Introduction de l’auteur

Loué soit le Créateur dont la grâce ne me quitte pas et qui m’a permis de publier mon commentaire sur le livre Béréshit, qui contient les enseignements que j’ai propagés en Yéshiva et à diverses occasions de par le monde, que j’ai intitulé Pah’ad David, La Peur de David, car le mot Pah’ad est composé des initiales des noms Pinto, H’anania, David.

Ce livre n’est pas destiné à des érudits qui me sont supérieurs. Il a été écrit à la demande de nombreux élèves afin qu’ils puissent garder mes conférences en mémoire, et puisque c’est mon devoir et ma raison d’être, j’ai accédé à leur demande.

Nos Sages racontent une histoire merveilleuse concernant Hillel l’Ancien (Vayikra Rabba 34:3). Ses élèves l’ont rencontré en chemin et lui ont demandé où il allait. Il leur répondit qu’il allait accomplir une mitzva. Laquelle? lui demandent-ils. « Je vais aux bains, comme il est dit: ‘je laverai mes mains propres’ (Téhilim 26:6) ». Est-ce une mitzva? Pourquoi lui ont-ils demandé où il allait? Avaient-ils besoin d’être au courant de sa conduite personnelle? Et pourquoi leur a-t-il dit qu’il allait accomplir une mitzva? Hillel aurait pu leur dire simplement qu’il allait aux bains, pourquoi a-t-il élaboré sa réponse en citant un verset des Psaumes?

Qu’Hillel l’Ancien sorte de chez lui est une chose exceptionnelle, puisque sa place est dans la maison d’étude, dans « les quatre coudées de la loi ». S’il sort, il faut se demander pourquoi. C’est lui qui avait mis en garde ses disciples en leur disant: « Ne juge pas ton ami avant de te trouver à sa place » (Avot II: 5), et ses élèves lui demandent où il se rend afin d’éviter tout soupçon! De plus, il leur avait enseigné (ibid.): « Ne dis pas ce qui ne doit pas s’entendre, en fin de compte ce sera divulgué ». Comment peuvent-ils prononcer l’indicible? Comment peuvent-ils prétendre l’avoir vu en dehors des quatre coudées de la loi? Qui les écoutera et qui les croira? C’est pourquoi ces hommes justes ont préféré lui demander où il se rendait, et il leur a répondu qu’il allait faire une mitzva, justement afin d’entamer le dialogue, pour qu’ils lui demandent de quelle miztva il s’agissait.

Après toute une journée passée dans la maison d’étude à s’efforcer, en transpirant, de comprendre la Torah, il paraît normal d’être pris du désir d’aller aux bains pour se rafraîchir. Mais il semble que ce serait abandonner l’attachement à D. pendant les quelques minutes où l’on se libère des études, même pour aller aux bains! C’est pourquoi, dès que l’on ressent le besoin d’aller aux bains, il faut le faire dans la seule intention d’être propre pour servir D. C’est une continuation de l’étude qui ne constitue en rien une rupture dans l’attachement à D. De cette façon, depuis le moment où l’on quitte l’étude jusqu’au moment où l’on y revient, chaque étape, chaque pas, est compté comme l’accomplissement d’une mitzva. Si même l’acte de se laver doit être accompli comme un commandement, à plus forte raison celui de terminer sa prière et rentrer chez soi ou vaquer à ses occupations ne doit pas rompre le lien qui lie au Créateur. De même, celui qui doit rompre son étude pour déjeuner est susceptible de se laisser entraîner par son appétit, ce qui lui ferait perdre plus que ce qu’il a gagné, car il est plus facile de détruire que de construire.

Il faut toujours penser, quoi que l’on fasse et même dans les activités les plus prosaïques, que l’on sert D. afin que le lien ne soit jamais rompu.

