Quand le mauvais penchant croit en une récompense

Avraham fut mis à l’épreuve dix fois, et il triompha de toutes les épreuves (Avot V:3, Zohar III 263b). La première est celle de Lech’ Lech’a, (quitte ton pays), et cette épreuve est longuement relatée dans la Torah. C’était une épreuve plus difficile que l’épreuve d’Our Kassdim, où Avraham fut jeté dans la fournaise ardente (Béréshit 35:19), mais dont la Torah ne fait aucune mention explicite. L’expression Lech’ Lech’a (va, va pour toi), est répétée. S’il ne suffit pas de dire Lech’ une seule fois, sans aucun doute c’est parce qu’Avraham avait du mal à se déraciner, si bien que D. l’aida en lui promettant des enfants, la prospérité, et la renommée.

Mais il nous faut méditer et comprendre l’essence de cette épreuve, et pour cela nous demander:

1. En quoi cette épreuve est-elle tellement difficile pour Avraham? Qui n’agirait pas comme il l’a fait, à partir du moment où D. lui promet tant de faveurs et tant de bénédictions?

2. De plus, qui est plus grand qu’Avraham, qui a toujours obéi à la volonté de D.? Pourquoi faut-il tant de promesses pour le convaincre et pourquoi n’a-t-il pas exécuté tout de suite l’ordre de D. sans s’appuyer sur Ses promesses et Ses bénédictions?

3. Le Zohar (I 78a) écrit que D. a montré à Avraham que chaque pays était soumis au gouvernement d’un ange tutélaire, sauf la Terre Sainte, qui n’est sous la domination d’aucun préposé du Ciel. Avraham désirait donc savoir ce que cette terre avait de particulier et D. lui répondit alors, que pour connaître cette terre, sa spécificité et sa supériorité, et pour pouvoir vérifier qu’elle dépendait directement de la souveraineté de D., il devait s’y rendre. Pourquoi ne part-il pas tout de suite, du fait que cela représente pour lui une épreuve?

4. Et la question la plus difficile de toutes: pourquoi l’épreuve d’Our Kassdim n’est-elle pas considérée pour Avraham comme une grande épreuve? Ne s’est-il pas jeté dans la fournaise ardente afin de sanctifier le Nom de D. (et la Torah ne s’attarde pas sur cet épisode)? Est-ce parce qu’il s’agissait de sanctifier le Nom de D. qu’il n’a pas ressenti cela comme une épreuve?

De même, au moment où Rabbi Akiva fut mis à mort par les Romains, c’était l’heure de dire Kriat Shema. Tandis que sa chair était lacérée par des peignes de fer, il disait « Shema Israël », marquant l’acceptation du joug divin. Ses élèves lui demandèrent: ‘Maître! Tu vas jusque-là?’ Il leur répondit: Toute ma vie j’étais peiné par le verset: « Tu aimeras l’Eternel ton D. de toute ton âme » - même s’Il te prend ton âme. Je me demandais: quand aurai-je l’occasion de réaliser ce commandement? Maintenant j’en ai l’occasion et je ne le ferais pas?! Il prolongea le mot Ech’ad, Un, jusqu’à ce que son âme s’envole sur le mot « Un », l’affirmation de l’Unité de D. Une voix se fit entendre du Ciel et dit: Heureux Akiva, tu as rendu l’âme en prononçant le mot Ech’ad. Les anges demandèrent à D.: Telle est la Torah, et telle est sa récompense? « C’est Toi qui mets à mort... » (Téhilim 17:14).  D. leur répondit: « Ils font partie des vivants » (ibid.). Et la voix du Ciel dit: « Heureux tu es Rabbi Akiva, qui es destiné à la vie éternelle! » Rabbi Akiva aussi était prêt à donner sa vie pour sanctifier le Nom de D., comme Avraham, avec joie, d’une façon peu commune, et pour sanctifier le Nom de D. il considérait négligeable le fait d’être mis à mort. Mais ses élèves y ont vu une épreuve, puisqu’ils lui ont demandé avec étonnement: « Notre maître! Tu vas jusque-là? » Il nous faut donc comprendre en quoi l’épreuve de quitter son pays est considérée pour Avraham comme plus difficile que l’épreuve d’Our Kassdim, et pourquoi le fait de sacrifier sa vie ne compte pas à ses yeux?

C’est une chose connue que plus un homme est vertueux et plus l’amour de D. est profondément ancré en lui, plus son âme est enflammée du désir d’être proche de D. comme il est écrit (Téhilim 84:3): « Mon âme soupirait et languissait après les parvis du Seigneur... » Si l’on voulait tenter de séparer un tel homme de son Créateur et l’amener à trahir et renier D., il est certain qu’il préférerait, et même désirerait mourir plutôt que de vivre détaché de son Créateur. Il est difficile, même pour le mauvais penchant, d’avoir une influence quelconque sur un homme aussi vertueux, attaché à D. par chaque fibre de son âme, et que même les souffrances ne parviennent pas à faire céder, surtout pas aux derniers instants de sa vie.

Par contre, le mauvais penchant a plus de pouvoir dans les situations où nous ne sommes pas obligés de sacrifier notre vie. Qu’il s’agisse des relations envers le prochain ou envers D., de l’exécution des commandements ou de l’étude de la Torah, le mauvais penchant cherche, et parfois  réussit, à avoir le dessus même sur l’homme vertueux, comme il est écrit (Kohélet 7:20): « Il n’est pas d’homme vertueux sur terre qui fasse le bien et ne faute pas ». D’autant plus que les Sages ont dit (Souca 52a): « Plus un homme est grand, plus son mauvais penchant est fort ». Ceci, parce que le mauvais penchant a mille stratagèmes pour détourner l’homme vertueux et; cela va sans dire, l’homme simple. Même les épreuves faciles s’accumulent et augmentent au fur et à mesure que le temps passe, et deviennent finalement insurmontables, comme le disent les Sages (Souca 52b, Kidoushin 30b): « Le mauvais penchant de l’homme prend le dessus chaque jour », réellement un peu plus chaque jour.

En fin de compte, l’homme ne peut faire le bien ni corriger une défaillance quelconque sans être troublé dans ses efforts par le mauvais penchant qui cherche à le détourner de toute bonne action et à l’empêcher de l’accomplir. Même lorsque l’homme se trouve (D. nous en préserve) confronté à une situation qui lui rappelle la mort (voir Brach’ot 5a), le mauvais penchant continue à le provoquer et à lui insuffler de mauvaises pensées, c’est un fait. Mais nous savons que « la récompense est à la mesure de la peine » (Avot V:26, Zohar III 278b) et plus on se donne de peine, plus la récompense qui s’ensuit sera grande.

A ce sujet j’ai lu un récit merveilleux à propos d’un Tzadik. Un de ses opposants, qui contestait sa façon de servir D., lui rendit visite et lui demanda une somme énorme pour le mariage d’un de ses enfants. Le Tzadik n’hésita pas un seul instant, ouvrit le tiroir de sa table et compta devant lui la somme requise. Lorsque le frère de ce Tzadik eut connaissance du fait, il se montra furieux. Il se rendit chez son frère et lui demanda, plein de reproches, pourquoi il avait donné à cet homme une somme énorme sans penser à la situation de ses propres enfants qui eux aussi devaient se marier, et à qui il ne restait plus rien, et pour comble, ce don avait été au bénéfice de l’un de ses opposants!

Le Tzadik répondit à son frère: « Sache que tu n’es pas le premier à me critiquer, tu as été précédé par quelqu’un qui m’a tenu exactement le même langage, mais je l’ai repoussé ». « Qui est-il, celui qui est venu avant moi? » demanda le frère avec grand étonnement. Le Tzadik répondit: « Celui qui est venu avant toi n’est autre que le mauvais penchant ».

Nous voyons dans ce récit merveilleux que le mauvais penchant n’hésite pas un seul instant à troubler même les hommes pieux qui ne désirent que ressembler à leur Créateur. Les hommes pieux donnent à leurs opposants ce dont ils ont besoin, sans compter, tout comme D. pourvoit aux besoins et à la subsistance de tous, même de ceux qui s’opposent à Lui et ne suivent pas Ses justes voies, sans s’attendre à des remerciements de leur part. C’est le mauvais penchant qui a tenté d’empêcher ce Tzadik de faire don de cette somme importante, surtout à l’un de ses opposants, lui disant peut-être: « si tu veux répandre des bienfaits, il vaut mieux le faire envers un pauvre de tes proches, arguant que « les pauvres de ta ville ont la priorité sur les pauvres d’une autre ville » (Babba Metzya 71a, Tanh’ouma Mishpatim 15). Malgré cela, ce Tzadik a eu le mérite de résister à ces mauvais conseils, et il est possible que le mauvais penchant ait alors essayé de le dissuader par d’autres arguments, en lui disant: Il est certain que tu as l’obligation de faire le bien, mais sache que tu en tireras un grand bénéfice personnel, car cet opposant va devenir l’un de tes plus grands adeptes, lui et toute sa famille, car il te sera reconnaissant toute sa vie de ta bonté, et tu as intérêt à acheter son cœur en lui faisant un tel don. C’est-à-dire que le mauvais penchant insuffle dans le cœur de l’homme vertueux la pensée erronée que sa générosité n’a pour but que de recevoir en échange un bénéfice, et qu’il n’agit pas de façon désintéressée. Mais le Tzadik n’a pas non plus prêté l’oreille à cet argument, et il a donné cette somme à son opposant sans arrière-pensée, de tout cœur, et sans s’attendre à recevoir en retour un avantage quelconque. Même s’il devait continuer à le contrer, le Tzadik n’aurait aucun grief contre lui.

Le mauvais penchant prend les allures d’un homme de bien qui encourage à l’obéissance des commandements, tout en insufflant la pensée erronée que le but d’une bonne action est d’obtenir un certain avantage. Il faut éviter ce genre de pensées.

Cela nous permet de répondre à la question que nous avons posée concernant les épreuves d’Avraham: en quoi quitter son pays représente-t-il une épreuve tellement difficile? C’est que lorsque D. a ordonné à Avraham de quitter son pays, sa terre natale et la maison de son père, son mauvais penchant s’est dressé contre lui, arguant: Comment peux-tu quitter la maison de ton père et transgresser le commandement de respecter ton père et ta mère, comme il est écrit (Shemot 20:12): « Honore ton père et ta mère », d’autant plus que « ce commandement équivaut à tous les commandements de la Torah et des Sages » (Kidoushin 28b, Vayikra Rabba 2:9). Et donc Avraham hésite. D’un côté, il doit quitter la maison de son père, de l’autre, il est obligé de l’honorer. Comment savons-nous qu’il hésita? Les Sages disent (Yalkout Shimoni Lech’ Lech’a 12): « Avraham craignait de partir en se disant: si je quitte, je vais causer une profanation du Nom de D. car les gens vont dire que j’ai abandonné mon vieux père et que je suis parti... D. lui dit: Va, va, Je te dispense d’honorer ton père et ta mère. Toi, tu es dispensé de cette obligation, mais nul autre ».

On pourrait objecter (comme le font les commentateurs) : Comment D. peut-Il dispenser quelqu’un d’obéir à un commandement et obliger quelqu’un d’autre à le faire? Le même commandement et la même Torah s’adressent à tout le monde, et si chacun doit honorer son père et sa mère, Avraham aussi a cette obligation, comment peut-il alors transgresser ce commandement et de plus, mériter d’en retirer une bénédiction?

Et pourtant! La réponse se trouve dans le verset (Vayikra 19:3): « Craignez, chacun, votre père et votre mère et observez Mes Shabbatot ». Les Sages demandent (Babba Metzya 32a): « Quel est le lien entre ces deux commandements? Je t’ai commandé de craindre ton père, mais si ton père te demande de profaner le Shabbat, tu ne lui obéiras pas. Il en est de même pour tous les autres commandements ». S’il en est ainsi, la Torah dispense Avraham du devoir d’honorer son père car on n’est pas obligé d’honorer des parents qui exigent de transgresser la Torah, c’est pourquoi D. a dit à Avraham: Je t’en dispense. Etant donné que ton père n’observe pas la Torah et les commandements, et qu’il est idolâtre, tu as le droit de le quitter. Mais Je ne dispense pas les autres, et si les enfants se révoltent contre leurs parents, Je compterai cela comme une transgression.

Quoi qu’il en soit, Avraham décida de quitter la maison de son père, puisque telle était la volonté de D. C’est alors que le mauvais penchant lui souffla une idée fausse: en fait, tu obéis au commandement de D. parce que tu en tireras un grand bénéfice personnel et nombre de bénédictions. C’est alors que commence vraiment l’épreuve pour Avraham Avinou. Va-t-il triompher de toutes ces pensées et quitter H’aran uniquement parce que D. le lui commande, et non pas à cause des bienfaits qui lui sont réservés par la suite, ou du niveau spirituel qui lui est assuré s’il quitte H’aran? Mais Avraham ne s’attarde pas aux arguments du mauvais penchant, comme il est écrit (Béréshit 12:4): « Et Avram partit comme D. le lui avait ordonné ». Précisément parce que D. le lui a ordonné et non pas pour obtenir un profit quelconque.

Il est écrit (ibid. 12:9): « Et Avram partit, dirigeant ses voyages vers le sud ». Les Sages expliquent (Béréshit Rabba 39, Rashi ad. loc.): « L’expression « il partit, dirigeant ses voyages... » indique des étapes, s’arrêtant ici un mois ou plus, puis partant de-là et plantant sa tente ailleurs ». Tout cela afin de montrer qu’il obéissait au commandement de D. sans penser à la récompense qui lui était destinée (car il obéit aussi à D. dans le fait même de partir, de voyager, ce qui ne va pas sans peine), tout comme le Tzadik qui a donné sa fortune sans écouter les conseils du mauvais penchant, afin de ne pas dénaturer le sens du commandement. Ne soyez pas comme des serviteurs qui s’attendent à un salaire

Cela explique clairement ce qui est arrivé à Ah’er, dont les Sages disent (Kidoushin 39a, H’oulin 142a): « Pourquoi est-il devenu athée? Parce qu’il a vu une fois un homme dire à son fils: va et apporte-moi les oisillons qui sont dans le nid sur le toit. En redescendant, ce fils est tombé de l’échelle et il est mort. Ah’er a demandé: N’est-il pas écrit (Dvarim 22:7): « Tu chasseras la mère et tu prendras les oisillons afin d’être heureux et de prolonger tes jours »? Où donc est son bonheur et où est sa longue vie? Il ne savait pas que Rabbi Ya’akov, fils de la sœur de Ah’er, avait expliqué que l’expression « afin d’être heureux » s’applique au monde qui n’est que bonheur, et « afin de prolonger tes jours » s’applique au monde éternel. Si bien que Rabbi Yossef dit de lui (H’oulin 142a): Si Ah’er avait compris le verset selon l’interprétation de Rabbi Ya’akov, il n’en serait pas venu à commettre une si grave erreur ».

Ce récit est très étonnant et demande à être expliqué et approfondi:

1. Pourquoi cet homme est-il mort justement au moment où il réalisait le commandement de chasser la mère du nid? Même si de ce fait sa vie en ce monde n’a pas été prolongée, pourquoi doit-elle être raccourcie?

2. Comment se fait-il qu’Ah’er n’ait pas connu l’interprétation de Rabbi Ya’akov: « afin d’être heureux dans le monde qui n’est que bonheur... » car Ah’er était réellement un grand érudit, comme le Talmud en témoigne à plusieurs endroits (Voir Tossafot H’aguiga 15a)? Comment a-t-il pu devenir athée?

C’est que le mauvais penchant poursuit tout le monde, y compris l’homme vertueux, et chacun peut en arriver à commettre l’erreur d’accomplir un commandement uniquement pour recevoir la récompense promise. Une telle pensée est inspirée par le Satan. Il faut savoir que l’on pratique les commandements uniquement pour faire la volonté de D. et non pour recevoir une récompense, comme le disent les Sages (Avot I:3, Avoda Zara 19a): « Ne soyez pas comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir une récompense... » Même si D. promet une récompense, il ne faut pas compter dessus, mais au contraire, craindre qu’une faute quelconque nous prive de cette récompense, comme Ya’akov, qui dit (Brach’ot 4a, Shabbat 32a, Bamidbar Rabba 19:32): « Je crains d’avoir commis une faute quelconque qui me livre entre les mains d’Essav ».

Nous pouvons appuyer cette thèse sur le verset (Dvarim 14:22): « Tu prélèveras la dîme... » que les Sages expliquent (Shabbat 119a, Ta’anith 9a, Tanh’ouma Réeh 18): « Prélève la dîme afin de t’enrichir, c’est-à-dire: « en prélevant la dîme de tes récoltes, tu accroîtras ta fortune ». Nous constatons que beaucoup de gens riches distribuent de grosses sommes d’argent à des bonnes œuvres, et s’appauvrissent malgré tout. Et donc, la question se pose d’elle-même: Où donc se réalise la promesse des Sages: « Prélève la dîme afin de t’enrichir »? Ce n’est pas une chose tellement évidente, car D. qui examine le fond de nos pensées et de nos cœurs, sait très bien pourquoi un tel homme ne s’est pas enrichi. Il est possible aussi qu’au lieu d’argent, un tel homme ait reçu la longévité, c’est-à-dire un trésor de jours, comme il est écrit (Mishley 21:21): « Celui qui cherche à faire la justice et la bonté trouvera la vie, la justice et l’honneur », il sera riche en jours, comme il est dit (ibid. 3:16): « A droite, elle donne la longévité, à gauche la richesse et l’honneur ». Il se peut aussi que quelque bienfait ait annulé un décret qui planait sur ses enfants, telle la mort, comme il est écrit (ibid. 10:2, 11:4): « Un acte juste sauve de la mort ».

Et donc, il ne faut pas s’arrêter à la récompense prévue à la suite de ce commandement, car « les choses cachées appartiennent à l’Eternel notre D. » (Dvarim 29:28). Il faut obéir aux commandements sans penser à la récompense, même si le mauvais penchant persuade l’homme d’obéir uniquement pour recevoir une récompense. La récompense n’est pas accordée en ce monde, mais seulement dans le monde à Venir, comme il est dit: « il n’y a pas de récompense en ce monde pour ceux qui obéissent aux commandements » (Kidoushin 39b, H’oulin 142a). C’est dans le monde à Venir, dans la vie éternelle, que la récompense des actes accomplis en ce monde est acquise. Mais selon l’argument du mauvais penchant, la récompense est assurée même si l’on n’agit pas de façon désintéressée. A l’écouter, on finirait même par commettre l’idolâtrie car « aujourd’hui il dit: fais ceci, demain il dit: fais cela, jusqu’à ce qu’en fin de compte il dise: va adorer des idoles... » (Shabbat 108b, Avot D’Rabbi Nathan 3:2). Tout commence lorsqu’il nous conseille d’agir selon la volonté de D. mais avec une arrière-pensée, celle de la récompense.

Si l’homme agit dans l’espoir d’une récompense comme le lui conseille le mauvais penchant, celui-ci ne le lâche plus. Le lendemain, il viendra lui dire: « Hier tu as exécuté tel commandement et tu n’en as pas été récompensé, tu as prélevé la dîme et tu ne t’es pas enrichi. Au contraire, tu t’es appauvri! Pourquoi obéir aux commandements? » Jusqu’à ce qu’en fin de compte, il lui dise: « va adorer des idoles », et cela bien que, la veille encore, le mauvais penchant lui ait conseillé d’obéir aux commandements.

Il faut tout de même se demander pourquoi cet homme est mort, justement lorsqu’il est monté sur l’échelle pour prendre les oisillons, comme son père le lui avait demandé? « Il est monté sur l’échelle » signifie allégoriquement qu’il était parvenu au plus haut degré d’élévation possible. Il avait perfectionné son âme sous tous ses aspects, et il ne lui manquait que l’exécution du commandement de « renvoyer la mère du nid » pour être parfait, c’est pourquoi en le réalisant, il a atteint la perfection de sa vie en ce monde et en redescendant de l’échelle, il est tombé et il est mort.

Ah’er interprétait littéralement le verset: « afin d’être heureux et de prolonger tes jours », comme si la récompense était donnée en ce monde. Il ignorait la vraie interprétation donnée par Rabbi Ya’akov: « afin d’être heureux dans un monde qui n’est que bonheur, et afin de prolonger tes jours dans le monde éternel ». Il a écouté son mauvais penchant qui lui prêchait des idées apparemment vraies mais qui, en fin de compte, se révèlent fausses.

Nous pouvons dire de façon plus approfondie qu’Ah’er n’a pas compris que les versets sont parfois des allusions qui demandent à être expliquées. Bien qu’il ait jusque-là obéi à beaucoup de commandements, il les avait toujours accomplis dans l’intention de recevoir une récompense. Le mauvais penchant l’a induit en erreur, et il n’a pas tenu compte du fait que cet homme [qui est tombé de l’échelle] était peut-être parvenu à la perfection de façon à arriver vers le monde qui n’est que bonheur. Il s’est laissé induire en erreur, au point de devenir athée.

En quittant H’aran pour Eretz Israël, Avraham n’a fait qu’écouter la voix de D. qui résonnait à ses oreilles; il n’a pas écouté les insinuations du mauvais penchant, et c’est pourquoi il a réussi.

C’est une leçon qui doit guider chacun de nous dans la vie. Celui qui veut connaître la vérité, doit savoir reconnaître clairement la voix de D. et lui obéir, et repousser les conseils du mauvais penchant. Car seule la voix de D. est une voix éternelle.

Il est écrit dans la Torah (Dvarim 4:30, 30:2): « Et tu reviendras à l’Eternel ton D. et tu obéiras à Sa voix... » et encore (ibid. 27:10): « Tu obéiras à la voix de l’Eternel » et aussi : « Lorsque tu reviendras à l’Eternel », c’est-à-dire: tu reviendras à D. de toi-même, de ta propre initiative, tu n’écouteras que Sa voix. Tu ne pourras pas revenir à D. si tu écoutes des mauvais conseils... Et donc il faut prier sans cesse et demander à D. de nous diriger dans le bon chemin, et de veiller sur nous afin que nous n’obéissions qu’à Sa voix, la voix de D., et alors grande est la récompense en ce monde et dans l’autre.

 

 

 

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