Vous serez quittes envers Dieu et envers Israël ou le péché de la médisance

Vous serez quittes envers Dieu et envers Israël (Nombres 32:22). Ce verset nous apprend que si on accuse quelqu'un pour quelque chose qu'il n'a pas faite, il lui est interdit de garder le silence: les soupçons portés contre lui pourraient autrement être justifiés. Il doit au contraire montrer son innocence à tout le monde. Sinon, il transgresse le commandement divin: Vous serez quittes envers Dieu et envers Israël. Toutefois, s'il prouve son innocence et que les gens continuent à porter des soupçons contre lui et à médire de lui, ils transgressent de nombreuses mitsvoth, dont celle de Ne va point colportant le mal parmi les tiens (Lévitique 19:16). Comme l'enseigne le Talmud (Chabath 97a; Yoma 19b), ces personnes seront atteintes dans leur corps.

La gravité de la médisance est littéralement indescriptible! Des villes et des communautés entières ont été détruites à cause d'elle. Citons en particulier le colportage des femmes oisives le Chabath et les jours de fête, quand elles se rencontrent chez elles ou dans les synagogues. C'est pourquoi le prophète proclame: Vos néoménies et vos solennités, mon âme les abhorre (Isaïe 1:14): l'Eternel les abhorre quand elles ne sont pas fêtées dans la sainteté, quand la paix et l'harmonie entre l'homme et son prochain n'y règnent pas, et quand les gens y médisent. Si Sodome et 'Amorah ont été détruites, c'est essentiellement parce que les gens ne s'accordaient pas mutuellement les honneurs (source de médisance). Quant à la génération du déluge, nos Sages enseignent que le décret de leur extermination n'a été signé que par la faute de la rapine (Sanhédrine 108a; Zohar I, 67a), comme il est écrit: la terre s'était remplie de vol (Genèse 6:11), chacun volait l'autre et l'union ne régnait pas entre eux.

Rabbi Akiva avait vingt-quatre mille disciples qui sont tous morts de Pessa'h à Chavouoth, parce qu'ils ne manifestaient pas de respect l'un à l'autre (Yébamoth 62b; Kohéleth Rabah 11:10). Le Talmud (Yoma 9b) enseigne aussi que le Saint Temple a été détruit à cause de la haine gratuite qui sévissait entre les Juifs, et surtout par suite de la médisance qui est aussi grave que les trois péchés capitaux réunis (Erkhine 15b). Le Saint, béni soit-Il, abhorre celui qui médit de son prochain, même s'il dit la vérité (cf. Sotah 35a). La médisance engendre la haine et la controverse et met en danger le monde entier.

Comme nous l'avons vu, la génération de A'hav, roi d'Israël, adorait les idoles. Le Talmud (Sanhédrine 102b) enseigne même à cet effet qu'A’hav fit écrire sur les portes de Samarie qu'il reniait le Dieu d'Israël. Toutefois, quand ils sortaient en guerre, ils remportaient des victoires. Pourquoi ce roi, qui faisait partie des dix  rois qui régnaient sur le monde entier (Pirké DéRabbi Eliézer 11) avait-il ce mérite? Parce que de son temps, les Juifs ne médisaient pas l'un de l'autre et n'étaient pas des délateurs (Talmud Yérouchalmi, Péah 1:1; Vayikra Rabah 26:5). On voit donc que l'harmonie règne quand la médisance ne sévit pas, et grâce à cette union on accède à la plénitude, même si on renie sa foi, comme A'hav qui respectait toutefois la Torah (Sanhédrine 102b).

J'aurais préféré qu'ils M'oublient et conservent Ma Torah, parce que la lumière de la Torah remet sur le bon chemin! s'exclame l'Eternel (Yérouchalmi, 'Haguigah 1:7; Ekha Rabati, Introduction 2). Le passage de la Guémara est difficile à saisir: si les enfants d'Israël ne respectent pas l'Eternel, comment peuvent-ils respecter Sa Torah?

C'est que pour le Saint, béni soit-Il, la Torah symbolise l'union des enfants d'Israël. C'est l'essentiel à Ses yeux, comme nous l'avons vu plus haut dans le cas de la génération de A'hav. Car de son temps, c'est l'adoration des idoles qui prévalait. La Torah nous relate l'épisode du roi d'Aram qui manda des messagers à A'hav lui demandant de lui envoyer un Rouleau de la Torah par des voies peu honorables. Mais en dépit du fait qu'ils avaient renié l'Eternel, A'hav et son peuple ont refusé de le faire, parce qu'ils respectaient la Torah. A'hav dit à cet effet: Sachez et considérez que cet homme a de mauvais desseins (Rois I, 20:7). A'hav a ensuite proposé à Ben Hadad, roi d'Aram, de l'argent et de l'or, mais ce dernier a refusé: c'est qu'il voulait acquérir ce qu'il y a de plus précieux, c'est-à-dire le Rouleau de la Torah (Sanhédrine 102b) par des voies peu honorables. A'hav a toutefois refusé; il a livré combat à Aram et le vainquît bien que Ben Hadad fût plus fort que lui. Cette victoire était due au respect qu'il montrait pour la Torah. En outre, ses sujets montraient du respect l'un pour l'autre et de nombreux commandements de la Torah traitent en effet des rapports entre l'homme et son prochain.

Il n'en est malheureusement pas de même de nos jours où des rabbins qui se prennent pour de grands sages n'hésitent pas à parler du mal des autres. Enfreignant la mitsvah de bien juger leur prochain et de lui trouver de bons côtés (Pirké Avoth 1:1; Torath Cohanim, Lévitique 19:36), ils souillent l'image de Dieu de leur prochain et empestent le monde entier de mal par leur médisance.

Il nous est arrivé souvent de voir combien les gens se sentent attirés par le commérage, le colportage et la médisance, au cours d'un cours de Torah. Au lieu de recevoir la récompense due à ceux qui s'engagent dans l'étude de la Torah, ils seront châtiés pour avoir médit de leur prochain... Ils oublient sans doute que pour celui qui juge son prochain du bon côté, le Saint, béni soit-Il, en fait de même pour lui (Zohar I, 79b). Pourquoi alors succomber à ce péché alors qu'il est si facile de veiller aux paroles qui sortent de sa bouche?

Une personne nous a demandé une fois que faire, alors que dans le cours hebdomadaire de Torah auquel elle participe régulièrement elle entend souvent de la médisance. Nous lui avons expliqué que, d'après la Torah, il lui est interdit d'assister à un tel cours d'autant que celle qui organise le cours à son domicile, attaque les autres et médit d'elles... Comment son repentir sera-t-il alors accepté? Elle pèche et fait pécher les autres: on ne lui donne pas alors l'occasion de revenir sur le bon chemin, comme nous l'avons vu. Au lieu de faire descendre l'abondance céleste, elle, dont la maison est un lieu de rencontres de Juifs pieux, raffermit les forces de l'impureté, que Dieu nous préserve (Zohar II, 264b; 265a; III 85a) et fait abattre des sentences rigoureuses sur le monde et même des maladies (ibid. II, 122a). Ceux qui organisent des cours de Torah et visent à ramener leurs frères sur le bon chemin, doivent veiller particulièrement à dire le moindre mal d'autrui. Quand ils s'exposent à des difficultés, ils invoquent l'Eternel et L'implorent de les guérir. Ils ignorent qu'Il ne peut pas leur venir en aide, car ils ont succombé à ce grave péché de médisance qui anéantit l'âme et la chair. Et s'ils ne demandent pas pardon à ceux contre qui ils disent du mal, leur faute ne sera pas expiée (Yoma 85b; Pessikta Rabati 39).

On sait à cet effet que, dans le testament qu'il a laissé à sa femme et à sa famille, le Gaon de Vilna leur défend d'aller à la synagogue le Chabath et les jours de fête, pour ne pas entendre de lachon hara des autres femmes. Le Zohar (III, 85a) enseigne que celui qui médit d'autrui, créé un ange qui portera des accusations contre lui devant Dieu, et Dieu ne pourra pas l'arrêter, si on peut s'exprimer ainsi. Le Talmud (Kétouvoth 8a) enseigne quant à lui, que de telles paroles raccourcissent la vie.

Chers frères! Prenons la décision ferme de cesser de parler du mal d'autrui! Rappelons-nous à cet effet le cas de Miriam, la prophétesse, grâce à laquelle un puits abreuvait les enfants d'Israël dans le désert durant quarante ans (Ta'anith 9a; Vayikra Rabah 27:6), et qui a été atteinte de lèpre parce qu'elle a médit quelque peu de son frère Moché (ibid. 16a; Dévarim Rabah 6:4). Rappelons aussi les explorateurs qui n'ont pas tiré de leçon de sa maladie, et ont parlé du mal d'Erets Israël (Tan'houma, Chéla'h Lekha 5). Abstenons-nous donc de ce péché très grave. N'écoutons pas ceux qui médisent et colportent, et ne nous habituons pas à entendre des mensonges. Nous n'en arriverons pas ainsi à la haine d'autrui.

Si nous assistons à deux camps qui ne partagent pas le même point de vue, ne nous y mêlons surtout pas. Fuyons tous ceux qui médisent des grands d'Israël. Rabbi Na'hman de Breslev disait à cet effet, qu'à cause des gens ordinaires qui parlent du mal des autres, le Satan danse au milieu des Tsadikim. Et pour que la controverse ne sévit pas entre eux, il faut apprendre à ces gens ordinaires de ne pas médire de l'autre! La paix et l'harmonie régneront alors entre tous.

Quelqu'un nous a demandé une fois si les explorateurs ont reçu un châtiment pour avoir parlé du mal du pays et quelles sont les conséquences de leur péché. Nous lui avons répondu que, non seulement ils n'ont pas part au monde futur (Sanhédrine 108a; Zohar III, 158a), mais ils sont mort de diphtérie, rongés par les vers (Sotah 35a) et portent le nom de renégats (Pessikta Zoutretha, Chéla'h Lekha 14:4). C'est aussi à cause d'eux que toutes les générations qui les suivirent continuent à verser des larmes le 9 Av sur la destruction des deux Temples. Leur médisance a enfin engendré la mort de toute la génération du désert, et seule leur descendance a eu le mérite d'entrer en Terre Sainte (cf. Nombres 14:31).

On peut maintenant comprendre pourquoi Erets Israël aussi a été châtié. Comme nous l'avons vu, le Saint, béni soit-il, a déversé son courroux sur le bois et les pierres. C'est parce que la médisance tue trois personnes: celui qui dit du mal de l'autre; celui de qui on dit du mal, et celui qui l'écoute (Erkhine 15b; Dévarim Rabah 5:6; Pessikta Zoutretha, début de Lévitique 14). C'est pourquoi Erets Israël a été détruite par les Babyloniens et les Romains... Les explorateurs aussi ont été punis. Le Talmud (Erkhine, loc. cit.) enseigne à cet effet qu'ils ont fini par adorer les idoles, péché qui équivaut à la médisance. Leur descendance aussi a été châtiée, puisqu'ils n'ont pas pu vivre en Terre d'Israël qui les a vomis du fait qu'ils l'ont souillée (cf. Lévitique 18:28).

Et si la terre a reçu un tel châtiment, que doit-il en être de celui qui dit du mal de son prochain qui a été créé à l'image de Dieu? Il ne sait pas quel mal il lui cause: il détruit sa vie et celle de sa famille et doit certainement subir un châtiment sévère. Celui qui médit de son prochain change la figure divine qu'il revêt, et les gens commencent eux aussi à changer leur comportement à son égard et pensent du mal de lui. Ainsi il souille l'œuvre divine. Comme nous l'apprend le Talmud (Sanhédrine 37a), le monde entier a été créé pour cet homme/victime. Celui qui médit détruit l'univers de Dieu. La faute de ce pécheur ne peut être expiée que s'il lui demande pardon devant tous ceux qui ont entendu ses mauvaises paroles. Autrement, même si c'est un Tsadik, elle ne peut être expiée qu'à sa mort, à la suite de laquelle il devra rendre des comptes à son Créateur.

Comme nous l'avons vu, c'est à cause de la médisance que le premier et le second Temples ont été détruits, et que notre Peuple a été exilé de son pays. Caïn, qui a tué son frère Abel, a été condamné à NA' VéNaD, être errant et fugitif (Genèse 4:12), parce qu'il a parlé du mal de lui. En effet, au lieu d'avouer sa faute à Dieu, il s'exclama: Suis-je donc le gardien de mon frère? (ibid. 9) en d'autres termes, je le hais et je ne sais pas où ils se trouve. Je ne m'intéresse pas du tout à son sort et ne suis pas tenu de veiller sur lui. Bien qu'il se fût repenti et concilié avec son Créateur (Béréchith Rabah 22:28), l'exil a été prononcé contre lui... Notons à cet effet que les dernières lettres de lachoN harA' forment NA'.

Le Talmud (Chabath 105b; Sanhédrine 90a) enseigne que le Saint, béni soit-Il, a agi avec Caïn, mesure pour mesure. En effet, celui qui parle du mal de quelqu'un vise à lui faire dégager une mauvaise odeur pour que les gens s'éloignent de lui, ne lui fassent pas confiance... Il est alors obligé d'errer de-ci de-là et se fait humilier où qu'il aille.

Mes amis et frères! Efforçons-nous d'enrayer complètement ce mauvais trait et de vivre en paix avec tout le monde. Nous serons alors quittes avec l'Eternel et Israël. On peut dire à cet effet que ViHYiTeM NéKYiM (681) a la même valeur numérique que RODFé CHaLOM (ceux qui poursuivent la paix): qui représentent l'intégrité et l'harmonie parfaite. D'autre part, les mots ViHYiTeM NéKYiM MéHaCHeM OuMéISRaEL (1334) ont la même valeur numérique que ISsOuR LaCHON HaRA', OuFI TSaDIK YéHéGué 'HoKHMaH (interdiction de médire, et la bouche du Juste prononce des paroles de sagesse).

 

 

Le péché et ses conséquences
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