La connaissance de la vérité et la perfection

« Il arriva, comme Yits’hak était devenu vieux, que sa vue s’obscurcit. Un jour il appela Essav, son fils aîné, et lui dit : Mon fils ! Il répondit : Me voici ! Yits’hak reprit : Vois, je suis devenu vieux, je ne connais point l’heure de ma mort. Maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc, va aux champs et attrape du gibier pour moi. Fais-m’en un ragoût comme je l’aime, sers-le moi et que j’en mange, afin que mon cœur te bénisse avant ma mort. Or, Rivka entendit ce qu’Yits’hak disait à Essav son fils. Essav alla aux champs pour chasser du gibier et le rapporter. Rivka dit à Ya’akov, son fils : Écoute, j’ai entendu ton père parler ainsi à Essav ton frère : Apporte-moi du gibier et apprête-moi un ragoût que je mangerai, et je te bénirai devant le Seigneur avant de mourir. Maintenant, mon fils, sois docile à ma voix, sur ce que je vais t’ordonner » (Béréchith 27 :1-8).

1. La nourriture manquait-elle dans la maison d’Yits’hak pour qu’il eût à demander à Essav son fils de prendre ses flèches et d’aller aux champs chasser et lui apporter du gibier ?

2. Est-il possible qu’Yits’hak qui fut élevé à la sainteté d’un sacrifice (Yalkout Chimoni Toledoth 111) et qui était comme le Saint des Saints, dise : « prépare-moi un plat comme je l’aime » ? Est-il possible de penser qu’Yits’hak aimait les gourmandises et les recherchait ?

3. Yits’hak parle à son fils sur un ton de prière et de supplication (Brach’oth 9a). Il connaissait son fils, il savait qu’il le respectait, puisque « Essav se distinguait par le respect qu’il avait envers ses parents » (Béréchith Rabah 76 :2). Il lui aurait suffi d’en faire la demande et Essav lui aurait préparé un repas avec empressement.

4. Pourquoi Yits’hak accorde-t-il de l’importance à Essav en l’appelant « son fils aîné » (littéralement « le grand ») ? Ignorait-il que son fils Essav avait vendu son droit d’aînesse à Ya’akov en échange d’un plat de lentilles (Béréchith 25 :33-34) ?

5. Il dit « Afin que mon cœur te bénisse ». Le mot Nafshi, littéralement mon âme, semble superflu. N’aurait-il pas suffi de dire « afin que je te bénisse avant de mourir » ?

6. Rivka entendit ce qu’Yits’hak dit à son fils Essav et elle s’opposa à son projet. Pourquoi ne veut-elle pas qu’il reçoive la bénédiction de son mari ? Si elle s’oppose à ce projet parce qu’elle sait qu’Essav ne la mérite pas, pourquoi a-t-elle gardé le silence jusque-là et n’a-t-elle rien dit à Yits’hak au cours des années passées ?

7. Pour quelle raison Essav a-t-il dédaigné et vendu le droit d’aînesse, alors qu’il a refusé de renoncer aux bénédictions de son père, qu’il désirait s’approprier ?

Nous avons déjà répondu à ces questions de diverses façons aux chapitres précédents. Mais comme on sait, « il n’est pas d’étude sans nouveauté » (‘Haguigah 3a), et les réponses données ici s’ajoutent aux autres, dans le sens où il est dit : « Ce que la Torah ne mentionne pas à  un endroit, elle l’élabore ailleurs ».