En ces chaudes journées d’été, alors que chacun part en vacances se reposer de ses occupations de l’année et va se réfugier dans quelque coin perdu, n’oublions pas que « celui qui Me quitte un jour, Je le quitterai deux jours » (Yéroushalmi Brach’ot 9:5). Ceux qui partent deux et trois semaines perdent beaucoup et se font grand tort. Si Hillel l’Ancien a considéré le fait d’aller aux bains comme une mitzva sous peine de rompre son lien avec D., que dire de nous, qui partons en vacances pour plusieurs semaines? Quel rejet de la Torah! Le Temple fut détruit pendant les mois d’été, Tamouz et Av. Pourquoi justement à ce moment-là? Les explorateurs dont parle la Torah ont causé par la suite la destruction du Temple (Ta’anith 29a). Les Tables de la Loi aussi furent détruites le 17 du mois de Tamouz (ibid. 26b), car ce jour-là aussi, le peuple n’avait pas attendu le retour de Moshé, et son désir de repos l’avait incité à faire le veau d’or qui causa le bris des Tables, des Tables qui sont une « muraille » qu’un bref repos vient fragmenter. C’est ce que Moshé leur dit: par votre désertion, vous avez fait tomber la muraille de la Torah qui vous protégeait (Sotah 21a), comme il est écrit: « ...les eaux, comme une muraille, s’élevaient sur leur droite et sur leur gauche » (Shemot 14:29), et l’eau symbolise la Torah (Babba Kamma 17a).

Pour avoir abandonné un instant la Torah, ils en sont venus à transgresser les interdits de l’inceste, du meurtre et de l’idolâtrie, comme il est écrit: « Ils se livrèrent à des réjouissances » (Shemot 32:6).

C’est effrayant! La génération qui a reçu la connaissance a commis les fautes les plus graves, simplement pour avoir oublié un instant la Torah! Que dire de nous-mêmes? Le danger est d’autant plus grand à une époque de licence et de débauche. Evidemment, nous devons prendre du repos, parce que nous devons clarifier nos esprits et acquérir de nouvelles forces.

Il est évident qu’il faut consacrer son temps de vacances à l’étude de la Torah, et chercher un endroit où les hommes ne se conduisent pas de façon indécente et immorale. Si l’on cherche à s’en protéger toute l’année, il faut surtout l’éviter pendant les mois de Tamouz et de Av, pour ne pas perdre le bénéfice de bonnes habitudes.

Quel mérite, et quelle récompense de choix D. réserve à tous ceux qui, justement pendant l’été, s’assoient et étudient la Torah! C’est pour ceux-là que le monde fut créé, pour celui qui brûle du feu de la Torah au lieu d’être écrasé par la chaleur du soleil des bords de mer. Le prophète Yérémia nous dit (Ech’a 3:40): « Examinons nos voies, scrutons-les... (les mots « examinons » nech’apsa, et « vacances » ch’ofesh, sont composés des mêmes lettres v p j). Chacun doit profiter des jours de vacances pour examiner ses voies et faire un bilan.

Il ressort de tout ce que nous avons dit que le temps de la rédemption commence le 17 Tamouz, jour où les Tables de la Loi furent brisées. Ce même jour, le tamid, le sacrifice exigible chaque jour de l’année, fut interrompu; ce jour-là, le Séfer Torah fut brûlé, les Tables de la Loi furent brisées. Chaque génération peut être soumise à des décrets sévères, si elle ne corrige pas ses fautes passées. Nous devons nous trouver, à chaque instant, dans les « quatre coudées de la loi », de la Torah, ou de la mitzva.

« Que l’Eternel veuille bien me venir en aide, que D. m’aide à honorer Son Nom, qu’Il ouvre nos cœurs à Sa Torah et au désir de le craindre, et nous aide à vaincre à chaque instant notre mauvais penchant. Que nos pensées soient toujours saintes et pures afin que nous Le servions comme il convient. Amen, qu’il en soit ainsi ».

 

 
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