L’Homme fut créé à la ressemblance de D.

Les Sages ont dit (Béréshit Rabba 1:2): « Lorsque D. voulut créer le monde, il consulta la Torah et créa le monde, à la manière d’un architecte qui consulte les plans pour construire sa maison ». Pourquoi D. a-t-Il besoin de consulter la Torah?

La raison en est donnée par les Sages (Shemot Rabba 29:9): « Lorsque D. a donné la Torah à Israël, le monde entier s’est tenu coi et aucune créature n’a même bronché. » Il est difficile de comprendre pourquoi D. ne pouvait pas donner la Torah tandis que le monde continuait à vaquer à ses occupations habituelles, plutôt bruyantes que silencieuses.

Il faut également expliquer pourquoi il est dit d’une part que le monde entier s’est tenu coi, et d’autre part que le son du Shofar était très puissant, comme il est écrit (Shemot 19:19): « Le son du Shofar allait redoublant d’intensité ». Pourquoi ce clairon? Si le son du Shofar avait pour but d’impressionner les Enfants d’Israël et leur faire peur, le fait que D. les ait  obligés à recevoir la Torah en brandissant le Mont Sinaï au-dessus de leur tête sans leur laisser d’échappatoire (Shabbat 88a), aurait suffi à les effrayer. Pourquoi fallait-il sonner du Shofar?

Pour répondre à ces questions, citons les paroles des Sages (Béréshit Rabba 9:2): « D. a créé des mondes et Il les a détruits plusieurs fois avant de créer ce monde-ci, qu’Il a maintenu... » Il faut comprendre quelle est l’utilité de créer des mondes qui seront détruits. C’est que D. a vu que ces mondes ne pourraient pas subsister sans Torah. S’il en est ainsi, pourquoi les a-t-Il créés?

Tout cela s’explique par ce que disent les Sages (Béréshit Rabba 8:2) au sujet du verset (Mishley 8:30) « Je serai un enchantement perpétuel »: « Pendant deux mille ans avant la création du monde, D. se réjouissait en compagnie de la Torah, dont Il tirait un grand plaisir sans que rien ne vienne Le déranger, puisqu’Il était seul et entouré des âmes des Justes sous le Trône de Gloire ».

Il se peut donc que le silence du monde au moment du don de la Torah ait eu pour but de faire sentir aux Enfants d’Israël que le monde n’existe pas, n’existe plus, pour qu’ils ressentent le bien-être de D. et les délices de la Torah, ce qui leur permettra de conserver l’amour de la Torah dont ils ont goûté la douceur, telle qu’elle était avant la création, sans bruit et sans tumulte. Par ailleurs le son du Shofar retentit très fort au Mont Sinaï afin d’enseigner aux Juifs de toutes les générations à servir D. sans se laisser détourner par les problèmes temporaires de leur environnement, pour que même s’il règne beaucoup de bruit à l’entour, ils ne l’entendent pas, afin qu’aucun tumulte ne les détourne de l’étude de la Torah et ne les en sépare. Même si l’on entend les bruits du dedans et du dehors, même si l’on est assailli de problèmes, on n’abandonne pas l’étude de la Torah, car tous les soucis, tous les problèmes et la privation des bienfaits du ciel, ne sont que la conséquence de l’abandon de la Torah, comme le disent nos Sages (Brach’ot 5a): « Celui qui connaît des souffrances, qu’il en cherche la cause dans ses actes; s’il a examiné ses actes sans rien trouver, il saura qu’elles proviennent de son abandon de la Torah », c’est-à-dire que lorsqu’il voit qu’il ne bénéfice plus des bontés du ciel, il saura que c’est pour s’être laissé entraîner par les bruits de ce monde et avoir abandonné l’étude de la Torah de jour et de nuit.

Chacun doit percevoir la Torah comme avant la création, goûter ses délices, dans le sens de « goûtez et voyez combien l’Eternel est bon » (Téhilim 34:9), et « il n’y a de bon que la Torah » (Brach’ot 5a). C’est pourquoi la création tout entière s’est tue, afin que nous puissions apprécier la Torah, mais la poursuite des vanités et le tumulte de ce monde nous privent des bienfaits que prodigue la Torah et ne nous permettent malheureusement de ne percevoir que l’écho des problèmes.