Il faut tout d’abord décrire l’essence d’Essav, fils d’Yits’hak et frère de Ya’akov. Essav, tout comme Ya’akov son frère, avait une grande connaissance de la Torah ; en effet, comme lui, il avait étudié auprès de Chem et Ever (Béréchith Rabah 63 :10). Lui aussi avait grandi auprès d’Yits’hak son père et Avraham son grand-père. Il avait des qualités semblables à celles de son frère Ya’akov et un potentiel énorme. Comme Yits’hak, Essav s’est marié à l’âge de quarante ans (Béréchith 26 :34, 25 :20), se disant : « Mon père Yits’hak s’est marié à l’âge de quarante ans, je vais en faire de même » (Béréchith Rabah 65 :1), parce qu’il voulait ressembler à son père. Mais en fait, il n’a pas bien utilisé ses qualités, au contraire, il les a mises au service du mal. Il y a beaucoup de preuves de la grandeur d’Essav. La Torah témoigne qu’il obéit immédiatement à la demande d’Yits’hak et alla chasser du gibier, ce qui montre qu’il croyait de tout son cœur et de toute son âme aux bénédictions qu’il allait recevoir. La Torah témoigne en outre que lorsqu’il apprit que son frère Ya’akov s’était sournoisement approprié les bénédictions « il poussa un grand cri plein d’amertume et dit à son père : bénis-moi aussi, mon père... ne m’as-tu pas réservé une bénédiction ? » (Béréchith 27 :34, 36). Il regrettait profondément que les bénédictions aient été données à Ya’akov à un moment de grâce et qu’il en fût privé, comme Yits’hak le lui dit (ibid. v. 37-38) : « Je ne peux rien pour toi, mon fils ». Mais Essav continuait de supplier : « Bénis-moi aussi » et il versait des larmes amères. Essav croyait fermement aux bénédictions de son père. La Torah le loue pour sa façon exceptionnelle de respecter ses parents, et en fait même un modèle : « Les Sages dirent à la mère de Rabbi Tarfon que son fils, qui lui montrait tant de marques de respect (voir Kidouchin 31b), n’avait pas encore atteint le niveau d’Essav dans la pratique de l’honneur dû aux parents et le respect des Sages » (Pessikta Zoutarti Toledoth 27). Ce commandement si important d’honorer son père et sa mère - un commandement qui promet la longévité (Chemoth 20 :12) - était ancré au plus profond de l’âme d’Essav, et il le pratiquait de la façon la plus parfaite. Personne ne peut se mesurer à lui en cela.

De plus, le respect qu’il témoignait à son père et sa mère était tellement grand qu’Yits’hak avait la ferme conviction qu’il ne lui servirait pas une viande interdite, bien qu’Essav fût un homme rustre, un homme méchant, qui se serait permis d’apporter à son père un gibier impropre à la consommation, si Yits’hak ne lui avait pas précisé : « un plat comme je l’aime ». Essav jouissait de la confiance de son père, tant il était attaché à ce fondement essentiel de la Torah.

Il faut se demander comment Essav pouvait avoir de si grandes qualités et une telle foi dans les bénédictions de son père - et s’il avait foi en son père, il avait foi en D. source de toutes les bénédictions - et pourtant rester malfaisant et n’utiliser ses capacités que pour faire le mal toute sa vie. Comment de telles contradictions peuvent-elles coexister dans son âme ?

C’est qu’Essav était naturellement méchant, livré sans frein à ses appétits. Il poursuivait dans l’impureté la satisfaction immédiate de tous ses désirs, chose qui l’a corrompu, il ne recherchait que les plaisirs éphémères et passagers de ce monde, au lieu de désirer la vie éternelle, que l’on gagne par la pratique des lois de la Torah, de ses commandements, et par les bonnes actions. Il avait choisi de vivre sans aucun frein (Guitin 13a), il voulait l’indépendance, être libre de toute obligation spirituelle et de toute contrainte religieuse.

Déjà dans le ventre de leur mère, Ya’akov et Essav avaient partagé les mondes entre eux. Essav prit pour sa part ce monde-ci, et Ya’akov le monde à Venir. En voyant que Ya’akov revenait de chez Laban avec quatre femmes et beaucoup d’enfants, des serviteurs et des servantes, du bétail, de l’argent et de l’or, il lui dit : Ya’akov mon frère, ne m’as-tu pas dit que tu prenais pour ta part le monde à Venir, et moi ce monde-ci ? D’où te viennent tous ces biens matériels ? Pourquoi t’approprier les jouissances de ce monde ? Ya’akov lui répondit : Ce sont les quelques biens que D. m’a donné pour mes besoins en ce monde. Alors Essav changea d’avis et se dit que si D. avait donné tant de biens à Ya’akov qui n’a pas de part en ce monde, quelle sera la récompense qu’il recevra dans le monde à Venir » (Tana D’Bey Eliyahou Zouta 19, au nom de Yalkout Toledoth p. 32, 4ème col.).

Essav n’a rien répondu à cela, il n’a pas contesté cette assertion, au contraire, il pensait en lui-même que si Ya’akov recevait une rétribution en ce monde, dans l’autre monde qui est son lot il recevrait bien davantage. Cela montre qu’Essav savait qu’il y a un autre monde où les bienfaits sont réservés aux Justes. Il avait foi aussi en la récompense que D. accorde aux Justes en ce monde, puisqu’il n’a rien répondu à Ya’akov, et « le silence équivaut à l’assentiment » (Yébamoth 87b). S’il avait la foi, il ne fait pas de doute qu’il savait aussi qu’il est possible de changer en un instant car « un instant de repentir suffit » (Zohar I, 129a). Mais il a choisi de rester méchant, et même à ce moment-là, il n’exprima aucun désir pour la vie éternelle et les bienfaits du monde à Venir. Pourquoi ?

