Kriat Chéma L’amour de D. et l’amour d’Israël

« Yossef fit atteler son char, et alla au-devant d’Israël son père à Gochen. Il le vit et se précipita à son cou et pleura longuement dans ses bras » (Béréchith 46:29), « Mais Ya’akov ne s’est pas précipité au cou de Yossef et ne l’a pas embrassé, il était occupé à prononcer le Kriat Chéma » (Rachi, Midrach Hagadah ad. loc).

Nous avons parlé du Kriat Chéma précédemment mais nous allons présenter ici un autre point de vue. Nous savons que « le Kriat Chéma doit être dit avec concentration, faute de quoi on n’a pas rempli son devoir et il faut le dire de nouveau » (Brach’ot 13a; Ora’h ‘Hayim 60:5). Pourquoi Ya’akov n’a-t-il pas repoussé l’accomplissement de ce devoir à plus tard, après sa rencontre, et s’il était urgent de prononcer le Kriat Chéma, pourquoi n’a-t-il pas repoussé le moment de la rencontre, afin de dire le Kriat Chéma avec la concentration qui se doit?

Il nous faut expliquer tout d’abord l’exigence de concentration au moment de prononcer Kriat Chéma. A propos du verset (Devarim 6:5) « Tu aimeras l’Eternel ton D. de tout ton cœur », les Sages enseignent: « Chacun doit exprimer son intention de se sacrifier pour sanctifier le Nom de D. » (Sifri ad. loc.). Cette intention doit être sincère, au point qu’on ressente effectivement, à chaque instant, qu’on est prêt à donner son âme, son corps, son esprit, pour sanctifier le Nom de D.

Comment avoir la certitude que cette déclaration est sincère? Il est possible que nous nous trompions quant à nos intentions réelles et que nous fassions une déclaration en paroles, mais qu’à l’heure où nous devrons mettre en pratique nos intentions, nous ne puissions pas soutenir cette épreuve suprême, difficile, et sacrée. Bien sûr, il faut que « les paroles qui sortent de notre bouche soient conformes aux pensées du cœur » (Pessa’him 63a), mais au moment de la mise en pratique, il devient clair rétrospectivement que ces paroles n’étaient pas sincères, et que l’on n’a fait que se mentir à soi-même.

De plus, au Jour du Jugement, lorsque l’homme se rendra compte que toutes ses déclarations n’étaient que des paroles vides qu’il n’aurait pas mises en pratique, l’accusation sera lourde. Bien que « D. ne compte pas une mauvaise pensée comme une transgression effective » (Kidouchin 40a; Yérouchalmi Péah 1:1), cela ne s’applique pas dans notre cas car nous sommes ici concernés par la sanctification du Nom de D. et l’homme n’a été créé que pour ce faire.

Nous avons déjà expliqué le verset: « Faisons l’homme à Notre image et à Notre ressemblance » (Béréchith 1:26).  D. n’a ni corps, ni forme physique, ni image. « A Sa ressemblance » signifie que D. a doté l’homme de vertus qui lui permettent de ressembler à son Créateur, comme il est écrit (Devarim 30:20): « ...et d’adhérer à Lui ». A ce sujet, les Sages expliquent (Sotah 14a; Vayikra Rabah 25:3): « Adhérez aux attributs de D., soyez miséricordieux de même qu’Il est miséricordieux, bienveillants comme Lui est bienveillant... » Chaque homme doit ressentir la peine de l’autre, de même que D. ressent nos peines, comme il est écrit (Téhilim 91:15): « Je suis avec lui dans la peine », et « D. souffre la douleur d’Israël, si un Juif a mal à la tête ou au pied, D. pour ainsi dire, ressent sa douleur et en éprouve de la peine » (Yalkout Chimoni Téhilim 843). De même, chacun doit sentir la peine et souffrir la douleur de son prochain.

Il en est de même pour Moché, de qui il est dit (Bamidbar 12:8): « C’est l’image même de D. qu’il contemple » ce qui est difficile à comprendre puisqu’il est dit aussi (Chemoth 33:20): « Nul homme ne peut Me voir et vivre ». Comment Moché a-t-il pu « contempler l’image de D. »? Mais comme nous l’avons dit plus haut, Moché adhère à D. par ses vertus, il a contemplé les actes de D. et Ses attributs et il les a imités, agissant avec bienveillance envers toutes les créatures. Il fut choisi pour diriger le peuple juif justement après avoir prouvé sa bienveillance et sa dévotion au bien de tous. Il est raconté comment Moché Rabeinou a porté sur ses épaules un agneau qui s’était échappé du troupeau de Yithro qu’il gardait (Chemoth Rabah 2:2).  D. dit: Si pour sauver un agneau il s’est mis en danger, et si malgré le nombre élevé d’agneaux dans le troupeau, il connaît les besoins de chacun d’eux et pourvoit à tous, à plus forte raison il saura être bienveillant envers Israël et chaque Juif sera cher à ses yeux. De lui il convient de dire « Moché était berger » (Chemoth 3:1).

Moché avait appris cela de D.  Il se conduisait envers chaque Juif avec la même bienveillance que D. a pour chacune de Ses créatures et il venait en aide à chacun afin de ressembler à son Créateur. Moché ressemblait aussi à D. par une autre vertu, celle de l’humilité, comme en témoignent les Écritures (Bamidbar 12:3): « L’homme Moché était le plus humble de tous les hommes », et de D. il est dit (Méguilah 31a): « Partout où il est mentionné la Toute-Puissance de D., Son humilité est mentionnée en même temps, comme il est écrit (Ichaya 57:15): « Sublime et saint est Mon trône! Mais il est aussi dans les cœurs contrits et humbles, pour vivifier l’esprit des humbles, pour ranimer le cœur des affligés ».

Chacun doit faire l’effort de ressembler par sa conduite à son Créateur. Et de même que D. ne S’attend pas à une rétribution de notre part pour Ses bontés envers nous, de même chaque homme doit faire le bien sans s’attendre à une rétribution. De plus, si l’homme pense à fauter en public ou en privé, qu’il se rappelle l’alliance qui le lie à tous ses frères Juifs, comme le disent les Sages (Chevouoth 39a; Sanhédrin 27b; Chemoth Rabah 27:8): « Tous les Juifs sont garants les uns des autres ». S’il faute, il ne subira pas tout seul la punition mais tous les Juifs seront punis à cause de lui. Il ne faut pas se dire: que m’importe ce que font les autres et qu’importe aux autres ce que je fais puisque ma punition ne fera de mal à personne d’autre. Ce n’est pas vrai! S’il y a un groupe de gens dans un bateau et que l’un d’eux perce un trou à la place où il se trouve dans le bateau en disant: Que vous importe? Le trou est de mon côté... il se met en danger non seulement lui-même, mais tous les gens qui sont avec lui sur le même bateau, dit le Midrach.

Comment peut-on obliger quelqu’un qui n’a pas pitié de lui-même à avoir pitié des autres? Une telle personne peut-elle avoir de la compassion pour la Présence Divine en exil et « La relever de la poussière »? Mais si, malgré tout, un homme se ressaisit et que, par la force de la responsabilité mutuelle qui lie tous les Juifs entre eux, il se retient et ne faute pas afin que les autres ne soient pas punis à cause de lui, il est sûr qu’un tel individu deviendra vraiment miséricordieux, ce qui l’aidera à avoir pitié de lui-même et à ne pas fauter.

Maintenant nous pouvons comprendre ce que disent les Sages (Sanhédrin 37a; Pessikta Zouta Ekev 11:9): « Chacun doit se dire que c’est pour lui que le monde fut créé ». Chacun doit sentir combien sa responsabilité est grande puisque tous les êtres sont liés à lui et, s’il se fait du mal à lui-même, il porte atteinte au monde entier.

Cela nous explique aussi pourquoi au moment du don de la Torah « la création tout entière s’est tue, aucun oiseau n’a volé, aucun oisillon n’a battu de l’aile » (Chemoth Rabah 29:9). Il est dit qu’à ce moment-là (Téhilim 76:9): « La terre a vu et s’est tue », afin que chacun sente que c’est pour lui que la création se tait. Chacun doit évaluer sa responsabilité et agir positivement, faute de quoi il cause la destruction. Au moment du don de la Torah, tout Israël était uni « comme un seul homme avec un seul cœur » (Mékhilta Yithro 19:2), et il faut perpétuer cette unité.

Effectivement, si l’homme est prêt à se sacrifier en faveur de son prochain et si la vie du prochain lui est aussi chère que la sienne, comme il est dit: « l’honneur de ton prochain doit être aussi cher à tes yeux que le tien » (Avoth II:13; Avoth D’Rabbi Nathan 15:1), s’il aime son prochain comme lui-même (Vayikra 19:18), exactement comme lui-même, il est certain qu’il a accédé au degré le plus sublime que l’homme puisse atteindre. Telle est la raison du don de soi exigé de chacun.

Chacun peut examiner ses capacités et savoir si les paroles qu’il prononce sont conformes aux pensées de son cœur. Est-il prêt à se sacrifier pour les autres, est-ce que la peine de son prochain a pénétré et rempli son cœur et pas seulement ses oreilles, la ressent-il comme sa propre douleur? S’il est parvenu à ce degré, il est capable aussi de sanctifier le Nom de D. Tel est le fondement du Kriat Chéma.

Avant de prononcer le Kriat Chéma où l’on se déclare prêt à sanctifier le Nom de D., il faut savoir si l’on est prêt à soutenir l’autre et à lui venir en aide, si l’on entend d’une oreille attentive ses appels au secours. Si on aime effectivement son prochain au point de se sacrifier pour lui, il est sûr que l’on sera capable de sanctifier le Nom de D. - épreuve difficile, des plus difficiles qui soient. La véracité de toutes nos déclarations deviendra évidente et notre déclaration de foi se révélera sincère si nos paroles sont conformes à nos intentions et si nous sommes prêts à tout moment à agir de tout notre cœur et de toute notre âme.

Il est écrit (Devarim 6:5): « Tu aimeras l’Eternel ton D. de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir ». Les Sages disent (Brach’ot 54a; Yoma 82a): « De tout ton pouvoir - avec tous tes moyens financiers ». Celui qui veut savoir s’il aime vraiment D. de tout son cœur et de toute son âme, sans aucune arrière-pensée, doit se demander s’il utilise dans ce but tout son pouvoir et s’il ressemble à D. dans Sa miséricorde et dans Sa bienveillance. De même que D. pourvoit et nourrit le monde entier, l’homme doit donner de ses ressources aux autres. Il est écrit: « Des poids exacts et loyaux » (Devarim 25:15), et les Sages remarquent (Baba Bathra 88b): « le mot ‘loyaux’ t’enseigne que tu dois ajouter du tien ».

En Hébreu, la monnaie s’appelle Damim, et le mot Dam signifie le sang, pour indiquer que l’argent est comme le sang de l’homme. Si l’homme est prêt à consacrer son argent, son corps et son âme en faveur de son prochain, c’est là le signe certain qu’il aime D. de « tout son cœur, de toute son âme et de tout son pouvoir » puisqu’il agit comme Lui et imite Ses attributs.

Il s’ensuit que l’essentiel du Kriat Chéma est de nous enseigner à être attentif aux besoins des autres, ce qui conduit à un véritable amour de D. Ya’akov prononça le Kriat Chéma en rencontrant Yossef et il choisit justement le moment de cette rencontre, après une absence de vingt-deux ans pour expliquer à ses enfants qu’ils n’en seraient pas venus à vendre leur frère Yossef, à être exilés en terre d’Egypte et à déraciner Ya’akov du pays de ses pères si chacun d’eux avait été attentif aux cris et aux appels de son prochain, s’ils avaient prêté l’oreille aux supplications de Yossef qui s’élevaient du fond de la citerne, s’ils avaient prêté attention à ses rêves, sans le haïr (Béréchith 37:8), s’ils l’avaient jugé favorablement (Avoth I:1; Tana D’Bey Eliyahou Zouta 16; Zohar I, 204b) et si Yossef lui-même avait essayé de comprendre les sentiments de ses frères sans les soupçonner (Béréchith 37:2) et sans rapporter des médisance sur leur compte (Béréchith Rabah 84:7).

Mais ils étaient divisés, aucun n’écoutait l’autre. Ya’akov leur dit qu’ils devaient regretter leur conduite: comment pouvez-vous sacrifier votre vie pour sanctifier le Nom de D., alors que la sanctification véritable est basée sur l’aide et le soutien que l’on apporte au prochain?

Lorsque l’homme ne ressent pas la douleur de son prochain et n’a pas de miséricorde pour ses souffrances, il n’est pas sincère non plus envers D. car sa conduite trahit ses professions de foi, comme il est écrit (Téhilim 78:36-37): « Ils L’amadouaient avec leur bouche, en paroles ils Lui offraient des hommages mensongers mais leur cœur n’était pas de bonne foi à Son égard, ils n’étaient pas sincèrement attachés à Son alliance ».

Nous constatons que le jour de Kippour passé, l’homme recommence à fauter et à commettre des transgressions. Bien que, le jour de Kippour, il ait pris la résolution d’aimer D. de tout son cœur et de toute son âme et bien qu’il se soit confessé et repenti de toutes ses fautes, il recommence et « retombe des sommets aux bas-fonds » (‘Haguigah 5b) pour ne s’être pas réconcilié sincèrement avec son prochain avant le jour de Kippour. L’essentiel du repentir envers D. dépend du repentir des fautes commises envers son prochain, comme le disent les Sages (Yoma 85b; Pessikta Rabah 39): « Yom Kippour ne pourvoit au pardon des fautes commises envers le prochain que si ce dernier les a lui-même pardonnées ». Avant le jour de Kippour, chacun doit demander à son prochain de lui pardonner les fautes commises envers lui non pas avec un sourire et seulement en paroles mais en ressentant profondément le mal causé à son prochain et en lui demandant sincèrement pardon.

Il me semble approprié de rapporter ici à propos du Kriat Chéma, le récit terrifiant d’un épisode qui s’est passé durant l’Holocauste.

A cette époque, beaucoup d’enfants juifs trouvèrent refuge dans les monastères chrétiens, non pas nécessairement pour être convertis. Les parents désespérés voulaient sauver la vie de leurs jeunes enfants et ils choisirent parfois ce moyen. Ils confièrent les nouveau-nés et les bébés aux pensionnats gérés par l’Église et là, les enfants reçurent un toit et du pain. Un grand nombre d’enfants furent ainsi sauvés des chambres à gaz.

A la fin de la guerre, le génocide perpétré par les Nazis, de mémoire maudite, prit fin. Des centres de renseignements et de rencontres entre proches parents s’occupaient de réunir les familles et de collecter des informations mais le nombre des enfants disparus surpassait de loin celui des enfants retrouvés. Petit à petit, des renseignements arrivaient concernant les enfants confiés à la garde des monastères et il se révéla que le nombre d’enfants qui se trouvaient chez les Chrétiens était énorme. Il n’y avait personne pour les recueillir. Une délégation de rabbins dirigée par le Rabbin Silver et le Rabbin Gourfinkel vint spécialement des États-Unis et d’Angleterre dans le but de restituer ces enfants à leur peuple.

Les Rabbins parvinrent au premier monastère et demandèrent à parler avec le directeur. Ils furent reçus avec un sourire poli: « Bien sûr, dit le prêtre, je ne m’oppose pas à restituer les enfants juifs à leur famille, ou tout au moins à leur peuple ». Les Rabbins furent heureux d’entendre ces paroles.

« Mais », et le prêtre leur posa une question pertinente tandis que ses yeux brillaient de malice, « comment reconnaîtrez-vous que tel garçon ou telle fille sont juifs? Nous n’avons pas l’habitude d’inscrire l’origine et la religion de chaque enfant… »

« La liste des noms nous aidera » répondirent les rabbins. « Nous allons passer en revue la liste des noms, si des enfants portent un nom juif, nous saurons qu’ils sont juifs ». « Non, non, non! nous n’agissons pas de la sorte chez nous, protesta le prêtre Allemand avec des accents offusqués, nous devons être précis. Nous ne voulons aucune erreur. J’exige une certitude à cent pour cent, rien de moins ».

« Prenez par exemple le nom Miller, poursuit le prêtre qui examina la réaction de ses hôtes, vous direz tout de suite que c’est un nom qui a des résonances juives certaines, mais en est-il ainsi? Nombreux sont les non-juifs qui portent ce nom. De même le nom Reichman ou Deutsch! Ce sont des noms répandus en Allemagne et en Pologne. Il ne nous viendrait pas à l’idée de libérer des enfants uniquement sur la base d’un nom qui a une certaine résonance juive… » Les rabbins tentèrent d’amadouer le prêtre, de toucher son cœur, mais il maintenait sa position. « Je ne donnerai mon accord de libérer les enfants que sur la base de documents témoignant avec certitude qu’ils sont juifs ».

Que faire? La plupart des enfants avaient été séparés de leur mère alors qu’ils étaient bébés et ils ne pouvaient pas se souvenir de leur origine. Où trouver des documents après la terrible destruction? Les rabbins tentèrent encore une fois de convaincre le prêtre. Celui-ci perdit patience. « Je regrette, dit-il sèchement, je vous ai écoutés trop longtemps, décidez vous-mêmes quoi faire. Je peux vous accorder encore trois minutes, pas plus ».

Il semblait que tous les efforts étaient vains. Le cœur des deux rabbins se fendit de douleur. Vu les informations qu’ils avaient reçues, des dizaines d’enfants juifs se trouvaient dans ce monastère et ils n’avaient que trois minutes pour les désigner...

Leurs lèvres murmuraient des prières au Maître du monde, le suppliant de les éclairer d’une idée qui leur permettrait de désigner parmi les centaines d’enfants lesquels étaient Juifs, et cela dans les trois minutes, et de façon à convaincre le prêtre pointilleux.

Leur prière fut entendue. L’un des rabbins eut une idée. « Pouvons-nous bénéficier de ces trois minutes à notre convenance? » demanda-t-il. La réponse fut: « Oui ». « Bien, soupira le rabbin soulagé. Nous reviendrons à l’heure où les enfants vont se coucher ».

« A sept heures précises » indiqua le prêtre. La délégation se sépara de lui jusqu’au soir. Le prêtre ne cachait pas son dédain envers les rabbins convaincus qu’ils allaient réussir dans leur mission - dans le fond de son cœur il attendit avec impatience que la septième heure sonne. Il voulait vraiment savoir ce que les rabbins préparaient, et pourquoi ils prenaient la peine de se retirer et de revenir.

A sept heures précises, les jeunes pensionnaires, habitués à des horaires stricts, étaient tous couchés dans les lits rangés les uns à côté des autres dans une vaste salle. Les rabbins avancèrent jusqu’au centre de la salle; l’un d’eux monta sur une chaise basse et attendit. Le silence était total. De tous côtés, les yeux brillants des jeunes enfants étaient posés sur lui. Et alors, à voix basse, le rabbin prononça seulement six mots qui remplirent la salle, d’un bout à l’autre: « Chéma Israël! Écoute Israël! L’Eternel est notre D., l’Eternel est Un! »

A ce même instant, des murmures se firent entendre de tous les côtés de la salle. Des voix frêles, des pleurs étouffés, des souffles entrecoupés: Maman, Mamma, Imma... chaque enfant dans sa propre langue, cherchait soudain sa maman, qui deux ans auparavant, lorsqu’elle le mettait au lit et le couvrait pour la nuit, avant de l’embrasser sur le front et de lui souhaiter bonne nuit, lui murmurait à l’oreille ces mots chers et le pénétrait de la foi enracinée en tout enfant juif: « Écoute Israël, l’Eternel est notre D., l’Eternel est Un. » Le prêtre baissa les yeux, vaincu. Les rabbins avaient gagné. Ils avaient repéré les enfants perdus. Les quelques minutes que la mère avait consacrées à ses enfants chaque soir avant de coucher, les avaient sauvés de la conversion et de l’assimilation...

Ce témoignage impressionnant, rapporté par le bulletin HaMeïr, est pour nous une grande leçon. Le temps que les parents consacrent à leurs enfants pour pénétrer leur cœur de l’amour de D. les soutient, non seulement dans leur amour de D. mais aussi dans l’amour du prochain. Dès le plus jeune âge, lorsque l’enfant commence à parler, ils lui enseignent à prononcer le Chéma Israël (Devarim 6:4), ce qui le conduit non seulement à l’amour de D. mais aussi à l’amour d’Israël, un amour éternel.

Lorsque les rabbins prononcèrent avec ferveur « Chéma Israël », ces paroles pénétrèrent les oreilles des enfants car ces rabbins s’étaient dévoués à faire revenir ces enfants à leur peuple et les sauver de la conversion. Ils se sont souciés de ces enfants comme ils se seraient souciés d’eux-mêmes et c’est pourquoi ils furent aidés par le Ciel. De leur côté, les enfants se souvinrent de ce que leur mère leur avait appris et leur cœur pénétré de l’amour de D. s’éveilla à l’appel douloureux des rabbins. C’est ce mérite qui leur permit de revenir au Judaïsme, de retourner à leur peuple d’origine.

Que D. veuille pénétrer notre cœur d’amour et de crainte sincères afin que nous Le servions de tout cœur! Amen!

 

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