Le lien entre l’Homme et son Créateur

Il est écrit (Béréshit 1:27): « Et D. créa l’Homme à Son image, à Sa ressemblance Il le créa. » Nous constatons là la grandeur et la supériorité de l’Homme qui a été créé à l’image et à la ressemblance de D., ce qu’aucune autre créature en ce bas monde (les animaux) ou dans le monde supérieur (les anges qui Le servent et chantent Ses louanges) n’a en partage.

Avant d’en venir à la création du Premier Homme, il faut poser certaines questions qui nécessitent explication.

1. Pourquoi est-il ajouté « à Sa ressemblance », n’aurait-il pas suffi de dire « D. créa l’Homme à Son image »?

2. Il faut aussi expliquer le verset qui donne aux hérétiques un argument pour douter et renier un des fondements de notre foi. En effet, D. n’a ni corps ni caractéristique physique, comme il est écrit (Ishaya 40:18): « A qui donc pouvez-vous comparer D. et quelle image Lui attribuez-vous? » et (ibid.): « A qui me comparez-vous, à qui me faites-vous ressembler? » Le verset dit pourtant que l’Homme est créé « à l’image et à la ressemblance de D. » Faut-il comprendre par là que D. a une image?

Nous allons tenter, avec l’aide de D., de répondre clairement à ces questions.

Nous savons que lorsque D. décida de créer l’Homme, Il consulta l’Assemblée de Ses anges. Rashi, dans son commentaire de ce verset, remarque qu’il n’est pas écrit « Je ferai » au singulier mais « Faisons », ce qui indique qu’Il a consulté les anges (Béréshit Rabba 8:4) et leur a dit: J’ai l’intention de créer l’Homme, une créature qu’il convient d’appeler Homme, doté d’un potentiel divin afin qu’il puisse étendre sa domination sur le monde entier. Etant donné que l’Homme ne pourra jamais dominer totalement toute la création et que jamais toutes les créatures ne se plieront à sa volonté, le monde entier serait de toute façon abandonné à lui-même. Et voilà que l’Homme a reçu le pouvoir de diriger le monde et dominer les créatures! De plus, l’Homme a la possibilité, grâce au potentiel divin qui est en lui, grâce à ses prières et à sa connaissance de la Torah, de faire pleuvoir sur le monde une abondance de bienfaits, de bénédictions et de réussites. C’est ainsi qu’il faut comprendre le verset: « Il créa l’Homme à Son image », c’est-à-dire que l’Homme a une image qui lui est propre, une image d’Homme. Quelle est cette image d’Homme qui lui permet de subsister? La suite du verset donne la réponse: « à l’image de D. Il le créa ». Le mot Tsélem image, contient le mot Tsél ombre, c’est-à-dire qu’il est à l’ombre et sous la protection de D.  Lorsque l’âme quitte son lieu d’origine, qu’elle se détache du Trône de Gloire d’où toutes les âmes sont extraites pour descendre en ce monde, elle laisse une ombre et un vide en ce lieu qu’elle vient de quitter en Haut, auprès de D. L’ombre laissée par l’âme lorsqu’elle descend dans le monde pour habiter le corps de l’homme, la lie à son Créateur. De même que si l’on soulève un objet qui se trouve au soleil, on crée une ombre à l’endroit où cet objet se trouvait, de même (toute proportion gardée) lorsque l’âme est extraite de son lieu d’origine - le fondement du Trône de Gloire - une ombre apparaît à l’endroit qu’elle occupait, et cette ombre est étroitement liée à D., créant un lien solide et permanent entre l’homme et son Créateur.