Comme nous l’avons déjà dit, Essav a conservé toute sa vie une personnalité ambiguë. Il n’avait aucune attirance pour l’autre monde, au contraire, il ne désirait que les plaisirs de ce monde éphémère, telle était sa faiblesse. Il n’a pas tiré parti de ses capacités extraordinaires pour se sanctifier mais au contraire pour se dépraver, et il a dédaigné le droit d’aînesse (sa part de l’autre monde) en échange d’un plat de lentilles.

A la mort d’Avraham, Yits’hak son fils est devenu son héritier spirituel. Essav accepta le fait puisque, au moment du partage, il avait dit à Ya’akov : « Je prends pour ma part ce monde, prends, toi, le monde à Venir », c’est toi l’héritier spirituel de notre père, il me suffit de ce monde... il me suffit de cette vie... A cela, Ya’akov objecta tout de suite : « Effectivement, mais tu es quand même attaché au monde à Venir par ton droit d’aînesse, et si tu veux te défaire du monde à Venir, tu dois me vendre ce droit ». Essav consentit sans hésiter et sans réserve, comme il est dit (Midrach Hagadah p. 64) : « Lorsqu’il acheta le droit d’aînesse, Ya’akov souligna l’importance et l’élévation de ce droit et alors Essav répondit : Je vais mourir, qu’ai-je à faire de ce droit ? » (Béréchith 25 :32).

D’une part, Essav reconnaissait l’existence de valeurs spirituelles, mais il est de ces gens dont il est écrit (Téhilim 12 :9) : « la vilenie domine parmi les hommes », parce qu’ils les dédaignent (Brach’oth 6b). Apparemment il est croyant, mais il ne vit pas selon sa foi et il méprise les choses sacrées. Il n’utilise ses capacités que pour satisfaire ses désirs, non seulement de petites choses comme un plat de lentilles, mais surtout, et à plus forte raison, ses désirs effrénés au point de penser pouvoir tromper le Ciel (voir Béréchith Rabah 22 :13), et vendre son droit d’aînesse, agissant en tout comme quelqu’un qui est à la fois croyant et athée...

Essav, prototype du mal

Nous pouvons à présent répondre aux questions posées plus haut.

Yits’hak appelle Essav son « grand » fils (Gadol veut dire à la fois aîné et grand), en reconnaissance des qualités qu’il possédait et qui lui auraient permis de devenir son héritier spirituel, puisqu’il connaissait les valeurs spirituelles et supérieures (bien qu’il fût méchant). Mais Essav se connaissait aussi lui-même. Il savait qu’il n’était pas capable de s’élever, il ne désirait pas le monde éternel, et se satisfaisait de ce monde. C’est pourquoi Yits’hak le prie, le supplie : si vraiment tu m’honores, s’il te plaît, corrige-toi, d’autant plus que mes jours sont comptés. Si tu te corriges, tu pourras devenir mon héritier spirituel car tu en as les capacités. Yits’hak l’aimait et lui promit de le bénir avant de mourir, à un moment de grâce où toutes les bénédictions se réalisent. Et il poursuit : « Va aux champs me chasser du gibier », c’est-à-dire : sors, je te prie, de ton attachement aux plaisirs de ce monde, va avec toutes tes armes, tes flèches et ton arc, et fais la chasse au mauvais penchant qui tente de te faire fauter à chaque instant, et c’est ainsi que tu gagneras la vie éternelle, grâce à tes flèches (c’est-à-dire grâce aux moyens et aux forces spirituelles qui sont cachés en toi). « Prépare-moi un ragoût comme je l’aime », autrement dit : donne-moi une raison de me réjouir de te voir bon, et alors « mon âme te bénira » car alors ton âme sera attachée à la mienne. Si tu te repens, tu pourras devenir mon héritier spirituel.

Mais il y avait une différence entre la pensée d’Yits’hak et celle d’Essav. Yits’hak avait deviné le potentiel d’Essav. Il espérait donner à Essav la possibilité de faire le bien et de se sanctifier. « Pour le moment, se disait-il , il utilise ses capacités à faire le mal mais dans le fond de son cœur, il est vraiment croyant ». Essav de son côté savait qu’il n’était pas capable de se libérer de l’emprise du mal et de se détacher de ses mauvaises habitudes, car il était entraîné dans l’engrenage de ses fautes. « Et Essav alla aux champs chasser du gibier pour l’apporter à son père » (Béréchith 27 :5). Les mots « pour l’apporter » semblent superflus. Pour l’expliquer, Rachi cite le Midrach (Béréchith Rabah 65 :13) : « Il partit avec l’intention de chasser des animaux sauvages mais, au cas où il n’en aurait pas trouvé, d’apporter du gibier volé ». Sûrement, Essav possédait des moutons et des chevreaux qu’il aurait pu préparer pour son père, avait-il besoin de voler du gibier ?

Yits’hak promit de bénir Essav au moment le plus propice, afin de lui faire mériter le monde à Venir. Mais il y avait une condition : qu’il contrecarre vigoureusement son mauvais penchant. Essav fit mauvais usage de cette condition. Il comptait effectivement sur les promesses de son père et il savait qu’en optant pour ce qui est bien et droit, il recevrait tous les bienfaits, mais il imposa sa propre condition : si je réussis à vaincre le mauvais penchant, bien, sinon je resterai tel que je suis maintenant, et je continuerai dans ma voie. Il partit avec diligence accomplir la volonté de son père, mais par ailleurs il tenta sa chance pour savoir s’il réussirait ou non. Mais nous savons qu’il ne faut pas poser de conditions ni faire de calculs lorsque l’on se repent, comme il est écrit (Devarim 6 :16) : « Ne tentez point l’Eternel... » En posant des conditions, nous perdons tous les bienfaits qui nous sont réservés, car le devoir de l’homme est de partir en guerre contre le mauvais penchant afin de le vaincre à coup sûr. Penser d’avance que l’on peut perdre la bataille entraîne à coup sûr la défaite.

Si Essav n’avait pas imposé de conditions, et s’il avait eu la ferme intention d’obéir à la volonté de son père - au lieu de le tromper - Rivka ne serait pas intervenue, car les intentions positives d’Essav auraient été claires. Mais il partit en guerre contre le mauvais penchant avec des conditions dans son carquois, des « si », des « peut-être », des « à condition que », de telle sorte qu’il a tout perdu et que le mauvais penchant a pris le dessus. Lorsque l’on part en guerre contre le mauvais penchant, il faut être déterminé à sortir vainqueur du combat. Il est écrit (Devarim 21 :10) : « Lorsque tu partiras en guerre contre ton ennemi » (lorsque tu partiras en guerre avec l’intention de gagner), « l’Eternel ton D. le livrera en ton pouvoir ». Essav fit un mauvais calcul. Il partit en guerre contre son ennemi avec des doutes et des arrière-pensées. La Providence Divine intervint alors et révéla à Rivka qu’Essav ne méritait pas de recevoir les bénédictions et c’est pourquoi elle n’est intervenue qu’à ce moment-là. Jusque-là elle n’avait rien dit à Yits’hak car, alors seulement, il était évident qu’Essav prenait un mauvais tournant.... Elle demanda à Ya’akov de prendre la place de son frère ;  lui seul méritait désormais des bénédictions.

Mais Ya’akov a peur. Si Essav se repent sincèrement et mérite de ce fait les bénédictions, Yits’hak le maudira de son subterfuge. « Si par hasard mon père me tâte », il sentira que je ne suis pas Essav, et « j’aurai attiré sur moi la malédiction et non la bénédiction » (Béréchith 27 :12), car Essav mérite les bénédictions tandis que moi, qui ne sors pas de la maison d’étude, j’aurai failli, et au lieu d’être béni je serai maudit.

Et alors, Rivka sa mère lui dit : « Je prends sur moi ta malédiction, mon fils » (ibid. v. 13). Les malédictions se réaliseront en moi, et toi tu seras béni. Elle savait avec certitude - par inspiration divine - qu’Essav sortirait de chez son père avec l’intention de le tromper et elle n’avait aucun doute qu’il ne méritait pas les bénédictions. Aussi, conseilla-t-elle à Ya’akov de se couvrir les mains et le cou de vêtements de fourrure, mais de parler de sa propre voix, la voix de Ya’akov, afin de signifier à son père qu’Essav n’avait pas l’intention de changer, et ce n’est qu’extérieurement, hypocritement, qu’il cherchait à ressembler à son frère. Ya’akov obéit à sa mère et fit ce qu’elle lui commanda - il avait confiance en elle, sinon il n’aurait pas osé se présenter de la sorte devant Yits’hak son père.

