Comment accéder à la lumière et aux secrets de la Torah

Avec le collel, RéEH a la même valeur numérique (207) que RaZ (secret). Ceci nous apprend que celui qui cherche à sonder les secrets profonds de la Torah et des mitsvoth, doit raffermir sensiblement sa foi et son amour pour le Saint, béni soit-Il. RéEH ayant la même guématria que OR (lumière), comme nous l’avons vu, il faut que cette foi soit claire comme le soleil... afin de permettre de percer les secrets de la Torah.

Si après de gros efforts quelqu’un prétend avoir trouvé, crois-le, enseignent nos Sages (Méguilah 6b): grâce à la foi et à l’effort, tu perceras les secrets de la Torah et des mitsvoth. L’éveil d’en bas, suscitant l’éveil d’En Haut, tu comprendras le sens profond des mitsvoth et les accompliras avec plus d’enthousiasme et de joie, comme il est écrit: Les préceptes de l’Eternel sont droits: ils réjouissent le coeur (Psaumes 19:9).

Pour accéder à ce niveau, il convient de s’en remettre complètement au Saint, béni soit Il. Rééh Anokhi il faut veiller à effacer tout son ego; Enokhiouth, toute trace d’orgueil, car l’honneur et l’orgueil appartiennent exclusivement à Dieu, comme il est écrit: A toi, Seigneur, appartiennent la grandeur, la puissance, la gloire, l’autorité et la majesté... (Chroniques I, 29:11). On est alors digne de percer les secrets de la Torah bénédiction suprême pour l’homme et on n’éprouvera pas la moindre trace de honte dans le monde futur, mettant ainsi en pratique l’adage de nos Sages: Heureux celui qui y arrive, son étude de la Torah à la main (Pessa’him, Bava Bathra 10b). Si on considère les dernières lettres de AnokhI NotheN LifnékheM, on constate qu’elles ont la même valeur numérique que le mot SaM (100): en d’autres termes, il est très difficile de comprendre les secrets de la Torah, mais son étude n’est pas du tout nuisible. Car la Torah est au contraire l’elixir de la vie, comme nous l’avons vu. Seuls ceux qui consommaient la manne pouvaient en donner de nouvelles interprétations (Mékhilta Béchala’h 17; Tan’houma id. 20). Tout comme la manne à laquelle on pouvait trouver tous les go-ts du monde et qui était saine (Yoma 75b; Chémoth Rabah 5:9), l’étude de la Torah ne nuit pas, au contraire, elle protège et sauve (Sotah 21a). Elle a tous les go-ts du monde, qu’elle imprègne de flux d’abondance.

Mais celui qui ne s’engage pas sérieusement dans l’étude de la Torah, ne croit pas en ce qu’elle contient et n’est pas humble, non seulement n’en percera pas les secrets, mais la considérera comme un fardeau lourd à porter. Y a-t-il une plus grande malédiction que celle là? Celui qui agit de la sorte ne trouvera aucune satisfaction dans l’accomplissement de mitsvoth; la Torah lui paraîtra comme un poison... Si les deux termes Bérakhah (bénédiction) et Kelalah (malédiction) sont juxtaposés dans notre verset, c’est pour montrer que c’est l’homme lui-même qui détermine quand la Torah lui paraît une bénédiction, ou quand c’est l’inverse, à Dieu ne plaise.

Comme nous l’avons vu, l’homme ne vit pas lévado seulement de pain, mais peut vivre de tout ce que produit le verbe du Seigneur (Deutéronome 8:4). Le pain, c’est la Torah, comme il est écrit: Venez, mangez de mon pain... (Proverbes 9:5), c’est celui de la Torah, commente le Yalkout Chimoni (id.). La valeur numérique de LéVaDO (seul) est équivalente à celle de BaM (42) du verset: et tu t’en (BaM) entretiendras, soit dans ta maison, soit en voyage... (Deutéronome 6:7). On ne peut donc pas vivre de Torah seulement: il faut aussi croire ce que dit l’Eternel; il faut croire à Son existence, joindre l’étude de la Torah à l’accomplissement de mitsvoth. Il ne faut pas que la piété se borne à une leçon rabachée (Isaïe 29:13). On accède ainsi aux secrets de la Torah... et considère le bien et le mal comme une bénédiction. Commentant la locution Ouvékhol Mé’Odékha (de tout ton pouvoir) nos Sages expliquent: exprime-Lui méod beaucoup ta gratitude pour toute midah (mesure) qu’Il te donne (Bérakhoth 54a). Rééh Anokhi: vois ton insignifiance; efface ton égoïsme/Enokhyouth et tu percevras la grandeur de Dieu (Rambam Yessodoth HaTorah 2:2).

