La vertu des prémices. L’héritage du pays. L’attachement au Tsadik
Un certain nombre de questions se posent sur les premiers versets de notre sidrah: Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre... Tu te présenteras au pontife qui sera alors en fonction... Et tu diras à haute voix... L’Araméen voulait perdre mon père... (Deutéronome 26:5).
Les Juifs de toutes les villes se réunissaient et dormaient sur la grand-place de la ville... Ce n’est qu’au matin, qu’ils se réveillaient pour monter tous ensemble au Temple de Jérusalem, au son de la fl-te... (Bikourim 3:3).
1) Que signifie exactement: L’Araméen voulait perdre mon père?
2) Pourquoi la cérémonie des prémices doit-elle se faire en public? Pourquoi ceux qui venaient les offrir devaient-ils dormir dans la grand-place de la ville? Pourquoi n’y avait-il pas des poteaux indicateurs pour les voyageurs?
3) Pourquoi est-ce précisément dans la mitsvah des prémices que nos Sages ont enseigné qu’aussi bien les riches que les pauvres doivent s’y réjouir?
4) Pourquoi enfin le verset mentionne-t-il: Quand tu arriveras? Il aurait d- utiliser le pluriel: Quand vous arriverez?
C’est que l’homme doit savoir que de par sa nature même, il n’a pas les moyens de vaincre le mauvais penchant. Sans l’assistance divine, il ne pourra jamais le dominer (cf. Kidouchine 30b). Quand l’homme voit qu’il a toutefois réussi à le vaincre à son arrivée à Jérusalem, il est susceptilble de s’emplir d’orgueil. C’est pourquoi il se rappelle immédiatement que l’Araméen a voulu perdre mon père, pour nous montrer que tout comme notre patriarche Jacob a réussi à vaincre Lavan, l’Araméen représentant le yetser hara’ qui voulait le tuer il en est d’ailleurs de même de tous les patriarches lui aussi le peut. Il doit toutefois savoir que ce n’est pas par son mérite mais c’est essentiellement par celui des ancêtres, car le mérite des ancêtres n’est jamais tari (Chabath 55a; Vayikra Rabah 36:5).
Par conséquent, si la cérémonie des prémices doit se faire en public, c’est pour montrer à tout le monde que notre résidence en Erets Israël vise essentiellement à accomplir les mitsvoth et à s’engager dans l’étude de la Torah avec la même ardeur que Moïse (Sotah 14a). Nous ne devons pas aspirer à résider en Terre Sainte par crainte des nations dans la Diaspora. D’autre part, les Sages enseignent qu’il n’existe pas de Torah comme celle d’Erets Israël (Béréchith Rabah 16:7) et de préférence dans une Yéchivah. Nous devons baiser la poussière des pieds des Tsadikim (cf. Avoth 1:4; Avoth déRabbi Nathan 62), nous attacher à eux et implorer Dieu de nous aider à vaincre le mauvais penchant. En venant offrir les prémices en public, nous devons viser à montrer l’abondance de la Terre d’Israël au plan matériel et spirituel au monde entier.
S’il n’y avait pas de poteaux indicateurs montrant la direction de Jérusalem, c’est parce que tout le monde savait où se trouve le flux d’abondance. C’est pourquoi le riche comme le pauvre doivent éprouver de la joie parce qu’ils ont besoin de ce flux et de l’assistance divine pour vaincre le mauvais penchant.
Quant à l’emploi du singulier: Quand tu arriveras, il vise à nous montrer qu’il incombe à chacun de nous d’être digne de l’assistance divine grâce à la crainte du Ciel qui dépend exclusivement de nous (Bérakhoth 33b), comme il est écrit: Et maintenant, ô Israël, que demande de toi l’Eternel, ton Dieu, si ce n’est que tu craignes... (Deutéronome 10:12).
Commentant le verset: Oui, l’Eternel prendra parti pour Son peuple, pour Ses serviteurs (id. 32:36), le Or Ha’Haïm écrit: [l’Eternel] a promis à l’Assemblée d’Israël de cesser d’avoir une controverse avec elle. Présentant devant la Cour Céleste les souffrances atroces des Justes qui ont été tués, br-lés... le Saint, béni soit-Il, lui dira: Assez de malheurs, de l’exil! Nous voyons de là que, tout comme le Temple, les Tsadikim expient les fautes d’Israël après leur mort. On peut donc leur offrir des dons, aspect des prémices offerts aux Temple, en faisant la charité pour l’élévation de leur âme.
Ce don, il convient de l’offrir au Tsadik avec le maximum d’humilité. Il baignera alors sa génération de bénédiction...
La sidrath Ki Tissa Vous êtes placés aujourd’hui vous tous en présence de l’Eternel, votre Dieu... chaque citoyen d’Israël... (Deutéronome 29:9) se lit toujours aux environs de Roch HaChanah où nous passons en jugement devant l’Eternel. Nous devons tous sans exception bien nous y préparer en nous choisissant le meilleur avocat pour défendre notre cause. Que personne ne dise: Qui suis-je? Que suis-je? Vos chefs de tribus revêtent certes une grande importance, ce sont ceux qui sont placés à votre tête, mais les autres, n’en sont pas moins importants, car sans le dixième f-t-il un Juif simple on ne peut pas former de minyan; la Providence Divine réside aussi en lui (Sanhédrine 39a). Nous chercherons alors tous à améliorer notre conduite.
Car, en fin de compte, tout dépend de la pénitence; c’est grâce à elle qu’Israël est sauvé (Yérouchalmi, Ta’anith 1:1). Celui qui fait téchouvah, c’est comme s’il offrait un don, aspect des prémices, essentiellement destiné au Saint, béni soit-Il. Malgré son insignifiance, il revêt désormais de l’importance. Chacun de nous n’est rien, un zéro, mais si on lui ajoute un chiffre à gauche, ce zéro devient important. Ce que la Torah nous préconise essentiellement, c’est de nous abstenir d’adopter les lois des nations (Lévitique 20:23), de ne pas être des fruits vénéneux et amers (Deutéronome 29:17) mais de ne pas cesser d’accomplir de bonnes actions.
L’Admour de Tsanz pose à cet effet une question intéressante. Le mauvais penchant prétend que c’est essentiellement par suite des mauvaises actions des nations que les enfants d’Israël emportent des victoires sur elles. Vous, qui faites de bonnes actions, pourquoi donc avez-vous peur du jour du jugement? A notre avis, la réponse est simple: Ki Tetsé si vous vous débarrassez de toutes vos mauvaises actions, Ki Tavo vous en viendrez désormais à n’accomplir que de bonnes actions et vous pourrez alors vous présenter Nitsavim, la tête haute devant le Tribunal Céleste et être reconnus innocents au jour du Jugement, aspect de: Béni seras-tu à ton arrivée, et béni encore à ton départ (Deutéronome 28:6) dans ce monde-ci comme dans le monde futur.