De l’épreuve comme test de perfection dans le service de D.

Le but et la raison d’être de la création de l’homme est de surmonter les épreuves difficiles et amères qu’il doit affronter chaque jour, durant toute sa vie et d’en triompher. Le premier Homme, création des mains de D. (Kohélet Rabba 3:14) fut le premier à avoir été éprouvé par D. qui lui dit (Béréshit 2:17-18): « Tu peux manger de tous les arbres du jardin, mais de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ». L’Homme n’a pas surmonté l’épreuve, « il n’a pas respecté l’interdit une seule heure »  (Tanh’ouma Shmini 8). Mais D., de Son côté, désire malgré tout que l’homme vive, Il ne désire pas sa mort. C’est pourquoi Il nous ordonne dans la Torah un choix: « Tu choisiras la vie » (Dvarim 30:19). Il faut comprendre que le libre arbitre constitue l’épreuve la plus difficile de l’homme qui est sommé de choisir la vie, de choisir ce qui est bon, et de suivre l’injonction (Dvarim 17:11): « Tu ne t’écarteras pas de ce qu’ils [les décisionnaires] te diront, ni à droite ni à gauche », car D. a créé dans le cœur de l’homme des tendances qui « sont mauvaises dès son enfance » (Béréshit 8:21) et qu’il doit vaincre. S’il choisit de faire ce qui est bien et bon aux yeux de D., c’est effectivement qu’il a surmonté l’épreuve.

Comment l’homme peut-il surmonter les épreuves et parvenir à ne faire que ce qui est bien? Uniquement s’il se sacrifie, dans le sens où il est écrit: « Si quelqu’un d’entre vous présente un sacrifice à l’Eternel... » (Vayikra 1:2). La vie de l’homme est faite d’épreuves quotidiennes, il y est confronté de tous côtés et à chaque instant. Celui qui apprend à renoncer à ses désirs, celui pour qui D. est présent devant lui en permanence, comme il est dit « J’ai fixé mon regard vers l’Eternel, toujours » (Téhilim 16:8), « toujours », c’est-à-dire: lorsque je mange, lorsque je dors, dans toutes mes occupations, celui-là, lorsqu’il est mis à l’épreuve devant une nourriture interdite, saura sûrement y renoncer et surmonter ses appétits. Telle est la victoire de l’homme sur son mauvais penchant, et alors son libre arbitre ne le fera pencher que vers le bien.

Pourtant, il est difficile pour l’homme, de par sa nature-même, de surmonter les épreuves, et il a besoin que D. lui vienne en aide, et « si ce n’était le soutien du Ciel, il ne pourrait pas remporter cette lutte » (Kidoushin 30b). Nous avons vu des hommes pieux qui ont failli succomber à l’épreuve, si D. ne leur était venu en aide. Ce fut le cas de Rabbi Akiva (Kidoushin 81a), dont le mauvais penchant prit la forme d’une femme attrayante. Pour sauver son âme, il grimpa sur un arbre, et fut sauvé avec l’aide de D. Il en fut de même pour David HaMelech’ qui voulait être mis à l’épreuve, comme il est écrit (Téhilim 26:2): « Mets-moi à l’épreuve, ô D., sonde mes reins et mon cœur », mais qui n’a pas pu la surmonter, comme le disent les Sages (Yoma 22b): « David a été éprouvé deux fois et n’a pas résisté... » Et ils ajoutent (ibid.): « David fut atteint de lèpre pendant six mois, le Sanhédrin s’est séparé de lui et la Présence de D. l’a quitté... » Les Sages en tirent un enseignement (Sanhédrin 107a): « Rabbi Yéhouda au nom de Rabbi dit: Il ne faut jamais rechercher l’épreuve car David HaMelech’ a voulu être éprouvé et il a échoué ». Il est possible que David ait espéré surmonter l’épreuve par lui-même, mais c’est une chose impossible, sans le soutien de D. Il faut se garder de penser que l’on peut triompher par ses propres forces.

Il est écrit: « Et D. appela Moshé... » (Vayikra 1:1). La lettre Aleph du mot vayikra est petite, pour nous enseigner que Moshé - bien que D. lui parle directement, comme il est dit « Je lui parle face à face » (Bamidbar 12:8), bien qu’il soit « le plus grand de tous les prophètes » (Vayikra Rabba 1:15), le dirigeant et le roi du peuple d’Israël (Tanh’ouma Tissa 28), de sorte que les Sages disent de lui (Sifri et Rashi, Bamidbar 9:8): « heureux celui qui est né d’une femme et avec qui D. parle en tout temps » - est resté personnellement humble, comme il est dit (Bamidbar 12:3): « l’homme Moshé est très humble ». Même proche de D., il faut rester humble, et cela aussi constitue une épreuve à surmonter.

Mais ajoutons un mot concernant l’héritage de la terre d’Israël par les Juifs.

Avraham a demandé à D. un signe (Béréshit 15:8): « Par quoi saurai-je que je vais en hériter? » D. lui répondit (verset 13): « Sache-le, tes enfants seront des étrangers dans un pays qui n’est pas le leur, ils seront asservis et opprimés pendant quatre cents ans, mais Je jugerai le peuple qui les opprimera et après cela ils sortiront avec de grandes richesses ».

Est-ce que ses enfants doivent vraiment souffrir un exil de quatre cents ans parce qu’Avraham a demandé « Par quoi saurai-je? » C’est pourtant ce que disent les Sages (Yalkout Shimoni Lech’ Lech’a 77): « Pour avoir dit: « par quoi saurai-je? » il fut puni doublement (c’est-à-dire d’une punition sévère car le mot [dt [dy, sache..., est répété deux fois) ». Pourquoi une telle punition? Car Avraham aurait pu se repentir puisque « les Portes du Repentir sont toujours ouvertes » (Ech’a Rabba 3, Pessikta Soucota), et « les Portes des Larmes ne sont jamais fermées » (Brach’ot 32b, Zohar I 132b) et dans ce cas, le décret aurait pu être annulé. Pourquoi les Enfants d’Israël doivent-ils être punis si sévèrement à cause de la demande d’Avraham?

Une autre question se pose. Comment se peut-il qu’Avraham, qui avait une foi inébranlable en D. et dont il est écrit: « Il eut foi en D. et ce fut son mérite (Béréshit 15:6), et aussi: « Tu trouvas son cœur fidèle envers Toi » (Neh’émia 9:8) ait pu mettre en doute l’héritage de la terre et demander un signe de confirmation? Même si l’on voulait dire qu’il n’avait aucun doute et qu’il voulait transmettre ce signe pour en assurer ses enfants, nous lisons que le roi H’izkya aussi, sur le point de mourir, a demandé et reçu un signe lui confirmant sa longévité, et il ne fut pas puni comme il est écrit (Ishaya 38:5, 7-8, Divrey HaYamim II, 32:24): « Je prolongerai ta vie de quinze ans... Ceci est le signe que t’accorde l’Eternel pour te prouver qu’il accomplira la parole qu’Il prononce, je vais faire revenir de dix degrés en arrière l’ombre qui était descendue sur le cadran solaire de Ah’az ». Il faut donc comprendre pourquoi Avraham fut puni pour avoir demandé un signe.

En réponse, chaque homme est capable de parvenir à la connaissance du Créateur. C’est une chose évidente et facile. Beaucoup de gens admettent qu’il y a un Créateur, ils savent qu’Il est le souverain et ils Lui sont fidèles, mais lorsqu’ils doivent affronter une mise à l’épreuve de leur foi, ils se montrent incapables de la surmonter. Avraham est parvenu à un niveau supérieur de perfection uniquement parce qu’il a vaincu toutes les épreuves comme le disent les Sages (Avot V:3): « Avraham subit dix épreuves, et il triompha de toutes ».

C’est pourquoi, lorsqu’Avraham entend que D. donne à ses descendants la terre de Canaan, et promet même qu’ils « seront nombreux comme les grains de sable sur la terre et les étoiles du ciel », il a peur. Il pensait que peut-être tant de promesses de la part de D., et tant de bienfaits accordés sans qu’il soit nécessaire de rien faire pour les obtenir, feraient perdre aux Enfants d’Israël leur statut dans le sens où il est écrit: « Et Yeshouroun, devenu gras, regimbe » (Dvarim 32:15), et alors l’existence même du peuple juif serait en grand danger. C’est pourquoi Avraham demande un signe de confirmation de l’héritage. Il demande un signe par lequel il saura que ses enfants préserveront l’héritage, resteront toujours fidèles et continueront à servir D. Par quel mérite se tiendront-ils toujours devant Toi, et comment réussiront-ils à préserver leur Judaïsme et la connaissance de la Torah?