OR (guématria similaire à celle de Rééh, comme nous l’avons vu) c’est la Torah (Méguilah 16b). Anokhi: crois à Celui qui a dit: Anokhi Je suis l’Eternel, ton Dieu (Exode 20:2), base même de la foi en le Créateur du monde. En d’autres termes, qu’on reçoive la bénédiction ou la malédiction, à Dieu ne plaise, il faut croire que tout vient de Dieu. L’homme est obligé de bénir [Dieu] pour le bien comme pour le mal, enseignent en effet nos Sages (Bérakhoth 54a; Zohar II, 174a). On n’accède à ce niveau qu’en s’engageant intensivement dans l’étude de la Torah, en étant soumis et humble, en endurant les souffrances sans se plaindre. Et même si on doit surmonter des épreuves quand on nous révèle les secrets de Torah qui nous baigne de sa lumière, on doit savoir que la bénédiction nous attend.

Nous avons personnellement remarqué que les gens nous manifestent beaucoup d’honneur. Pour quelle raison, nous sommes-nous demandés: par le mérite de nos saints ancêtres? Pour nos connaissances de la Torah? Pour notre barbe longue et nos péoth? S’ils nous respectent pour l’image de Dieu que nous révélons, combien nous en sommes heureux, la barbe et les péoth ne servant que de réceptacle: c’est donc la Torah qu’ils respectent et honorent. Car s’ils nous respectaient pour notre barbe et nos péoth, ce serait le meilleur signe de notre insignifiance...

Rééh Anokhi: introspecte-toi bien, veille à corriger tes mauvaises tendances; ne regarde pas les autres; sois scrupuleux envers toi-même. Demande-toi pourquoi les créatures te respectent: Est-ce pour l’image de Dieu que tu revêts, ou simplement pour ton aspect extérieur. Efforce-toi donc d’effacer toute trace d’égoïsme afin que les gens ne respectent que ton aspect intérieur. Sois sincère et que ce qui est au fond de toi se reflète à l’extérieur (cf. Bérakhoth 28a; Chabath 16b). Veille à ce que tu ne sois pas vide, comme il est dit: La citerne était vide, il n’y avait pas d’eau (Genèse 37:24), c’est-à-dire ne sois pas vide de Torah (cf. Bava Kama 17a). Si c’est essentiellement ton aspect extérieur qui est beau, il n’y a pas de plus grande malédiction que celle-ci. D’ailleurs, dans son livre Ilana Dé’Hayé, le Baal Chem Tov enseigne que les forces du mal adhèrent aux faux tsadikim et elles en tirent leur subsistance.

Élimine donc ton égoïsme, pour que les gens ne se trompent pas sur toi et que tu n’appelles pas la malédiction sur le monde, à Dieu ne plaise. Tu feras ainsi descendre sur toi un flux d’abondance céleste du Dioukna kadicha (Portait saint), les treize attributs, réceptacles de miséricorde qui figurent dans le Tachlikh qu’on récite le jour de Roch HaChanah... Tu accéderas ainsi à la modestie... Les dernières lettres de RééH AnokhI forment le nom divin YaH qui a la même valeur numérique (15) que GuaAVaH (orgueil) dont l’élimination conduit l’homme à se rattacher à l’Eternel et à faire preuve d’humilité. Car l’orgueil appartient exclusivement à Dieu, comme il est écrit: L’Eternel règne! Il est revêtu de majesté (Psaumes 93:1).