C’est le sens de « D. créa l’Homme à Son image, à l’image de D. Il le créa... », une image propre à l’Homme, une image (tzelem) divine, par le moyen de l’Ombre (tzel) l’âme sous le Trône de Gloire, auprès de D. Cette Ombre confère à l’âme le pouvoir et la vitalité nécessaires pour surmonter tous les obstacles que l’homme rencontre en ce monde, car D. le protège, comme il est écrit (Téhilim 121:5): « L’Eternel veille sur toi, l’Eternel est plus proche de toi que ton ombre à ta droite ». Si D. est plus proche de l’homme que son ombre, celui-ci ne peut pas fauter car la présence de cette Ombre veille sur son âme en ce monde et l’en empêche. Plus l’homme perfectionne ses qualités, sa conduite et ses actes, plus il renforce la puissance de D. en ce monde, comme il est dit (Téhilim 68:35): « Proclamez la puissance de D., Sa grandeur s’étend sur Israël... » Israël proclame la grandeur de D. et c’est pourquoi D. veille sur Israël comme une ombre - d’une part pour que le règne de D. puisse s’étendre sur le monde entier comme il est dit: « Son règne et Sa domination s’étendent sur tout », et d’autre part, pour que l’Ombre divine en l’homme puisse produire dans les cieux une impression favorable, et alors toute méchanceté s’évanouira de la terre comme une fumée qu’emporte le vent, et tous les faux dieux seront anéantis et le monde se trouvera  finalement épuré sous la souveraineté de D. et grâce au mérite des hommes justes et bons.

Mais dans le cas où l’homme n’œuvre pas en ce monde pour amoindrir l’emprise du mauvais penchant et des forces du mal, son Ombre, l’Ombre divine, est réduite à rester dans le monde d’en Haut et alors des jugements, des décrets sévères et toutes sortes de souffrances s’abattent sur le monde d’où la Présence de D. fut chassée. Alors, la Gloire divine devient captive de l’impureté, ce qui réduit l’influence bénéfique de la sainteté sur le monde. En conséquence, l’homme perd l’Ombre qui l’accompagne durant sa vie, il n’y a plus aucun rapport entre lui et la sainteté, le lien avec sa source et son lieu d’origine est rompu et il ne ressemble plus qu’à un animal sous forme d’homme. Pour avoir perdu son image et sa ressemblance à D. il perd, D. nous en préserve, tous les bienfaits qu’il aurait pu recevoir en ce monde et dans l’autre. Cette Ombre donne à l’homme le pouvoir d’agir en ce monde et elle donne la vie à son âme dans le monde à venir, après la mort du corps. Cela nous permet de comprendre les propos de nos Sages (Brach’ot 17a): « Dans le monde à venir les Justes siégeront couronnés et jouiront de la Splendeur Divine ». Après la mort, l’âme monte au ciel et l’Ombre retourne à sa demeure d’origine auprès de D. Il n’est pas pour l’âme de plaisir plus grand que celui-là. Chaque homme vertueux en jouit selon son rang. Il est interdit à l’homme de porter atteinte à son âme en ce monde ou de se séparer de D. et de Sa Présence, s’il veut jouir de la Splendeur Divine.

Pour appuyer ce que nous avons dit concernant la ressemblance à D., (autrement dit, l’Ombre de l’homme qui le lie à D.) qui donne à l’âme et au corps la vie en ce monde, citons un récit du Talmud (Horayiot 12a, et le commentaire du Maharsha ibid.): « Un Sage dit à ses élèves: Je suis près de mourir et c’est pourquoi je vous demande d’enseigner la Torah à mes enfants et d’étudier la Torah pour l’élévation de mon âme. Ses élèves lui demandèrent: Comment sais-tu que tu vas mourir? Le Maître leur répondit: Aujourd’hui, je n’ai pas vu mon ombre devant moi ». Nous voyons ici explicitement que l’ombre de l’homme est un signe de vie et si cette ombre se retire, c’est un signe que cet homme va mourir, car lorsqu’il n’a pas d’ombre, il n’a pas non plus de forme et son âme retourne à la source d’où elle fut extraite. C’est ce qui est dit (Zohar I 220a): « Cette sainte ombre... lui est enlevée lorsque la mort approche... et il n’est plus qu’un être sans protection... » Lorsque l’homme arrive au terme de ses jours, l’image de D. se retire de lui et il se trouve sans protection.

