Israël face à Edom: guerre spirituelle pour toutes les générations

Moïse envoya de Kadech des messagers au roi d'Edom. Ainsi parle ton frère d'Israël: Tu connais toutes les tribulations que nous avons éprouvées... Permets-nous de traverser ton pays... Nous suivrons la route royale... et si nous buvons de ton eau, moi où mes bestiaux, j'en paierai le prix... Il répliqua: Tu ne passeras point! Edom ayant donc refusé à Israël la permission de traverser son territoire, Israël prit une autre direction (Nombres 20:14-21).

La lecture de ce passage pose un certain nombre de questions:

1) Comment peut-on concevoir que le roi d'Edom, qui convoitait tellement l'argent, puisse refuser aux Israélites la permission de passer par son territoire? Il aurait pu s'enrichir, car les Israélites étaient prêts à payer il ne leur manquait pas en effet d'argent le riche butin qu'ils s'étaient acquis en Égypte après leur asservissement... Edom s'avança donc à leur rencontre, en grande multitude et à main armée (Nombres 20:20).

2) N'oublions pas qu'Edom descendait d'Essav, et comme lui il était assoiffé d'argent et d'or... Le Midrach (Tan'houma, Vayé'hi 6) enseigne à cet effet que Ya'akov fit un monticule de son argent et son or pour le transmettre à Essav, et de cette façon racheter son droit sur sa part du Caveau des Patriarches. Comment Edom a-t-il pu refuser l'argent et l'or proposés par les Israélites pour boire l'eau des citernes?

3) Edom ayant refusé aux Israélites la permission de passer par son territoire, ces derniers ont pris une autre direction, c'est-à-dire ont reculé. Moché n'a-t-il pas craint de montrer aux nations combien les Israélites sont faibles et peureux devant la toute première épreuve après la sortie d'Egypte? Il aurait dû montrer plus de fermeté, du moins extérieurement, et ainsi sauver leur face en ne battant pas en retraite tout de suite.

C'est que, comme nous l'avons vu, déjà dans la ventre maternel, Essav et Ya'akov se sont partagés le monde. Essav a hérité de ce monde, et en contrepartie a vendu à Ya'akov tout son lot dans le monde futur, comme il est écrit: Vends-moi, aujourd'hui, ton droit d'aînesse (Genèse 25:31; Tana Débé Elyahou Zouta 19): Essav a ainsi reçu le côté matériel de la vie: alimentation, boissons, subsistance... Quant au côté spirituel, le Midrach (Ekha Rabah 2:17) enseigne à cet effet: Si quelqu'un te dit, les nations possèdent la sagesse, crois-le; s'il te dit que les nations ont une Torah, ne le crois pas. Et c'est ce trait, l'absence de toute spiritualité, qu'Essav a transmis à toute sa descendance. Il leur a interdit de reconnaître l'existence même du Peuple d'Israël, car les nations n'ont pas de part dans le Dieu d'Israël.

La voix est celle de Ya'akov, et les mains, ce sont les mains d'Essav (Genèse 27:22): tout comme la voix ne se fait pas voir mais entendre, les fils de Ya'akov, c'est-à-dire le Peuple d'Israël, croient non seulement à ce qu'ils voient, mais aussi à ce qui est caché d'eux, le côté spirituel de la vie. Et les mains, ce sont les mains d'Essav: Essav ne croit qu'en ses mains, c'est-à-dire sa force. Il ne croit qu'à ce qu'il voit et renie donc le Dieu d'Israël.

Par conséquent, si Edom n'a pas donné aux Israélites la permission de passer par son territoire, c'est parce que durant leur séjour de quarante ans dans le désert, les Israélites se sont élevés au rang d'anges du Ciel; ils étaient parés de force et de dignité; leur face luisait comme la Providence Divine. Ils possédaient en eux une partie de Divinité et de surcroît ils étaient dirigés par Moché. Par conséquent, pour le Roi d'Edom, le fait d'accorder aux Israélites la permission de passer par son territoire revenait à reconnaître le Créateur du monde: ce à quoi les Edomites s'opposaient de toute leur force. C'est un fait connu qu'Essav hait Ya'akov (Sifri, Béha'alotékha 9:10). La haine que porte Edom aux Israélites est tellement enracinée en lui, qu'il refuse l'or et l'argent qu'ils lui proposent, car cela correspond à en reconnaître l'existence, et avec elle, celle de leur Créateur...

On peut toutefois se demander pourquoi Moché voulait faire passer les Israélites précisément par le territoire d'Edom. Dieu aurait pu leur faire suivre un itinéraire différent et leur éviter le découragement engendré par la peur. C'est que Moché savait qu'Edom représentait le plus grand danger pour les Juifs jusqu'à l'avènement du Machia'h. Il voulait donc au plus tôt le vaincre pour lui faire prendre conscience de la grandeur d'Israël au plan spirituel. Et tout ce que Moché rectifiait, était rectifié pour l'éternité. L'entrée en Erets Israël lui était certes interdite (Nombres 20:12-13), mais il a conquis pour son peuple les territoires et a montré aux enfants d'Israël la voie à suivre jusqu'à ce qu'ils soient dignes de la Rédemption, dont la soumission d'Edom représente la genèse.