Essayons maintenant de voir le rapport entre le péché des explorateurs et notre Parachah. Comment peut-on concevoir que des Justes de cette envergure aient pu médire de la Terre d’Israël, et pourquoi Moïse n’a-t-il pas envoyé pour cette mission des gens simples?

C’est que, comme nous l’avons vu, les explorateurs ont dit du mal de la Terre d’Israël parce qu’ils voulaient rester, dans le désert, des Princes d’Israël. Or des gens simples n’aspirent pas à des fonctions aussi hautes. Les Ecrits saints mentionnent que s’ils étaient entrés en Terre d’Israël dont ils ont médit, le péché et le châtiment engendrés auraient été beaucoup plus graves: c’est donc une grâce divine qu’ils ne fussent pas entrés en Terre Sainte. La mission de l’espion consiste à cacher ce qu’il découvre des yeux des autres et de l’ennemi: il pourra ainsi contribuer à vaincre cet ennemi. On peut en dire de même du culte divin, qui revêt l’aspect d’exploration. Expliquons-nous.

La proximité des sections hebdomadaires Rééh et ‘Ekev nous montre que l’homme doit viser essentiellement à voir le ‘Ekev (talon), c’est-à-dire l’arme secrète et cachée. Il doit explorer la terre pour apprendre à livrer combat au mauvais penchant qui ressemble à un serpent, visant à le faire trébucher et à le vaincre une fois pour toutes. C’est essentiellement en s’engageant dans l’étude de la Torah en toute humilité qu’il y accédera. L’intelligence, la richesse ou l’honneur ne lui seront d’aucune utilité dans ce cas. Ainsi parle l’Eternel: Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse! Que celui qui se glorifie, se glorifie uniquement de ceci: Ki Im Bézoth d’être assez intelligent pour Me comprendre... (Jérémie 9:22-23). Les lettres de KI sont les initiales de Kol Yom (chaque jour). Im avec le collel a la même valeur numérique que BaM (42) de Védibarta Bam (tu t’en entretiendras). De quoi? De la sainte Torah qui porte le nom de Zoth (Zohar I, 215 b; III 81b) comme il est écrit: Vézoth Ceci est un statut de la loi (Nombres 19:2) et Or, ceci zoth est la doctrine... (Deutéronome 4:44). Ce n’est que par la Torah qu’on en arrive à connaître Dieu, vaincre le mauvais penchant, imiter les attributs du Dieu clément, miséricordieux, et s’en imprégner.

Le terme Méraguelim (explorateurs) comprend Ram, Gal, Yam, qui font successivement allusion à l’élévation, à la joie, et à la Torah, ce grand océan (Zohar I, 266a), plus vaste même que l’océan (Job 11:9). Il faut que nous sachions que notre rôle sur cette terre consiste essentiellement à espionner le mauvais penchant et à s’efforcer de le vaincre. Ce qui n’est possible qu’en étudiant la Torah dans l’exaltation et la joie. Autrement méraguelim se décompose en mar (amertume), gal (joie) [ce dernier terme ayant avec le collel la même valeur numérique (34) que dal (indigent)] et mi. On servira alors l’Eternel avec des gémissements de tristesse et on tombera dans l’indigence et les filets du mauvais penchant (mi téhom: les eaux de l’abîme matériel).

Tout comme l’espion est muni d’une carte, le Juif est muni de la carte du monde qu’est la Torah. Si on ne livre pas la chasse au mauvais penchant, on se laissera vaincre par les forces du mal... Rééh Anokhi: imprégnons-nous donc de la lumière (Or) de la Torah grâce à laquelle nous pouvons éliminer ce scélérat. Nous bénéficierons alors de vie et de paix. Si nous trompons les autres, malheur à notre âme, car non seulement la malédiction sévira sur nous mais sur les autres car nous raffermissons les forces du mal qui font sévir la malédiction sur terre... Si en revanche nous faisons preuve d’humilité, nous accéderons à la lumière et aux secrets de la Torah et serons constamment bénis.

 

 

L’étude de la Torah conduit à la bénédiction, à la lumière de la Torah et à la Chékhinah
TABLE DE MATIERE
Le rattachement à la Torah et l’existence de Dieu

 

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