Maintenant, nous pouvons comprendre ce qu’ont dit les Sages: « D. consulta la Torah et créa le monde ». Pour nous enseigner que, tous les bruits de la création ne dérangèrent nullement D. car Il était plongé pour ainsi dire dans la Torah. Chacun doit apprendre à imiter D. et suivre Ses voies, car dans l’âme de chacun existe une part de la divinité (Zohar I 113a). Chacun a en main l’arme de la Torah et la possibilité de s’absorber dans son étude malgré tous les bruits de l’intérieur et de l’extérieur. Certainement, il ne convient pas de dire, concernant D., qu’Il puisse être dérangé par les bruits qui L’entourent, et cela n’est dit que pour faire impression et pour donner un bon conseil à l’homme, puisque « la Torah et les commandements sont les conseillers de l’homme » (Zohar II 82b) et pour l’inviter à ressembler à D. (Sotah 14a) en prenant exemple sur Lui.

Il nous est interdit de tirer profit et de jouir de la lumière des luminaires de la fête de H’anouka (Shabbat 21b). Après les avoir allumés, nous déclarons dans la bénédiction: « Ces lumières sont saintes et nous n’avons pas le droit de les utiliser, mais seulement de les regarder ». Pourquoi? Parce que les commandements sont symbolisés par les luminaires, comme il est dit (Mishley 6:23): « Le commandement est flambeau, la Torah est lumière ». Nous devons savoir qu’ils sont sacrés et nous n’avons pas le droit de les utiliser dans un but personnel, ce qui signifie qu’il nous est interdit de nous couper de la Torah, même à cause des soucis quotidiens et des bruits environnants, et « celui qui interrompt son étude de la Torah se met lui-même en danger » (Avot 3:7). « Nous ne devons que les regarder », c’est à dire en tirer un enseignement, comme il est dit « tes yeux contempleront ton maître » (Ishaya 30:20), et « vous les verrez et vous vous souviendrez des commandements » (Bamidbar 15:39), afin d’en tirer une leçon.

De fait les luminaires de H’anouka sont des « lumières que nous allumons », c’est-à-dire que les commandements, ces lumières, doivent rayonner dans le sens où il est dit « il allume et attise la flamme jusqu’à ce qu’elle s’élève d’elle-même » (Shabbat 21a). L’homme doit faire des efforts personnels. C’est seulement après avoir attisé la flamme et qu’elle s’élève, qu’il reçoit l’aide du ciel pour surmonter son mauvais penchant qui s’appelle « faiseur de bruit » car son seul but est de déranger celui qui sert D. Mais il faut fermer les oreilles aux bruits de ce monde, afin de servir D. avec enthousiasme et dévotion et ne pas être dérouté par l’agitation et les pièges environnants.

Les Sages ont dit que « D. construit des mondes et les détruit ». Pourquoi? Quelle est la raison d’être de ces mondes? C’est pour nous faire comprendre que si nous n’étudions pas la Torah et que nous ne nous efforçons pas de la mettre en pratique, nous ne faisons que détruire des mondes dans le sens où « sans la Torah, le ciel et la terre cesseraient d’exister » (Nédarim 32a), et « sinon, Je ferai retourner le monde au néant » (Shabbat 88a).  D. a créé des mondes qu’Il finit par détruire, car ils étaient dépourvus de Torah. A plus forte raison ce monde-ci qui fut créé pour la Torah et qui témoigne du Créateur, dont la création même est composée des lettres de la Torah, serait réduit à néant si l’homme cessait d’observer scrupuleusement la Loi. Assurément cette destruction serait terrible. Chaque lieu où l’homme transgresse la Torah est effectivement détruit, car « l’homme est né pour la peine » (Iyov 5:7), « peiner pour la Torah » (Sanhédrin 79b) et non pour la recherche de gratifications matérielles.

En pensant à ces choses, je me suis dit que toute la création est comme un dépôt consigné entre les mains de l’homme, et qu’elle lui est confiée pour la parfaire, veiller sur elle, l’embellir, afin de donner satisfaction au Créateur, béni soit Son Nom. S’il en est ainsi, chacun doit s’efforcer de ressembler au Créateur et d’apporter sa contribution à la création. Tout ce qui ne sert pas ce but est détruit par D. comme il est dit: « l’homme doit consacrer ses efforts à l’étude de la Torah, car il ne fut créé que pour cela, et non pas pour s’occuper des vanités de ce monde et de discussions vaines » (Sanhédrin 79b). De plus, « chacun doit modeler sa conduite sur celle de D. et Ses attributs » (Sotah 14a). D. dans Sa grande miséricorde envers Ses créatures, créa le monde sans tenir compte des hommes méchants qui naîtraient de Adam et c’est malgré eux qu’Il créa le monde. De même l’homme doit mettre en pratique les valeurs de la Torah, les poursuivre avec dévotion et diligence, afin que le monde puisse se perpétuer d’heure en heure et de jour en jour.

Combien grand et valeureux est l’homme qui étudie la Torah avec diligence, et pourtant un tel homme n’est pas sensible aux honneurs qui lui sont rendus et ne s’en enorgueillit pas. Au contraire, il est heureux que les gens l’honorent, car il sait que c’est la Torah qu’ils honorent en lui, et il ne lui vient pas à l’esprit de s’attribuer cet honneur dû à D. comme il est écrit (Téhilim 93:1): « L’Eternel est roi, Il est vêtu de majesté ». Tous ses efforts en ce monde n’ont pour but que d’obéir à la volonté divine, d’enseigner la Torah et de préserver le monde. Les Sages disent (Méguilah 21a) « Depuis la mort de Moshé jusqu’à Rabban Gamliel, on n’étudiait la Torah que debout », mais après le monde s’est affaibli, comme il est dit (Sotah 59a): « A la mort de Rabban Gamliel, l’honneur de la Torah fut perdu ». Jusque-là, on n’étudiait et on n’honorait que la Torah, ce qui explique pourquoi on étudiait debout, avec dévotion. Il est probable qu’à cette époque-là, les Sages étaient considérés eux-mêmes comme un Séfer Torah que tout le monde honore et embrasse sans pour autant qu’ils s’attribuent ces marques d’honneur. Et effectivement, l’honneur dû aux Sages est la conséquence de l’honneur dû à la Torah (Kidoushin 33b), car les honneurs qu’ils reçoivent ne leur viennent que de D. et de la sagesse de la Torah.

Il est écrit (Béréshit 46:28): « Et (Ya’akov) envoya Yéhouda au devant, vers Yossef ». Dans quel but? Les Sages nous disent (Béréshit Rabba 95:3): « Afin de lui préparer une maison d’étude d’où il puisse répandre l’enseignement de la Loi ». Notre ancêtre Ya’akov, avant de descendre en Egypte, en un lieu sans pudeur (Béréshit 42:9), un lieu de perversion (Shemot Rabba 1:22), un lieu de tumulte (car tout le monde descendait en Egypte acheter des vivres), envoie Yéhouda au-devant, justement en ce lieu bruyant, afin d’ouvrir une maison d’étude, de Torah, en compagnie de Yossef. Le nom même « Yossef » a le sens de lehossif,  ajouter, comme il est dit (Ta’anith 31a): « celui qui ajoute (des efforts) augmente (sa connaissance) », et « ils progressent avec une force croissante » (Téhilim 84:8) dans l’étude de la Torah. Le nom même de Yéhouda indique que chaque Juif doit s’élever et progresser dans la Torah, même dans un lieu bruyant et agité, afin d’éviter au monde la paralysie et la destruction. C’est justement lorsque les problèmes se multiplient dans le monde que nous avons le plus besoin de renforcer l’étude de la Torah, et même de lui ajouter des barrières protectrices.

Ce que fit Ya’akov en son temps est valable pour tous les temps. Car l’inverse est vrai aussi: lorsque le monde est paralysé, c’est-à-dire lorsque ne règne  pas l’abondance mais la famine, il nous faut faire du bruit, nous avons besoin de « la voix de Ya’akov » (Béréshit 27:22), de la voix de la Torah et de la prière, afin que les mains de Essav ne prennent pas le dessus (Béréshit Rabba 65:16), pour que la main de l’Egypte, des forces impures, n’aient pas d’influence sur les Enfants d’Israël et qu’ils ne soient pas corrompus par la culture égyptienne puisque la voix de la Torah soutient le monde et fait vivre les Enfants d’Israël.

 

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan