Des leçons à tirer des événements auxquels nos ancêtres ont assisté dans le désert

Notre sidrah abonde en événements qui se sont passés dans le désert et auxquels nos ancêtres ont pris part. Le rapport entre eux n'est peut-être pas très clair, mais ils montrent à toutes les générations à venir la voie à emprunter pour améliorer leur conduite et intensifier leur service divin.

Pourquoi Moché et Aharon ne sont pas entrés en Erets Israël? Quel péché ont-ils commis?

Le Rambam considère que Moché a diffamé les enfants d'Israël, comme il est écrit: Écoutez, ô rebelles! (Nombres 20:10; chap. 8 des Chemonah Pérakim). Le Ramban considère quant à lui que la vraie raison est celle apportée par Rabénou 'Hananel, selon laquelle Moché dit: Est-ce que de ce rocher nous pouvons faire sortir de l'eau pour vous? (ibid.) et non l'Eternel peut faire sortir de l'eau pour vous, car tout vient de Lui. Moché et Aharon ont alors frappé le rocher au lieu de lui parler, comme il est écrit: et dites au rocher de donner ses eaux (ibid. 8).

L'auteur de Kédouchath Lévi écrit à cet effet qu'il y a deux aspects dans chaque Tsadik... Nous considérons quant à nous qu'il n'y a pas de vraie divergence d'opinion entre les Sages précités, et si Moché et Aharon ont diffamé les enfants d'Israël, et s'ils ont frappé le rocher au lieu de lui parler comme L'Eternel leur avait commandé, c'est essentiellement parce qu'en se mettant en colère contre eux, ils ont mis l'accent sur leur grandeur propre, et non sur celle de Dieu.

La colère de Moché n'était pas très grave: c'est ce que nous voyons de l'utilisation du terme Na (de grâce) dans le verset cité plus haut. L'Eternel l'a toutefois châtié, car Il est extrêmement strict avec ceux qui L'adorent (Yébamoth 121b). Pourquoi Moché a-t-il frappé le rocher au lieu de lui parler? Parce qu'il estimait que les enfants d'Israël ont péché; parce qu'ils n'ont pas bien demandé l'eau qu'ils voulaient boire. Ils ne méritaient donc pas que l'eau sorte par la parole mais par les coups. Car la parole incarne l'attribut de miséricorde, alors que les coups portés au rocher incarnent celui de jugement strict. Mais le Saint, béni soit-Il, voulait que les eaux jaillissent du rocher par l'attribut de miséricorde et non celui de jugement. L'Eternel s'est irrité parce qu'ils se sont attribués le mérite, au lieu de le Lui attribuer. Le verset ne mentionne pas qu'ils ont péché, mais qu'ils n'ont pas eu foi en Lui: en effet, la colère engendre le péché et le non-accomplissement de la volonté divine. C'est la raison pour laquelle Moché et Aharon ne sont pas entrés en Terre d'Israël.

S'ils y étaient entrés, le monde entier se serait soumis à eux; les enfants d'Israël n'auraient pas été exilés; le Saint Temple n'aurait pas été détruit et nous aurions immédiatement assisté à la Rédemption... Et puisque cela ne s'est pas produit, les obstacles ont alors commencé à s'amasser. A la demande des enfants d'Israël de passer par son territoire pour entrer en Terre Promise, le Roi d'Edom répond: Tu ne traverseras point mon pays, car je sortirai en portant les armes à ta rencontre (Nombres 20:18). Pourquoi je sortirai au futur? demande le Sefath Emeth de Gour? Edom dit aux enfants d'Israël: Dans le futur je vous livrerai combat et c'est pourquoi maintenant je ne veux pas vous accorder l'autorisation de passer par mon pays... S'ils y étaient passés, ils auraient jugé Edom et se seraient débarrassés de sa kelipah. Le verset parle au futur, comme il est écrit: Et les libérateurs monteront sur la montagne de Tsion pour se faire les justiciers du mont d'Essav (Ovadiah 1:21). Les libérateurs, ce sont Moché et Aharon. Comme nous l'avons vu plus haut, leur entrée dans le territoire d'Edom aurait empêché l'exil et la destruction du Saint Temple... Mais comme l'heure de la Rédemption n'était pas encore venue, Moché et Aharon ne pouvaient pas entrer dans le territoire d'Edom et lui livrer combat.

