La foi se renouvelle avec le renouveau de la  création

Chaque matin dans notre prière, nous reconnaissons et louons D. « qui, dans Sa clémence, éclaire la terre et ses habitants, et qui dans Sa bonté renouvelle chaque jour les œuvres de la création ». Chaque jour, se produit un renouveau de la création du monde. Cela nous remplit d’admiration et nous oblige à nous exclamer: « Combien grandes sont Tes œuvres, ô D, combien pleines de Ta sagesse ». De même que chaque œuvre d’art témoigne de l’artiste, de même le monde entier témoigne de D. qui en est le Créateur. C’est pourquoi, lorsque nous constatons avec quelle perfection et quel ordre D. a créé le monde et ses merveilles en Dix Paroles (Avot V:1), nous clamons spontanément notre admiration: « Combien grandes sont Tes œuvres, ô D.! » Le roi David, le doux chantre d’Israël, dit: « Les cieux racontent la gloire de D. et le firmament proclame l’œuvre de Ses mains; le jour en fait le récit au jour et la nuit en donne connaissance à la nuit » (Téhilim 19:2-3), et il exprime cette exaltation encore et encore, de toutes les façons possibles!

En méditant l’œuvre de la création, nous nous rendons compte que D. veille sur Son monde avec bienveillance et bonté, et si Sa grande miséricorde n’y pourvoyait, tout disparaîtrait en un instant et le monde entier risquerait d’être anéanti (comme si, par exemple, la couche d’ozone qui protège l’atmosphère venait à manquer, car elle aussi est entre les mains de D.). Cela annule fondamentalement les thèses des chercheurs, des philosophes et des scientifiques qui soutiennent sans preuves irréfutables que le monde est le produit du hasard et qui nient la Providence Divine. Il existe un Créateur, c’est Lui qui dirige le monde, c’est Lui qui S’est révélé à Avraham notre ancêtre et lui a dit: « C’est Moi le Maître du monde » (Béréshit Rabba 39:1).

Nous devons connaître et comprendre toutes les notions qui méritent examen.

Nous devons savoir comment échapper à l’influence de tous ces scientifiques et idéologues, et refuser d’être induits en erreur par des théories hérétiques qui affirment que le monde existe par lui-même. La capacité de compréhension de l’homme est limitée et il lui est facile de tomber dans le piège de ces idées fausses. Comment consolider notre conviction qu’effectivement D. renouvelle le monde chaque jour, car il est si facile de se tromper et d’être pour ainsi dire ensorcelé par toutes les inventions de la science moderne. Comment peut-on ne croire qu’en D. face à de telles théories?

De plus, toute la création, ce monde-ci comme l’autre monde, ne fut créée que pour l’homme (Pessikta Zouta Béréshit 1:1), et chacun doit penser « c’est pour moi que le monde fut créé » (Sanhédrin 37a). C’est dire que l’homme est le centre de la création et il en est la raison d’être. Il est très difficile de trouver une application de ces propos de nos Sages. Les hommes vertueux, ces gens dont la grandeur d’âme et la sagesse de cœur sont au service de D., qui sont remplis de la crainte et de l’amour de D., dont l’existence même est entièrement consacrée à D., qui ont pénétré les secrets de la création, peuvent effectivement dire « c’est pour moi que le monde fut créé ». Quand bien même ces mots ne sortent pas de leur bouche, ils savent très bien dans quel but ils sont venus au monde: pour servir D. sincèrement et parfaitement, pour se sanctifier par leurs actes, leur connaissance de la Torah, leur mise en pratique de ses lois, et leurs vertus exemplaires. S’il en est ainsi, ils ont besoin de ce monde pour parvenir au but de leur existence, et ils peuvent dire: « C’est pour moi que le monde fut créé ». Mais comment peut-on obliger ceux qui ne se distinguent pas par des actes particuliers à dire que c’est pour eux que le monde fut créé? Le fait est que leur intelligence est trop limitée pour pouvoir comprendre ce concept. Et même si nous voulions les convaincre que c’est pour eux que le monde fut créé, comment cette conviction pourrait-elle pénétrer leurs cœurs si rien ne peut leur faire ressentir cette vérité? « C’est pour moi que le monde fut créé » s’applique à chaque Juif, et la croyance provient du cœur. Qu’est-ce qui va faire pénétrer cette croyance dans les cœurs?

Nous devons comprendre la répétition de l’expression de la prière: « qui dans Sa clémence éclaire la terre et ses habitants » car si D. éclaire la terre et ses habitants, ils bénéficient eux aussi de Sa lumière, et il semble inutile de le préciser. C’est un fait que toutes nos prières reposent sur des bases solides, elles ont été formulées par les Sages du Grand Sanhédrin qui ont pesé chaque mot avec soin et précision.

