L’étude de la Torah conduit à la bénédiction, à la lumière de la Torah et à la Chékhinah

Deux questions se posent sur les premiers versets de la sidrath Rééh. Vois, Je vous propose en ce jour, d’une part la bénédiction, la malédiction de l’autre: la bénédiction quand vous obéissez aux commandements de l’Eternel... et la malédiction, si vous n’obéissez pas aux commandements de l’Eternel... (Deutéronome 11:26, 27, 28).

1) Pourquoi traitant de la bénédiction, le verset ne stipule-t-il pas: Si vous n’obéissez pas, comme pour la malédiction?

2) Pourquoi le verset commence-t-il au singulier Rééh et continue-t-il au pluriel: Lifnéhkem (devant vous)? Pourquoi ne stipule-t-il pas Réou (Voyez)?

On sait que dans ce monde, l’homme doit viser essentiellement à connaître ses obligations et chercher à se conformer à la volonté de Dieu... Si à sa mort, il doit rendre compte de tous ses actes, comment peut-il passer sa vie à des futilités? La Guémara enseigne qu’au moment de donner la Torah aux enfants d’Israël, le Saint, béni soit-Il, a soulevé au-dessus d’eux le Mont Sinaï comme un f-t, et leur a dit: Si vous accomplissez Ma Torah, c’est bien, sinon ce sera là votre lieu de sépulture (Chabath 88a). Pourquoi cette menace, alors qu’ils se sont préparés à la réception de la Torah durant quarante-neuf jours, se sont purifiés et ont accédé au niveau de Nous ferons, puis nous entendrons en le disant de tout cœur comme un seul homme (Mékhilta, Yithro).

C’est que le Saint, béni soit-Il, voulait faire prendre conscience aux enfants d’Israël des effets dévastateurs du mauvais penchant, qui s’efforce de placer des obstacles devant celui qui s’engage dans l’étude de la Torah, en l’accablant d’épreuves pour le dissuader d’étudier et le faire descendre en enfer... C’est ce que représente la menace de la montagne au-dessus de leurs têtes. L’homme doit toutefois apprendre à endurer les souffrances avec amour (Bérakhoth 5a). Il dominera alors le mauvais penchant et se rapprochera davantage du Saint, béni soit-Il. L’Eternel dit aux enfants d’Israël: Si vous consentez à recevoir la Torah et à vous débarrasser du mauvais penchant, tout ira bien pour vous. Sinon, vous tomberez dans ses filets et il vous enterrera. Le Saint, béni soit-Il, ne visait donc que le bien de Son peuple.

C’est comme un médecin qui oblige son patient à prendre un médicament qui a un go-t amer. Au début le patient refuse, pensant que le médecin veut l’éprouver encore plus. Mais quand il prend le médicament, il en arrive à comprendre que le médecin ne visait que son bien et que c’est grâce au médicament que le médecin lui a prescrit qu’il a guéri. Il lui exprime alors sa gratitude et veille désormais à prendre le médicament à temps, pour guérir de sa maladie.

Vois, dit l’Eternel au Juif: Si tu t’engages et peines dans l’étude assidue d’un livre de Torah, tu en arriveras à la chmi’ah, à l’entendre, à le comprendre et à accomplir ses directives et alors tu seras béni. Ne fais pas comme ces gens qui se contentent de suivre des cours de Torah et ne consultent aucun livre. Si tu n’y étudies pas, la Torah ne pénétrera pas en toi. Tu ne risqueras pas ainsi de négliger Mes mitsvoth.

Avec le collel (+ 1), RéEH a la même valeur numérique (207) que OR (la lumière): si on ouvre un livre et qu’on y perçoit la lumière, tout ce qu’on étudie s’imprègne dans le coeur et le cerveau; les oreilles aussi entendent ce qu’on étudie et on sera protégé de toutes les maladies engendrées par le mauvais penchant. Si le verset stipule la bénédiction: Quand vous entendrez, c’est pour nous apprendre que ce n’est que par l’étude de la Torah qu’on peut vaincre le mauvais penchant et surmonter les obstacles qu’il place devant nous (Torath Cohanim, Bé’houkotaï 3). C’est un devoir, une obligation, comme le  médecin qui oblige son patient à prendre le médicament qu’il lui a prescrit, le Saint, béni soit-Il, nous oblige à nous engager dans l’étude de la Torah, le meilleur médicament contre le mauvais penchant (Kidouchine 30b).

Si nous nous en abstenons, notre foi en l’Eternel commencera à vaciller, nous emprunterons parfois la voie de Dieu (en écoutant de temps en temps des cours de Torah), parfois, à Dieu ne plaise, celle du mauvais penchant dans les filets duquel nous finirons par tomber. Car c’est ainsi qu’agit le mauvais penchant: aujourd’hui il te dit: fais ceci, le lendemain, fais cela... (Chabath 105b; Avoth déRabbi Nathan 3:2) et finit par éloigner tout à fait l’homme de Dieu: il espace de plus en plus ses cours jusqu’à ne plus y aller du tout.

Nous pourrons ainsi comprendre la proximité des sections hebdomadaires ‘Ekev et Rééh. Pour être digne de voir (Rééh) la lumière de la Torah, il faut s’effacer et s’abaisser complètement (comme le talon ‘ékev qui est en bas du corps) et observer même les mitsvoth qu’on foule du pied/du talon (‘ékev) pour pouvoir accomplir les mitsvoth plus difficiles, et observer ainsi entièrement la Torah.

Quant à la proximité des sections hebdomadaires ‘Ekev, Rééh et Choftim, elle nous apprend que quand on regarde vers le bas, au niveau du ‘akev, c’est-à-dire quand on pense à sa fin, comme nous l’a montré Rabbi Ya’akov Abou’hatsira dans son livre Pitou’hé ‘Hotham, on nomme des juges et des gardes chargés de contrôler notre comportement. Et si on voit une porte par laquelle le mauvais penchant veut s’infiltrer, on nomme de suite un gardien qui lui en défende l’accès. On pourra alors être béni de la plus importante bénédiction: comprendre les secrets de la Torah et s’élever par son étude intensive. Mais si on ne s’efface pas devant l’Eternel (‘ékev traduit l’humilité, comme nous l’avons vu), on aura beau s’engager dans l’étude de la Torah, on n’accédera à rien... Car le mauvais penchant vise essentiellement à nous faire oublier ce concept de ‘Akev pour avoir le dessus sur nous. Mais si on efface son ego et envisage sa fin, on peut facilement vaincre le mauvais penchant et recevoir de Dieu une bénédiction infinie.

Quand on y réussit et qu’on est digne de ressentir l’exaltation de Dieu, on influence et on dirige aussi les autres vers le bien en les incitant à s’engager dans l’étude de la Torah. Rééh: au début, je suis seul à voir et à me laisser influencer. Par la suite, grâce à la lumière de la Torah dont j’ai été baigné, je peux inciter les autres à entendre et se mettre à étudier la Torah (d’où le pluriel: quand vous obéissez).

Parlant de Moïse, le verset dit: VéhaIch, Or cet homme, Moïse, était fort humble, plus qu’aucun homme qui f-t sur la terre (Nombres 12:3). Apparemment, le terme HaIch semble superflu. C’est que, grâce à son effacement total devant chacun des enfants d’Israël et devant Dieu, la Chékhinah YaH résidait en lui et il en imprégnait tout le Peuple d’Israël. C’est grâce à son mérite que l’Eternel a montré un visage souriant à Israël. Nos Sages enseignent que durant toute la période de Bil’am, le Saint, béni soit-Il, ne s’est pas mis une fois en colère contre eux (Bérakhoth 7a). Le vav de VéhaIch désignant l’influence, il nous reste Yah, Dieu et Ech, qui dénote l’enthousiasme et le dévouement dont notre maître les a imprégnés. Nous avons vu aussi que quand l’homme fait des concessions à la femme et réciproquement, ils font résider la Providence Divine dans leur foyer (le nom de Dieu YaH, youd dans Ich et héh dans ichaH étant parmi eux) (Sotah 17a).

Ce sont essentiellement les Tsadikim qui sont doués de cette vertu d’humilité. La Guémara raconte: Quand Rabbi Eliézer fut malade, Rabbi Yo’hanan alla lui rendre visite. Comme sa maison était obscure, Rabbi Yo’hanan retroussa les manches de son vêtement et la maison s’éclaira. Rabbi Eliézer se mit alors à pleurer. Pourquoi pleures-tu? lui demanda Rabbi Yo’hanan. Pour cette beauté qui doit être enfouie dans le sable lui répondit Rabbi Eliézer (Bérakhoth 5b).

Pourquoi Rabbi Eliézer s’est-il mis à pleurer précisément quand Rabbi Yo’hanan est venu lui rendre visite?

C’est que Rabbi Eliézer a perçu la lumière profonde que diffusait Rabbi Yo’hanan, il a compris qu’il s’agissait certainement de la lumière de la sainteté de la Torah: il en est venu à la conclusion que si Rabbi Yo’hanan avait pu accéder à ce niveau, c’est essentiellement à cause de son humilité. Il s’est mis alors à pleurer de joie à voir la grandeur de son hôte. Rabbi Eliézer a aussi peut-être pleuré parce qu’il n’avait pas personnellement accédé à ce haut niveau... C’est là la vertu des Tsadikim qui ne voient toujours que la grandeur de leur prochain, se lamentent sur leur propre déficience et veillent sans cesse à s’élever en se demandant quand leur niveau atteindra celui de leurs ancêtres (Tana Débé Elyahou Rabah 25). Grâce à leur modestie, aspect de ‘Ekev, ils jouent comme il convient leur rôle dans ce monde et méritent de voir clairement tout ce qui les entoure.

 

 

L’héritage de la terre par le mérite de l’accomplissement des mitsvoth
TABLE DE MATIERE
Comment accéder à la lumière et aux secrets de la Torah

 

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