Edom savait sans doute ce que disait notre patriarche Yits'hak: La voix, c'est la voix de Ya'akov, et les mains sont les mains d'Essav (Genèse 27:22). Il savait aussi qu'un peuple sera plus fort que l'autre (ibid. 25:23), c'est-à-dire que la paix ne régnera jamais entre eux. C'est pourquoi Edom n'a pas laissé les enfants d'Israël passer par son territoire. Selon la loi, Edom aurait dû se soumettre à eux, comme il est écrit: et l'aîné servira le plus jeune (ibid.), mais en les menaçant de ses armes, il voulait leur faire comprendre deux choses:

1) Tu ne traverseras point mon pays: car vous risquez d'être influencés par mes méfaits. Je peux alors vous livrer combat, car il est écrit à mon sujet Tu vivras de ton épée (Genèse 27:40), et vous vaincre. Edom n'a pas tenu ces paroles par amour pour Israël. Il en était plutôt effrayé, comme il est écrit: A leur tour, ils tremblent, les chefs d'Edom (Exode 15:15). Il leur parlait plutôt par ruse. Le Saint, béni soit-Il, dans Sa sagesse suprême a donc fait en sorte qu'on ne pourra livrer combat à Edom qu'à la venue des libérateurs (notre Machia'h intègre) pour se faire les justiciers du mont d'Essav et la royauté appartiendra à l'Eternel.

2) Le roi d'Edom dit aussi aux enfants d'Israël: Comment pourrai-je vous permettre de passer par mon territoire et de jouir du bien de mon pays? Je pourrais peut-être dans l'avenir détruire votre Saint Temple. Il vaut mieux par conséquent que nous restions des ennemis... Nous voyons de là combien les nations aspirent à faire pécher le Peuple Juif pour lui livrer combat et le punir cruellement.

La Torah nous parle ensuite de la mort d'Aharon: La communauté, voyant qu'Aharon avait cessé de vivre, toute la maison d'Israël le pleura trente jours (Nombres 20:29). C'est parce qu'Aharon aimait la paix et la recherchait sans cesse (Pirké Avoth 1:12). En plus, il n'a pas gardé rancune aux enfants d'Israël qui s'étaient révoltés contre lui. Comme il faisait régner la paix entre le mari et sa femme, l'homme et son prochain, il a engendré l'amour du Saint, béni soit-Il, qui lui a accordé la paix, le chalom (Chabath 10a) qui est le nom de Dieu et le meilleur réceptacle de la bénédiction ('Ouktsin, fin de la Michnah).

Aharon et sa descendance ont donc eu le mérite de la Prêtrise. Les habits qu'il portait, les sacrifices qu'il offrait et les bénédictions qu'il accordait, rapprochaient les enfants d'Israël à leur père qui est au Ciel. Les chelamim (sacrifices d'acquit) en particulier, établissent la paix entre Israël et le Saint, béni soit-Il (Tan'houma, Toledoth 1), et l'Eternel bénit Son peuple par la paix (Psaumes 29:11). Les faits des parents laissent leur impact sur les enfants (Sotah 34a). Pin'has, petit-fils d'Aharon, qui faisait régner la paix entre Israël et Dieu, comme son grand-père, a eu le mérite de l'alliance de paix avec Dieu (Nombres 25:12).

