Le renouvellement de l’œuvre de la création; Un acte de bienveillance

L’œuvre de la Création se renouvelle, comme on sait, chaque jour, et nous mentionnons ce fait dans la prière du matin: « ...Qui dans Sa clémence éclaire la terre et ses habitants, qui dans Sa bonté renouvelle chaque jour l’œuvre de la création ». C’est un miracle permanent, qui se reproduit de jour en jour.

Il nous semble nécessaire d’expliquer le langage de cette bénédiction.

1. Quel est le sens de « Qui éclaire la terre et ses habitants »? Car enfin, si D. éclaire la terre, il s’ensuit nécessairement que les habitants de la terre bénéficient de cette lumière, pourquoi donc ajouter « et ses habitants »?

2. Si la lumière était destinée aux habitants de la terre, il aurait suffit de dire: « Qui éclaire les habitants de la terre ». Quel besoin y a-t-il de préciser « qui éclaire la terre »?

3. De plus, il faut expliquer le mot « clémence ». En quoi le fait de donner la lumière aux habitants de la terre est-il un acte de clémence de la part de D.?

4. Pourquoi faut-il préciser de plus que dans Sa bonté, D. renouvelle chaque jour les œuvres de la création comme si ce n’était pas une manifestation évidente de la bonté de D.?

Avec l’aide de D., nous allons répondre à ces questions.

Les Sages nous disent qu’au moment de la création, non seulement les anges, mais aussi certaines des Vertus, ont plaidé devant D. contre la création de l’homme parce qu’il allait fauter, disant: « Qu’est donc l’homme pour que Tu penses à lui? » (Téhilim 8:5). Mais D. dans Sa clémence et Sa bonté infinies fit taire ces voix rebelles et accusatrices et Il donna, malgré elles, la lumière à la terre, en particulier cette lumière dont il est dit (Béréshit Rabba 12:6): « D. a vu que les hommes méchants ne méritent pas la lumière puisque par leurs mauvaises actions, ils ne font que répandre l’obscurité sur la terre comme il est écrit (Ishaya 29:15): « ils agissent dans l’obscurité », c’est pourquoi D. a caché la lumière primordiale, Il la mit à part et la réserva aux Justes à l’avenir ». S’il en est ainsi, la terre entière devrait être plongée dans l’obscurité  à cause des péchés des hommes, comme ce fut effectivement le cas en Egypte durant la plaie des ténèbres (Shemot 10:23) dont il est dit que « personne ne pouvait voir son prochain, ni bouger pendant trois jours ». Mais « les Juifs avaient de la lumière dans toutes leurs maisons » car D., dans Sa bonté, continuait de donner la lumière aux Juifs. Chaque matin, Il accomplit pour nous ce miracle, et éclaire le monde et les habitants de la terre.

A propos du verset (Shemot 20:24): « En quelque lieu que Je fasse invoquer Mon Nom, Je viendrai à toi pour te bénir », les Sages disent que si quelqu’un commet une faute dans un lieu défini, ce lieu sera détruit pour toujours, il ne pourra jamais être reconstruit (Zohar II 28a). La bénédiction ne se trouve qu’en un lieu où le Nom de D. est invoqué et Sa volonté accomplie. Mais un lieu où l’on commet une faute, où l’on transgresse la volonté divine, est maudit et mérite d’être détruit. Nous apprenons dans la Mishna (Avot III:2): « Lorsque deux personnes sont réunies et ne s’entretiennent pas de Torah, c’est une réunion de persifleurs ». Pourquoi le mot exclamatif: « voici »? Le livre Beit Aharon explique: « Voici » est comme une enseigne qui désigne définitivement ce lieu comme un lieu de rencontre de persifleurs. Si d’autres voulaient l’utiliser, ils ne pourraient pas y étudier, car ce lieu n’est pas béni, mais au contraire, chargé d’influence maléfique et de malédiction ».

Nous avons des preuves innombrables que nos sens sont capables de discerner les endroits où des fautes ont été commises ou qui sont entachés d’impureté, et dont il faut s’éloigner. L’avertissement de s’éloigner des lieux où se pratique l’idolâtrie est souvent répété (voir Avoda Zara 17a). Même celui qui ne fait que passer subit l’influence d’un tel lieu et de ce qui s’y pratique et - D. nous en préserve - l’esprit impur s’accroche à lui.

Le livre Lev Eliyahou rapporte un fait terrible dont on peut tirer une grave leçon. Dans un certain hôpital, de nombreux malades furent soudain atteints de maladies graves, inconnues jusqu’alors. La direction de l’hôpital procéda à une enquête et découvrit finalement que certains microbes avaient causé ces graves maladies mais qu’elle ne parvenait ni à les isoler ni à les neutraliser. Après avoir longuement discuté du problème, elle conclut que la seule solution était de détruire et de brûler le bâtiment de fond en comble. Qu’un lieu puisse avoir une influence néfaste sur tout ce qu’il contient nous donne à réfléchir et nous invite à un examen de conscience.

La terre ne mériterait pas de recevoir la lumière divine, puisque les hommes, par leurs actes dénaturés et les méfaits qu’ils commettent ont une influence néfaste sur la terre, le lieu de leurs fautes, et par conséquent elle devrait s’obscurcir le matin, elle devrait être privée de lumière. Malgré cela, D. dans Son infinie bonté, éclaire la terre et le monde tout entier, y compris les endroits souillés qui ne méritent pas d’être éclairés. C’est pourquoi il est spécifié dans la bénédiction: « Qui éclaire la terre », outre le fait qu’Il éclaire les habitants de la terre, ce qui est un prodige admirable et fantastique, qui de plus, se produit chaque jour, sans cesse.

En fait, nous sommes témoins chaque jour d’un autre miracle de la création. Il est dit: « De même que D. fait la paix dans les Cieux, ainsi Il fera la paix sur nous ». Qu’est-ce que la paix dans les Cieux?

Chaque commandement est sans limite dans la possibilité que nous avons d’en perfectionner l’exécution, mais ce n’est pas le cas de la lumière et de l’obscurité, qui sont limitées par la volonté même de D., comme il est écrit (Béréshit 1:5): « Et D. appela la lumière Jour, et Il appela les ténèbres Nuit ». Rashi explique à ce sujet (verset 4): « Il a vu que la lumière est bonne et il ne convient pas que la lumière et l’obscurité opèrent ensemble et soient mêlées l’une à l’autre, et Il leur a fixé des limites, à l’une le jour, à l’autre la nuit », comme disent nos Sages (Pessah’im 2a): « D. fit venir la lumière et l’a préposée aux commandements du jour, et Il fit venir la nuit et l’a préposée aux commandements de la nuit ». Il les limita dans le temps, interdisant à chacune d’empiéter sur le domaine de l’autre. Mais la lumière et l’obscurité ne cesseraient de s’opposer l’une à l’autre si D. n’avait pas fait la paix entre elles, miracle supplémentaire.

La lumière autant que l’obscurité dépendent des actions des hommes. S’ils sont bons et agissent correctement, ils feront la lumière, sinon, ce sera l’obscurité. La bénédiction: « Qui dans Sa clémence éclaire la terre et ses habitants », signifie que la lumière sur terre provient du mérite des bonnes actions de ses habitants, et D. « dans Sa bonté renouvelle chaque jour les œuvres de la création », car chaque jour Il réconcilie la lumière avec l’obscurité afin d’éclairer Israël en ce monde.

Il nous faut ici dire quelques mots de réprimande au sujet des danses mixtes, lors de diverses célébrations. Combien de fautes sont causées par la promiscuité, combien le pouvoir du mal augmente lorsque, dans ces danses mixtes, les hommes et les femmes ont des contacts physiques impurs les uns avec les autres, ce qui est très néfaste. Il en est de même pour un mari qui, en temps normal et en privé, s’abstient de tout contact avec sa femme en observant les lois de la pureté familiale mais, lors d’une festivité où les danses sont mixtes, en viendra nécessairement à toucher sa femme s’ils dansent ensemble. Il est extrêmement grave de transgresser les interdits des lois de la pureté familiale.

Nous sommes aujourd’hui témoins du fait que les fautes de notre génération et la propagation des impuretés nous rendent indignes de la lumière divine. Sans cette lumière nous ne pourrions pas subsister, si D. dans Son infinie bonté ne renouvelait pas jour après jour l’œuvre de la création et n’éclairait pas la terre et ses habitants sans prendre en considération leur mauvaise conduite. Nous jouissons de Sa lumière, indépendamment de nos mérites. Mais ceci dit, nous devons de nous-mêmes corriger nos actes afin de mériter en toute justice la bonne influence de la lumière divine, et non en profiter comme un dû procédant de Sa grande indulgence, chaque jour, toujours.

Sur cette base, nous pouvons comprendre la suite du verset (Béréshit 1:5): « et ce fut le soir, puis le matin - un jour ». Le mot vayehi a une connotation d’affliction (Méguilah 10b). Quelle affliction pouvait-il y avoir dans la création, au point que cette expression d’affliction soit répétée à chaque jour de la création?

Les Sages disent que chaque jour, l’attribut de Justice présentait ses plaintes au Créateur, Lui demandant de ne pas continuer l’œuvre de la Création à cause des fautes qu’allait commettre Israël. Il est écrit « vayehi - ce fut le soir puis le matin » au terme de chaque jour de la création, pour exprimer que D. avait de la peine, autant le jour que la nuit, à cause des plaintes avancées par l’attribut de Justice. Mais D. n’a pas prêté attention à ses paroles, et Il a tout de même créé le monde, jour après jour, et c’est pourquoi le mot « jour » est répété. Le mot yom désigne la lumière du jour, et cette lumière, c’est la Torah, comme il est écrit (Mishley 6:23): « Le commandement est flambeau et la Torah est lumière ». De même dans le Midrash (Béréshit Rabba 1:6), il est dit que la lumière représente les bonnes actions des hommes vertueux. Ce qui signifie que D. a créé le monde pour la lumière de la Torah et pour les Justes, et que pour le créer Il a associé l’attribut de Miséricorde à l’attribut de Justice. Le jour fait également allusion à la Torah comme il est écrit (Téhilim 95:7): « En ce jour, si seulement vous écoutez Sa voix », et de même il est écrit (Dvarim 4:4): « Vous êtes tous vivants, en ce jour », et (Téhilim 19:8): « la Torah est un réconfort pour l’âme », elle dirige le cœur de l’homme vers D. et elle donne la vie à qui en fait la base de ses activités.

Malgré l’affliction que Lui cause la création, D. a associé la Justice à la Miséricorde, Il a associé la Justice à la lumière, à la Torah, et Il a créé le monde avec ces deux mesures, car la Justice est nécessaire afin de punir comme il se doit ceux qui méprisent la Torah .

La bénédiction « Qui dans Sa clémence éclaire la terre et ses habitants » est précise au plus haut point, car il n’est de lumière que la Torah, et dans Sa bonté « Il renouvelle chaque jour les œuvres de la création » pour les Justes, malgré les objections de l’attribut de Justice. Le but de la création du monde est qu’Israël suive la voie des Justes, comme il est écrit (Mishley 2:20): « Afin que tu poursuives le chemin des hommes de bien et que tu suives la voie des hommes Justes » par ton obéissance à la Torah, et alors les œuvres de la création pourront se renouveler de jour en jour, toujours, selon Sa volonté.

 

 

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