Et donc, la répétition dans le verset des mots « à son image - à l’image de D. », signifie que l’homme est une ombre sur laquelle D. veille d’en Haut. Lorsqu’il est lié à son Créateur, il est protégé contre le mauvais penchant et peut faire face à tous les obstacles qui entravent son chemin, et c’est ce qui donne la vie à son âme jusqu’au moment où elle va retourner en Haut, vers D, vers la source d’où elle fut extraite. C’est par elle que l’Homme est lié de façon permanente à son Créateur. Ceci prive les hérétiques et les renégats de tout argument, comme le disent les Sages (voir Béréshit Rabba 8:7): « Lorsque D. dicta à Moshé les mots « à Son image et à Sa ressemblance », Moshé objecta: ces paroles vont soutenir les erreurs des hérétiques... » L’intention n’est pas de dire que D. a une face et un corps puisqu’il est écrit (Ishaya 40:18): « A qui donc pouvez-vous comparer D. » mais que l’homme porte l’empreinte de D., et par son Ombre, reste proche de D. et lié à son Créateur.

Après la fabrication du veau d’or, Moshé a prié D. de séparer Israël des nations (Shemot 33:16) et D. a agréé sa demande (ibid. v. 17). Et alors Moshé a demandé (ibid. v. 18): « Révèle-moi, je Te prie, Ta Gloire ». D. lui répondit (ibid. v. 20): « Tu ne pourras pas voir Ma face, car l’homme ne peut pas Me voir et vivre... mais lorsque Ma gloire passera... Je t’abriterai selon Ma volonté et tu ne verras que ce qui est derrière Moi, mais tu ne pourras pas Me contempler de face ». Qu’est-ce donc que D. a bien voulu lui dévoiler? Les Sages enseignent (Brach’ot 7a, Menah’ot 35b): « Rabbi H’anina Bar Bizna dit au nom de Rabbi Shimon H’assida: cela nous enseigne que D. lui a montré le nœud des Téphilines ».

Tentons d’éclaircir ce passage difficile.

1. Moshé Rabbeinou a demandé à D. de lui montrer Sa gloire. Est-ce possible? Ne sait-il pas qu’aucun mortel ne peut voir D., d’autant plus qu’il sait que D. n’a rien de corporel et n’a pas de figure visible, comme il est écrit (Ishaya 40:18): « A qui donc comparer D.? » Comment donc Moshé peut-il demander une pareille chose?

2. Il faut de même expliquer la réponse que D. lui donne « car l’homme ne peut pas Me voir et vivre ». Qu’y a-t-il de nouveau dans cette réponse? N’est-ce pas évident? Il faut aussi expliquer le mot veh’ay,  « et vivre ».

3. D. a montré à Moshé le nœud des Téphilines. Que représente ce nœud?

4. Nous apprenons (Menah’ot 36b): « Le Shabbat et les jours de fêtes nous ne portons pas les Téphilines qui sont des signes (Shemot 13:9). Cette obligation ne s’applique pas au Shabbat et aux jours de fêtes qui sont en eux-mêmes des signes » (ibid. 31:13 et 17). Quelle est la raison pour laquelle ces jours-là sommes-nous dispensés de porter les Téphilines?

Nous allons tenter de répondre à ces questions, avec l’aide de D.

Moshé voulait effectivement contempler cette apparence divine à l’image de laquelle l’homme fut créé et qui est extraite du fondement du Trône de Sa Gloire. C’est ce qui est signifié dans sa demande: « Révèle-moi, je Te prie, Ta Gloire », cette Ombre de laquelle je reçois la vie - et non qu’il ait demandé à voir D. Lui-même. A cela D. lui répond: « Tu ne pourras pas voir Ma face, car l’homme ne peut pas Me voir et vivre... » Aucun homme ne peut contempler même cette apparence qui est attachée à l’Ombre laissée en Haut par l’âme, car s’il devait la voir, cela obligerait D. à la prendre et à lui montrer cette Ombre et sans elle, il ne pourrait plus vivre, il devrait mourir, « car l’homme ne peut pas Me voir et vivre... » C’est pourquoi D. montre à Moshé autre chose, le nœud des Téphilines, pour lui signifier le lien qui existe entre l’homme et son Créateur, comme il est écrit (Dvarim 6:8): « Vous les attacherez en signe sur le bras et ils seront une parure sur votre front ». Le nœud des Téphilines attache l’homme à D. et alors il bénéficie d’une protection sans laquelle il n’est pas plus qu’un animal.

