La réflexion sur les miracles de D-ieu conduit à la sainteté

Si on considère les dix plaies d’Egypte, on remarque que pour les cinq premières, c’est Pharaon lui-même qui endurcit son cœur (cf. Exode 7:22; 8:11; 15; 28; 9:7) alors que pour les cinq dernières, c’est l’Eternel qui lui endurcit le cœur (id. 9:12; 10:1; 20; 27; 11:1). Nos Sages ont dit à ce propos que, même si Pharaon voulait revenir vers Dieu, l’Eternel endurcit son cœur pour le châtier (Chémoth Rabah 11:7; Ets Yossef, ad. loc.).

Un certain nombre d’éclaircissements sont indispensables ici.

1) Pourquoi Pharaon a-t-il tellement endurci son cœur et tenu tête à Dieu, tout en prenant conscience que «c’est là le doigt de Dieu?» (Exode 8:15). Pourquoi s’exposa-t-il et exposa-t-il son peuple et son pays à un danger si grave? Etait-il prêt à laisser détruire son pays pour de malheureux Juifs qui travaillaient gratuitement chez lui? On pourrait répondre que Pharaon savait que les enfants d’Israël se trouvaient profondément plongés dans les quarante-neuf degrés d’impureté (Zohar ‘Hadach Yithro 39a), et que par conséquent tous les préceptes divins qu’ils accomplissaient rejoignaient les forces du mal qu’il dirigeait et dans lesquelles il puisait toute son énergie. Mais, comme on l’a vu à plusieurs reprises, en dépit du fait qu’ils adoraient des idoles en Egypte (Chémoth Rabah 16:2), les enfants d’Israël ne changèrent pas leur nom, leur langue, leurs habits et se gardaient de l’adultère (Vayikra Rabah 32:5; Cho’har Tov 114:4), ce qui les empêchèrent de sombrer dans la klipah, et leur permirent de se libérer de la servitude. La question reste donc posée.

2) Pourquoi sommes-nous tenus de nous rappeler tout au long de l’année et des générations les prodiges accomplis par l’Eternel en Egypte, alors que nous sommes appelés à nous rappeler ceux qu’Il avait accomplis pour nos ancêtres à Pourim, ‘Hanoucah, etc... seulement à la date de ces fêtes?

3) Pourquoi nos Sages nous ont-ils enseigné: «A chaque génération, chacun doit se considérer comme étant sorti lui-même d’Egypte» (Pessa’him 116b).

4) Pourquoi l’Eternel devait-Il «faire justice de toutes les divinités d’Egypte» (Exode 12:12) personnellement, et non par l’intermédiaire d’un messager? (Yalkout, Exode ad. loc.).

C’est que, lorsque l’homme sombre dans l’impureté, il ne considère ni son pays, ni son peuple, ni lui-même. Pharaon vivait dans l’impureté et toute sa vie, ne s’en éloignait ni à droite, ni à gauche, lui qui se considérait comme une divinité (Chémoth Rabah 9:7; Tan’houma, Vaéra 9)... Et bien qu’il eût proclamé: «L’Eternel est juste, et c’est moi et mon peuple qui sommes coupables» (Exode 9:27), il lui était difficile de quitter l’impureté. C’est ce qu’on voit chez les pécheurs qui croient en Dieu, mais continuent leurs méfaits car il leur est difficile de fuir le mal. «Je fauterai et retournerai à Dieu» se disent-ils constamment (Yoma 88b; Tana débéElyahou Rabah 6)... En fait, si Pharaon et tous les pécheurs réfléchissaient un peu, ils pourraient se repentir et reprendre le droit chemin, car c’est la seule façon de faire téchouvah. «C’est pourquoi les gouverneurs disent: «Venez à ’Hechbon!» (Nombres 21:27). Il s’agit, explique le Talmud (Bava Bathra 78b) de ceux qui gouvernent et maîtrisent leur penchant, et se mettent à faire des comptes (’hechbon) sur la situation du monde. N’oublions pas qu’au début Avraham adorait des idoles (Rambam, Hilkhoth Akoum, 1:3). C’est à la suite de nombreux retours sur lui-même qu’il réfléchit et accéda à la connaissance du Créateur.

N’oublions pas non plus que Dieu avertissait à maintes reprises les Egyptiens, avant de leur infliger de nouvelles plaies. Il leur donnait des semaines entières pour qu’ils réfléchissent un peu et reviennent sur le bon chemin (Il attendait une semaine et après, durant trois semaines consécutives Il les avertissait, Chémoth Rabah 9:12). Si Pharaon avait réfléchi un tant soit peu, il aurait compris pourquoi on le châtiait. On peut aussi concevoir qu’il considérait que les enfants d’Israël n’avaient travaillé chez lui que deux cents ans, soit la moitié seulement du temps mentionné par l’Eternel à Avraham (cf. Genèse 15:13)... Mais il ne comprenait pas que les enfants d’Israël avaient travaillé même la nuit, ce qui doublait leur temps de travail. Par conséquent, ils méritaient d’être libérés maintenant.

En fait, on peut dire qu’aussi longtemps qu’il n’avait pas reconnu Dieu, Pharaon endurcissait son cœur et refusait de laisser partir les enfants d’Israël parce qu’il voulait les asservir, mais quand il Le reconnut, et avoua que lui et son peuple étaient pervers, c’est Dieu qui lui endurcit le cœur (en lui faisant penser qu’ils n’étaient asservis que la moitié du temps de leur esclavage...). Il comprit finalement que les quatre cents années d’asservissement étaient effectivement écoulées, seulement lorsque fut assénée la plaie des premiers-nés égyptiens; alors il alla chercher Moïse et Aharon la nuit (Yalkout Chimoni, Bo 208) et leur dit: «Levez vous, sortez du milieu de mon peuple» (Exode 12:31). Et c’est alors que le verset confirme: «Et les enfants d’Israël étaient installés en Egypte 430 ans» (Exode 12:40). Les nuits aussi comptaient donc. Et comment en est-il arrivé à cette reconnaissance? En voyant que l’Eternel l’avait épargné de la dernière plaie bien qu’il fût lui-même premier-né. Il avait d’ailleurs, rapporte le Midrach (Chémoth Rabah 20:2), demandé à Moïse et Aharon de prier en sa faveur. Pharaon comprit alors que tout comme Il distingue la semence d’un aîné de celle d’un cadet (Bava Métsia’ 61b), l’Eternel sait prévoir avec exactitude la date de libération des enfants d’Israël d’Egypte. Jusqu’alors, Pharaon avait refusé de considérer ses actes et avait subi ces terribles souffrances.

En conclusion, l’homme doit apprendre à réfléchir pour en arriver à la reconnaissance de Dieu, et aussi longtemps qu’il se confine dans l’impureté et cherche toutes sortes de prétextes, il sera sévèrement châtié... Nous avons personnellement connu des gens qui accomplissent de nombreuses mitsvoth, mais médisent de leur prochain. Et quand des malheurs s’abattent sur eux, ils se demandent pourquoi Dieu agit de la sorte. Cela est dû à leur manque de discernement. Ils ne savent pas qu’on doit se débarrasser de toute trace de mal, et cela que l’on reconnaisse ou non l’Eternel; sinon l’on subit les pires châtiments. Dieu endurcit le cœur de celui qui ne Le reconnaît pas, et le châtie jusqu’à ce qu’il finisse par Le reconnaître: alors l’Eternel déracine le mal qui souille le cœur du pécheur.

Nous devons par conséquent nous rappeler quotidiennement les miracles que le Saint, béni soit-Il, a accomplis pour nos ancêtres en Egypte. Ils ne méritaient peut-être pas la rédemption, mais ils respectaient les préceptes divins et avaient refusé de s’assimiler. Pourquoi? Parce que Dieu les y aida afin d’empêcher la klipah de puiser des forces dans ces mitsvoth. Tel est le miracle qu’opéra l’Eternel. Sans Lui, nous serions esclaves du Pharaon d’Egypte, nous, nos enfants, et nos petits enfants. Et sans les miracles d’Egypte, les enfants d’Israël n’auraient pas mérité les autres miracles... Le miracle d’Egypte constitue la base même de tous les autres, et nous devons nous en souvenir chaque jour (cf. Deutéronome 16:4). La Rédemption en outre a commencé le soir: allusion à la klipah qui sévit la nuit (Zohar III, 113a). Cette même nuit, les enfants d’Israël vainquirent même les forces du mal. Pharaon savait désormais que la klipah ne pouvait plus rien contre eux, car l’Eternel avait accompli des prodiges en leur faveur.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi Dieu «passa seul» dans le pays d’Egypte quand Il infligea des coups aux premiers-nés égyptiens: en effet, la sortie d’Egypte visait essentiellement à sanctifier les enfants d’Israël avant qu’ils ne reçoivent la Torah. (cf. Sefath Emeth, section hebdomadaire Bo, Bechala’h)... Même plongés au quarante-neuvième degré d’impureté, ils observaient certaines mitsvoth et avaient accepté sur eux le joug de la royauté divine. Et comme «Dieu aide celui qui veut se purifier» (Chabath 104a; Yoma 38b), Il fit en sorte qu’ils furent prêts en très peu de temps à Le servir. Ainsi ils étaient désormais dignes de l’assistance divine directe et d’être libérés exclusivement par Lui (cf. Tan’houma Bo, 7).

D’autre part, c’est Dieu Lui-même, dans toute Sa gloire qui apparut aux enfants d’Israël pour renforcer en eux la foi en l’Eternel et dans les justes, afin qu’ils s’efforcent de bien comprendre et d’appliquer les préceptes tellement ardus de la Torah qu’ils s’apprêtaient à recevoir. En voyant Sa toute puissance, ils ne douteraient plus jamais de Sa Torah.

C’est pourquoi ils proclamèrent immédiatement: «Nous agirons, puis nous comprendrons» (Exode 24:7). «Belles paroles, leur dit alors l’Eternel qui ajouta: «Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte» (id. 20:2): en d’autres termes, Je suis le seul à pouvoir changer les lois de la nature, «à redresser l’humble couché dans la poussière et à faire remonter le pauvre du sein de l’abjection» (Psaumes 113:7).

«Je suis l’Eternel qui ai veillé sur les mitsvoth que vous avez accomplies en Egypte, afin que la klipah ne puisse s’en nourrir, malgré vos agissements qui ont failli vous mener à la cinquantième porte de l’impureté. C’est Moi qui ai distingué vos maisons de celles des Egyptiens (Exode 12:27). Je vous ai fait sortir d’Egypte la nuit, quand règne la klipah (Bava Kama 60b;

Zohar III, 113) pour vous montrer que vous ne pourrez l’éliminer que par l’étude de la Torah, car la Torah purifie et la souillure ne peut s’y attacher» (Bérakhoth 22a, Zohar III, 80b). Dès qu’on accepte le joug de l’étude de la Torah, elle purifie petit à petit. Tout cela a pu être réalisé grâce à la sortie d’Egypte qui s’est faite par le mérite de notre Patriarche Avraham.

Tout cela nous montre que le méchant qui ne réfléchit pas sur sa conduite et ne recherche pas la vérité, en trouvant chaque fois des réponses pour se justifier, s’enlise davantage dans sa perversité. C’est par la réflexion saine qu’on parvient à la sainteté.

 

 

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