Les Sages expliquent (Makot 24a): « Vint H’abakouk qui résuma tous les commandements de la Torah en un seul: la foi, comme il est dit (H’abakouk 2:4): Le Juste vivra par sa foi ». C’est-à-dire que le fondement de tous les commandements est la foi, et lorsque cette foi est solidement ancrée en nous, nous avons la force d’obéir à tous les commandements avec joie, « sans rien ajouter et sans rien omettre » (Dvarim 13:1). Celui qui agit ainsi vivra, et il pourra étudier la Torah qui est nommée Vie (Yirouvin 54a). Il sera toujours prêt à obéir à la volonté de D.

Il ne fait aucun doute que toute la Torah et tous les commandements ont pour base et pour fondement la foi, comme le dit le roi David (Téhilim 119:86): « Tous Tes commandements sont (à exécuter) avec foi », mais la foi en elle-même n’est pas une chose facile à acquérir dans tous ses aspects et dans tous ses détails, et les Sages ont déjà remarqué (Brach’ot 33b), concernant le verset: « Et maintenant Israël, qu’est-ce que l’Eternel ton D. te demande, si ce n’est de Le craindre » (Dvarim 10:12), « Tout dépend de la volonté divine, sauf la crainte de D. ». Et les Sages demandent (Brach’ot ibid.): « Est-ce donc que la crainte de D. est une chose si facile? » Nous posons la même question concernant la foi - qui dépend de l’homme - la foi est-elle tellement facile à acquérir?

Il est vrai qu’un homme parfait a une foi qui l’amène à obéir à tous les commandements et à observer toute la Torah, et il le fera facilement, mais comment peut-on demander au reste du peuple d’Israël, gens simples, de parvenir, au moyen de la foi, au même degré d’observance de toutes les limites et de toutes les restrictions que les Sages ont ajoutées aux commandements de la Torah? Est-ce possible?

Le saint Ari zal nous a révélé que chaque nuit, à l’heure où nous dormons, lorsque le sommeil s’empare de nous, les Intelligences s’élèvent vers les cieux, s’y nourrissent de l’éclat de la lumière céleste, y reçoivent abondance et clarté, et nos forces se renouvellent. Cela explique les paroles du prophète Yérémia (Ech’a 3:21): « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta constance ». C’est dire que chaque matin nous nous réveillons avec des forces spirituelles renouvelées, et nous proclamons « grande est Ta constance ». Notre foi en D. est accrue car les Intelligences ont été alimentées pendant notre sommeil. Elles ont reçu de D. une existence nouvelle, et en nous levant le matin, reposés et dispos, nous nous sentons frais comme un nouveau-né.

Si chacun de nous n’est pas capable de le comprendre et de le ressentir effectivement, les Intelligences elles, ressentent chaque matin ce renouvellement et l’abondance de clarté qu’elles ont reçus de D. et dont elles ont été imprégnées. Ces Intelligences ont la capacité d’insuffler dans le cœur de chaque homme la croyance parfaite que tout ce qui est ne fut créé que pour lui, qu’il est le but de la création, que tout ce qui existe est là pour le servir et répondre à tous ses besoins, et que son but à lui est d’obéir à la volonté du Créateur, car il possède une âme en commun avec les mondes supérieurs d’où elle reçoit en abondance une nourriture spirituelle. Elle voit clairement comment D. dans le monde céleste, prend plaisir en la compagnie des âmes des Justes, elle voit l’hommage que les Justes rendent au peuple d’Israël lorsqu’ils lui disent: « Le monde entier ne fut créé que pour Israël, qui est appelé le commencement » (Pessikta Zouta, Béréshit 1).

Et donc, après que ces Intelligences ont plané dans les hautes sphères et constaté qu’Israël est le but de la création, il ne fait aucun doute qu’elles impriment la foi en D. dans le cœur de chaque Juif, même s’il est ignorant, et tous peuvent apprendre que « c’est pour moi que le monde fut créé » grâce au renouvellement de chaque matin. A partir de ce moment-là, la voie est ouverte et chacun peut devenir un fervent croyant, car ses Intelligences se renouvellent chaque jour, et il a le pouvoir d’acquérir facilement cette foi s’il médite chaque jour le renouvellement de l’œuvre de la création.

Chaque homme a l’obligation de dire « c’est pour moi que le monde fut créé », car chacun dispose de l’intelligence nécessaire pour parvenir à cette connaissance, s’il active les Intelligences et fait de ce potentiel une réalité.

