Saisir les occasions
(par Rabbi David Hanania Pinto Chelita)
« Vous vous tenez aujourd’hui tous devant Hachem, votre D. : vos chefs de tribus, vos anciens » (Devarim 29, 9)
D’après le saint Zohar, la phrase « Vous vous tenez aujourd’hui » désigne Roch Hachana. En ce jour, tous se tiennent face au Créateur pour être jugés. La Michna dit (Roch Hachana 16, 1) que ce jour-là, tous les êtres humains passent devant D. comme des ‘bnei Maron’, comme il est dit « Il a formé leur cœur à tous, et Il observe tous leurs actes. » La Guemara demande « Que signifie ‘bnei Maron’ ? » et répond « des agneaux ». Rachi explique : « Comme des moutons que l’on comptait à l’époque du Temple, pour prélever et offrir le dixième du troupeau, et qui passaient l’un après l’autre sous un petit portique car ils ne pouvaient pas passer tous ensemble. » Rabba bar ‘Hana dit au nom de Rabbi Yo’hanan « Tous les hommes sont examinés d’un seul regard. »
J’ai l’impression « qu’un seul regard » est comparable à un passage devant un scanner. D. examine chacun de nous lors du Jour du Jugement : Il sonde notre intériorité, et scrute notre cœur pour vérifier si nous nous sommes réellement repentis et acceptons désormais de retourner vers Lui, d’adhérer à sa sainte Torah et d’accomplir Ses commandements, ou si nous sommes encore imprégnés de nos abominations et qu’aucun changement positif ne s’est opéré en nous. En effet, il est essentiel que la techouva provienne du fond du cœur, qu’il y ait un réel regret du passé et un engagement à ne plus agir avec légèreté à l’avenir. Mais il n’est pas suffisant de dire simplement « J’ai fauté, je suis coupable, j’ai péché » sans que le cœur y soit. Ainsi, le Rambam écrit (Hilkhot Techouva 2, 2) : « En quoi consiste le repentir ? Que le fauteur abandonne sa transgression, l’éloigne de sa pensée et décide de ne plus jamais recommencer, comme il est dit ‘Que le pervers abandonne sa voie, et l’impie ses machinations.’ Puis qu’il regrette le passé, comme il est dit ‘Oui, je me suis repenti et j’ai regretté mes actions passées’, au point que le Créateur témoigne qu’il ne commettra plus jamais cette même faute. » Puis le Rambam continue : « Quiconque se confesse en paroles, mais ne décide pas intérieurement d’abandonner la faute, ressemble à quelqu’un qui se trempe dans un bain rituel en tenant en main un insecte : le mikvé n’a aucun effet tant que la personne n’aura pas jeté l’insecte. Ainsi, il est dit ‘Quiconque confesse ses fautes et y renonce obtient miséricorde.’ »
J’ai trouvé une jolie allusion aux paroles du Rambam dans les versets « Tu reviendras jusqu’à (ad) Hachem, ton D., et tu écouteras Sa voix » (Devarim 4, 30), et « Reviens, Israël, jusqu’à (ad) Hachem, ton D. » (Osée 14, 2) : le mot « ad », qui signifie « jusqu’à », est composé des mêmes lettres que « da » (sache) et « ‘ed » (témoin). Ainsi, nous devons nous repentir jusqu’à ce que D. puisse témoigner de notre retour complet vers Lui, de notre éloignement du mauvais chemin, et de notre compréhension (yedi’a) claire de Sa grandeur.
Nous devons avoir conscience qu’il n’est ni évident ni logique ni juste que D. soit prêt à accepter ceux qui retournent vers Lui et à pardonner leurs fautes. C’est un cadeau du Ciel provenant de la bonté de Hachem qui est prêt, dans Sa grande miséricorde, à effacer nos péchés, à pardonner, et à accepter ceux qui se repentent, à condition qu’ils aient sincèrement regretté leurs mauvaises actions et se soient engagés à ne plus emprunter le mauvais chemin. Voici ce que disent nos maîtres (Yérouchalmi Makot chapitre 2 michna 10) ; Rabbi Pin’has s’est interrogé sur le verset « Hachem est bon et droit, aussi montre-t-Il aux pécheurs le vrai chemin » : S’Il est bon, c’est qu’Il est droit, et s’Il est droit, c’est qu’Il est bon ! « Aussi montre-t-Il aux pécheurs le vrai chemin » : Il leur montre la voie du repentir, car Il agit avec bonté et miséricorde, au-delà de la loi stricte. En effet, on a demandé à la sagesse « Quelle est la punition du fauteur ? », et elle a répondu « Le mal poursuit les pécheurs. » On a posé la même question à la prophétie, qui a répondu « L’âme qui faute mourra. » Puis on a demandé à D. « Quelle est la punition du fauteur ? », et Il a répondu « Qu’il se repente et il sera pardonné. » Ainsi, du point de vue de la sagesse et de la prophétie, le fauteur n’avait aucun moyen de revenir sur ses actes. Mais Hachem agit au-delà de la loi stricte et accepte son repentir. Plus encore, Il montre à tous les intéressés le chemin à emprunter pour réaliser une techouva complète, comme il est dit « Aussi montre-t-Il aux pécheurs le vrai chemin. »
Il en va de même dans le domaine de la techouva : le fait de regretter nos fautes permet de les effacer, de les faire disparaître et de les annuler complètement. Ceci provient de la bonté de D. , Qui nous pardonne et accepte volontiers ceux qui reviennent vers Lui sincèrement, et plus particulièrement en cette période propice, ces jours de miséricorde et de supplications durant lesquels la main de D. est prête à accueillir les repentants. Nous avons le devoir de profiter de cette occasion précieuse et de nous rapprocher de Lui en faisant techouva et en multipliant nos bonnes actions. Alors, nous serons aptes à nous tenir devant Lui le Jour du Jugement, et à être inscrits pour une bonne vie de paix.
On dit, au nom des élèves du Ba’al Chem Tov, qu’à Roch Hachana chacun de nous mérite de recevoir une grande illumination de l’âme, et de nombreuses étincelles de sainteté s’éveillent en nous puisque c’est en ce jour que le premier homme a été créé, et que D. lui a insufflé une âme pure et y a introduit de grandes et puissantes lumières. Alors chaque année, ces mêmes lumières se réveillent, et nous méritons également de recevoir leur illumination dans nos âmes.
J’ajouterai que D. fait certes preuve d’une immense bonté en nous faisant profiter de la grande lumière provenant de l’âme du premier homme. Mais pour que cette lumière et ces étincelles de sainteté restent en nous durant toute l’année, il nous faut préparer notre cœur et nous purifier afin de rendre notre corps apte à recevoir cette illumination. Or pour cela, il faut réaliser une techouva sincère, réparer ses actes, s’engager à s’éloigner du mal et se rapprocher du bien, qui est la sainte Torah.