D. Se détourne de ceux qui se détournent de la Torah

Il est écrit (Malakhi 1 :2-3) : « Je vous ai aimés dit l’Eternel. Vous dites : En quoi nous as-Tu aimés ? Essav n’est-il pas le frère de Ya’akov ? dit l’Eternel or J’ai aimé Ya’akov, mais Essav Je l’ai haï ».

Il faut expliquer pourquoi D. prit Essav en haine de son vivant, car finalement, Essav aurait pu se repentir, puisque « les Portes du Repentir sont toujours ouvertes » (Ekhah Rabah 3 ; Cho’har Tov 65 :4) et que « les Portes des Larmes ne sont jamais fermées » (Brach’oth 32b ; Baba Metsya 59a ; Zohar I, 132b). Essav aurait pu pleurer sur ses crimes et se repentir sincèrement devant D., d’autant plus que D. est « tardif à la colère, plein de bienveillance et d’équité » (Chemoth 34 :6), « Il est patient même avec les méchants » (Bamidbar Rabah 14 :17 ; Midrach Téhilim 86 :7), et pourquoi donc a-t-Il pris Essav en aversion de son vivant ? N’a-t-il donc aucun espoir ?

Il y a une raison profonde à cette aversion. Etant petit, Essav avait la connaissance de D.  Jusqu’à l’âge de treize ans, il allait à l’école avec Ya’akov et apprenait avec lui la Torah (Béréchith Rabah 63 :14), et nous savons que c’est grâce à l’étude de la Torah que l’on parvient à la connaissance de D. Créateur du monde, comme il est écrit (Téhilim 34 :9) : « Goûtez et sachez que D. est bon ». Comment goûter cette bonté ? Grâce à la Torah qui est dite « bonne » (Brach’oth 5a ; Avodah Zarah 19b). Si Essav méditait la Torah, s’il avait reçu la même éducation que Ya’akov, il avait la possibilité de continuer dans le droit chemin, mais il l’a abandonné en commettant de nombreux crimes et en se révoltant contre D. (Béréchith Rabah 63 :10). Il a choisi la licence, ses fautes l’ont éloigné de D., qui l’a pris en aversion. Un homme qui a eu la connaissance de D. et L’abandonne, est haïssable et D. le prive de Sa protection.

De même pour A’her, Elicha ben Abouya, à propos duquel il est dit (‘Haguigah 15a) : « le repentir de tous est agréé sauf le sien, puisqu’une voix céleste a proclamé : Revenez tous, enfants rebelles, sauf A’her ». Lui aussi avait eu la connaissance de D. grâce à son étude de la Torah (Tossafoth ad. loc.) mais en fin de compte il abandonna D. et se rendit même coupable de monter à cheval un jour de Kippour qui coïncidait avec le Chabath. A partir de ce moment-là D. l’a privé de la possibilité de se repentir.

Il est tout de même difficile de comprendre comment Essav, le frère de Ya’akov, qui reçut la même éducation que lui, n’a pas tiré un enseignement de la bonne conduite de ses parents, comme les Sages le remarquent (Yoma 38b) : « Essav habite entre deux personnes vertueuses et n’apprend rien de leur conduite ». Comment se fait-il qu’il soit devenu dépravé et licencieux ?

C’est qu’il avait un défaut dont découle toute sa conduite, il était foncièrement menteur. A propos du verset (Béréchith 25 :28) : « et Yits’hak aimait Ya’akov parce qu’il lui chassait du gibier » les Sages disent (Béréchith Rabah 63 :15 ; Tan’houma Toledoth 8) : « Essav trompe Yits’hak et l’attrape par ses mensonges, lui demandant comment prélever la dîme sur le sel et le foin ». Le mensonge fait partie de sa nature, or la Torah est vérité (Yérouchalmi Roch HaChanah III :8 ; Tana D’Bey Eliyahou Zouta 20). Celui qui connaît la vérité de la Torah et ment malgré cela, est incapable de faire vivre ces vérités, dans le sens où il est dit : « Acquiers la vérité et ne la rejette pas » (Michley 23 :23). Il n’a acquis la Torah que pour en tirer un profit personnel, comme le disent les Sages (Avoth IV :5 ; Nédarim 62a) : « il utilise la Torah pour se donner de l’importance, pour en tirer profit ». Essav faisait croire à son père qu’il était studieux et qu’il craignait D., de sorte que les Sages le comparent à un cochon (Béréchith Rabah 65 :1) « qui présente ses sabots fendus comme pour dire : voyez, je suis pur ». Une telle conduite n’est ni bonne ni conforme à la Torah, et en fin de compte il s’est dégradé au point d’être haïssable aux yeux de D. devenant voleur, brigand et meurtrier.

Nous en restons perplexes. Essav avait le libre arbitre de choisir entre le bien et le mal, et les Sages disent de lui (Chemoth Rabah 46 :3 ; Devarim Rabah 1 :14) qu’il honorait grandement son père, plus même que Ya’akov. De même qu’il excellait à pratiquer le commandement d’honorer les parents avec application, il aurait pu s’appliquer à pratiquer beaucoup d’autres commandements, et effectivement nous voyons qu’il fut profondément meurtri lorsque Ya’akov reçut les bénédictions (Béréchith 27 :34, 38). Il ne dépendait que de lui de suivre la voie de la Torah mais il ne l’a pas fait, ce qui l’a amené à commettre de graves transgressions pour lesquelles D. le hait.

Il faut ajouter une autre raison à la haine de D. envers Essav. Déjà dans le ventre de sa mère, Essav empêchait Ya’akov d’apprendre la Torah, comme il est dit (Béréchith 25 :22) : « Les enfants se bousculaient dans son sein », et les Sages expliquent (Béréchith Rabah 63 :5) : « Lorsque Rivka passait devant des lieux de débauche Essav poussait pour sortir, et lorsqu’elle passait devant des maisons d’étude, c’était Ya’akov qui tentait de sortir ». C’est à dire que non seulement il n’apprenait pas la Torah dans le sein de sa mère, mais il essayait d’empêcher Ya’akov de le faire. Les descendants d’Essav, de tout temps, ont suivi sa conduite méchante et méprisable, et ces maudits ont toujours décrété contre les Juifs des sanctions cruelles, leur interdisant l’étude de la Torah et la pratique des commandements. Cette opposition est déjà indiquée dans la Torah (Béréchith 27 :22) : « La voix est la voix de Ya’akov et les mains sont les mains d’Essav » pour dire que « lorsque la voix de Ya’akov murmure dans les maisons de prière et les maisons d’étude, les mains d’Essav n’ont aucun pouvoir » (Béréchith Rabah 65 :20 ; Pessikta Zouta Toledoth 27 :22, Introduction de Ekhah Rabah 2) et « lorsque la voix de Ya’akov prononce la prière et les paroles de la Torah, les mains d’Essav sont tendues pour l’en empêcher » (voir Béréchith Rabah 65 :20). Il y a une guerre permanente entre les descendants de Ya’akov et ceux d’Essav.

En effet, D. a en horreur ceux qui délaissent la Torah et Il aime ceux qui s’y attachent avec assiduité, jour et nuit. Chacun doit redouter d’être comme Essav, haï par D., parce qu’il se détourne de la Torah et incite les autres à s’en détourner.

Nous constatons la même chose aujourd’hui. J’ai souvent vu des jeunes étudiants de Yéchivah, studieux et appliqués à la Yéchivah mais qui, à l’extérieur se laissaient aller aux actions les plus viles. Pourquoi ? C’est que, lorsqu’ils étaient assis sur les bancs d’étude, leur corps ne se nourrissait et ne vivait que de l’étude, et leur cœur ne se laissait pas détourner par des pensées futiles. Mais dès l’instant où ils cessaient d’étudier et que leur esprit était libre, ils commençaient à penser à des futilités. Non seulement ils n’étudient plus, mais ils se mentent à eux-mêmes et à leur entourage, disant qu’ils continuent à poursuivre la voie de la Torah. Ils se trompent et trompent les autres, si bien qu’en fin de compte ils se dégradent, comme Essav, qui trompait son père en lui faisant croire qu’il poursuivait l’étude de la Torah.

Il faut se garder d’interrompre soudain l’étude de la Torah, et même à la sortie de la Yéchivah, il faut continuer à se fixer des temps d’étude. Une des questions qui sera posée à chacun de nous le Jour du Jugement sera de savoir si nous nous sommes fixé des temps réguliers pour l’étude (Chabath 31a), et si nous nous sommes délectés de l’élixir de vie qu’est la Torah (Chabath 88b), comme il est écrit (Téhilim 19 :8) : « La Loi de D. est parfaite, elle restaure l’âme ».

Je me suis souvent demandé pourquoi il y a des gens qui détestent ceux qui étudient la Torah, pour quelle raison « la haine des ignorants envers les gens de la Torah est plus grande que celle des antisémites envers Israël » (Pessa’him 49b ; Tana D’Bey Eliyahou 16) ? Non seulement eux-mêmes n’étudient pas la Torah, mais ils ne peuvent pas supporter ceux qui l’étudient, qu’ils considèrent comme des parasites. J’ai vu de tels gens ! Ils me surprennent. Comment est-ce possible ?

Et alors, j’ai pensé que le plus grand ennemi du mauvais penchant est celui qui est plongé dans l’étude, car D. « a créé le mauvais penchant, et Il a créé son remède... si tu rencontres ce vilain, entraîne-le dans la maison d’étude » (Kidouchin 30b). C’est donc que celui qui prie, qui aide les nécessiteux, qui pratique les commandements, est protégé contre l’influence de son mauvais penchant qui dérange ceux qui étudient autant qu’il dérange les autres, mais n’a pas sur eux autant d’emprise. C’est que « celui qui est attaché à la Torah perpétue l’œuvre de la création » (Zohar I 134b, II 161a) car « si ce n’était pour la Torah, le ciel et la terre cesseraient d’exister » (Nédarim 32a). La Torah a le pouvoir d’annuler les forces du mal, et de plus, celui qui est attaché à la Torah, qui s’en nourrit et en fait une partie de lui, devient lui-même Torah. « Il la porte comme un vêtement qui l’enveloppe et comme une couronne sur sa tête » (Zohar I, 5a, 76a), elle le protège de tous côtés, grâce à elle il est capable de pratiquer tous les commandements, et « il rapproche le temps de la rédemption » (Zohar III, 270a ; Tikouney Zohar Introduction 15a). Pour lui, le mauvais penchant devient insignifiant.

