Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur (Psaumes 16:8)

Il est écrit: L'Eternel parla en ces termes à Moïse, dans le désert de Sinaï, dans la tente d'assignation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d'Egypte: Faites le relevé de toute la communauté des enfants d'Israël... (Nombres 1:1-2).

La question qui se pose ici est pourquoi est-ce précisément lors de la  mitsvah du dénombrement des enfants d'Israël, que la  Torah nous fournit de si nombreux détails: lieu, date, etc.

Parlant des trois jours qui précèdent la fête de  Chavou'oth, l'auteur de  Ma'arkhé Lev écrit: Ces jours préparent les enfants d'Israël à la réception de la  Torah sur le Sinaï. Et tout comme la  Torah y consacre un chapitre entier pour nous préparer à cette réception, nous revenons sur ce passage tous les ans avant la fête de  Chavou'oth. Commentant à cet effet le verset: Il y a un temps pour tout, et chaque chose a son temps sous le Ciel (Ecclésiaste 3:1), le  Machguia'h de Mir explique que le jour où l'on commémore le Don de la  Torah, le  chéfa' (l'abondance spirituelle) descend sur le monde exactement comme ce jour-là... Voir aussi  Kohéleth Rabah, id.. L'un des fondements de la morale juive, est qu'il faut s'imaginer et vivre concrètement les paroles du  moussar: imaginons alors que dans trois jours nous allons recevoir la  Torah du Saint, béni soit-Il. Chacun proportionnellement à son niveau spirituel s'éveillera et commencera à y réfléchir sérieusement (Rabbi Ch. Z. de Krelm).

L'homme doit donc s'imaginer constamment qu'il se trouve en présence du Saint, béni soit-Il. Il pourra ainsi s'éloigner du mal. Il doit porter sans cesse à l'esprit la grandeur de Dieu, comme a écrit le Roi David: Je représente Dieu constamment devant moi (Psaumes 16:8). Il est aussi écrit: Dans toutes tes voies, songe à Lui (Proverbes 3:6). Ce n'est certainement pas chose facile. Il faut pour cela avoir accédé à un niveau spirituel extrêmement élevé.

La  Torah nous enseigne à cet effet: Tu maintiendras le peuple  tout autour du Mont Sinaï (Exode 19:12). La locution  tout autour demande une explication. C'est que l'homme ne peut s'élever dans le service divin que s'il est foncièrement doué de vertus suprêmes et apprend la  Torah par amour pour elle. Il mérite alors de grandes récompenses (Avoth 6:1). Il sait toutefois que ses capacités sont limitées, il connaît sa place dans ce monde et réalise qu'il est absolument insignifiant et n'a vraiment pas de quoi s'enorgueillir, qu'il est limité et que la Providence Divine  l'entoure et se trouve partout; s'il prend vraiment conscience de son état et que ses paroles reflètent les sentiments de son cœur (Pessa'him 63a), il se soumettra certainement à l'Eternel comme un esclave qui attend les ordres de son maître et exécute la tâche qu'il lui assigne. Il l'accomplira avant même d'entendre ses ordres, comme les anges, ces héros puissants, qui exécutent Ses ordres, qui sont attentifs au son de Sa parole (Psaumes 103:20; Chabath 88a).

Par conséquent, si le verset abonde en détails, c'est que l'Eternel dit à Moché: Si les enfants d'Israël désirent s'élever dans le service divin, qu'ils veillent bien à préserver leur niveau spirituel; qu'ils ne recommencent pas ce qu'ils ont fait la première année après leur sortie d'Egypte: le péché du veau d'or, en renonçant à leurs parures... (Exode 33:6; Chabath 88a), ils doivent se représenter et ressentir constamment la présence du Saint, béni soit-Il, parmi eux, car Sa gloire remplit le monde entier (Isaïe 6:3).