« Ne pas porter de Téphilines, équivaut à nier D. » (Menah’ot 44a), et les Sages parlent avec dédain d’un « crâne qui n’est pas couronné de Téphilines » (Rosh HaShana 17a). En portant les Téphilines, l’homme manifeste son lien à D., sa foi en Lui, et qu’il ne vit que dans le but de Le servir. En portant les Téphilines, l’homme exprime que son existence ne lui vient que de l’Ombre qui a pris la place de son âme en Haut, sous le Trône de Sa Gloire; c’est elle qui lui vient en aide pour surmonter les obstacles et son mauvais penchant. D. répond donc à la demande de Moshé en lui montrant le nœud des Téphilines, comme il est écrit (Dvarim 28:10): « Et tous les peuples de la terre verront que le Nom de D. est sur toi ». A propos de ce verset les Sages disent (Brach’ot 6a): « Il s’agit des Téphilines de la tête », c’est dire que nous portons le Nom de D. qui est inscrit dans les Téphilines, et alors tout le monde nous craint. Ce n’est que grâce aux Téphilines que nous pouvons préserver l’image de D. qui est en nous et garder notre Ombre jusqu’au moment de la rendre, après la mort; et c’est ainsi que nous restons attachés au Créateur, béni soit-Il.

Ceci dit, ce lien avec D. concerne les jours de la semaine, c’est pourquoi beaucoup d’hommes pieux se couronnent tout au long du jour des Téphilines et portent le talit, le châle de prière, afin de maintenir ce lien à toute heure du jour et ressentir la sainteté de l’image de D. qui est en eux. Mais durant les Shabbat et jours de fêtes qui sont en eux-mêmes des signes et durant lesquels nous acquérons une âme supplémentaire (Beytza 16a, Pessah’im 102b), nous bénéficions d’une protection spéciale, nous n’avons pas besoin du nœud des Téphilines, puisque même sans ce nœud, nous sommes liés à D.

Cela nous permet de comprendre les saintes paroles de la Torah: « Vous qui êtes restés attachés à l’Eternel votre D., vous êtes tous vivants aujourd’hui » (Dvarim 4:4) et « Attache-toi à Lui » (ibid. 10:20). Les Sages demandent à ce sujet (Sotah 14a, Vayikra Rabba 25:3): « Est-ce que l’homme peut s’attacher à la Présence Divine qui est un feu dévorant? » (Dvarim 4:23). En fait, il doit s’attacher aux qualités de D. et être miséricordieux de même que D. est miséricordieux. Il nous semble que justement « vous qui êtes attachés à l’Eternel votre D. » signifie que la raison d’être de la création de l’homme est de rester attaché à D. par l’image de D. qui est en lui et par son Ombre qui est restée auprès de D., et cela grâce à l’obéissance aux commandements de D. et l’étude de la Torah qui est appelée vie (Yirouvin 54a). Ce faisant, nous réalisons la promesse du verset: « vous êtes tous vivants aujourd’hui », car « les Justes sont appelés vivants » (Avot D’Rabbi Nathan 34:10). C’est pourquoi Moshé nous demande de nous attacher à D. par l’obéissance aux commandements, l’étude de la Torah, et les bonnes actions. C’est cela qui nous permet de ressembler à D. et d’être attachés à Lui, puisque l’âme habite en nous, et l’Ombre qu’elle a laissée en Haut est proche de D. ce qui crée un lien étroit entre l’homme et son Créateur, béni soit-Il.

Nous pouvons à présent expliquer les paroles de nos Sages (Brach’ot 17a): « Dans le monde à venir, les Justes seront assis, couronnés, et jouiront de la splendeur divine ». Quel est le sens de « couronnés »? Et de même, comment définir la jouissance qu’ils ressentent de la splendeur divine? Comme nous l’avons dit, tant que le Juste vit en ce monde, il ne peut pas jouir de la sainteté de la Présence Divine ni la contempler car il en perdrait son Ombre et rendrait l’âme, comme D. le dit à Moshé: « l’homme ne peut pas Me voir et vivre ». Mais après que les Justes ont quitté ce monde pour l’autre, chacun d’eux reçoit en abondance les bénédictions et les bontés que D. veut leur donner, et ils jouissent sans restrictions de la splendeur divine à laquelle leur âme était si attachée, par l’entremise de leur Ombre, restée en sa demeure d’origine sous le Trône divin.

