De l’esclavage à la liberté et à la rédemption

Certains demandent pourquoi à l’occasion de la fête de Pessah’, beaucoup de gens font de grands préparatifs avec une stricte rigueur, alors que pour les autres fêtes solennelles, nous ne voyons pas nos frères Juifs s’affairer et nous ne les voyons pas non plus observer strictement la loi. Pourquoi une telle tendance justement pour la fête de Pessah’?

Les Sages ont dit (Pessah’im 116b): « A chaque génération, chacun doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Egyte ». Pessah’ signifie passer par-dessus, comme il est écrit « et Il passera par-dessus la porte » (Shemot 12:23), et « c’est le sacrifice du passage en l’honneur de l’Eternel » (ibid. 12), car D. a épargné les maisons des Enfants d’Israël en passant au-dessus d’elles. Bien que l’on ne prépare aucune des autres fêtes avec tant d’attention, durant la fête de Pessah’ l’homme passe d’un seul bond de l’impureté à la sainteté, comme le disent les Sages (Rashi, Shemot 12:11, Yalkout Shimoni 199): « Vous aussi faites tout ce que vous faites pour commémorer le fait que D. est passé par-dessus vos maisons et vous a épargnés » et alors, les cœurs se remplissent de la sainteté de la fête qui célèbre notre libération, et nous offrons le sacrifice de Pessah’ à D. Nos ancêtres en Egypte, bien qu’idolâtres (Yalkout Shimoni Shemot 206) avaient résisté à bien des épreuves, puisqu’ils n’avaient changé ni leurs noms ni leur langue ni leur façon de s’habiller. Ils n’avaient pas préparé non plus de provisions de route en sortant d’Egypte (Shemot 12:39), ce qui n’est pas naturel, et cela nous montre combien était grande leur foi en D., comme le prophète en témoigne (Yérémia 2:2): « Je garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse... quand tu me suivais dans le désert, une terre inculte », et ils sont passés d’un seul bond d’un état d’impureté à un état de sainteté. Il est dit (Zohar H’adash Yithro 39a): « les Enfants d’Israël étaient plongés en Egypte dans les quarante-neuf degrés d’impureté et ils furent sauvés avant de parvenir au cinquantième ».

Chacun doit puiser dans la célébration de la fête de Pessah’ du courage et des forces pour toute l’année.

Il faut comprendre pourquoi D. passa par-dessus les portes des maisons des Juifs en Egypte, lorsqu’Il frappa les Egyptiens et nous sauva, alors qu’Il aurait pu anéantir d’un seul mot tous les premiers-nés d’Egypte. Pour quelle raison a-t-Il agi de la sorte? Si ce n’est pour nous enseigner que les Enfants d’Israël étaient idolâtres et ne méritaient pas d’être sauvés, « ni par un ange ni par un séraphin » (Yalkout Shimoni Shemot 199) puisqu’ils étaient plongés dans les quarante-neuf degrés d’impureté. D. a épargné leurs maisons en passant au-dessus d’elles d’un bond, pour indiquer qu’eux aussi pouvaient passer outre l’impureté et se sanctifier, passer outre les mauvaises actions, réaliser de bonnes actions, et mériter la rédemption. Effectivement, les Enfants d’Israël ne firent même pas de provisions de route, ils n’ont rien préparé, même pas pour les vieillards, et les enfants n’ont pas demandé « comment pouvons-nous sortir sans provisions et sans réserves? » Ils sortirent d’Egypte grâce à leur foi, et c’est grâce à leur foi qu’ils eurent l’inspiration divine de chanter les louanges de D. en traversant la Mer des Joncs (Shemot Rabba 23:2). Ils furent sauvés pour avoir surmonté leurs mauvaises habitudes et suivi le droit chemin. Il est certain que D. a voulu leur donner cet exemple.

La même leçon se renouvelle à chaque génération et d’année en année, justement à la célébration de la fête de Pessah’, anniversaire de la sortie d’Egypte. Même celui qui n’a pas de quoi manger, qui n’a pas de « provisions de route », et même les gens les plus simples, ressentent la sainteté de la fête, et la préparent scrupuleusement en triomphant de toutes les difficultés.