La Torah nous informe qu’effectivement Ya’akov, en entrant chez son père, lui dit : « Je suis Essav ton aîné » (ibid. v. 19) et Rachi explique : « Je suis moi, et Essav est ton aîné », pour exprimer qu’Essav est resté le même et ne s’est nullement amélioré. Et alors « Yits’hak a senti qu’une odeur semblable à l’odeur du Jardin d’Eden était entrée avec Ya’akov » (Béréchith Rabah 65 :22), « une odeur qu’Yits’hak avait déjà sentie au moment du sacrifice lorsque son âme l’avait quitté pour aller au Ciel » (Yalkout Chimoni Vayéra 22 :13), et il lui dit : « Approche, que je te tâte, mon fils ». Ya’akov approcha et Yits’hak lui dit : « La voix est la voix de Ya’akov, et les mains sont les mains d’Essav » (ibid. v. 22), c’est-à-dire : ces mains qui auraient dû se battre contre le mauvais penchant sont restées les mains d’Essav, mais ta voix est bonne, c’est la voix de Ya’akov (d’autant plus que l’odeur du Jardin d’Eden t’accompagne). Ensuite, il est écrit : « Yits’hak respira l’odeur des vêtements et le bénit ». Il le bénit à un moment de grâce, car telle était effectivement la volonté de D., et les bénédictions se réalisèrent pour Ya’akov.

Lorsque Essav entra plus tard, « Yits’hak vit que l’enfer était ouvert sous ses pieds » (Béréchith Rabah 67 :2), il eut très peur, une frayeur extrême s’empara de lui, et il bénit Ya’akov une seconde fois, comme il est écrit (ibid. v. 33) : « Aussi, il restera béni ! » tandis qu’il octroya à Essav quelques bénédictions, par charité, uniquement à cause de ses pleurs et de ses cris.

Essav, malgré ses capacités, malgré sa foi, n’a pas utilisé ses qualités latentes pour faire le bien. C’est un enseignement et un avertissement pour tous ceux qui gaspillent leurs forces spirituelles et ne pensent pas à en faire bon usage ; ils doivent savoir que leur fin sera amère comme celle d’Essav, malheureusement pour eux.

Cela nous permet de conclure qu’Essav est appelé à juste titre le fils aîné parce qu’il possède, enfouies au fond de lui, des qualités. Mais ses mauvaises habitudes sont devenues chez lui une seconde nature, une partie intégrante de lui-même. En fin de compte, ses aspirations aux plaisirs de ce monde ont pris le dessus et il était incapable de les dominer, ce qui est bien dommage.

Nous pouvons comprendre maintenant le sens des paroles du prophète (Malakhi 1 :2) : « Je vous ai aimés dit l’Eternel, et vous avez dit : En quoi nous as-Tu aimés ? Essav n’est-il pas le frère de Ya’akov ? dit l’Eternel. Or J’ai aimé Ya’akov mais Essav Je l’ai haï... » Pourquoi cette haine ? C’est que « Même au seuil de l’enfer, les méchants ne regrettent rien » (Yirouvin 19a). Essav se savait fautif, et c’est en connaissance de cause qu’il a perdu les nombreuses occasions de mériter les bénédictions de son père et de gagner la vie éternelle. Il est de ceux qui « agissent comme Zimri et exigent la récompense de Pin’has » (voir Sotah 22a). Il était tellement dangereux qu’Yits’hak fut obligé de le séparer de Ya’akov et à partir de ce moment-là, Essav se mit  à haïr Ya’akov, au point de désirer le tuer (Béréchith 27 :41).

Le fait est qu’il existe des hommes au double visage qui, d’une part se rebellent sans cesse contre D. et profanent tout ce qui est sacré et, par ailleurs, se montrent bienveillants envers les autres et peuvent même être pratiquants. Etant donné qu’ils font  parfois le bien, nous risquons d’être leurrés, d’être trompés par leur conduite, et même d’être influencés par eux, pensant qu’ils sont bien intentionnés. De même qu’Yits’hak a séparé Ya’akov d’Essav, nous aussi, nous devons nous éloigner le plus possible de ces gens « qui agissent comme Zimri et exigent la récompense de Pin’has ». Nous devons les laisser loin derrière nous pour nous consacrer de toutes nos forces à une vie sanctifiée par l’observance de la Torah, selon la volonté de D. Les bienfaits de ce monde et de l’autre couronneront nos efforts. Amen ! Qu’il en soit ainsi !

La voie à suivre

Nous devons nous éloigner des gens dont les actes sont mensongers et les paroles vaines, et nous rapprocher de D., obéir à Sa volonté. Alors la réussite nous est assurée dans ce monde et dans l’autre.

 

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