Et D. répondit à Avraham: « Sache-le, tes enfants seront des étrangers dans un pays qui n’est pas le leur, ils seront asservis et opprimés pendant quatre cents ans, mais Je jugerai le peuple qui les opprimera et après cela ils sortiront avec de grandes richesses » (Béréshit 15:13).  D. lui répondit que les Enfants d’Israël subiront beaucoup d’épreuves et devront lutter avec courage contre tous les ennemis qui cherchent à les briser, mais qu’après cela « ils sortiront avec de grandes richesses ». Quelles sont ces richesses? La résistance aux épreuves, une résistance que l’homme acquiert lorsqu’il a surmonté les épreuves. Tel est le sens de la réponse de D. et ce n’est pas une punition pour avoir demandé un signe. D. lui a expliqué que les Enfants d’Israël vivront en exil, exposés aux mœurs des nations, et malgré cela ils ne céderont pas, surmonteront les épreuves, et ensuite sortiront de leur exil avec de grandes richesses, recevront la Torah, et prendront possession de la terre d’Israël.

Nous savons qu’en Egypte, les Enfants d’Israël n’ont changé ni leurs noms, ni leur langue, ni leur façon de s’habiller, ce qui les a sauvés (Vayikra 32:5). Ils risquaient de se fondre parmi les Egyptiens, et pourtant ils ont résisté à cette épreuve et ce mérite les a sauvés. C’est que l’exil lui-même a renforcé dans leur cœur leur foi ancestrale.

Il faut se demander pourquoi les Egyptiens n’ont pas obligé les Enfants d’Israël à modifier ces trois choses, puisqu’ils opprimaient les Juifs cruellement, et l’obligation de changer ce qui les différenciait des autres aurait été pour eux une grande souffrance. Pourquoi ne les ont-ils pas obligés à le faire? Sans aucun doute, il faut y voir la volonté de D. Les Juifs subissent de grandes humiliations à cause de leur différence, et ces trois choses les exposent à tous en tant que Juifs (voir Zohar II 14b). S’ils surmontent cette épreuve en préservant leur identité, ils se trouvent enrichis par l’acquisition la plus précieuse, celle d’avoir vaincu l’épreuve.

Il faut noter en passant que ce n’est pas seulement le fait de ne pas changer leur nom, leur vêtement distinctif et leur langue, qui symbolise la volonté et la capacité de surmonter l’épreuve. Il en est de même de tout autre commandement qui semble plus facile à garder, comme l’écrit le Rav Berlzer de mémoire bénie: « Lorsque quelqu’un donne de l’argent à un nécessiteux, ou prie devant D., cela constitue une épreuve ». Pourquoi? Parce que, s’il est capable de se discipliner afin de pratiquer les commandements, il sera aidé par le ciel, et s’il doit donner sa vie pour sanctifier le Nom de D., il le fera aussi.

Ajoutons à ce sujet que le mauvais penchant s’appelle « méchant » (Kidoushin 30b). Si l’homme écoute les conseils de ce « méchant » et faute, s’il tombe sous son emprise, c’est comme s’il se faisait son esclave, et cela est tout à fait semblable à la pratique de l’idolâtrie, puisqu’il nous est interdit de servir quelqu’un d’autre que D. L’homme qui, tous les jours de sa vie, lutte contre le mauvais penchant avec courage et résiste à toutes ses incitations, fait preuve d’une grande domination sur lui-même, et alors, le mauvais penchant n’a aucune emprise sur lui. Pourtant, il reste au mauvais penchant une dernière possibilité de faire faillir l’homme et cela avant sa mort, par des souffrances. La souffrance de l’homme sur le point de mourir est causée par l’ange de la mort, qui remplit son cœur de pensées rebelles - cette épreuve est très dure. Il est dit (Avot II:4): « Ne sois pas sûr de toi-même jusqu’au jour de ta mort ». Heureux celui qui triomphe de cette épreuve. S’il a vraiment fait taire le mauvais penchant à ce moment-là, et passe victorieusement cette dernière étape, il surmonte cette épreuve en consacrant son âme à la sanctification du Nom de D.

 

 

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