Comme nous l'avons vu, les nuées de gloire existaient grâce à Aharon (Ta'anith 9b; Bamidbar Rabah 1:2), et aucune nation n'a osé s'y introduire pour livrer combat à Israël. Car les nuées les protégeaient de la chaleur et du froid, et elles visaient essentiellement à ramener les enfants d'Israël sur la voie du repentir. Le Midrach (Tan'houma, Ki Tetsé 10) enseigne à cet effet que la nuée expulsait du camp celui qui commettait un péché. Aharon le ressentait alors certainement et s'efforçait de l'y ramener en lui montrant comment se repentir, lui permettant ainsi de recevoir toute l'abondance céleste et de s'épargner désormais du péché (Bamidbar Rabah 19:16). Rabbi Israël de Roujine s'est étendu sur ce concept et explique que les nuées n'étaient là que par le mérite d'Aharon, car il était doué de la vertu de faire descendre l'abondance céleste sur Israël.

Toutefois, à la mort d'Aharon, les nuées de gloire ont disparu (Ta'anith 9a); l'abondance et la protection céleste a cessé. Les enfants d'Israël n'avaient alors plus de dirigeant qui leur fasse emprunter le chemin de la droiture à la façon d'Aharon. Les enfants d'Israël ont donc pleuré la mort d'Aharon. A l'origine, un nuage est petit, mais quand il s'unit à un autre puis à d'autres par le vent, il forme une masse compacte et solide. La leçon que nous devons en tirer est que, par l'amour et l'amitié, aspect de: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lévitique 19:18), l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvoth, tous les Juifs s'unissent et se lient aux Saint, béni soit-Il, car l'amour est un principe fondamental de la Torah (Béréchith Rabah 24:7).

A la mort d'Aharon, la controverse et les querelles commencèrent à se propager. Résultat: Le Cananéen, roi d'Arad, qui habitait au midi, ayant appris qu'Israël s'acheminait par ces régions, attaqua les Israélites... (Nombres 21:1). Les nuées de gloire n'existant plus, il leur livra combat et en fit quelques uns prisonniers. Nous voyons ici les conséquences désastreuses du péché et de la haine: jusque-là, le Tsadik protégeait les Israélites et aucune nation ne pouvait les vaincre. Mais la mort du juste a engendré la controverse, et ils ont été punis par le Cananéen/Amalek. Et c'est Bil'am qui lui avait appris que les Israélites étaient entourés de nuées de gloire, grâce au mérite d'Aharon... Le Tsadik est toujours prêt à protéger tout le monde, même ceux qui n'en sont pas dignes. De par sa nature même, il n'aspire qu'au bien d'Israël dans toute démarche qu'il entreprend.

Les Israélites firent alors un vœu à l'Eternel en disant: Si Tu livres ce peuple en notre pouvoir, nous vouerons ses villes à l'anathème (ibid. 21:2). Comme ils ont compris qu'Amalek visait à leur livrer combat et les faire pécher, ils ont fait à l'unanimité, comme un seul homme (remarquons à cet effet l'emploi du verbe vayidar au singulier), le vœu de s'efforcer d'éliminer le mauvais penchant, de tout détruire et ne faire aucun usage de ses possessions. Ils ont réussi à s'imprégner des mérites et de la vertu d'Aharon, car ils se sont immédiatement repentis et rapprochés de Dieu.

Ceci nous lie au début de notre sidrah, qui parle du concept des cendres de la vache rousse et de la mort de Miriam. Tout comme ces cendres, la mort des Tsadikim expie les fautes et purifie (Yérouchalmi Yoma 1:1; Vayikra Rabah 20:7). A la mort du Tsadik, tout le monde pleure, se repent, se rapproche de Dieu...

Chacun de nous doit donc s'acquérir un mérite qui nous épargne de toute sentence rigoureuse prononcée contre nous, à Dieu ne plaise... Le vœu, est une arme efficace contre le mauvais penchant, qui s'efforce de nous séduire. Nous avons déjà vu l'enseignement de nos Sages (Sotah 2a), selon lequel celui qui voit ce qui arrive à une femme accusée d'adultère (Sotah) doit s'abstenir de boire du vin. Grâce au vœu, on se débarrasse des mauvais désirs et on réussit à éliminer le mauvais penchant; on devient alors une créature sainte et pure. C'est un message pour toutes les générations à venir.

 

La loi de la vache rousse
TABLE DE MATIERE
sraël face à Edom: guerre spirituelle pour toutes les générations

 

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