Les gens ignorants qui sont sous l’emprise du mauvais penchant, du Satan, ont comme lui la haine des gens de la Torah. Peu leur importe tous ces gens qui prient, qui viennent en aide aux pauvres, qui pratiquent les commandements. Dès que ces ignorants aperçoivent des gens de Torah, ils leur posent des entraves, sans savoir ce qui les pousse. Par contre, lorsqu’on arrive à faire entendre raison à ces mêmes personnes ignorantes, lorsqu’ils prennent goût à la Torah, elles se transforment, leur cœur s’ouvre. Leur façon de considérer les gens de Torah change, et ils finissent par les aimer.

Il y a une autre raison à la haine des ignorants envers les gens de Torah. Rabbi Akiva a dit : « Lorsque j’étais ignorant, je me disais : si seulement j’avais devant moi un homme de Torah, je le mordrais comme un âne » (Pessa’him 49b). Il faut expliquer ce qu’il voulait dire. Rabbi Akiva est comparé à Moché Rabbeinou, de sorte que les Sages ont dit de lui (Bamidbar Rabah 19 :4) : « il avait compris plus de choses que Moché lui-même », « il expliquait une profusion de lois à propos de chaque mot de la Torah » (Mena’hoth 29b) et « il est sorti indemne du Pardès » (‘Haguigah 14b). Est-ce que quelqu’un de cette envergure peut penser mordre un Sage de la Torah avec la violence d’un âne ? Par ailleurs, s’il avait pareil désir, qu’est-ce qui l’a empêché de le réaliser, de les mordre et de les attaquer ?

En réponse, il faut dire que Rabbi Akiva, bien qu’ignorant, n’était ni méchant ni renégat, et lorsqu’il est devenu l’un des grands maîtres d’Israël, il a ressenti les défaillances des sages de son temps qui n’avaient pas fait d’efforts pour lui enseigner la Torah et qui l’avaient laissé dans son ignorance comme un âne, sans connaissance de la Torah. C’est pourquoi, voyant que les  sages ne venaient pas à son secours et ne cherchaient pas à remplir son vide spirituel et sa vie en tant que Juif, il en conclut qu’il fallait les mordre comme un âne, comme un âne qui ne sait pas ce qu’il fait, car ils étaient coupables de son ignorance. Mais en fait, il ne les a pas mordus, il n’avait pas le cœur de faire une chose pareille, car il les respectait quand même.

Quel que soit le degré de la foi et l’assiduité dans la pratique des commandements, l’attachement aux tenants de la Torah n’est d’aucun profit si elle n’est pas soutenue par une étude personnelle qui permet de comprendre le sens des commandements, comme il est dit (Torat Kohanim, Vayikra 26 :3) : « Approfondissez l’étude de la Torah, car c’est ainsi que vous en viendrez à observer Mes commandements ». L’étude entraîne la pratique correcte des commandements. C’est pourquoi Rabbi Akiva dit : « lorsque j’étais ignorant, lorsque je ne m’occupais pas d’étudier la Torah bien que j’aie pratiqué les commandements et eu foi en D., je haissais les gens de la Torah (car j’étais ignorant) au point de vouloir les mordre. Ma confiance en eux était faible puisque je ne m’occupais pas moi-même de comprendre la Loi et de comprendre les voies de D.  Cela nous montre que les Sages de la Torah ont l’obligation d’aider tout le monde, même les ignorants, qui n’auraient, de ce fait, plus de raison de les haïr. Plus les gens se consacrent à l’étude de la Torah, plus la confiance dans les garants de la loi est grande.

La méchanceté d’Essav venait du fait qu’il avait reçu de son père la connaissance, mais avait abandonné la voie de la Torah tout en le trompant en lui posant des questions « savantes ». Pour cette raison, D. le prit en aversion et le priva de la possibilité de se repentir. Essav haïssait Ya’akov qui était attaché à la Torah, et il cherchait à l’en détourner, dans le sens où il est dit « il faute lui-même, et il pousse beaucoup d’autres à  fauter » (Sanhédrin 107b ; Avoth D’Rabbi Nathan 40 :3). Son crime est tellement grand que, nous l’avons dit, même D. le hait, alors que ceux qui adhèrent à la voie de la Torah sont Ses bien-aimés.

Quelle est la conduite correcte ?

Celui qui désire ne pas oublier la Torah qu’il a apprise et continuer à se nourrir de cet élixir de vie, doit poursuivre son étude après avoir quitté l’école ou la Yéchivah, car s’il arrête, il se coupe de sa source de vie, et il risque d’être détourné des voies de la Torah. Il faut fixer des périodes régulières pour l’étude de la Torah, afin qu’elle nous protège.

 

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