Revenons à la répétition de l’expression « qui éclaire la terre - et ses habitants » que l’on prononce dans la bénédiction. De même que le monde se renouvelle chaque jour, toujours, comme il est dit: « dans Sa Bienveillance Il renouvelle chaque jour l’œuvre de la Création, toujours », de même en est-il de ses habitants. Non seulement la terre elle-même, c’est-à-dire ses habitants, mais aussi les Intelligences, se renouvellent chaque jour, toujours, afin de remplir nos cœurs de foi. Dès qu’Adam, la créature façonnée des mains de D. (Kohélet Rabba 3:14) reçut le souffle de vie (Béréshit 2:7), il sut Qui l’avait créé. Et il sut que le monde entier n’avait été créé que pour lui, il sut de lui-même appeler D. Maître du monde (Béréshit Rabba 17:5) et Roi de toute la création, et il eut une connaissance parfaite de D.

Le renouvellement quotidien des Intelligences est inséparable de l’œuvre de la création. Celui qui ne réfléchit pas logiquement, qui ne veut pas croire en D. Créateur du monde, qui réfute le concept que l’homme est le centre de la création et que le monde fut créé pour lui, ne fait que se mentir à lui-même, puisque les Intelligences lui procurent chaque matin un renouveau et transmettent à tout son corps l’abondance dont D. les remplit pendant la nuit. De même que celui qui touche un courant électrique est immédiatement électrocuté, de même lorsque les Intelligences touchent le corps de l’homme, il est immédiatement rempli de l’abondance des bienfaits qu’elles ont reçus pendant la nuit dans les mondes supérieurs.

Les Sages ont dit (Sanhédrin 38a): « un seul homme fut créé le sixième jour... afin d’être invité au repas comme un hôte qui trouve tout préparé à son arrivée. Ceci est comparé à l’histoire d’un roi qui fit construire un palais, prépara un festin, et convia ses invités, comme il est dit (Mishley 9:1): La sagesse des femmes bâtit leur demeure ». Il est clair qu’il ne serait pas de bon ton de commencer à nettoyer la maison et de préparer le festin en présence de l’invité, et il convient que tout soit fin prêt d’avance afin de recevoir l’invité et lui faire savoir que tout a été préparé en son honneur.

L’œuvre de la création se renouvelle chaque jour, toujours, expressément pour l’homme. Lorsque l’homme se réveillera de son sommeil, il trouvera tout prêt pour ses besoins. Il saura que D. a tout renouvelé pour lui. De plus, D. renouvelle aussi ses Intelligences chaque jour, afin de lui permettre d’arriver à la connaissance, et ce, à la mesure de son désir de savoir, de sa réflexion, de sa volonté, car tous les moyens de parvenir à la connaissance lui sont donnés.

Nous en venons à une explication plausible des paroles du prophète H’abakouk: « Le Juste vivra par sa foi ». En fait, tout Juif est considéré comme Juste, comme il est écrit (Ishaya 60:21): « Ton peuple n’est composé que de Justes, ils hériteront de la terre pour toujours ». C’est-à-dire que chaque Juif a une place dans le monde à venir, et une part d’héritage de la terre d’Israël. Mais ce n’est que lorsque l’homme se réveille le matin qu’il est considéré comme vivant, car lorsqu’il dort c’est comme s’il était mort puisque « le sommeil est un soixantième de la mort » (Brach’ot 57b). D’autant plus qu’il est alors dans un état incertain: peut-être va-t-il se réveiller, peut-être ne va-t-il pas se réveiller... Ce n’est que lorsqu’il se réveille qu’il n’y a plus de doute et qu’il est considéré comme vivant. C’est ce qui est écrit (H’abakouk 2:4): Le Juste, c’est-à-dire tout Juif en ce qu’il est appelé Juste, vit par sa foi. Comment? Lorsqu’il se lève le matin, il a la possibilité de bien agir et il se réveille pour servir D. car ses Intelligences ont pu lui transmettre une foi pure en D. (l’on ne comprend pas comment cette foi pénètre son cœur mais c’est justement grâce aux Intelligences qu’elle le pénètre). Et alors, plein de foi, il peut pratiquer avec joie les commandements de la Torah dont il est dit qu’ils sont la vie, ce qui nous montre que tous les commandements dépendent de notre foi.

Si nous tirons parti des Intelligences qui renouvellent nos forces « chaque jour, toujours », nous pouvons vraiment respecter la Torah et en observer les commandements conformément à la volonté divine, Le servir avec crainte, et remplir notre devoir en ce monde en pleine connaissance et de tout cœur. Et alors nous aurons effectivement le mérite d’échapper à toutes les idées hérétiques de ces scientifiques qui pensent que le monde est le produit du hasard. Alors, même le plus simple d’entre nous pourra dire « c’est pour moi que le monde fut créé », car il aura foi en D. et en Son monde.

Pourtant la condition primordiale à ce renouvellement, est l’attachement à D. par l’étude de la Torah, comme dit le prophète (Yérémia 33:25): « Si ce n’était pour Mon alliance de jour et de nuit, Je n’aurais pas créé le ciel et la terre ». Chacun doit étudier la Torah jour et nuit, comme il est écrit (Dvarim 6:7): « Tu en parleras lorsque tu es assis chez toi, lorsque tu vas ton chemin, en te couchant et en te réveillant », et les Sages ont dit (Yirouvin 65a): « La nuit n’a été créée que pour l’étude de la Torah ».

Nous pourrions nous demander comment il est possible d’étudier la Torah la nuit, alors que nous avons besoin de la nuit pour dormir et renouveler nos forces afin de pouvoir continuer l’étude de la Torah le lendemain. S’il en est ainsi, par quoi le monde continue-t-il à exister lorsque l’homme dort? L’homme peut-il être responsable du monde entier lorsqu’il dort? A plus forte raison s’il s’agit d’un homme au cœur simple, que la connaissance n’a pas pénétré.

En fait, il est du devoir de chacun d’étudier la Torah jour et nuit, comme il est écrit (Yoshoua 1:8): « Tu méditeras la Loi jour et nuit ». Il va de soi que dans ce cas, il se retire pour dormir après l’étude. Interrompre son étude pour aller dormir lui cause une grande peine, il voudrait tellement continuer à étudier avec enthousiasme, sans interruption.  D. qui connaît le fond des cœurs, voit sa grande peine, et « Il considère sa pensée comme un acte »  (Kidoushin 40a). Si son sommeil n’était un obstacle insurmontable, il aurait sûrement continué à étudier toute la nuit, et le sommeil lui serait compté comme s’il avait effectivement poursuivi son étude sans interruption. De plus, chaque nuit, son âme monte au ciel où elle entend des exégèses de la bouche de D. Lui-même (Zohar I 121b, 122a), c’est donc que même durant les heures de sommeil, « bien qu’il ne le sache pas, sa conscience le sait » (Méguilah 3a), et le monde continue d’exister grâce à la pureté de ses pensées.

Un tel homme s’élève en pureté et en sainteté, ses Intelligences se sont renouvelées pendant la nuit jusqu’au petit matin, et « il avance avec une force toujours croissante » (Téhilim 84:8), car même lorsqu’il dort, il reste attaché à D. et à la Torah, et le monde fut créé et existe pour lui. Le regret de ne pas pouvoir continuer à étudier et la pureté de son intention et de sa pensée sont considérés comme des actes, et une foi puissante se renouvelle en lui. A son réveil, il loue D. et Lui dit « Je Te remercie de m’avoir rendu mon âme... » et dans cette louange, il ajoute « avec compassion - grande est Ta foi » pour inclure la foi qui a pénétré son cœur sous l’influence des Intelligences renouvelées.

S’il en est ainsi, il faut dormir après une étude de la Torah, car s’endormir sur des occupations vaines (comme regarder la télévision ou écouter la radio, ou lire un livre qui véhicule des pensées fausses ou inutiles) est nuisible, non seulement parce qu’on n’a pas réalisé le verset « tu la méditeras jour et nuit », mais aussi parce qu’on a mis en danger l’existence du monde dont chacun a la responsabilité, et rompu le lien établi avec D… par l’étude de la Torah. C’est à cause de cette rupture qu’un tel homme est dit « mort », car « les méchants sont appelés morts même de leur vivant » (Brach’ot 18a), comme il est écrit: « Vous qui êtes attachés à l’Eternel votre D. vous êtes tous vivants en ce jour » (Dvarim 4:4). Seul celui qui est attaché à D. peut être appelé vivant, dans le sens de: « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta constance », et « le Juste vit par sa foi », ce qui n’est pas le cas de celui qui est éloigné de D. et qui ne mérite pas d’être appelé vivant, car ni sa foi ni ses Intelligences ne se renouvellent, et il est dommage qu’un tel homme qui aurait pu être si grand soit tombé si bas.

Certains individus, lorsqu’ils prient le matin, ont le cœur tourné vers des pensées étrangères tout en prononçant les mots de la prière. Qu’ils se demandent donc comment ils ont rempli leur journée et leur nuit précédentes, avant d’aller se coucher! Se sont-ils endormis débordants de foi et d’attachement à D. ou non? Seul celui qui s’endort, le cœur empreint d’attachement à D. après avoir étudié la Torah peut se réveiller comme « un Juste qui vit par sa foi ». C’est lui qui bénéficie du renouvellement des Intelligences et de toutes les grâces divines!

 

 

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