heure du jour, il était plongé dans l’étude et la prière, et quiconque le voyait en prière tremblait de l’intensité de la crainte du Ciel de ce tsaddik. Chacun de ses mouvements était consacré à D., et il n’y a rien d’étonnant à ce que des sentiments de sainteté aient envahi tous ceux qui le voyaient.
A Roch Hachana, il proclamait HaMélekh (le roi) d’une voix forte qui appelait à l’éveil, son visage se transformait en torche enflammée puis devenait pâle comme la neige. Tout le peuple s’efforçait de le regarder en sanglotant.
La même chose arrivait le soir de Roch Hachana, quand il disait au cours du repas LeDavid Mizmor avec une grande émotion, ses paroles pénétraient jusque dans les entrailles. Quand il montait pour dire des paroles d’éveil avant les « tekiot », il suffisait d’un seul coup d’œil à son visage pour être poussé au repentir, et quand on entendait de sa bouche le verset « Heureux le peuple qui connaît la teroua », et l’explication qu’en donnent les Sages « car il sait se concilier le Créateur par la teroua », on en était remué jusqu’aux tréfonds.
L’immense émotion qui enflammait tous ceux qui se trouvaient à sa table au moment du soir de Roch Hachana est totalement indescriptible, de même que dans le passage « Oubaou koulam », dit à la table de Chavouot avec douceur, un chant qui bouleverse l’âme. Il semblait à tous les participants qui écoutaient sa voix qu’ils se tenaient au mont Sinaï et écoutaient « Anokhi » de la voix de Hachem.
Quiconque le regardait comprenait qu’il était au-dessus du temps et de l’espace, que son âme et son esprit planaient dans des mondes supérieurs, bien que son corps soit resté sur terre, pour montrer l’exemple, montrer jusqu’où un être humain est capable de s’élever, et transformer aussi son corps matériel en spiritualité. « Nous avons vu, raconte un de ses proches, son enthousiasme dans la prière, nous avons vu comment tout à coup il explosait comme un éclair dans un terrible feu d’artifice, son visage brûlait comme une torche, et bien qu’il ait été connu comme quelqu’un de faible, et que de l’avis de tous les médecins c’était un miracle qu’il arrive à rester sur terre, au moment de la prière on ne voyait chez lui aucune faiblesse, ce qui est humainement incompréhensible. »
« Sa sainte prière ne se manifestait pas en cris ni en éclats de voix, mais dans une sainte douceur. Toute parole sortait de sa bouche en sainteté et en pureté, dans la crainte et le tremblement, et l’émotion était intense chez ceux qui l’entendaient, au point qu’ils priaient avec lui, ou l’attendaient toute la journée, sans ressentir la fatigue, pour entendre les paroles de la prière sortir de sa bouche sainte comme les paroles du D. vivant. »
Une techouva totale
Dans la ville de Berditchev, où vivait le tsaddik Rabbi Lévi Yitz’hak, que son mérite nous protège, vivait un mécréant qui se moquait du tsaddik et de ses ‘hassidim. Les ‘hassidim lui dirent : « Si vous étiez présent à la synagogue au moment de la prière de Rabbi Lévi Yitz’hak, vous aussi vous vous repentiriez. »
L’homme se moqua d’eux avec des éclats de rire et dit : « Je vais y aller, et vous verrez bien ! » Il y alla, se tint du début de la prière jusque après le Chemonè Esré, et esquissa un geste de moquerie vers les tsaddikim, comme pour dire : « J’ai gagné ! »
Mais quand le Rav commença à dire « Ouba leTsion », en répétant plusieurs fois les mots « et pour les repentants en Ya'akov », avec un grand enthousiasme du plus profond du cœur, cet homme ne put le supporter, car ces paroles l’avaient touché au cœur, et il ne bougea pas de là avant d’avoir fait une techouva totale.
LES HOMMES DE FOI
LES TSADDIKIM DE LA FAMILLE PINTO
Heureux es-tu d’avoir mérité
Dans le merveilleux livre « Mekor Ha’haïm », nous apprenons le niveau de sainteté auquel s’était élevé Rabbi ‘Haïm Pinto, que son mérite nous protège, pendant sa vie qui a été entièrement consacrée à Hachem et à Sa Torah. Voici une histoire qui est arrivée : Rabbi Makhlouf Lov (que tout le monde surnommait Lissa) arriva un jour en courant chez Rabbi ‘Haïm à Mogador pour quelque chose d’important et d’urgent.
Comme de son point de vue la chose ne pouvait souffrir aucun retard, le Rav Makhlouf avait couru chez Rabbi ‘Haïm en pleine nuit, alors que celui-ci était en train d’étudier.
Il trouva la chambre de Rabbi ‘Haïm grâce à la lumière qui s’en échappait. Quand il entra, il vit deux personnes : Rabbi ‘Haïm, le visage enflammé, brillant d’un éclat extraordinaire, et une autre personne, inconnue de lui, qui lui parut ressembler à un ange.
Il voulut se rapprocher d’eux, mais tout à coup il sentit ses genoux s’entrechoquer et une grande terreur l’envahit. Il tourna les talons et s’enfuit.
Le lendemain, quand il rencontra Rabbi ‘Haïm, celui-ci lui dit : « Heureux es-tu, Rabbi Makhlouf, d’avoir mérité de voir le visage du prophète Eliahou ! »
Rabbi Makhlouf fut pris d’angoisse en entendant cela, de peur d’en être puni. Il demanda à Rabbi ‘Haïm de prier pour lui afin qu’il ne soit pas puni par une mort prématurée. Rabbi ‘Haïm lui promit de prier pour lui et de demander à Hachem miséricorde afin qu’il ne meure pas encore jeune.
La prière de Rabbi ‘Haïm fut acceptée au Ciel, et Rabbi Makhlouf vécut très vieux. Il ne quitta le monde qu’à l’âge de cent dix ans. Mais il écrivit cette histoire qui lui était arrivée dans son livre de prière.
Ses enfants et petits-enfants, qui servaient les descendants de la famille Pinto, la transmirent aux générations suivantes.