Le Peuple d'Israël est au-delà du dénombrement

Dans la  Haftarah de notre section hebdomadaire, nous lisons: Il arrivera que la multitude des enfants d'Israël égalera le sable de la mer, qu'on ne peut ni mesurer, ni compter... (Osée 2:1). On peut se poser un certain nombre de questions sur ce verset:

1) Comment peut-on dire qu'on ne peut pas faire le recensement de la population juive?

2) Que signifie exactement l'expression comme le sable de la mer?

3) Nous trouvons que les enfants d'Israël ont été comptés dans le désert, de l'âge de vingt ans à soixante ans. A ce propos, pourquoi les femmes, les vieillards et les enfants n'ont-ils pas été comptés?

Nos Sages enseignent à cet effet que Moïse équivaut à lui seul aux six cent mille âmes des enfants d'Israël (Chir Hachirim Rabah 1:64; Mékhilta Béchala'h 14a; Zohar III, p. 282b). Pourquoi ne correspondait-il pas à l'ensemble des âmes d'Israël, dont le nombre dépasse certainement six cent mille?

Le  Pitou'hé Hotam suggère un certain nombre de réponses sur lesquelles nous ne nous attarderons pas. Nous y apprenons toutefois que par essence, le nombre des enfants d'Israël se monte à six cent mille, tout le reste étant des incarnations d'âmes et des étincelles saintes qui y sont relatives. Le Rachach écrit à ce sujet que l'homme doit se repentir, même pour les péchés qu'il n'a pas commis, parce que l'âme de chacun de nous est peut être liée à celle d'un autre Juif qui a commis la même faute. Moïse correspondait donc aux six cent mille âmes d'origine, ainsi qu'aux incarnations et étincelles saintes des femmes, des vieillards et des enfants... Car Eve était la mère de tout vivant (Genèse 3:20) et faisait intégralement partie du premier homme, auquel étaient attachées les âmes des enfants d'Israël (voir Zohar 'Hadach, Chir Hachirim, 82b).

Ce sont donc en fin de compte les incarnations d'âmes et les étincelles saintes qu'on ne peut ni compter ni mesurer. Le mauvais œil n'aura pas de prise sur elles et le Satan ne pourra pas porter des accusations contre elles. Il s'arrêtera au nombre 600.000 et ne pourra pas poursuivre, car il ne saura pas à qui appartiennent les incarnations et les étincelles saintes. Ainsi, la lèpre ne pourra pas non plus sévir au sein de la communauté d'Israël en toute génération (Yoma 22b).

Bil'am, fils de Béor, a voulu maudire les enfants d'Israël, mais comme le Saint, béni soit-Il, ne lui en a pas donné l'autorisation, il a voulu les dénombrer pour jeter le mauvais œil sur eux, selon l'interprétation du  Or Ha'Haïm et du  Zohar (III, 147b) du verset: Qui peut compter la poussière de Jacob (Nombres 23:10). Moïse, qui a prévu ce qui allait se passer, les a alors comptés (dans notre  sidrah). Le Grand Prêtre Aharon a béni les enfants d'Israël contre tout mal et en particulier le mauvais œil qui est extrêmement nuisible (Nombres 6:23). Pour introduire le mauvais œil en eux, Bil'am a proféré  yissa son oracle en disant... (23:7), en utilisant ce verbe même qu'on trouve dans le recensement des enfants d'Israël: Quand tu feras le dénombrement  tissa général... (Exode 30:12). Les enfants d'Israël ont ainsi été épargnés du mauvais œil, cause de quatre vingt dix-neuf pour cent de morts (Bava Métsia' 107 b; Talmud Yérouchalmi, Chabath 14:3): le Saint, béni soit-Il, avait en effet bouché l'œil de leur grand ennemi, Bil'am (cf. Nombres 24:3).

Bil'am, qui était le plus grand prophète des nations (Sifri, Deutéronome 34:10) pensait que le nombre des enfants d'Israël ne se montait qu'à six cent mille, correspondant aux six cent mille lumières; il voulait profiter de l'instant précis où le Saint, béni soit-Il, se met en colère, pour les maudire par le mauvais œil (Bérakhoth 7a). Il a donc été dans l'impossibilité de les maudire comme il voulait. Mais, comme il a vu que leur nombre dépassait les six cent mille, il n'a pas su par où commencer à compter et à qui leurs âmes étaient attachées; c'est un secret que même Moïse n'a pas pu percer. Dieu a donc fait en sorte que nous soyons épargnés de la malédiction de Bil'am le mécréant et de son mauvais œil (cf. Zohar): Les yeux du Seigneur sont ouverts sur ceux qui Le craignent, sur ceux qui ont foi en Sa bonté (Psaumes 38:18).

Qu'entend-on exactement par l'expression  Satoum Ha'ayin? Rachi explique que l'œil de Bil'am était crevé; il ne pouvait donc pas voir. Onkelos explique quant à lui qu'il pouvait voir mais, alors qu'un était grand ouvert, l'autre était fermé... (voir les commentateurs de Sanhédrine 105a). On peut dire que les deux interprétations sont valables. Bil'am voyait bien et voulait dénombrer et maudire les enfants d'Israël d'un mauvais œil. Mais n'ayant pas compris que ce qui dépassait les six cent mille âmes était constitué d'incarnations et d'étincelles saintes, son bon œil ne pouvait pas déterminer le nombre exact des enfants d'Israël, qui dépasse toute mesure.

 

Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur (Psaumes 16:8)
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