Ton mérite est plus grand que le leur (la grandeur de Aharon)

On peut se poser quelques questions sur le verset: Parle à Aharon et dis-lui: Quand tu monteras les lampes... (Nombres 8:2), ainsi que les commentaires qui le suivent (cf. ci-dessus):

1) Pourquoi le Saint, béni soit-Il, n'a-t-Il pas au début informé Aharon que c'était sa tribu qui avait été choisie pour veiller à l'entretien du candélabre! Ils n'auraient pas été frustrés de ne pas avoir été invités à offrir leur sacrifice comme toutes les autres tribus?

2) Le Beth Av demande: Pourquoi Aharon a-t-il attendu l'invitation de Dieu? Pourquoi n'a-t-il pris l'initiative d'aller seul représenter sa tribu aspect d'éveil d'en bas (Zohar I, 88a)? N'est-il pas le Prince de sa tribu? Aharon n'aurait pas alors été frustré.

3) Comment la promesse de Dieu de le charger de l'allumage et du nettoyage du candélabre a-t-elle apaisé Aharon qui voulait apporter un sacrifice? D'où sait-on que l'allumage des lampes est supérieur à l'offrande d'un sacrifice?

Commentant le verset: Or, Moïse faisait paître les brebis de Yithro son beau-père (Exode 1:3), le Zohar (II, 20:21; Yéfé Toar) demande: Pourquoi le verset nous précise-t-il le métier qu'exerçait Moché avant de s'élever? Il répond que c'est pour nous montrer grâce à quoi il a eu le mérite d'être le sauveteur d'Israël. Si le Saint, béni soit-Il, l'a choisi, c'est certainement pour ses actions vertueuses.

Le Midrach (Yalkout Chimoni, Chémoth 169a; Zohar II, 21a) raconte qu'une fois, Moché faisait paître le troupeau de son beau-père dans le désert, un chevreau lui échappa, et il le poursuivit jusqu'à un bassin d'eau. Le chevreau but de l'eau à satiété. Moché se dit alors: Je ne savais pas qu'il courait parce qu'il avait soif. Il doit être maintenant fatigué d'avoir couru. Il le prit tendrement dans les bras et le ramena dans le troupeau. Le Saint, béni soit-Il, dit alors: C'est lui qui est digne de diriger Mon Peuple Israël, parce qu'il a montré tant de miséricorde à l'égard des animaux. De même, Dieu n'a fait régner le Roi David qu'après l'avoir mis à l'épreuve dans un pâturage. Avant d'élever chaque Tsadik, Dieu le met à l'épreuve dans ce monde, aspect de l'Eternel éprouve le juste (Psaumes 11:5).

Si la tribu de Lévi n'avait pas été invitée à offrir de sacrifice devant Dieu, c'était peut être parce que le Saint, béni soit-Il, voulait sonder le cœur d'Aharon, voir s'il allait se plaindre de n'avoir pas été invité. Or, Aharon éprouvait un sentiment de crainte et d'amour à l'égard du Créateur: Dieu l'a donc préféré et lui a manifesté un grand amour. Non seulement Aharon ne s'est pas plaint, mais il craignait que Dieu lui ait trouvé une défaillance ou une autre et ait choisi une autre tribu plus digne pour cette mission. D'autre part, les gens de la tribu de Lévi ont ressenti qu'ils devaient se repentir parce qu'ils craignaient d'avoir peut-être tué un innocent lors du péché du veau d'or. Ils pensaient que c'était la raison pour laquelle ils n'avaient pas la permission d'offrir des sacrifices. C'est grâce à ces appréhensions qu'Aharon et sa tribu se sont élevés au-dessus des autres tribus de Dieu.

C'était donc cette tribu qui devait être choisie pour servir dans le Sanctuaire. Ses membres ont engendré de grands maîtres en Israël (Pessikta Zouta Vayé'hi 49:7), car la Torah ne s'introduit que dans le cœur de l'humble (Ta'anith 7a). Ainsi, en dépit du fait qu'il était le chef de la tribu de Lévi, Aharon n'a pas pris l'initiative de sacrifier sans y être invité; il considérait que si Dieu n'avait pas appelé sa tribu pour cette mission, c'était qu'elle n'en était pas digne (cf. Bérakhoth 60a). Comme il s'est humilié, et s'est demandé avec son frère Moché: Mais nous, que sommes-nous? (Exode 16:7), il a eu le mérite d'allumer les lampes du candélabre, c'est-à-dire d'éclairer toutes les âmes de la communauté d'Israël...

Le Saint, béni soit-Il, dit alors à Aharon: Si tu n'as pas été invité à l'offrande des sacrifices, c'est exclusivement parce que Je voulais te mettre à l'épreuve avant ta nomination à ce haut poste. D'ailleurs, ChéLKha GuéDOLaH MiChélaHeM (ton mérite est plus grand que le leur) a la même valeur numérique que ACheR YiV'HaR YHVH ELOHeIKha (que l'Eternel t'a choisi) et que VéIKaR HOu KaVaNaH ChéBaLeV (l'essentiel, c'est l'intention).

Ce n'est qu'après avoir surmonté les épreuves, que l'Eternel lui a démontré que le dernier (Aharon) est le plus choyé (Béréchith Rabah 78:11; Piska Zouta, Genèse 33:2). L'allumage et l'entretien des lampes est donc préférable à l'offrande de sacrifices, parce que, cet allumage influe sur tous les univers. (Notons à cet effet la similitude des valeurs numériques de MéNoRaH, 'OZ VéORaH (puissance et lumière) et 'AL KoL Ha'OLaM (sur le monde entier) (301). Dieu dit à Aharon: Tu as toujours été intègre et as accompli les mitsvoth à la perfection. De plus, dans l'avenir, par ton mérite, au temps des Hachmonaïm un miracle s'accomplira: on trouvera une fiole d'huile qui ne suffira que pour un seul allumage, mais grâce à ton mérite, elle fournira de l'huile pour encore sept jours aspect des sept lampes (Chabath 21a).

Ce serait la raison pour laquelle le verset ne dit pas béhadlakatékha, mais béha'alotékha. Aharon s'élève de jour en jour, et toutes ses mitsvoth aspect de lampes atteignent la perfection.

Nous apprenons de là qu'il ne faut jamais se poser des questions sur la conduite du Saint, béni soit-Il, bien que nous ne comprenions pas Ses attributs. Si nous éprouvons de la peine pour quelque chose qu'il nous semble ne pas avoir mérité, c'est un signe que nous devons bien examiner notre comportement. Nous avons peut-être des défauts qu'il faut corriger ou que notre service divin est défaillant, si nous tenons compte du niveau spirituel auquel nous avons accédé. Nos Sages enseignent à cet effet que Dieu est strict avec les intègres et les châtie même pour les fautes les plus légères (Tané Débé Elyahou Rabah 2; Bamidbar Rabah 19:10; voir aussi Bérakhoth 5a). Nous devons donc accepter les jugements célestes portés contre nous. Si nous nous examinons sérieusement et ne trouvons aucun défaut, c'est que nous négligeons l'étude de la Torah, car comme nous l'avons vu, l'étude de la Torah n'a pas de mesure, comme il est dit: Tu la méditeras jour et nuit (Isaïe 1:8).

Le Talmud (Kidouchine 66a) enseigne: La Torah est posée dans un coin. Tout celui qui veut venir l'étudier, qu'il vienne étudier. La Torah est lumière, comme il est écrit dans Méguilah (16b) elle appartient à tous, et libre à chacun de l'étudier et d'en faire un réceptacle. L'étude de la Torah doit conduire à l'accomplissement de mitsvoth, qui sont les lampes (les réceptacles) éclairées par la Torah: c'est la raison d'être de l'univers.

Quand Dieu a transmis les Tables de la Loi burinées par les doigts de l'Eternel (Exode 31:18) par le feu (cf. Matan Torah 90:12) à Moché, Il a ordonné de faire une arche en bois de Chittim (Exode 25:10) et d'y déposer le statut que Je te donnerai (ibid. 25:16). On peut se demander pourquoi, le Saint, béni soit-Il, a-t-Il donné de telles prescriptions? N'aurait-il pas mieux valu que les Tables de la Loi fussent placées dans le Saint Temple, à la vue de tout le Peuple d'Israël? Tout le monde aurait pu alors voir cette Création Divine. A quoi bon les introduire dans une arche spéciale pour les garder?

C'est que le Saint, béni soit-Il, a voulu apprendre aux enfants d'Israël que l'essence de la Torah, ce n'est pas seulement sa lumière, mais son utilisation dans la pratique: C'est un arbre de vie pour ceux qui s'en saisissent (Proverbes 3:18). On peut la comparer à l'eau vive (Bava Kama 17a), comme il est écrit: Oh! vous tous qui avez soif, voici de l'eau! (Isaïe 55:1). Si Dieu a ordonné le placer les Tables dans l'arche, c'est pour faire comprendre à l'homme qu'il doit accomplir des mitsvoth, aspect de lampes, réceptacles destinés à contenir la Torah la lumière.

Le Talmud (Bérakhoth 55a) enseigne: Quand le Saint, béni soit-Il, dit à Moché: Demande à Betsalel de Me construire un sanctuaire, une arche et des ustensiles, Moché a renversé l'ordre et lui a dit de fabriquer pour Dieu une arche, des ustensiles et un sanctuaire. Betsalel dit à Moché: on construit d'habitude d'abord une maison, puis on y introduit des meubles... et toi tu me dis de fabriquer une arche, des ustensiles et après seulement un sanctuaire! Où les introduirai-je? Le Saint, béni soit-Il, t'a peut-être dit dans l'ordre, un sanctuaire, une arche, et des ustensiles... Moché lui dit: Tu t'es peut-être trouvé betsel El, à l'ombre de Dieu, c'est pourquoi tu sais tout cela. En d'autres termes, par sa sagesse, Betsalel a compris que la Torah nécessite une arche et un sanctuaire des réceptacles... Nous apprenons de là que nous devons servir de réceptacle à la Torah, nous engager dans son étude et accomplir des mitsvoth aspect de lampes qui éclairent le monde lumière qui fait revenir sur le bon chemin (Yérouchalmi 'Haguigah 1:7). Nous nous élèverons alors et trouverons grâce aux yeux de notre Créateur. Nous fabriquerons alors d'autres lampes que nous allumerons.

Le verset d'introduction de notre sidrah peut donc se lire ainsi:

Quand tu monteras les lampes... qui sont les mitsvoth et les bonnes actions c'est vis-à-vis de la face du candélabre, c'est-à-dire la Providence Divine (Zohar II, 145a): les préceptes divins doivent être accomplis pour l'amour du Ciel, sans la moindre arrière pensée... Que les sept lampes doivent projeter la lumière: elles éclaireront alors les sept jours de la semaine, les mitsvoth quotidiennes. Quant à la confection du candélabre, il était mikchah tout d'une pièce. Le Zohar (ibid.) enseigne: le Saint, béni soit-Il, se conduit avec nokchouth, et est pointilleux à l'égard de ses créatures, et en particulier avec les grands justes  (cf. Yévamoth 121b): qui doivent accéder à la perfection, car dans le cas inverse, ils sont susceptibles d'être lésés, à Dieu ne plaise (remarquons à cet effet la similitude des valeurs numériques respectives de Zéh Ma'ASséh HaMéNoRaH (voici la confection du cadélabre), OSséh ReTSONO (ceux qui se conforment à Sa volonté), et KI BéNaPhChéKheM HaDaVaR (Il y va de votre vie) (733).

On peut dire que l'homme revêt l'aspect d'arche, car il doit garder la Torah... dans son ventre, comme l'exprimait le Roi David: Ta Torah a pénétré jusqu'au fond de mes entrailles (Psaumes 40:9). Nos Sages enseignent à cet effet que l'arche porte ceux qui la portent (Sotah 35a). L'arche contenait aussi les débris des Tables de la Loi (Bérakhoth 8b). Si on s'engage dans l'étude de la Torah, on s'élève sans cesse. Il nous est toutefois interdit de nous enorgueillir, car un cœur brisé et abattu, Dieu, Tu ne le dédaignes point (Psaumes 51:19). Veillons aussi à ne pas nous servir de la Torah comme une pelle pour creuser (Pirké Avoth 4:7; Nédarim 62a), c'est-à-dire à des fins personnelles.

Veuille l'Eternel que par l'étude de la Torah avec modestie, nous ayions le mérite d'assister à la construction du Saint Temple, comme il est écrit: VéATeM HaDeVéKiM BéYHVH ELoHéKheM 'HaIM KouLeKHeM HaYoM, Et vous, qui êtes restés fidèles à l'Eternel, votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd'hui (Deutéronome 4:4), dont la valeur numérique est similaire à celle de ARoN NoSsAV NoSsE, l'arche porte ceux qui la portent.

 

 

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