Ils sont « couronnés » comme ce roi qui porte majestueusement la couronne et dont personne n’ose s’opposer aux décrets (Babba Kamma 60b). Les Justes, bien que limités dans ce monde par les contingences matérielles, deviennent après leur mort, des rois capables de tout accomplir et tout contempler et rien ni personne ne peut les freiner. Ils trônent comme des rois, et jouissent de la splendeur divine émanant de l’Ombre qui les attache à D. lorsque leur âme retourne au séjour qu’elle a laissé et reprend la place qui lui revient. Telle est la jouissance des Justes, et il n’en est pas de plus grande.

Nous pouvons maintenant comprendre l’histoire du roi H’izkiya et du prophète Ishaya. Lors de la guerre de Sanh’eriv dont les armées furent anéanties en une nuit, il fut décrété que le roi H’izkiya devait mourir (voir en détail Melach’im II, ch. 20, et Ishaya 38). Le prophète Ishaya se rendit au palais de H’izkiya et dit au roi de dicter ses dernières volontés à ses gens « car tu vas mourir, tu ne vivras pas ». Pourquoi la répétition? Les Sages posent la question (Brach’ot 10a) et répondent: « Tu mourras en ce monde et tu ne vivras pas dans le monde à Venir. Le roi H’izkiya demande alors: Pourquoi cela? Parce que tu n’as pas eu d’enfants, lui répond Ishaya. Tu as refusé d’avoir des enfants parce que tu as eu la révélation que tu engendrerais des hommes méchants, mais tu n’as pas à intervenir dans les secrets de D. Tu aurais dû engendrer, comme D. te le commande... Et alors H’izkiya lui dit: Dehors, fils de Amotz! Ta prophétie est sans fondement! J’ai reçu la tradition de la maison de mes pères (le roi David) que même si l’on a une épée sur la gorge, il est interdit de désespérer de la bonté de D. comme il est écrit (Yov 13:15): Bien qu’Il me fasse périr, j’espère en Lui ». Et alors, H’izkiya se tourna vers D. et pria de tout cœur (Brach’ot 10b) pour que la sentence soit annulée (voir les paroles de sa prière dans les textes Melach’im II, ch. 20, et Ishaya 38). Effectivement D. agréa sa prière et envoya Ishaya annoncer au roi que sa vie serait prolongée de quinze ans (Melach’im II, 20:5, et Ishaya 38:5). H’izkiya demanda alors à Ishaya de lui donner un signe que D. le guérirait (Melach’im II, 20:8). Le prophète Ishaya lui répondit (ibid.): « Voici le signe que l’Eternel te donne, que l’ombre du cadran solaire avance de dix degrés ou recule de dix degrés... » Et effectivement l’ombre du cadran solaire recula de dix degrés et le roi H’izkiya guérit, et il vécut encore quinze ans.

Tentons de comprendre ce passage dans la mesure de notre entendement.

1. Pourquoi la répétition « Tu vas mourir, tu ne vivras pas ». Est-ce que vraiment le roi H’izkiya mérite la mort pour ne pas s’être marié et n’avoir pas eu d’enfants? Et pourquoi une mort tellement sévère, non seulement en ce monde, mais aussi dans le monde à venir?

2. Qu’est-ce que H’izkiya veut faire entendre à Ishaya lorsqu’il lui dit: « J’ai reçu la tradition de la maison de mes pères - le roi David »? Et quel rapport avec le verset « Bien qu’Il me fasse périr, j’espère en Lui »? Comment  savons-nous que la prière peut aider même dans le cas d’un tel décret?

3. Pourquoi le roi H’izkiya demande-t-il un signe de sa guérison? A-t-il si peu foi en D.? H’izkiya était un roi juste et bon, qui accomplit avec une sagesse profonde de grandes actions pour Israël (Voir Brach’ot 10b). Pourquoi demande-t-il un signe?

4. Et pourquoi Ishaya répond-t-il à sa demande, alors qu’il aurait pu lui dire: « Ainsi parle l’Eternel », sans plus et sans avoir besoin de lui donner de signe?

5. Et surtout, il faut expliquer en quoi reculer l’ombre du cadran solaire représente un signe. N’y a-t-il pas d’autres signes probants?

Ce qui a été dit plus haut va nous permettre de répondre.