La bar mitzva est un autre exemple. Pendant treize ans, l’enfant a poursuivi avec ardeur les plaisirs matériels de ce monde et n’a cherché qu’à satisfaire toutes ses envies, et le jour où il prend sur lui le joug des commandements, on le revêt d’un ensemble, d’un chapeau, et on le couronne comme un roi, avec les Téphilines de la tête et du bras, puis on lui dit: « C’est fini! à partir d’aujourd’hui, tu es un homme parmi les adultes, tu prends maintenant sur toi le joug de la Torah et des commandements, désormais tu n’es plus sous l’emprise des désirs de ton cœur pour faire ce que bon te semble, comme tu l’as fait jusqu’à ce jour ». Quel bond soudain, quel saut du monde matériel au monde spirituel, d’un extrême à l’autre, des plaisirs égoïstes à la discipline de la Torah et des commandements. Le mot joug, l/[, a la même valeur numérique que le mot wq, une ligne directrice, car dorénavant il prend une nouvelle direction, il choisit la rectitude et le bien, il ne laissera pas son cœur pencher vers le mal. De plus, on place sur lui effectivement un joug: jusqu’à présent il n’était pas tenu de respecter les six cent treize commandements, et à partir de ce jour, il prend sur lui d’observer tous les commandements. C’est pour lui une grande épreuve et une grande responsabilité. C’est pourquoi on fête dans la joie le jour de ses treize ans, on le célèbre par un repas, pour que ce jour soit ancré dans son souvenir, et que cette joie le conduise à une autre joie, celle d’affronter les épreuves du temps et de vaincre les vagues malveillantes du mauvais penchant.

Il est dit « pour les Juifs, ce n’était que joie lumineuse, contentement, allégresse, et honneur » (Esther 8:16), ce que les Sages expliquent ainsi (Méguila 16b): « La lumière c’est la Torah, l’honneur ce sont les Téphilines ». Cela indique que le jour où l’enfant parvient à l’âge du devoir, grande est sa joie de porter les Téphilines et de prendre sur lui le joug de la Torah et des commandements qui lui permettront de faire son chemin dans la vie.

(A ce sujet, je veux proclamer publiquement, vu le comportement répréhensible dont nous sommes témoins quotidiennement, que la joie véritable du bar mitzva se transforme en chagrin et en deuil, lorsque la fête est accompagnée d’attitudes et de danses indécentes. Au lieu d’enseigner au jeune homme dès son jeune âge les commandements et la façon de se détacher des plaisirs mondains et matériels et de prendre sur lui le joug divin, sincèrement et avec respect, on commet de plus la faute de lui enseigner comment se débarrasser du joug de la sainteté, et il devient semblable au bœuf dépourvu de joug. On l’encourage à poursuivre les plaisirs et à participer à des danses indécentes, en lui disant: « tu es un homme... » Malheur aux yeux qui l’ont vu, aux oreilles qui l’ont entendu. N’y a-t-il vraiment pas de Juge et pas de justice? Quiconque craint la Parole de D. et respecte les choses sacrées s’éloignera de ceux qui se conduisent de la sorte et évitera de participer à ces tristes festivités qui détruisent notre précieux héritage. Son abstention lui sera comptée comme l’accomplissement d’un commandement. Cela aussi fait partie des épreuves, que D. nous vienne en aide).

La section de la Torah concernant les Téphilines fait suite à la section de la sortie d’Egypte (Bo, Shemot 13). Le jeune garçon qui est arrivé à l’âge de quitter un monde de jouissances matérielles pour prendre sur lui le joug du royaume de D. en portant les Téphilines, ressemble au peuple tout entier au moment de la sortie d’Egypte, passant d’un bond de l’impureté à la pureté et s’élevant. Jusque-là, ils étaient ancrés dans l’esclavage d’Egypte; maintenant ils sont sanctifiés. De même, ce jeune garçon qui, jusqu’à présent, était habitué à satisfaire ses désirs et n’était pas soumis à la discipline de la Torah, porte dorénavant sur les épaules un joug, le joug du royaume de D., tout comme le peuple juif qui, sortant des quarante-neuf degrés d’impureté et d’idolâtrie, et sans poser de questions, s’est mis en route comme D. lui a enseigné de le faire en passant par-dessus ses maisons, enseignement valable pour toutes les générations.

Nous comprenons à présent pourquoi Avraham ne désirait pas que ses descendants, après lui, reçoivent la terre qui abonde en lait et en miel sans être soumis à des épreuves, car cela aurait pu les desservir, et ils n’auraient pas été capables d’hériter de la terre promise et d’y servir D. « Par quoi vont-ils mériter les quarante-huit conditions qui permettent d’acquérir la Torah, la connaissance du Créateur du monde, au point de rester attaché à Lui et à Ses qualités, comme il est écrit: « Et d’être attaché à Lui » (Dvarim 11:25) c’est-à-dire « attaché à Ses qualités » (Sotah 14a)? Et la réponse de D. est immédiate: par l’exil en terre étrangère, par le fait d’être esclaves et de surmonter les épreuves en Egypte, ils seront sauvés, ils sortiront avec de grandes richesses, ils passeront d’un bond du mal au bien, et les Téphilines en sont la preuve... chacun doit surmonter les multiples épreuves de la vie, et alors tous les jours de sa vie seront sanctifiés dans le service de D.

Quelle est la bonne voie?

Chacun doit avoir le courage de ne pas se laisser entraîner par les épreuves du temps. Il faut fuir les festivités indécentes et leurs foules, afin de ne pas plonger dans les quarante-neuf degrés d’impureté. Que D. nous vienne en aide.

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan