La sympathie et l’amour du prochain, issues de l’étude de la Torah

Il est écrit (Béréshit 23:1): « La vie de Sarah fut de cent ans et vingt ans et sept ans... » c’est dire que toutes les années de sa vie furent également bonnes et qu’elle n’a commis aucune transgression durant toute sa vie.

Cela soulève une question: Pourquoi la Torah sépare-t-elle chaque détail et ajoute-t-elle après chacun le mot « ans », pour nous faire savoir que Sarah n’a jamais fauté? Quelqu’un voudrait-il la soupçonner d’avoir commis quelque faute au point qu’il soit nécessaire à la Torah de témoigner du contraire? Cette femme, dont les Sages disent que « durant toute sa vie, sur cette terre, une nuée de Gloire flottait au-dessus de sa tente, une flamme y brûlait en permanence, et la pâte qu’elle pétrissait pour le pain était bénie » (Béréshit Rabba 60:9); cette femme que les Sages ne cessent de louer, incitait les femmes idolâtres à croire en D. et à avoir foi en Lui, et elle leur restituait leur dignité humaine. Comment penser qu’elle ait pu fauter durant sa vie, au point que la Torah doive affirmer le contraire?

En lisant les propos des Sages dans le Talmud et les Midrashim, nous voyons qu’Avraham et Sarah jouissaient de qualités et de vertus égales, puisque « ...et les âmes qu’ils ont faites à H’aran » (Béréshit 12:5) nous enseigne qu’ »Avraham convertissait les hommes et Sarah les femmes » (Béréshit Rabba 39:21, 84:2), chacun agissant dans son domaine propre. Pourtant, la conduite de Sarah était de loin supérieure à celle d’Avraham, car Avraham rapprochait les hommes de D., tandis que Sarah rapprochait les femmes, et il est plus difficile de convaincre les femmes de se repentir car « elles sont moins réfléchies » (Shabbat 33b). Il est naturellement difficile de les convaincre de leurs torts et de changer leurs sentiments pour ne laisser subsister dans leurs cœurs que l’amour et la crainte de D.

De plus, Sarah en tant que maîtresse de maison, préparait la nourriture et les boissons, vaquait aux soins du ménage, préparait les repas pour les nombreux visiteurs, les vêtements et les provisions de route des hommes et des femmes qui venaient chez eux, et son zèle instillait en eux une grande foi en D. et leur inspirait de l’enthousiasme. Tout cela montre que non seulement Sarah était égale à Avraham pour le  service de D., mais qu’elle le dépassait dans de nombreux domaines.

Lors du repas offert aux trois anges, Avraham mentionne « de la farine » et Sarah prépara « de la fleur de farine ». Que signifie ce changement? Nous apprenons « que la femme est plus parcimonieuse que l’homme envers les invités » (Babba Metzya 87a). C’est une chose extrêmement étonnante et même effrayante! Est-il possible de penser qu’elle était parcimonieuse, elle, que les Sages mettent sur le même plan qu’Avraham? Elle, qui avait la force d’âme de pousser les femmes à se convertir et à obéir à D., elle qui avait une si grande aptitude à faire le bien, et malgré tant de dévouement, est-il possible de dire qu’elle était parcimonieuse envers les invités? S’il en était ainsi, tous se seraient éloignés d’elle et auraient refusé d’entrer dans sa maison et de l’écouter. Il ne fait pas de doute que le fait même qu’elle les ait invités à savourer la sainteté du Shabbat dans sa maison et à se sentir chez elle comme des membres de la famille, lui donnait le mérite de pouvoir les attacher à D.. Pourquoi donc les Sages disent-ils de Sarah qu’elle était parcimonieuse envers les invités? N’est-ce pas surprenant?

Il est vrai que de façon générale la femme est par nature parcimonieuse envers les invités, mais ce n’était pas le cas de Sarah. Elle était différente, exceptionnelle et généreuse. Nous en avons des preuves indiscutables. C’est donc Avraham qui pensait qu’elle possédait ces caractéristiques communes à toutes les femmes et qu’elle ne verrait pas les invités d’un bon œil, et c’est pourquoi il  prépara lui-même le repas, sans demander son aide. Mais elle n’était pas comme toutes les femmes, puisque la Torah  explicite qu’elle œuvrait exactement comme Avraham et qu’elle possédait toutes les vertus d’Avraham. De plus, l’éducation des enfants de tous ces invités reposait sur elle, comme le disent les Sages (Brach’ot 17a): « Quelle est la récompense des femmes? L’éducation des enfants dans les voies de D. et le fait qu’elles attendent le retour de leur mari ». Sarah préparait aussi les provisions de route pour les innombrables passants.

Sarah avait d’autres qualités. « C’est par leur sagesse que les femmes construisent leur foyer » (Mishley 14:1), « Heureux qui a trouvé une femme vaillante... » (ibid. 31:10), « Elle ceint de force ses reins et arme ses bras de vigueur » (ibid. 31:17) - telle était Sarah. Avraham allait chercher les hôtes, Sarah préparait la nourriture, les boissons, et leur fournissait des provisions de route. Avraham n’aurait pas pu accomplir sa tâche sans l’aide de Sarah. Tout le monde sait combien il est difficile pour un baal teshouva (un Juif qui revient au Judaïsme) de vivre avec un conjoint qui n’a pas encore choisi de vivre selon la Torah. Il est certain qu’Avraham s’appuyait sur sa femme Sarah et lorsqu’il poussait un homme à se repentir, il comptait sur elle pour convertir sa femme, et donc, Avraham et Sarah, ensemble, ramenaient le mari, la femme et les enfants à D. Les efforts d’Avraham auraient été vains et voués à l’échec si seul le mari était revenu vers D. C’est donc que Sarah œuvrait exactement comme Avraham, et même le distançait.

Les Sages disent: « L’âme de Sarah l’a quittée lorsqu’elle entendit dire que son fils Yits’hak avait failli ne pas être sacrifié sur l’autel » (Vayikra Rabba 20:2), c’est-à-dire que toute l’existence de Sarah et tout son être étaient uniquement consacrés à l’accomplissement de la volonté de D., et c’est pourquoi son âme l’a quittée lorsqu’on lui dit que le sacrifice n’avait pas été parfait. Tout ce qu’elle faisait pour ramener à D. les hommes et les femmes était fait avec une sagesse profonde et une grande intelligence. Avraham lui-même n’était pas au courant de tout ce qu’elle faisait, bien qu’il reconnût sa grandeur et ses vertus, comme il est écrit (Béréshit 12:11): « Maintenant je sais que tu es une femme belle et prestigieuse ». Jusque-là, Avraham n’avait pas observé sa femme Sarah, il ne connaissait pas sa beauté extérieure et intérieure et ce n’est que maintenant, à cause des circonstances, qu’il la regarde (Tanh’ouma Lech’ Lech’a 5). Sarah, de son côté ne s’est jamais plainte de son manque d’intérêt, comme la plupart des femmes qui veulent que leur mari leur prête attention et leur exprime des marques d’amour. Elle n’attendait pas de lui des paroles tendres, comme la plupart des maris en adressent à leur femme. C’est que Sarah n’avait pas les mêmes sentiments que la plupart des femmes simples... et il est certain qu’elle n’était pas parcimonieuse envers les invités. Il ne fait aucun doute que l’amour du prochain remplissait son cœur pur et saint.

Moshé, qui était « le plus grand des hommes et le père de tous les prophètes » (Vayikra Rabba 1:15), était parvenu à une telle grandeur grâce à son humilité exceptionnelle, comme il est écrit (Bamidbar 12:3): « L’homme Moshé était le plus humble de tous les hommes ». De même, Sarah, qui surpassait son mari, Avraham, par ses dons prophétiques, agissait avec sagesse et pudeur. Nul, pas même Avraham, ne voyait ce qu’elle faisait. Lorsque Avraham dit: « Maintenant je sais... » Le mot atta, maintenant, indique le repentir pour signifier qu’ »Avraham s’est repenti et a demandé pardon à sa femme pour ne pas l’avoir jugée à sa juste valeur » (Béréshit Rabba 21:6). Il pensait qu’elle avait les mêmes sentiments que tout autre femme mais ce n’était pas le cas! Elle s’occupait des invités avec autant de zèle qu’Avraham et peut-être même plus que lui, comme nous l’avons souligné plus haut. Sarah avait d’autres qualités. Les Sages racontent à son sujet des choses vraiment merveilleuses: « ce jour-là, jour de la naissance d’Yits’hak, les femmes emmenèrent leurs enfants et Sarah les a tous allaités » (Babba Metzya 87a, Béréshit Rabba 53:13, Pessikta Zouta), leur prodiguant aussi une nourriture spirituelle. « Le jour où Sarah fut visitée, beaucoup de prières furent entendues en même temps que la sienne. Beaucoup de femmes jusque-là stériles conçurent, et ce jour-là la joie était à son comble dans le monde » (Béréshit Rabba 53:8).

Sarah était « la première des mères de la nation et la plus parfaite des maîtresses de maison » (Bamidbar Rabba 14:23). A cent ans, alors qu’on pourrait croire qu’elle était vieille et affaiblie par l’âge et qu’elle n’avait plus la force de préparer à manger, à boire, et de loger les invités de sa maison, elle le faisait avec autant de vigueur qu’une jeune fille de vingt ans, pourvoyant à tous leurs besoins. Sa grandeur était telle qu’il est dit (Zohar I 128a): « H’ava eut honte, à la mort de Sarah, qu’une femme aussi exceptionnelle soit enterrée à ses côtés car elle était lumineuse, comme le soleil à son apogée ». Cela est indiqué dans le verset car les premières lettres des mots Sarah Méa Shana (Sarah a cent ans) forment le mot ShéMéSh, soleil. Tous voyaient, aussi clairement que la lumière du soleil, toutes les merveilles qu’elle accomplissait.

Les qualités de Sarah sont un modèle de conduite et un enseignement pour toute femme, l’encourageant à être un soutien et une aide pour son mari dans tous les domaines et dans tous les cas, et à mériter « la récompense des femmes », et alors le Nom de D. accompagne les époux. Ce n’est pas seulement dans les domaines qui lui sont propres que la femme doit aider son mari, mais aussi dans son domaine à lui, afin de le soulager du fardeau de son travail et de ses problèmes, et alors elle verra que « son mari a confiance en elle et elle ne manquera de rien » (Mishley 31:11).

L’amour de Sarah pour tous

Ce que nous avons dit permet d’éclairer d’autres points, car tout est lié dans la Torah:

1. Nous avons déjà dit que durant toute sa vie, une nuée de Gloire surmontait la tente de Sarah, une flamme y était allumée en permanence, et la pâte qu’elle pétrissait était bénie. Mais il nous faut expliquer à quoi font allusion ces trois choses: la nuée, la flamme, et la pâte. Pourquoi justement ces trois élément peuvent-ils démontrer combien Sarah était vertueuse?

2. Le verset dit: « Et Avraham vint prononcer l’oraison funèbre de Sarah et la pleurer (Béréshit 23:2). Dans le mot lebach’ta, la pleurer, la lettre Ch’af est plus petite que les autres. Qu’est-ce que cela nous enseigne?

3. Il est écrit: « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Vayikra 19:18) et Rabbi Akiva explique que « c’est un principe fondamental de la Torah » (Béréshit Rabba 24:7). Cela demande réflexion: pourquoi est-il écrit « rééh’a » (ton prochain), et non pas par exemple h’avereh’a (ton ami)? Mieux encore. Pourquoi est-ce justement l’amour du prochain qui est un principe fondamental de la Torah? N’y a-t-il pas dans la Torah d’autres commandements qui pourraient constituer eux aussi des principes fondamentaux?

Ce que nous avons dit plus haut nous permet de répondre à toutes les questions posées. La Présence divine habitait la maison de Sarah parce qu’elle était une aide pour Avraham, et c’est le sens de la nuée qui indique la Présence divine (le mot eyv, nuage, a une valeur numérique de soixante-douze, indiquant le Nom de D. de soixante-douze lettres). Il en est de même des nuées de Gloire qui accompagnaient le peuple d’Israël dans le désert (voir Zohar I 176b). La flamme allumée symbolise les commandements, comme il est écrit « le commandement est une flamme et la Torah la lumière » (Mishley 6:23). Sarah s’acquittait à la perfection de toutes les obligations de la Torah, sans arrière-pensée. Et la flamme est l’âme, comme il est écrit (ibid. 20:27): « L’âme de l’homme est un flambeau divin ». La pâte qu’elle pétrissait symbolise la présence d’invités, et Sarah y excellait. Sa pâte était bénie, car parfois elle préparait du pain pour un certain nombre d’invités et soudain la maison accueillait bien plus de monde et, malgré tout, il y avait assez de pain pour tous. C’est donc qu’elle agissait de bon cœur en toute chose.

Lorsque Sarah disparut, la maison se vida de la vie qui la remplissait. C’est alors qu’Avraham comprit à quel point elle avait été une aide et un soutien, et combien elle était une femme exceptionnelle. De plus, il vit que le nuage, la flamme, et la bénédiction de la pâte avaient disparu avec elle. Lorsque Avraham vint prononcer son oraison et la pleurer, le mot pleurer Lébakota (qui est écrit avec un petit Khaf) peut se lire Lébeïta, du mot maison - Avraham a pleuré sa maison vide, il a pleuré à cause du grand vide laissé par la mort de Sarah. C’est seulement alors qu’il a senti combien sa pudeur cachait d’amour, au point que personne n’avait remarqué sa grandeur. C’est ce qu’il a exprimé dans son oraison funèbre et ce qui explique ses larmes.

Quel est le sens du mot « ton prochain » dans le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même », et pourquoi n’est-il pas dit « ton ami »? C’est pour indiquer que même si quelqu’un se conduit mal envers toi et te hait, tu dois l’aimer et le respecter. Le mot réech’a (ton prochain) peut se décomposer en ra-lech’a (méchant envers toi). Malgré sa méchanceté envers toi, aime-le comme toi-même, et ce faisant, tu pourras attendrir son cœur, car il pensera: « Cet homme m’aime malgré le tort que je lui ai fait », et cela l’amènera à se repentir.

A une époque où tant d’hommes étaient idolâtres et haïssaient Avraham et Sarah (comme l’idolâtre hait quiconque est proche de D.), Avraham et Sarah exprimaient envers tous un amour et une affection immenses et ramenaient à D. ceux qui  étaient éloignés de Lui. C’est la raison pour laquelle Rabbi Akiva dit que l’amour du prochain est un principe fondamental de la Torah.

Autrefois, les gens étaient prêts à mourir pour sanctifier le Nom de D. et aimaient leur prochain, même s’il était méchant. Mais les hommes deviennent plus faibles de génération en génération, comme le disent les Sages: « Si les générations d’antan étaient semblables à des anges, nous sommes semblables à des hommes, s’ils étaient semblables à des hommes, nous sommes semblables à des ânes, et même pas semblables à l’âne de Rabbi Pinch’as ben Yaïr » (qui avait refusé de manger des graines dont on n’avait pas prélevé la dîme) (Shabbat 112b, Yéroushalmi Shabbat). S’il en est ainsi, comment pouvons-nous obéir au commandement d’aimer son prochain s’il est méchant envers nous, et de plus, comment est-il possible de demander à chacun de ressentir envers son prochain exactement ce qu’il ressent envers lui-même?

Les Sages racontent (Shabbat 31a) qu’un homme venu voir Hillel l’Ancien, lui dit: « Convertis-moi et enseigne-moi toute la Torah tant que je suis capable de me tenir sur une seule jambe ». Hillel lui répondit: « Ce que tu juges haïssable, ne le fais pas à ton prochain. Maintenant va étudier ». Pourquoi a-t-il répondu ainsi, et pourquoi ne lui a-t-il pas dit: « aime ton prochain comme toi-même »?

Nous savons que les Enfants d’Israël, avant le don de la Torah, avaient eu besoin d’une préparation de quarante-neuf jours, soit sept semaines, avant de recevoir la Torah. Le Gaon Rabbi Israël Salanter écrit à ce sujet que les quarante-neuf jours étaient une préparation aux quarante-huit vertus nécessaires pour acquérir la Torah (Avot VI:6), le quarante-neuvième jour étant le jour où l’on révise tout ce que l’on a appris afin d’être prêt à recevoir la Torah ». Ce n’est qu’en éliminant ses défauts que l’homme peut acquérir la Torah qui est l’apanage de D. (Avot VI:10). Il est certain que ce n’est que lorsque l’on a effacé toutes les mauvaises pensées de son cœur, que l’on peut ressentir l’amour du prochain, car l’hostilité et la haine des uns pour les autres viennent de la jalousie, de l’animosité, de la calomnie etc. Quiconque a acquis la Torah et a intégré en lui les qualités de cœur qu’elle enseigne, parvient sans aucune difficulté à ressentir un amour parfait du prochain. C’est grâce à l’acquisition de la Torah que l’on parvient à l’amour d’Israël.

Les Sages disent (Avot III:17): « Sans savoir-vivre il n’y a pas de Torah, sans Torah il n’y a pas de savoir-vivre » et (Yéroushalmi H’aguiga I:7): « l’étude de la Torah et sa lumière nous conduisent dans le bon chemin ». C’est la Torah qui nous permet d’éliminer l’un après l’autre nos défauts et de ressentir un grand amour pour notre prochain, réech’a, même si celui-ci est ra lech’a, méchant envers nous.

Celui qui n’a aucune connaissance de la Torah, ne l’a jamais étudiée de sa vie, n’a pas de savoir-vivre ne peut pas aimer son prochain, à plus forte raison s’il est méchant. Afin de comprendre que cet amour est un principe fondamental et non pas une loi parmi d’autres, il faut étudier beaucoup. Cela explique pourquoi Hillel n’a pas dit à ce candidat à la conversion « aime ton prochain comme toi-même » mais lui a répondu par un principe négatif: « Ce que tu hais, ne le fais pas aux autres ». C’est-à-dire: de même que tu ne voudrais pas que quelqu’un te fasse du mal, ne fais pas, toi, de mal à autrui, de même que tu ne veux pas que les autres disent du mal de toi, ne dis pas, toi, du mal de ton prochain, ne donne pas à manger à un autre un mets peu appétissant (ou interdit) dont tu ne voudrais pas toi-même. Ce langage-là, même un non-Juif, et un candidat à la conversion qui n’ont jamais rien appris de la Torah peuvent le comprendre, mais pour comprendre « aime ton prochain comme toi-même » qui contient toute la Torah, il faut étudier la Torah et ce n’est pas une démarche que seule l’intelligence permet.

Nous arrivons maintenant à comprendre comment parvenir à l’amour d’Israël. « Tous les Juifs sont garants les uns des autres » (Shavouot 39a), l’âme de chacun est liée à celle des autres. Si lui-même ressent la part divine qui est en lui, il ressent nécessairement aussi que l’âme de son prochain est attachée à la sienne. Son âme le porte vers l’autre, puisque tous deux sont semblables et originaires de la même source dont toutes les âmes découlent, tous deux viennent de ce lieu qui se trouve sous le Trône de Gloire, origine de toutes les âmes (Zohar III 29b).

Il est dit dans la Torah au sujet des Chérubins qui surmontent l’Arche Sainte (Shemot 25:19): « Fais ressortir un chérubin d’un côté, et un chérubin du côté opposé ». Ces Chérubins, qui symbolisent l’union et l’amour de D. pour Son peuple, ne sont pas séparés l’un de l’autre, car ils ont « les ailes étendues en avant au-dessus du propitiatoire, et leurs visages sont tournés l’un vers l’autre... » (Shemot 25:20). Le propitiatoire recouvre l’Arche d’Alliance qui contient les Tables de la Loi (ibid. v. 16) ce qui symbolise le fait que la Torah doit siéger dans le cœur de l’homme, dans ses entrailles, comme il est écrit (Téhilim 40:9): « Ta loi a pénétré jusqu’au fond de mes entrailles », et les Sages ont expliqué à propos de l’expression « Le Saint qui réside en toi » (Oshéa 11:9): « C’est comme si le Saint résidait au fond de tes entrailles » (Ta’anith 11a).

Si les Chérubins symbolisent l’unité d’Israël, pourquoi sont-ils placés dans le Saint des Saints? Il semble qu’il aurait été préférable de les placer en dehors, pour montrer que la Présence de D. règne sur Israël lorsque nous sommes unis, et chacun en tirerait la leçon que nous devons nous conduire fraternellement les uns envers les autres.

En fait, l’essentiel de l’amour du prochain est caché dans le cœur, sans manifestations extérieures, c’est-à-dire qu’il faut aimer son prochain comme soi-même, sans ostentation. Nous ne pouvons ressentir cet amour que lorsque la Torah est « dans nos entrailles » et dans nos fibres, comme les Tables de la Loi sont dans l’Arche d’Alliance, une alliance entre tous les Juifs, puisque la Torah est une alliance (Shabbat 33a), et les paroles de la Torah sont un serment (Pessah’im 38b), un serment d’alliance et d’amour entre les Juifs. Comment y parvenir? Dans l’intimité du cœur, comme les Chérubins qui sont placés dans le secret du Saint des Saints.

Il est écrit (Shemot 25:8): « Ils Me construiront un sanctuaire pour que Je réside parmi eux ». Si D. peut faire résider Sa Présence sur des planches de bois et des pierres (le Sanctuaire se réfère aussi au Temple), Il atteindra le fond du cœur et de la pensée de tout homme doté de qualités de base, dans le sens où il est dit: « une conduite honnête précède la connaissance de la Torah » (Avot). Nous y parvenons si nous prenons exemple sur les Patriarches et les Matriarches, et sur ces Chérubins dans le Saint des Saints. Si nous calquons notre conduite sur la leur, notre récompense sera grande en ce monde et dans l’autre. Amen!

 

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