Le prophète Ishaya dit à H’izkiya qu’il a été décrété qu’il mourra en ce monde et ne vivra pas dans le monde à venir parce qu’il ne s’est pas marié. Il lui dit spécifiquement: « tu ne vivras pas dans le monde à Venir », c’est-à-dire ton image, ton Ombre laissée sous le Trône de Gloire ne pourra pas te faire vivre dans le monde à venir parce que tu ne t’es pas marié et que tu n’as pas enfanté des fils et des filles en ce monde. Pour n’avoir pas donné à ton Ombre une filiation en ce monde, elle va retourner à sa demeure d’origine et elle ne te fera pas vivre dans le monde à venir. Et, effectivement, H’izkiya répond à Ishaya qu’il ne craint pas cette prédiction, car il a reçu par tradition de son grand-père David qu’il ne faut jamais désespérer de la miséricorde de D. Il mentionne spécifiquement le roi David dont les Sages ont dit (Zohar I 91b) que « les années de la vie de David n’étaient pas siennes, mais celles de Adam, le Premier Homme, dont la vie fut raccourcie de soixante-dix années, lesquelles furent données au roi David ». Bien qu’il n’ait pas à proprement parler d’années en ce monde, il peut vivre dans le monde à venir et son Ombre peut revenir et veiller sur lui et lui donner la vie. Le roi David fait allusion à cela lorsqu’il dit « Je séjournerai dans Ta tente pour toujours », en ce monde et dans le monde à venir, pour dire que ses lèvres continueront à murmurer les louanges de D. dans les synagogues et les maisons d’étude même après sa mort, comme le disent les Sages (Yébamot 96b-97a). C’est ce qui est dit dans le verset: « Bien qu’Il me fasse périr, j’espère en Lui », c’est-à-dire: Malgré le fait que je vais mourir, j’espère en Lui, je continue à espérer et prier D. pour que mon image et mon Ombre qui se trouvent auprès de Lui continuent à me faire vivre et pour que je reste lié et attaché à l’Eternel mon D. qui me fait vivre aussi dans le monde à venir.

Après avoir achevé sa prière, H’izkiya demande à D. de lui donner un signe, pour avoir la confirmation que son Ombre lui serait rendue et qu’il continuerait à vivre comme auparavant. Ishaya montra au roi un signe, car sa demande était justifiée et prouvait que H’izkiya désirait mériter le monde à Venir et faire venir au monde d’autres âmes, des fils et des filles pour donner suite à son Ombre. Quel signe le prophète choisit-il? Un signe lié à l’ombre, qui recula de dix degrés sur le cadran solaire (il est possible que ce soit une allusion aux Dix Séphirot). Ce faisant, H’izkiya a pu voir clairement que sa prière était acceptée par l’Eternel, D. de l’univers, qu’il verrait son Ombre, qu’il aurait une succession dans le monde par ses enfants, et qu’à l’avenir il jouirait de la Splendeur Divine et siégerait, couronné comme un roi, avec tous les Justes qui siègent en la Présence de D., comme il est raconté dans Divrey HaYamim.

Nous comprenons à présent pourquoi le premier des 613 commandements de la Torah est le commandement de « croître et multiplier ». C’est une chose exceptionnelle et merveilleuse que l’homme puisse, grâce à ce commandement, enfanter des âmes saintes et faire prospérer le monde, car les âmes qui viennent au monde y multiplient les bonnes actions et étendent la Présence de D., elles révèlent Sa souveraineté, et ce sont elles qui chantent les louanges de D. L’Ombre laissée en Haut par l’âme, continue à les faire vivre. C’est pourquoi, si l’homme n’obéit pas au commandement de croître et multiplier, il interrompt la propagation de la lumière qui descend dans le monde et il empêche l’expansion de la grandeur et de la gloire de D. Telle était la faute de H’izkiya qui n’avait pas obéi à ce commandement, jusqu’à ce qu’il se fût repenti sincèrement de sa faute.

De là nous apprenons que chacun doit se soucier de propager l’abondance en ce monde par son obéissance au premier des 613 commandements qui est de croître et multiplier, et ainsi de rester attaché et lié par son Ombre à D., à Son image et à Sa ressemblance, en ce monde comme dans l’Autre.

 

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan