On ne fait emprunter à l’homme que le chemin qu’il veut suivre

De nombreuses questions se posent sur le verset: «Moïse fit sortir le peuple du camp à la rencontre de Dieu, et ils se placèrent au bas de la montagne» (Exode 19:17).

1) Pourquoi Moïse dut-il faire sortir les enfants d’Israël contre leur gré, comme l’enseignent nos Sages? Le peuple s’était déjà purifié quarante-neuf jours auparavant; il attendait impatiemment que l’Eternel apparaisse devant lui! Et comme l’explique le Or Ha’haïm, les enfants d’Israël étaient effrayés par la montagne, pourquoi ne furent-ils pas effrayés par la Gloire de Dieu sur la mer (Mekhilta, Béchala’h 2), et allèrent-ils jusqu’à proclamer: «Il est mon Dieu et je le célèbrerai» (Exode 15:2). Comment peut-on concevoir que précisément le jour où ils firent précéder na’asséh à nichma’ (Chabath 88b), ils aient pu refuser d’aller à la rencontre de Dieu pour recevoir Sa Torah?

2) D’où Moïse fit-il sortir les enfants d’Israël? De quel camp?

3) Citant nos sages (Mekhilta id.), Rachi explique certes que la Chékhinah est sortie à leur rencontre, comme le jeune marié sort accueillir sa future épouse, mais d’après le verset, même la jeune mariée est sortie: les enfants d’Israël ont reçu l’ordre de sortir du camp pour aller à la rencontre de Dieu.

C’est qu’à notre humble avis, chaque fois que le mauvais penchant voit l’essor du royaume de la sainteté, et qu’il se trouve ainsi en danger, il reprend des forces, s’expose de nouveau au danger: c’est ainsi qu’il agit en tout temps... C’est ce qu’il fit aux enfants d’Israël qui se trouvaient en mauvaise posture par suite de leur essor spirituel; il les fit plonger dans la léthargie, précisément la veille du don de la Torah pour lequel ils s’étaient tant préparés! Ils avaient, comme nous l’avons vu, corrigé leurs mauvais traits en vue d’accéder aux quarante-huit vertus par lesquelles s’acquiert la Torah. Sur la Mer Rouge, leurs yeux ont vu ce que les plus grands Prophètes n’avaient pas vu (Mékhilta, Béchala’h 16:2). Ils eurent foi en Dieu et en Moïse Son serviteur. Ils ont consommé la manne, cette nourriture céleste des anges (Yoma 75b), cessé pendant trois jours de cohabiter avec leurs femmes... Soudain précisément la veille du don de la Torah, le Saint, béni soit-Il, les trouve endormis, ils ne s’étaient pas levés pour recevoir Sa Torah, comme il est écrit: «Je dors mais mon cœur est éveillé» (Cantique des Cantiques 5:2). Les différentes communautés d’Israël ont l’habitude de rester éveillées toute la nuit de Chavou’oth pour corriger cette faute (Maguen Avraham 494, début, au nom du Midrach).

Moïse dut donc les réveiller de leur sommeil. Il leur expliqua «si quelqu’un vient pour te tuer, hâte-toi de le tuer» (Bérakhoth 68; Yoma 85b; Bamidbar Rabah 21:5): en d’autres termes, lorsque le mauvais penchant vient de bonne heure le matin tuer l’homme, en le dissuadant de se lever servir son Créateur, cet homme doit se lever avant et le «tuer.» Alors, d’où Moïse fit-il partir les enfants d’Israël? De leur sommeil...

Moïse voulait également leur montrer qu’il ne sied pas au jeune époux de sortir attendre sa future épouse: c’est cette dernière qui doit l’attendre, bien maquillée, pour trouver grâce à ses yeux. L’étude de la Torah, la nuit de Chavou’oth, sert de «maquillage» à la Torah (Zohar III, 98a). Comme les enfants d’Israël s’étaient abstenus d’aller à la rencontre de la Chékhinah, Moïse dut les réveiller pour qu’ils expient leur faute (d’avoir dormi).

Par conséquent, ceux qui veulent s’engager dans l’étude de la Torah, et plus particulièrement les débutants, doivent se lever au plus tôt et se présenter devant la montagne/le mauvais penchant, sans toutefois la toucher. Ils se trouveront de la sorte «sous la montagne», c’est-à-dire agiront avec le maximum d’humilité, d’effacement devant le Saint, béni soit-Il, c’est ainsi qu’ils acquerront la Torah (cf. Avoth 6:5; Ta’anith 7a), et serviront le Créateur avec un sentiment mêlé d’amour, de respect, de révérence et de crainte.

Le Satan effraya les enfants d’Israël en leur faisant croire qu’il est impossible d’entendre la voix de Dieu et de rester vivant. En fait, à chacune des paroles qu’ils entendaient, leur âme expirait (Chabath 88b), mais les anges les ressuscitaient de cette rosée destinée dans l’avenir à ressusciter les morts.

Moïse libéra donc les enfants d’Israël de ces pensées étrangères. Notons que la valeur numérique réduite de ma’hanéh (le camp) est similaire à celle de ma’hachavah (103 et 355= 1+0+3=4; 3+5+5=13, 1+3=4) pensée, qui n’était que l’œuvre du Satan. Moïse leur expliqua qu’ils devaient sortir à la rencontre de la Chékhinah afin de s’imprégner de l’amour du Saint, béni soit-Il. Si la Providence Divine vient à son tour à leur rencontre, c’est un signe que l’Eternel les aime.

L’homme  étincelle de Moïse (Tikouné Zohar, Tikoun 69, 112a), doit donc déployer tous ses efforts pour ne pas tomber dans les filets du mauvais penchant. Le Satan est là, constamment aux aguets, plus particulièrement au moment de l’étude de la Torah, et de l’accomplissement de mitsvoth. Le Talmud (Chabath 31a) enseigne que dans le monde futur, on pose la question suivante à tout homme: «As-tu fixé du temps pour l’étude de la Torah?» En d’autres termes, t’es-tu efforcé de repousser les tentatives du mauvais penchant de te dissuader d’étudier la Torah pendant le temps que tu t’es fixé pour l’étude?

Il doit aussi avoir foi en Dieu, et le temps venu, fermer sans ménagement son bureau ou son magasin pour se rendre à son cours quotidien de Torah même si de nouvelles affaires se présentent, car il doit avoir foi que l’Eternel le pourvoira de sa subsistance et qu’elle est déjà calculée et décrétée à Roch Hachanah (cf. Betsah 16b; Vayikrah Rabah 30:1).

Une femme, dont le fils malade était marié à une non-Juive, est venue un jour nous demander une bénédiction pour lui. Après lui avoir expliqué qu’il avait commis une faute extrêmement grave, je fus stupéfait de sa réaction: «Que voulez-vous? C’est Dieu qui l’a voulu!» Irrité, je lui tins les propos suivants: Comment peut-on concevoir que Celui qui nous a donné la Torah de vérité (Yérouchalmi, Roch Hachanah 3:8; Tana débé Elyahou Zouta 21), qui nous a prescrit de ne pas nous mélanger aux nations, de ne pas imiter leur conduite (Exode 23:24), ait permis à un Juif d’épouser une non-Juive? ou de fréquenter des lieux malfamés? Ce n’est que l’œuvre du Satan!

«Tout se trouve entre les mains de l’homme, à l’exception de la crainte de Dieu», enseigne le Talmud (Bérakhoth 33b; Zohar I, 59a). Comme nous l’avons déjà expliqué, la subsistance quotidienne de l’homme, son état de santé, le niveau de Torah auquel il a accédé, son ou sa partenaire au mariage, son salut, etc. tout provient de Dieu, et même ce qu’il pense être mauvais pour lui. En revanche, la crainte de Dieu requiert des efforts personnels constants, car on ne laisse emprunter à l’homme que la voie qu’il veut suivre (Makoth 10a; Bamidbar Rabah 20:11, Zohar I, 198b). S’il ne s’efforce pas de craindre Dieu, alors «le péché est tapi à sa porte» (Genèse 4:7). Il finira par succomber au mauvais penchant. Celui qui cherche à se souiller se fait volontiers aider par lui (cf. Chabath 104a; Yoma 38b; Zohar I, 62a).

Aussi longtemps que l’homme n’a pas choisi quelle voie suivre, il se fait aider par le Ciel qui l’incite à la crainte de Dieu. Mais s’il choisit d’emprunter le mauvais chemin, on l’aide aussi à continuer de l’emprunter... et à tomber dans les filets du mauvais penchant. Ce qui compte par conséquent, ce sont les débuts. Si on choisit le mal, et qu’on endure des souffrances, on ne doit pas se plaindre devant Dieu, et si on est intègre, on doit accepter la sentence décrétée par le Ciel.

A sa naissance, Adam était un Tsadik parfait (’Irouvine 18b), dont le niveau dépassait celui des anges (Béréchith Rabah 21:1); c’était la lampe qui éclairait le monde (Yérouchalmi Chabath 2:6). L’Eternel lui prescrivit alors de ne pas manger de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal (Genèse 2:17). Il ne tenait qu’à lui de se conformer à la volonté divine, ou de passer outre: la crainte du Ciel ne dépendait que de lui!

C’est que le Ciel voulait lui faire accomplir une «petite mitsvah», selon les termes de nos Sages (Tan’houma, Chemini, 8), pour l’introduire dans un monde où régnait la perfection totale, afin qu’il ne jouisse gratuitement ni de ce monde ni du monde futur (Zohar II, 29a). Le Zohar (II, 128) enseigne qu’il convient d’acheter la mitsvah, pour ne pas faire agir la kélipah... Au début de la Création, Dieu voulait qu’Adam, qui jouissait pleinement de l’exercice du libre arbitre, déploie des efforts pour acquérir une mitsvah, mais il pécha, mangea de l’Arbre de la Connaissance, et fit entrer en scène la kélipah, connue sous le nom de maveth (mort) (Zohar II, 33b), qui était destinée à emporter tout être humain. Dieu craignit qu’Adam mange de l’arbre de vie, et vivant pour l’éternité, fasse vivre aussi la kélipah éternellement. Ainsi la mort corrige en sorte sa souillure. La kélipah finira par disparaître pour que le royaume divin accède à la perfection. Adam fut exclu du Jardin d’Eden pour s’éloigner du mal, et qu’il ressente tout ce qu’il a perdu en ne choisissant pas la crainte du Ciel, et en transgressant une mitsvah facile (Chabath 65a)... C’est qu’Adam voulait «être comme Dieu et connaître le bien et le mal» sur les conseils du serpent (Genèse 3:5). Qu’avait-il à connaître le concept du mal? La Torah ne prescrit-elle pas à l’homme de «choisir la vie» (Deutéronome 30:19). S’il ne choisit que le bien, il ne fera jamais le mal, car «l’Eternel garde les pas de ses bien-aimés» (Samuel I, 2:9).

Si Adam a mangé de l’Arbre de la Connaissance, il l’a fait au nom du Ciel. Il n’en demeure pas moins que, comme nous l’avons vu, il a transgressé un commandement divin. Dieu ne voulait pas qu’il déploie ses efforts pour transgresser un commandement, aussi petit qu’il soit, mais comme il a de son propre gré choisi la voie du mal, le Ciel ne l’a pas empêché de continuer. Adam aurait dû éviter les embûches placées par le mauvais penchant, ne pas faire entrer du tout le serpent sur scène. Comme il ne l’a pas fait, il a succombé au péché, et été puni.

Moïse a fait sortir contre leur gré les enfants d’Israël du sommeil dans lequel ils étaient plongés, des pensées que leur suggérait Satan... S’ils étaient prêts à emprunter le chemin de la droiture, à aller à la rencontre de la Chékhinah, comme la future mariée va accueillir son fiancé, Moïse était prêt à les y aider.

 

Sanctifie-toi de ce qui t’est permis
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L’Eternel bénit son peuple par la paix  La Torah et l’abondance dans le monde

 

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