L'Eternel a ordonné de faire le relevé des enfants d'Israël le deuxième mois, qui est le mois de Iyar, pour qu'ils se représentent et voient ( yirou) constamment l'Eternel devant eux. Il résidera alors en chacun d'eux. Si l'homme veut ressentir constamment en lui la Providence Divine et recevoir Son  chéfa', il doit connaître exactement sa place dans ce monde: Qu'est-il en somme? Une goutte putride, pâture des vers (Avoth 3:1). Il doit faire preuve de la modestie du Mont Sinaï, que précisément l'Eternel a choisi pour donner la  Torah, plutôt que sur de hautes montagnes (Yalkout Chimoni, Yithro 282). Il doit aussi se considérer comme un désert (le désert du Sinaï) qui n'appartient à personne et est ouvert à tous et dans lequel la  Torah fut révélée (Nédarim 55a). Il doit enfin s'annuler et être prêt à se conformer constamment à la volonté de Son Créateur et à étudier Sa  Torah, jour et nuit (cf. Psaumes 1:2).

La  Chékhinah résidera alors en lui. Il ne succombera certainement pas au péché. Il s'élèvera dans les mondes supérieurs, sera l'associé du Saint, béni soit-Il, dans l'œuvre de la Création (cf. Chabath 119b) et maîtrisera la création. Car le Saint, béni soit-Il, décrète une sentence et le  Tsadik l'annule (Mo'ed Katan 16b). Le  Zohar (I, 82a) enseigne que la  Torah vise essentiellement à apprendre à l'homme à se conduire, parce que l'homme qui met en pratique les lois et les statuts de l'Eternel obtient par eux la vie (Lévitique 18:5).

Dans son livre  Marith Ha'ayin, Rabbi 'Haïm David Azoulay (Ha'Hida) rapporte l'enseignement du Talmud (Avodah Zarah 3b) selon lequel dans l'avenir les nations du monde porteront les  téfiline de la tête, et placeront des  mézouzoth sur les fronteaux de leurs portes. Ha'Hida explique que si les nations ont trébuché et sont tombées, c'est parce qu'elles n'ont pas accompli ces  mitsvoth par amour pour  Dieu. De plus, elles les ont accomplies dans le sens inverse: comme on le sait, on met d'abord les  téfiline de la main, ensuite celles de la tête.

On peut se demander comment les nations du monde osent se présenter devant le Saint, béni soit-Il, dans ces circonstances, et en particulier le Jour du Jugement saint et redoutable. Comment ont-elles l'audace de se déguiser ainsi en  Tsadikim?

Nos Sages enseignent d'autre part (ibid. 2b), que les nations du monde se plaignirent devant Dieu: Pourquoi ne nous as-Tu pas menacé de nous enterrer sous la montagne si on n'acceptait pas la  Torah comme Tu l'as fait pour Ton peuple? Le Saint, béni

soit-Il, leur répondit alors: J'ai une  mitsvah facile pour vous, et elle porte le nom de  Soucah (ibid. 3a). Ces nations construisirent alors une  soucah, mais l'Eternel leur envoya un soleil brûlant et elles en sortirent en lui donnant un coup de pied. Pourquoi le Saint, béni soit-Il, ne les a mises à l'épreuve que par ce précepte divin? Pourquoi en fait ne les a-t-Il pas  forcées comme Il l'a fait pour les enfants d'Israël?

C'est que les Juifs se représentent et gardent constamment à l'esprit la présence de Dieu parmi eux. Ce qui leur permet de soumettre leur cœur, de s'effacer complètement devant Lui et de se conduire avec modestie. Si le Saint, béni soit-Il, les a menacés en élevant la montagne au-dessus d'eux, c'est pour qu'ils éprouvent la crainte et en arrivent à s'annuler et Le reconnaître en se Le représentant constamment et en proclamant: Nous ferons, puis nous entendrons (Exode 24:7). Ils montrent ainsi que ce sont des croyants, fils de croyants. L'Eternel ne visait en somme que leur bien: celui qui veut se purifier reçoit l'aide du Ciel (Chabath 104a; Yoma 38a). Nous pouvons illustrer ce fait par le cas du médecin qui prescrit un médicament pour un malade en danger qui refuse de le prendre. Que fait le médecin? Il l'oblige à le prendre, car sa vie est en danger. Car, comme nous le savons, la  Torah est un élixir de vie (Chabath 88b; Ta'anith 7a)... Il n'en est pas de même chez les nations du monde qui n'ont pas de foi en l'Eternel. Contrairement aux enfants d'Israël, elles n'ont pas proclamé Nous ferons, puis nous entendrons. Elles ont au contraire demandé à Dieu ce que contient la  Torah avant de la recevoir (Avodah Zarah 2:2; Yalkout Chimoni Yithro 286). Donc, si Dieu leur a donné précisément la  mitsvah de la  Soucah comme épreuve, c'est parce que la  Soucah symbolise la foi (Zohar Emor 103a) sur laquelle le prophète 'Habakouk a fondé la  Torah entière (Makoth 24a), comme il est écrit: le juste vivra par sa foi (Habacuc 2:4). Et la foi n'est l'apanage que des Juifs qui ont ce pouvoir de se représenter Dieu devant eux afin de Le craindre...

Pour que l'homme ressente la présence du Saint, béni soit-Il, il lui faut des préparatifs très sérieux, il faut qu'il fasse preuve de modestie, comme nous l'avons vu plus haut; qu'il élimine totalement son orgueil, car Tout cœur hautain est en horreur à l'Eternel (Proverbes 16:5). Le Saint, béni soit-Il, ne peut pas cohabiter avec l'orgueilleux (Sotah 5a)... L'homme doit donc ressembler au désert pour se conformer à la volonté de Son Créateur. Ce n'est qu'alors, que Dieu pourra résider en lui et qu'il pourra réellement ressentir Son existence et arrivera à se Le représenter devant lui.

A quoi sert la prière de ceux qui, plein d'orgueil et de suffisance, se parent de leur  tsitsith et de leur  téfiline et viennent à la synagogue sans préparatifs antérieurs? Leur prière est vide de toute substance: l'Eternel n'aspire qu'à la sincérité du cœur (Sanhédrine 106a). Il souhaite que nous extirpions totalement l'orgueil de notre cœur... Ces Juifs qui sont venus à la synagogue sans ressentir l'existence du Saint, béni soit-Il, se présenteront aussi devant Lui dans le monde futur parés de leur  tsitsith et de leur  téfiline comme de leur vivant <197> sans préparatifs antérieurs, sans s'être repentis de leurs péchés et sans s'être représentés Dieu devant eux. Les nations du monde les imiteront. Elles se présenteront devant le Saint, béni soit-Il, parées de leur  tsitsith et de leur  téfiline et prétendront que les Juifs aussi se sont abstenus de ressentir la présence de Dieu dans leur cœur, ce qui fait allusion à une foi déficiente.

Sachons toutefois que les nations du monde n'ont pas accompli ces  mitsvoth pour se conformer à la volonté de Dieu et c'est pourquoi elles porteront les  téfiline à l'envers... Quant aux Juifs, si de leur vivant ils ne se sont pas convenablement préparés, c'est parce que leur étude de la  Torah était défaillante. Car s'ils avaient étudié la  Torah avec assiduité et au prix de nombreux efforts, ils auraient certainement su devant qui ils se trouvaient (voir Testament de Rabbi Eliézer HaGadol 18; voir aussi Torath Cohanim, Vayikrah 26:3) [mais malgré tout ils porteront les  téfiline comme il faut]. Ils ressentiront alors pourquoi l'Eternel ton Dieu, t'a choisi pour lui être un peuple élu... (Deutéronome 7:6). Ils n'auront cesse de rechercher le Saint, béni soit-Il, et Le trouveront toujours. Par quoi l'Eternel nous a-t-Il distingués de tous les peuples: par la  Torah qu'Il nous a donnée (cf. Bérakhoth 11b). Il ( natan) nous l'a donnée par contrainte, comme nous l'avons vu plus haut, pour que nous ressentions davantage Son existence; pour que nous l' étudions assidûment ( tanan); remarquons la similitude des termes  NaTaN et  TaNaN. Et en étudiant pour l'amour de la  Torah, notre foi en Lui s'intensifiera, nous ne donnerons pas l'exemple aux nations du monde et nous cesserons de L'irriter en priant sans concentration, parés de nos  tsitsith et de nos  téfilin...

Que l'Eternel nous aide à nous engager dans l'étude assidue de la  Torah pour l'amour même de l'étude. Notre foi s'intensifiera alors, et nous reconnaîtrons l'existence de l'Eternel dans le désert de Sinaï, c'est-à-dire en faisant preuve d'humilité et d'abnégation. Nous accéderons alors au niveau de: Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur. Amen!

 

 

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