Toutefois, le Saint, béni soit-Il, n'a pas laissé les Israélites livrer combat à Edom, car l'heure de la Rédemption n'était pas encore venue. Le choix se trouvait entre les mains d'Edom et celles d'Israël. Quand c'est la voix de Ya'akov qui se fait entendre dans les synagogues et les maisons d'étude, les mains d'Essav sont dépourvues de tout pouvoir, comme nous l'avons vu (Béréchith Rabah 65:16; Zohar I, 171a). Mais quand, à Dieu ne plaise, c'est le contraire qui se passe, ce sont les mains d'Essav qui prédominent et la voix de Ya'akov sera obligée de revenir à l'étude et la prière à cause des malheurs que les nations lui feront subir... Si Edom n'a pas laissé les Israélites transiter par son pays, c'est parce qu'il craignait d'être influencé par eux d'en venir à reconnaître Dieu et de se repentir de ses méfaits. Il craignait aussi de reconnaître les bénédictions qui reviennent à Ya'akov... ce qui revient à sa disparition de la surface de la terre. En fin de compte, Edom a donc préféré perdre de grosses sommes d'argent plutôt que de donner aux Israélites l'autorisation de passer par son territoire.

On peut se demander pourquoi Edom n'a pas craint de livrer combat aux Israélites. Il avait bien entendu ce qui était arrivé à Pharaon, le roi d'Egypte. A leur tour, ils tremblent, les chefs d'Edom, les vaillants de Moav sont saisis de terreur (Exode 15:15). En fait, le roi d'Edom a aussi été très effrayé par les enfants d'Israël, mais quand il a vu l'obstination de Moché de passer par son territoire, prêt à payer chaque goutte d'eau que boiraient les Israélites, il a craint d'être influencé par Moché qui l'inciterait à se repentir, à se rapprocher de la Torah qui est comparée à l'eau (Bava Kama 17a) et à sortir l'amer venin de l'aspic de sa bouche (cf. Job 20:14). Ainsi, s'il est sorti fortement armé à sa rencontre, c'est pour lui faire comprendre que la guerre spirituelle contre les enfants d'Israël n'est pas achevée et qu'elle se poursuivra jusqu'à la Rédemption finale...

Alors qu'Edom menaçait de se porter en armes contre le Peuple d'Israël, car sa force résidait essentiellement dans l'épée et la lance, la force d'Israël résidait dans la bouche, comme il est écrit: Nous avons imploré l'Eternel, et Il a entendu notre voix (Nombres 20:16). Les Juifs s'effacent complètement devant Dieu en ne prenant rien d'autre en considération. S'ils croient ainsi parfois profaner le nom de Dieu, ils Le sanctifient en fait. Expliquons-nous.

Une belle kipah sur la tête, Mr. Cohen veille à ne manger que de la nourriture cachère; il s'efforce d'accomplir le maximum de mitsvoth, alors que son entourage le tourne en dérision. Il pense alors qu'en agissant de la sorte, il profane le nom de Dieu. Qu'il sache toutefois qu'en restant impassible devant leur risée, en continuant à accomplir les mitsvoth et à étudier la Torah, il sanctifie au contraire le nom de Dieu... Dans le contexte de notre leçon, le Saint, béni soit-Il, a ordonné aux Israélites de ne pas livrer combat à Edom. Ils se sont conformés à la volonté divine, ont sanctifié l'Eternel et n'ont pas craint de profaner Son nom en agissant ainsi. Ils n'ont pas pris en considération l'opinion des nations selon laquelle ils étaient trop faibles pour la guerre.

Malgré ses préparatifs de guerre, Edom n'a pas poursuivi les enfants d'Israël et ne leur a pas livré combat. Ce qu'il visait, c'est de montrer que chaque côte essaye constamment d'affaiblir l'autre, aspect de: Edom a été détruite, et Yérouchalayim se construit; Yérouchalayim a été détruite et Edom se construit (Méguilah 6a). Israël vise à influencer Edom, et vice versa. Cette lutte se poursuivra jusqu'à la Rédemption où s'accomplira le verset: Et les libérateurs monteront sur la montagne de Tsion pour se faire les justiciers du mont d'Essav... Le Saint, béni soit-Il, effacera alors complètement Edom et les forces du mal qu'il incarne. Au plus vite, de nos jours. Amen.

 

 

Des leçons à tirer des événements auxquels nos ancêtres ont assisté dans le désert
TABLE DE MATIERE
Par le mérite de la Torah vous n'emprunterez pas la voie des nations

 

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