La valeur de l’observance de l’Alliance

Les serviteurs de Pharaon lui dirent: «Combien de temps celui-ci sera-t-il pour nous un piège (mokech)? Laisse partir ces hommes qu’ils servent l’Eternel, leur Dieu. Ignores-tu encore que l’Egypte est ruinée?» (Exode 10:7).

Pourquoi les serviteurs de Pharaon ont-ils attendu la plaie des sauterelles pour tenir ce langage à leur maître? Que signifie en outre leur question: «Ignores-tu encore que l’Egypte est ruinée?» Pharaon l’ignorait-il vraiment?

C’est que l’observance du brith permet à l’homme de vaincre les forces du mal là où elles se trouvent: il devient pour eux un mokech (piège). Les étincelles de sainteté qui l’habitent lui servent de flèches pour les exterminer... La terre d’Egypte était remplie d’impureté (Chémoth Rabah 22) et ses habitants plongés dans l’immoralité. Joseph le juste (juste, parce qu’il a gardé l’Alliance, Zohar I, 59b) fut le premier à réparer et extirper les étincelles de sainteté. Ensuite, c’était le rôle des enfants d’Israël lorsqu’ils descendirent en Egypte et devaient faire monter les 288 étincelles de sainteté tombées dans l’impureté à cause de la faute de Adam (Or ha’Haïm, Genèse 49:9). Bien qu’ils ne fussent pas circoncis en Egypte (Pessikta Zouta, Bo 12:6), les enfants d’Israël rectifièrent les étincelles de sainteté grâce à leur dur labeur et à la fraternité qui les unissait. Ils furent aidés en cela par Moïse qui naquit circoncis, comme l’expliquent nos Sages (Sotah 12a; Avoth deRabbi Nathan 2:5) à propos duquel le verset dit: «Elle vit qu’il était beau (ou bon, allusion à l’Alliance)» (Exode 2:2). Moïse, qui équivalait à l’ensemble des enfants d’Israël (Mekhilta Béchala’h 15a; id. 10), les éclaira de sa splendeur et de sa majesté, et ensemble ils réussirent à rectifier ce qui restait à corriger pour rapprocher la Rédemption.

C’est ce que stipule le verset: «Les sauterelles couvrirent la surface de la terre, et l’on ne pourra plus apercevoir la terre; elles anéantiront le reste des ressources» (Exode 10:5; id. 10:15). En effet, les Egyptiens craignaient l’affaiblissement des forces du mal dont ils tiraient leur existence: l’Egypte, frappée par les plaies, n’était désormais plus sous aucune protection. Pharaon et ses serviteurs comprirent alors qu’il était dangereux de maintenir les enfants d’Israël en Egypte, surtout maintenant que les enfants d’Israël gardaient l’Alliance et tiraient leur vitalité de Moïse, qui était considéré comme tout le peuple d’Israël. Le terme zéh du verset: «Jusqu’à quand celui-ci sera-t-il pour nous un piège? Ad mathaï yihé zéh lanou lémokech?» correspond à la Providence Divine, comme il est écrit: «Zéh (Le voici) qui se tient derrière notre mur» (Cantique des Cantiques 2:9). Autrement dit, la Chékhinah préserve quiconque observe l’Alliance (cf. Zohar III, 297b qui explique que zoth fait allusion au brith). «Lanou (pour nous)» a pour valeur numérique 86, la même que milah (85 + 1 pour le collel). «Lémokech (le piège)», c’est la trappe qui détruit la klipah.

Les serviteurs de Pharaon espéraient être un piège pour les enfants d’Israël qui s’assimileraient à eux, et ils comptaient former ensemble une grande nation régie par les forces du mal. Mais comme nous l’avons vu, c’est le contraire qui se passa: les Egyptiens ne tardèrent pas à prendre conscience du fait que c’étaient les enfants d’Israël qui constituaient pour eux un piège, puisqu’ils observaient l’Alliance et que Moïse, né circoncis, les soutenait. La Providence les protégeant, ils étaient en mesure de diminuer l’influence des forces du mal qui sévissaient en Egypte. C’est pourquoi les serviteurs dirent à Pharaon: «Ignores-tu encore que l’Egypte est ruinée (avédah)?» Ce sont les douze tribus de l’Eternel qui ont causé la ruine (avedah a pour valeur numérique 12, allusion aux 12 tribus). Moïse, qui porte également le nom de zéh dans le verset «Puisque, zéh (celui-ci), Moïse...» (Exode 32:1; id. 23), les aida à triompher de la klipah (les forces négatives, l’autre coté): les Egyptiens sont en déroute. C’est d’eux qu’Yithro dit: «Car la méchanceté des Egyptiens est retombée sur eux» (id. 18:11): «C’est dans la marmite qu’ils ont préparée qu’ils seront cuits» (Sotah 11a).

On peut ainsi comprendre pourquoi les magiciens égyptiens craignirent Moïse même avant sa naissance (Tan’houma, Vayak-hel 7). Ce n’est pas sa faculté de libérer par la suite les enfants d’Israël qui les effraya, mais son pouvoir d’éliminer les forces du mal en Egypte. Grâce au brith qu’ils consacrèrent le jour même, le sang de Pessa’h se mêla à celui de la circoncision (Chémoth Rabah 17:3; Chir Hachirim Rabah 5:3) et ils «vidèrent l’Egypte» et furent en mesure de triompher des forces du mal: les Egyptiens ne pouvaient alors plus se défendre.

A regarder de plus près, on remarque que la plaie des sauterelles visait à exterminer tout ce qui se trouvait à la surface de la terre afin que les forces du mal n’aient alors plus aucune emprise. C’était là ce que les Egyptiens craignaient le plus: être coupés de ces forces. En vérité, il est dit que Pharaon eut tellement peur de cette plaie qu’il l’appela maveth (mort), comme il est écrit: «Suppliez l’Eternel, votre Dieu, qu’Il me délivre à tout prix de cette mort» (Exode 10:17). Pharaon voyait que ses serviteurs avaient raison: privée de Sitra A’hra (l’autre coté, les forces du mal), l’Egypte était bel et bien ruinée. Il finit par céder et décida de libérer les enfants d’Israël de leur servitude... Mais l’Eternel continua à endurcir son cœur en lui infligeant trois plaies supplémentaires, afin qu’il se rende compte de la grandeur divine ainsi que de la réparation des enfants d’Israël.

Cela nous montre l’importance de l’observance de l’Alliance qui rapproche la Rédemption. C’est ce à quoi notre génération orpheline doit veiller plus particulièrement... Voyant que l’heure de la Rédemption approche, le mauvais penchant, conscient de nos efforts pour observer les mitsvoth et rectifier nos défauts, en particulier ceux qui causèrent la destruction du Temple (comme la haine gratuite...), nous inflige une plaie à laquelle nous ne pensions nullement: l’immoralité sexuelle qui sévit tellement de nos jours, à cause de nos nombreux péchés, Dieu nous en préserve, et dont les nations se gardaient au moins en public, il y a encore quelque temps.

Imitons donc les enfants d’Israël qui ont déployé tant d’efforts pour éliminer les forces du mal, en vue d’être dignes de recevoir la Torah, durant quarante neuf jours après leur sortie d’Egypte (correspondant aux quarante Portes de l’impureté; cf. Zohar ‘Hadach Yithro 39a). S’ils ont accédé à ce niveau sublime (et en particulier à celui de voir Dieu lors de la division de la Mer Rouge), c’est parce qu’ils se sont  acharnés à neutraliser leurs mauvais traits, et à se sanctifier. Les enfants d’Israël qui ont observé les fondements du Judaïsme, se sont cependant plaints auprès de Moïse: «Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Egypte, et qui ne nous coûtaient rien» (Nombres 11:5), c’est-à-dire qui ne nécessitaient ni étude de la Torah, ni accomplissement de mitsvoth (Sifré 11:5). Pourquoi donc cette révolte après tant d’abnégation? Parce que, à la suite de leur long séjour en Egypte, ils n’avaient pas entièrement effacé de leur personnalité la convoitise, la cupidité et la concupiscence. Tout dépend finalement de l’annulation de ces défauts, ainsi que de l’observance de l’Alliance dans la pureté et la sainteté.

 

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