La vérité et la Torah, raison d’être de la création

Il est écrit (Mich’a 7 :20) : « Tu as donné la Vérité à Ya’akov, à Avraham la Bienveillance ». En quoi se reconnaît la vertu de Vérité attribuée à Ya’akov ? Pourquoi est-elle attribuée spécifiquement à Ya’akov, et quelle en est la signification profonde ?

« Rabbi Simon dit : Lorsque D. décida de créer l’homme, les anges tutélaires se groupèrent en diverses factions, certains préféraient qu’il fût créé, d’autres non, comme il est écrit (Téhilim 85 :11) : « La Bienfaisance et la Vérité se rencontrent, la Justice et la Paix s’embrassent ». « La Bienfaisance dit : Qu’il soit créé, car il fera le bien. La Vérité dit : Qu’il ne soit pas créé, car il sera sujet aux mensonges. La Justice dit : Qu’il soit créé car il fera le bien. La Paix dit : Qu’il ne soit pas créé car il sera querelleur. Que fit D. ? Il saisit la Vérité et la jetta à terre, comme il est écrit (Daniel 8 :12) : La vérité est jetée à terre... » (Béréchith Rabah 8 :5).

Tout d’abord, il faut se demander pourquoi D. leur demanda leur avis, comme il est écrit (Béréchith 1 :26) : « Faisons l’homme à Notre image et à Notre ressemblance ». Le mot « Faisons » est un pluriel qui indique que D. a pris conseil des anges et leur a demandé s’il fallait créer l’homme ou non. Il faut aussi se demander pourquoi D. a jeté justement la Vérité et non la Paix, qui s’opposait aussi à la création de l’homme. La réponse de Rachi est rapportée dans le commentaire Ets Yossef sur le Midrach (ad. loc.) : « L’opposition de la Paix n’était pas un empêchement aussi sérieux que celle de la Vérité ». Le Rabbi Menach’em Mendel de Kotzk dit à ce sujet que « lorsqu’on renvoie la vérité, il s’ensuit nécessairement qu’on fait la paix, car personne ne peut plus affirmer que c’est lui qui a raison... »

Si nous comprenons pourquoi la Vérité fut jetée à terre, nous comprendrons pourquoi la vertu de Vérité est attribuée spécifiquement à Ya’akov.

Nous savons que le monde fut créé avec la qualité de Vérité, puisqu’elle est le sceau de D. (Chabath 55a ; Yérouchalmi Sanhédrin I :1), et la création confirme la vérité de l’existence du Créateur. Les dernières lettres des mots Béréchith bara Elokim forment le mot Emet, vérité (voir entre autre Yilana D’H’ayé). La Vérité dit à D. de ne créer ni l’homme ni le monde, et qu’il valait mieux laisser les choses ainsi. Mais D. lui répondit que c’était essentiellement et principalement pour l’homme que le monde avait été créé car il est le but de la création dans le projet divin. Le monde entier lui sera confié, et il recevra la Torah qui est Vérité (Yérouchalmi Roch HaChanah 3 :8) comme il est écrit : « Acquiers la Vérité et ne l’abandonne pas » (Michley 23 :23). Dire que D. a créé le monde pour la Torah et pour Israël, c’est dire qu’il y a une nécessité à la création du monde, et l’homme doit nécessairement être créé avec la Vérité - la Torah - afin qu’il puisse comprendre sa raison d’être et que le monde puisse se perpétuer.

La Vérité n’a donc pas présenté un argument valable devant D. Si l’homme n’est pas créé, il n’y a pas de raison de créer le monde, et c’est pourquoi D. a jeté la Vérité à terre. Mais Il n’a pas jeté la Paix, car il se peut que son argument ne se soit pas référé à la Torah mais seulement au fait que l’homme serait querelleur et Chalom, la Paix, est un des Noms de D. (Chabath 10b ; Yérouchalmi Brach’oth II :4), c’est pourquoi D. ne l’a pas jetée à terre.

Il est dit de Ya’akov (Béréchith 25 :27) que c’est « un homme intègre, assis dans les tentes », ce qui indique qu’il étudiait la Torah dans les maisons d’étude de Chem et Ever (Béréchith Rabah 63 :15). C’est spécifiquement pour les hommes comme lui que le monde fut créé, car il était un homme intègre, attaché à la vérité, et selon Rachi, « qui ne sait pas mentir ». Le fait que la Vérité soit attribuée à Ya’akov est indiqué dans le mot Ish, homme, dont la première lettre (Alef) et les lettres du mot Tam (intègre, entier) ensemble forment le mot Emet, vérité. Ya’akov est la raison d’être du monde comme il est écrit (Devarim 32 :9) : « Ce peuple est la part de l’Eternel, Ya’akov est le lot de Son héritage » et il est « l’élu des Patriarches » (Béréchith Rabah 71 :1). Il convient donc qu’il soit créé et qu’il vienne au monde.

Nous comprenons pourquoi D. fut tellement fâché contre la Vérité qui s’opposait à la création de l’homme alors que la création de l’homme est une bonne chose puisque plus tard Ya’akov, dont la caractéristique essentielle est la Vérité, devait naître. La vertu de Bienfaisance, attribuée à Avraham, a agréé la création de l’homme, ce qui montre que le mérite de Ya’akov - l’homme intègre - suffit pour justifier la création du monde puisque D. désire les actes des hommes vertueux, comme le disent les Sages (Béréchith Rabah 2 :5) : « Leurs actes sont lumineux ». D. est satisfait et se réjouit de voir que le monde ne manque pas d’hommes vertueux, et l’existence d’hommes méchants n’amoindrit pas le plaisir que Lui procurent les gens vraiment vertueux.

Nous savons que c’est grâce au mérite de Ya’akov que le monde fut créé, car de lui naîtront par la suite les douze tribus d’Israël, « les tribus de l’Eternel, en témoignage d’Israël » (Téhilim 122 :4). Israël, le nom de Ya’akov qui désigne le peuple tout entier, est formé des mots Yasar, droit, et é-l (l’un des Noms de D.), ce qui signifie qu’en tout lieu et en tout temps, les tribus d’Israël sont des témoins de la sagesse et de la justice divines. Elles témoignent de la justice de D., de Sa fidélité dans tout ce qu’Il fait, et de Sa bonté dans la création de l’homme. Les traits et la forme de Ya’akov Avinou sont gravés sur le Trône divin (Tikouney Zohar 22, 65, Zohar I, 168a) en témoignage de la bonté, de la bienfaisance et de la justice de D. dans la création du monde et de l’homme, et de son côté le peuple d’Israël reconnaît la justice divine et témoigne que le monde a un Créateur. La colère de D. fut grande envers la Vérité parce que c’est justement la qualité de Vérité, la Torah, qui nécessite et justifie la création du monde et de l’homme, et la Torah est le but de la création. La tâche de l’homme est de la pratiquer, de l’étudier, et d’obéir à ses commandements.

 

Article précédent
Table de matière
Paracha suivante

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan