Le testament du Tsadik contribue à l’affermissement et l’élévation

Où Moïse est-il allé et pourquoi? Les enfants d’Israël étaient constamment placés devant lui. Il est d’autre part difficile de concevoir qu’il se fut rendu individuellement chez chacun des dizaines de milliers d’entre eux... et surtout la veille de sa mort!

D’autre part, pourquoi le verset stipule-t-il: Je ne peux pas sortir et venir (Deutéronome 31:2) au lieu de venir et sortir? On commence d’abord par entrer, comme nous l’avons vu dans une leçon précédente: Béni seras-tu à ton arrivée (lit.: ta venue) et béni encore à ton départ (lit.: à ta sortie) (id. 28:6).

C’est que Moïse ne s’est pas en fait rendu physiquement chez chacun des membres de l’Assemblée d’Israël, mais grâce au grand amour qu’il leur portait, ses paroles ont imprégné leur coeur. Il leur tint les propos suivants: J’ai cent vingt ans aujourd’hui. J’ai parlé face à face à l’Eternel (Nombres 12:8); j’ai vaincu les anges et touché le Trône Céleste (cf. Chabath 85b), mais je suis arrivé à ma fin, et il n’est point de pouvoir contre le jour de la mort (Ecclésiaste 8:8). Sachez qu’aujourd’hui j’ai vraiment vécu cent vingt ans, car je n’ai perdu aucun des jours de ma vie. A votre tour, continuez à servir l’Eternel avec le même dévouement et enthousiasme de ces moments. Ne vous tournez pas vers les idoles et les futilités de ce monde. Sachez qu’après la mort de l’homme, ce ne sont ni son or, ni son argent, ni ses perles, ni ses pierres précieuses qui l’accompagnent, mais uniquement le mérite de l’étude de la Torah et de ses bonnes actions (Avoth 6:9). Veillez donc à raffermir votre étude de la Torah et développer votre crainte du Ciel...

Ces propos ont effectivement laissé un grand impact chez les enfants d’Israël. Ils les ont bien réveillés. La Guémara rapporte à cet effet l’épisode des disciples de Rabbi Eliézer venus rendre visite à leur maître malade: Apprends-nous les voies de la vie qui nous donneront droit au monde futur! lui demandèrent-ils (Bérakhoth 28b). Nous voyons de là que les paroles du Tsadik à la veille de sa mort sont une sorte de testament vivant qu’il laisse à ses disciples, qui ne l’oublient jamais.

Je sors aujourd’hui de ce monde, poursuit Moïse, pour jouir de la vie du monde futur. Je ne pourrais donc pas sortir de ma place là-haut pour venir vous parler de morale. Car ma sortie de ce monde est définitive, contrairement à ma sortie du Ciel pour vous apporter la Torah. Imprégnez-vous donc bien de mes paroles et n’en rejetez aucune. Exploitez au maximum cet éveil spirituel que vous ressentez en ces moments...

Comme nous l’avons vu, avant de faire descendre l’âme au monde, le Tribunal Céleste la fait jurer d’être intègre et non mécréante pour qu’elle revienne à sa source absolument exempte de péché. Les responsables lui donnent aussi naturellement des directives pour se débarrasser du mauvais penchant dans ce monde.

Mais comment et quand la fait-on jurer? Ceci est concevable ici-bas dans ce monde, mais comme dans les mondes supérieurs, il n’existe ni mauvais penchant ni notion de péché, à quoi bon la fait-on jurer? On pourrait répondre qu’on fait jurer l’homme dans les entrailles de sa mère, mais même là-bas elle apprend la Torah d’un ange (Nidah 30b). Le mauvais penchant n’y existe pas non plus, il est dehors, comme il est écrit: Le péché est tapi à la porte (Genèse 4:7).

C’est qu’en vérité, l’apprentissage de la Torah dans le ventre maternel est en lui-même un serment; le nouveau-né recevant l’ordre d’en poursuivre l’étude dans ce monde. La preuve en est que la fête du Don de la Torah porte le nom de Chavou’oth (serments), toute lettre de Torah étant un délice, comme il est écrit: Sentez et voyez que l’Eternel est bon (Psaumes 34:9) et il n’est bon que la Torah (Bérakhoth 5a). C’est un serment dont on ne peut démentir l’existence.

Le serment se fait dans les mondes supérieurs, ceux des âmes. Et même si l’âme refuse de descendre de ces mondes sublimes où elle ne fait que s’engager dans l’étude de la Torah, au monde du mensonge, on l’y oblige, comme il est écrit: C’est malgré toi que tu as été créée, c’est malgré toi que tu es née... (Avoth 4:29). Dans le monde où tu vas descendre, tu dois te rappeler la vie véritable qui consiste à s’engager dans l’étude de la Torah et à s’attacher au Saint, béni soit-Il. C’est comme si tu t’étais jurée devant le Dieu d’Israël de persister dans ton enthousiasme même une fois que tu seras descendue de ces mondes.

Toutefois, on peut se demander si dans ce monde, on peut se rappeler la vie réelle qui est celle des mondes supérieurs. Comment peut-on se rappeler que l’âme fait partie de la Divinité et que c’est grâce à elle qu’on peut mener une vraie vie? C’est qu’on dit à l’homme: Béni sois-tu à ton arrivée: en d’autres termes, dans les mondes supérieurs où tu te trouves pour l’heure, tout est béni, on y jouit pleinement des délices spirituels. Dans ce bas monde, tu pourras revêtir l’aspect de béni sois-tu à ta sortie: veille à ce que lui aussi soit tellement béni que tu n’auras pas envie de le quitter.

On n’accède à ces niveaux qu’en s’engageant dans l’étude de la Torah et en craignant le Ciel: on ressent alors dans ce monde l’existence de Dieu comme on la ressentait dans les mondes supérieurs et on éprouve des difficultés à le quitter, aspirant à s’élever sans cesse dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de mitsvoth. Car, comme nous l’avons vu, une heure de pénitence et de bonnes oeuvres dans ce monde est meilleure que toute la vie future... Si dans notre verset, Moïse explique aux enfants d’Israël qu’il ne peut sortir et venir, c’est parce qu’arrivé à la fin de sa vie, on ne peut plus accomplir la mitsvah de à ta venue et à ton départ, l’âme est exempte de mitsvoth et le Saint, béni soit-Il, ne s’en glorifie plus (Yalkout Chimoni Iyov 896; Chabath 30a)... Il convient par conséquent de veiller à tout corriger dans ce monde pour pouvoir se présenter convenablement devant Dieu et avoir droit à une place plus honorable dans le monde futur.

C’est pourquoi, immédiatement après notre réveil, nous devons exprimer notre gratitude à Dieu qui nous a rendu notre âme pour continuer à nous engager dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de mitsvoth dans le Monde de l’Action. La bénédiction nous engager dans l’étude de la Torah nous rattache à la Torah que nous nous sommes jurés d’étudier dans les mondes spirituels supérieurs et nous permet de nous élever davantage. Le fait même de saisir par exemple le loulav et de faire la bénédiction adéquate nous le fait acquérir: il fait partie du serment (cf. Chavou’oth 38b). De même, quand on lève le Rouleau de la Torah, c’est comme si on faisait un serment, et quand on s’engage dans l’étude de la Torah on fait jurer le mauvais penchant de ne pas nous déranger, à condition toutefois qu’on l’étudie pour l’amour même de l’étude, sans la moindre arrière-pensée, le moindre intérêt personnel, et qu’on se soit repenti auparavant. On se sent alors vivre dans un monde béni et on en sort exempt de tout péché. C’est l’explication du verset que nous avons vu plus haut: Béni sois-tu à ton arrivée et béni à ton départ.

C’est pourquoi les propos tenus par Moïse aux enfants d’Israël, la veille de sa mort, se sont ancrés profondément dans leur coeur. Ils se sont réveillés de leur léthargie et ont fait une téchouvah complète et sincère: c’était comme s’ils venaient de naître, exempt de tout péché (Yébamoth 22a). Moïse les a incités à s’efforcer de ne pas éteindre leur enthousiasme pour pouvoir réparer tout de leur vivant et arriver dans le Monde Futur sans péché et ainsi contempler la Face du Roi suprême.

 

 

La modestie est la mère de tous les bons traits pour tout homme tout au long des générations
TABLE DE MATIERE
Moïse a reçu la Torah du Sinaï et l’a transmise à Josué

 

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